Il n’y a pas plus anxiogène et donc de terrifiant qu’une terrible maladie contre laquelle vous ne pouvez rien faire.
Vous êtes là, impuissants, face à la fatalité et vous attendez le diagnostic, sans espoir.
Lorsqu’il s’agit de drames individuels, comme le cancer, c’est une souffrance et une gestion individuelle de la peur et de l’anxiété.
Lorsque vous êtes confrontés à une épidémie de grande envergure, vous n’êtes plus dans un drame personnel, individuel, mais dans un psychodrame collectif.
La nécessité de gérer la peur collective.
En tant que décideur politique vous avez obligatoirement et impérativement le devoir de gérer la peur et les angoisses de votre population. Il n’y a là rien de choquant ni de méchant.
Au contraire. La peur, par la désorganisation sociale, par l’effondrement des comportements de vie normaux, peut très rapidement conduire à l’anarchie. Et cette anarchie n’est jamais bonne, en particulier pour les plus faibles et les plus fragiles, car l’anarchie c’est le retour à la raison du plus fort… dit autrement, c’est la loi de la jungle, et je préfère nettement l’ordre républicain aussi imparfait soit-il.
Ma conviction, néanmoins, est que pour gérer la peur, il ne faut pas carabistouiller les gens, car si la confiance s’érode, alors la parole publique n’ayant plus de poids, la situation finira, en cas grave, par devenir anarchique. La propagande et les mensonges finissent au-delà d’une certaine gravité par devenir contre-productifs.
De l’inéluctable à l’espoir
Pour gérer la peur, il faut passer de l’inéluctable à l’espoir. Il faut pouvoir véhiculer le discours, que d’abord ce n’est pas si grave, que le nuage s’est arrêté à la frontière… bon cela fonctionnait en 1986 parce que nous étions dans un monde bi-polaire (les gentils nous, et les méchants russes, eux). Il y avait plein de frontières partout et pas de mondialistes.
Aujourd’hui, on ne ferme pas les frontières.
Par idéologie, les mondialistes » préfèrent que nous mourrions unis, plutôt que de survivre seuls. Ce n’est pas une critique, c’est une analyse factuelle. Que les gosses n’aillent pas à l’école, mais faisons venir 3 000 supporters italiens que nous laisserons mariner dans des bus avant de les lâcher dans les bars lyonnais.
Donc, le virus nous arrivera. La question n’est pas si, mais quand, et nos mondialistes mamamouchis le savent. Alors comme l’arrivée du virus est inéluctable puisqu’ils font en sorte que cela le soit, alors il faut donner de l’espoir au petit peuple afin qu’il n’ait pas trop peur et ne se rue pas tout de suite aux abris.
C’est là qu’intervient la chloroquine.
La chloroquine est un antipaludéen, et nous avons plusieurs décennies de retour sur ce médicament peu coûteux à produire et qui serait très efficace contre le coronavirus.
Vrai ? Faux ?
Je n’ai qu’un espoir, que ce soit évidemment totalement vrai. Je n’ai aucune envie de voir des gens souffrir autour de nous.
Pourtant il faut rétablir quelques faits.
L’efficacité a été démontrée in vitro, autrement dit dans les éprouvettes et pas en vrai.
Les Chinois viennent de rendre les résultats de leurs premiers tests sur de vrais malades. C’est encourageant, mais loin de représenter un miracle. Là aussi il faut lire et travailler un peu.
Les conclusions ?
Oui, c’est mieux, cela permet effectivement d’améliorer les choses, et le professeur Raoult de Marseille a raison, dans la mesure où il y a très peu d’effets secondaires, on peut donner à tout le monde de la chloroquine si nous avons à faire face à un nombre de cas très élevé.
C’est bien.
Nous ne serons pas démunis. Mais, ne vous leurrez pas. La chloroquine n’est pas un remède miracle qui permet de soigner dans tous les cas.
En réalité, ce que l’on ne sait pas et que les Chinois ne sont pas encore capables d’affirmer c’est si les gens qui guérissent avec la chloroquine n’auraient pas guéris tout seuls. Et pour savoir tout cela avec certitude ce n’est pas une étude in vitro et un test sur 100 patients en 15 jours qui vont vous permettre de le savoir.
Voilà ce qu’en dit la revue Nature, référence en science.
« La chloroquine, un médicament anti-paludéen et auto-immune largement utilisé, a récemment été signalée comme un médicament antiviral à large spectre potentiel. 8 , 9 La chloroquine est connue pour bloquer l’infection virale en augmentant le pH endosomal requis pour la fusion virus / cellule, ainsi qu’en interférant avec la glycosylation des récepteurs cellulaires du SRAS-CoV. 10 Notre essai au moment de l’addition a démontré que la chloroquine fonctionnait à la fois à l’entrée et aux stades post-entrée de l’infection 2019-nCoV dans les cellules Vero E6 (Fig. 1c, d). Outre son activité antivirale, la chloroquine possède une activité immunomodulatrice, qui peut renforcer synergiquement son effet antiviral in vivo.
La chloroquine est largement distribuée dans tout le corps, y compris les poumons, après administration orale. La valeur EC 90 de la chloroquine par rapport au 2019-nCoV dans les cellules Vero E6 était de 6,90 μM, ce qui peut être cliniquement réalisable, comme démontré dans le plasma des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ayant reçu 500 mg d’administration. 11 La chloroquine est un médicament bon marché et sûr qui est utilisé depuis plus de 70 ans et, par conséquent, elle est potentiellement cliniquement applicable contre le 2019-nCoV.
Nos résultats révèlent que le remdesivir et la chloroquine sont très efficaces dans le contrôle de l’infection au 2019-nCoV in vitro. Étant donné que ces composés ont été utilisés chez des patients humains ayant des antécédents de sécurité et se sont révélés efficaces contre diverses affections, nous suggérons qu’ils devraient être évalués chez des patients humains souffrant de la nouvelle maladie des coronavirus ».
Source Article Nature sur le Remdesevir et la Chloroquine
Nous sommes dans une guerre et il y aura plusieurs batailles !
Espérons tous que ce soit aussi simple d’en finir avec cette épidémie que d’avaler un petit cachet de chloroquine pendant 10 jours. Ce serait une excellente nouvelle pour le monde et pour les millions de Chinois encore confinés et vivants ! Nos 17 malades et nos 2 morts, ce qui fait largement plus de 20 % de taux de mortalité (sur un échantillon faible donc non représentatif), ne plaident pas pour le miracle de la chloroquine.
Il est donc peu probable que ce soit aussi simple. Dans notre guerre contre ce virus, et parce que pour le moment nous n’avons rien, nous testons tous les médicaments à notre disposition et nous voyons ce qui peut aider à guérir. C’est une bonne approche et elle masque le fait que « trouver » un vaccin sera long, très long et incertain.
Dans cette guerre, il y aura des moments très difficiles et des « raisons d’espérer » si importantes pour gérer le moral des « troupes ». Dans cette guerre, il y a déjà eu beaucoup de victimes en Chine, dont un très grand nombre dans des immeubles aux entrées soudées n’ont même pas encore été ramassés. Dans cette guerre, il y aura des petites victoires, et des grandes avancées, des grands espoirs et de fausses joies. Il y aura aussi dans les moments de désespoirs la « bonne » nouvelle qui arrivera à point nommé.
Espérez toujours le meilleur, et préparons-nous au pire. Dans le pire des cas, vous aurez quelques sacs de riz d’avance, ce qui ne vous fera aucun mal. Si jamais les choses tournaient mal et que la chloroquine n’avait que des effets limités et que cela ne règle pas la situation pandémique, vous aurez pris des précautions qui vous seront sans doute utiles. N’ayez jamais peur de vous tromper.
Comme le disait Mandela, « je n’échoue jamais, sois je réussis, soit j’apprends ». Décider c’est accepter parfois de prendre une décision erronée, pour une simple et bonne raison, c’est que la bonne décision ne peut être prise qu’a postériori quand vous savez avec certitude ce qu’il s’est passé. Bref, celui qui est sûr d’avoir raison parce qu’il connaît le résultat du match c’est l’historien dans son bureau.
Pour celui qui est confronté à l’événement, l’information est toujours partielle, incertaine. C’est le principe VICA. La situation est volatile, incertaine, complexe et ambiguë… et pourtant c’est dans ce cadre-là précis, maintenant, que vous devez prendre des décisions pour vous et vos proches.
Si la peur est mauvaise conseillère, la naïveté n’est guère meilleure.
Je souhaite me tromper, mais mon analyse me pousse à penser que la chloroquine, qui sera vraisemblablement une aide, est plus un placebo d’espoir (important) qu’un remède qui nous sauvera tous mais qui nous évitera de nous sentir totalement impuissants. Ce n’est peut-être pas grand chose, mais cela introduit une espérance, c’est déjà suffisant pour ne pas la rejeter mais trop peu pour nous croire sortis d’affaire.
En réalité, nous n’en sommes qu’au début.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
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