24 mars 2020

Gestion désastreuse de la crise : l'absurde situation d'une entreprise qui pourrait sauver d'une pénurie éventuelle de bouteilles d'oxygène

 
Le 26 novembre 2018, les 136 salariés apprenaient la fermeture de leur usine à Gerzat (Puy-de-Dôme). Un site pourtant bénéficiaire et au carnet de commandes plein. Depuis, les employés n'ont eu de cesse d'alerter sur l'absurdité de cette décision. Une décision qui devient ubuesque au regard de la situation actuelle.

"La moitié de nos activités consistait à faire des bouteilles pour les pompiers et l'autre moitié pour les hôpitaux. Ce qui veut dire qu'on aurait pu être utile pour les deux plus grosses catastrophes planétaires des douze derniers mois : les incendies en Australie et la pandémie actuelle."

Axel Peronczyk, délégué du personnel CGT, est dépité. Pourtant, le jeune homme vient de dormir dans son lit pour la première fois depuis 60 jours. "J'étais déjà confiné avant", tente-t-il de plaisanter. Aujourd'hui, pour respecter les consignes sanitaires, l'occupation du site de Gerzat est assurée par un seul d'entre eux à la fois.

Mais l'essentiel n'est même plus à sauver leurs emplois. Les salariés veulent se rendre utiles. "On a appelé le ministère de l'Economie et des Finances et on est encore plus inquiets parce qu'ils n'ont pas su nous dire le stock de bouteilles d'oxygène en France, ni s'il y avait un risque de pénurie."

Dans les hôpitaux, les malades du Covid-19 sont, souvent, sous respiration artificielle. Dans les établissements, ils sont raccordés à de grandes cuves d'oxygène. Mais pour les traitements à domicile ou lors des transferts, comme depuis l'hôpital saturé de Mulhouse, les patients sont branchés sur des bouteilles d'oxygène.

Il s'en fabrique à Nottingham en Grande-Bretagne, en Turquie, sinon il faut aller en Chine ou aux Etats-Unis. Nous sommes le seul fabricant en Europe.

Relevant ce passage du discours présidentiel, "Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché", les ex-salariés de Luxfer en appellent à "la responsabilité de l’Etat français en nationalisant définitivement l’usine de Gerzat pour un redémarrage immédiat de l’activité avant de nous retrouver dans une pénurie similaire à l’Italie, l’Iran ou la Chine. Les ancien.nes salarié.e.s sont prêts à aider à endiguer cette pandémie et n’attendent que le feu vert de l’Etat pour redémarrer ces productions."

L'entreprise avait déjà été nationalisée, selon Axel Peronczyk, entre 1988 et 1995. "Il ne faut pas trop tarder. Il nous faudra 6 à 7 semaines pour sortir la première bouteille. Si ce n'est pas déjà trop tard, il faut agir maintenant."

Lorsque l'usine de Gerzat fonctionnait, le site produisait environ 950 bouteilles par jour travaillé.

Simon Antony 

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