Le temps passe, et je me sens déjà souvent d’un autre temps.
Un temps où l’absence de bidule, d’immédiateté et la présence limitée des écrans laissaient finalement plus de temps aux gens de se forger leur propre opinion.
Nous vivons un temps, un moment qui va encore plus loin que « la fabrication du consentement » comme l’a justement désigné Noam Chomsky un immense intellectuel américain.
Nous vivons un temps de fabrication de la pensée.
La fabrication de vos pensées.
Pour fabriquer vos pensées, il faut manipuler les mots…
Pour fabriquer vos pensées, c’est finalement assez simple.
Il faut une bonne dose de maîtrise linguistique et je vais vous donner quelques exemples édifiants un peu plus bas.
Puis vous rajoutez une grande quantité de répétition et de rabâchage médiatique.
Vous obtenez des centaines de milliers gens répétant le même discours creux devant la machine à café le matin comme si c’étaient eux qui avaient trouvé tout seul cette idée géniale. J’évite les machines à café.
Illustrons un peu les propos…
Prenons au hasard, le langage écologiste. J’adore.
On ne dit pas trier ses ordures, mais faire le « tri sélectif »… c’est vrai qu’en général quand on trie on mélange… non ? Prenez la définition du mot trier… et vous verrez que par définition le tri EST sélectif. Alors pourquoi le répéter ? C’est une peu comme si vous me parliez d’un rangement organisé… Faut que j’explique le concept à mes enfants. Sait-on jamais !
On ne dit pas croissance économique polluante mais… croissance verte ! Hahahahaha elle est assez drôle celle-là. Vous pouvez la compléter par l’idée de développement durable, au lieu de parler de pollution constante et permanente liée à un système économique de production de masse pour une consommation de masse basée sur le toujours plus….
Dans la même veine vous avez le… commerce équitable ! Je commerce, et je t’achète pas cher pour revendre plus cher, en te payant le moins possible, mais cette fois c’est plus équitable que la fois d’avant parce que là, je te file 3 centimes de plus à la tonne… alors forcément, « ça vaut » !!
Mais il n’y a pas que le langage écolo, il y a tout le reste qui façonne votre perception et vos pensées, consciemment, volontairement.
Les mensonges linguistiques
La discrimination positive… Si elle est positive, elle est quand même discriminante votre discrimination… Implicitement parler de discrimination positive implique d’accepter la discrimination, enfin l’idée elle-même !!
Vous avez le lien social… mais lorsque vous mettez deux personnes ensemble elles créent forcément du lien et donc ce lien est évidemment social…
Vous avez quoi aussi, ha, oui, l’égalité des chances… elle est géniale celle-là… d’abord cela veut dire que nous ne sommes pas égaux… enfin pas vraiment, alors on va donner les mêmes chances à tout le monde… c’est l’un des plus gros mensonges.
Je trouve cette petite image très instructive sur le mensonge de l’égalité…
Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin, et je voulais vous montrer à travers ces 3 expressions le glissement sémantique que nous vivons depuis allez, disons 45 ans et la fin des 30 glorieuses, un glissement sémantique qui accompagne la montée inexorable du chômage.
Autrefois nous avions un plan de licenciements. Les mots avaient un sens à l’époque. Quand une entreprise virait des gens, elle licenciait. Elle faisait donc un plan pour licencier massivement. Beurk, vilain pas drôle.
Comme les gueux que nous sommes comprenaient qu’un plan de licenciement c’était pas franchement terrible pour eux ni très favorable de perdre leur boulot, on a décidé d’appeler cela un « plan social ». C’est bien, un plan social, c’est quand même plus positif. Vous êtes viré, mais… c’est social, donc c’est moins violent, moins rude.
Au bout de 20 ans ou 30 ans de plans sociaux, les gueux (que nous sommes) ont fini par comprendre qu’un plan social n’avait rien de social et que quand on était licencié dans un plan de licenciement ou dans le cadre d’un plan social, alors on était tout de même viré… ce qui revient donc à la même chose dans tous les cas.
Alors on a inventé la troisième terminologie de ma demi-vie d’existence.
Désormais, lorsque l’on vire les gens, c’est dans le cadre d’un « plan de sauvegarde de l’emploi », les célèbre PSE…
Et oui, maintenant quand votre emploi est supprimé c’est dans le cadre de la sauvegarde de votre emploi. A ce niveau-là nous entrons dans la novlangue orwellienne où la Paix, c’est la guerre et où le ministère de la guerre est le ministère de l’amour. Ce qui amène à la « frappe chirurgicale ». La chirurgie répare, sauve et soigne… la frappe chirurgicale c’est quand même beaucoup plus positif que le terme « massacre à la bombe de 800 kilos de TNT pour émietter les corps y compris de civils innocents femmes et enfants inclus.
Pour vous aider à faire face aux PSE les plans de sauvegarde de l’emploi, on vous propose évidemment de la « flexi-sécurité », c’est-à-dire la flexibilité qui va vous couillonner… mais attention, vous aurez la sécurité du chômage (que l’on réforme) et de la formation… (que l’on réforme aussi). La flexi-sécurité, c’est la flexibilité mais sociale et pour votre bien…
Mais ce n’est pas tout, sachez que si hier vous avez été recruté par une entreprise, demain, ce n’est pas grave si vous êtes « dérecruté », car la vie « ça va, ça vient », on recrute et on dérecrute. Après la pluie le beau temps et inversement. Vous serez donc de plus en plus souvent dérecruté dans les années qui viennent dans le cadre de plan de sauvegarde de votre emploi et grâce à la flexi-sécurité, et les réformes de l’indemnisation du chômage vous n’aurez droit à plus rien. Logique.
Quand on se fait taper sur la gueule c’est par des « braves »…
Enfin, pour terminer et pour conclure, désormais, si l’idée saugrenue de râler vous vient à l’esprit, cette idée qui consiste à contester, à protester, ou à manifester, on ne vous envoie plus les « CRS/SS » pour reprendre un célèbre slogan, mais… les Brav !
Et là, BFM répète en boucle à chaque manifestation… « Haaa, ça y est les Brav entrent en action et dispersent les fauteurs de troubles et les casseurs », « les Brav sont au cœur de la violence », « quel courage des Brav »…
Oui Brav pour « Brigades de répression de l’action violente motorisées », vous savez les flics à moto appelés les « voltigeurs » de sinistre mémoire et qui avaient assassiné le pauvre Malik Oussekine…
Lorsque vous appelez des voltigeurs les Brav vous n’envoyez pas franchement le même message. Ecoutez BFM et les gorges chaudes qu’il font à chaque fois qu’ils évoquent les « Brav »… même le ton montre une claire intention de faire rentrer cette terminologie dans les esprits. C’est volontaire. C’est une guerre des mots. Et cette guerre des mots a un objectif. Le contrôle de votre pensée à votre insu.
Ils sont les brav, vous êtes le salaud!
Et la boucle est bouclée, si vous protestez au sujet de votre dérecrutement, dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (mais pas du vôtre) et que vous vous faites buter par des Brav… c’est quand même pas la même chose que de dire qu’un pauvre chômeur en situation de désespoir s’est fait lyncher par trois flics voltigeurs à moto qui l’ont matraqué jusqu’à la mort…
Nous vivons donc une bien triste époque, et la résistance à l’oppression, commence évidemment par la résistance aux mots et au langage que l’on nous impose pour fabriquer notre pensée.
Car la triste époque que nous vivons, est basée sur une dictature de la pensée et de l’expression.
Nous libérer de ces chaînes, revient, à se réapproprier le langage et les mots pour décrire nos maux.
Jamais la guerre des mots contre les peuples n’a été aussi violente, et les populations sont en passe de perdre cette guerre.
Puisse ce texte alimenter la réflexion démocratique et contribuer à la libération de notre temps de cerveau du plus grand nombre ainsi qu’à l’esprit nécessaire de résistance intellectuelle.
Vive la liberté, vive le peuple.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
Je trouve cette petite image très instructive sur le mensonge de l’égalité…
Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin, et je voulais vous montrer à travers ces 3 expressions le glissement sémantique que nous vivons depuis allez, disons 45 ans et la fin des 30 glorieuses, un glissement sémantique qui accompagne la montée inexorable du chômage.
Autrefois nous avions un plan de licenciements. Les mots avaient un sens à l’époque. Quand une entreprise virait des gens, elle licenciait. Elle faisait donc un plan pour licencier massivement. Beurk, vilain pas drôle.
Comme les gueux que nous sommes comprenaient qu’un plan de licenciement c’était pas franchement terrible pour eux ni très favorable de perdre leur boulot, on a décidé d’appeler cela un « plan social ». C’est bien, un plan social, c’est quand même plus positif. Vous êtes viré, mais… c’est social, donc c’est moins violent, moins rude.
Au bout de 20 ans ou 30 ans de plans sociaux, les gueux (que nous sommes) ont fini par comprendre qu’un plan social n’avait rien de social et que quand on était licencié dans un plan de licenciement ou dans le cadre d’un plan social, alors on était tout de même viré… ce qui revient donc à la même chose dans tous les cas.
Alors on a inventé la troisième terminologie de ma demi-vie d’existence.
Désormais, lorsque l’on vire les gens, c’est dans le cadre d’un « plan de sauvegarde de l’emploi », les célèbre PSE…
Et oui, maintenant quand votre emploi est supprimé c’est dans le cadre de la sauvegarde de votre emploi. A ce niveau-là nous entrons dans la novlangue orwellienne où la Paix, c’est la guerre et où le ministère de la guerre est le ministère de l’amour. Ce qui amène à la « frappe chirurgicale ». La chirurgie répare, sauve et soigne… la frappe chirurgicale c’est quand même beaucoup plus positif que le terme « massacre à la bombe de 800 kilos de TNT pour émietter les corps y compris de civils innocents femmes et enfants inclus.
Pour vous aider à faire face aux PSE les plans de sauvegarde de l’emploi, on vous propose évidemment de la « flexi-sécurité », c’est-à-dire la flexibilité qui va vous couillonner… mais attention, vous aurez la sécurité du chômage (que l’on réforme) et de la formation… (que l’on réforme aussi). La flexi-sécurité, c’est la flexibilité mais sociale et pour votre bien…
Mais ce n’est pas tout, sachez que si hier vous avez été recruté par une entreprise, demain, ce n’est pas grave si vous êtes « dérecruté », car la vie « ça va, ça vient », on recrute et on dérecrute. Après la pluie le beau temps et inversement. Vous serez donc de plus en plus souvent dérecruté dans les années qui viennent dans le cadre de plan de sauvegarde de votre emploi et grâce à la flexi-sécurité, et les réformes de l’indemnisation du chômage vous n’aurez droit à plus rien. Logique.
Quand on se fait taper sur la gueule c’est par des « braves »…
Enfin, pour terminer et pour conclure, désormais, si l’idée saugrenue de râler vous vient à l’esprit, cette idée qui consiste à contester, à protester, ou à manifester, on ne vous envoie plus les « CRS/SS » pour reprendre un célèbre slogan, mais… les Brav !
Et là, BFM répète en boucle à chaque manifestation… « Haaa, ça y est les Brav entrent en action et dispersent les fauteurs de troubles et les casseurs », « les Brav sont au cœur de la violence », « quel courage des Brav »…
Oui Brav pour « Brigades de répression de l’action violente motorisées », vous savez les flics à moto appelés les « voltigeurs » de sinistre mémoire et qui avaient assassiné le pauvre Malik Oussekine…
Lorsque vous appelez des voltigeurs les Brav vous n’envoyez pas franchement le même message. Ecoutez BFM et les gorges chaudes qu’il font à chaque fois qu’ils évoquent les « Brav »… même le ton montre une claire intention de faire rentrer cette terminologie dans les esprits. C’est volontaire. C’est une guerre des mots. Et cette guerre des mots a un objectif. Le contrôle de votre pensée à votre insu.
Ils sont les brav, vous êtes le salaud!
Et la boucle est bouclée, si vous protestez au sujet de votre dérecrutement, dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (mais pas du vôtre) et que vous vous faites buter par des Brav… c’est quand même pas la même chose que de dire qu’un pauvre chômeur en situation de désespoir s’est fait lyncher par trois flics voltigeurs à moto qui l’ont matraqué jusqu’à la mort…
Nous vivons donc une bien triste époque, et la résistance à l’oppression, commence évidemment par la résistance aux mots et au langage que l’on nous impose pour fabriquer notre pensée.
Car la triste époque que nous vivons, est basée sur une dictature de la pensée et de l’expression.
Nous libérer de ces chaînes, revient, à se réapproprier le langage et les mots pour décrire nos maux.
Jamais la guerre des mots contre les peuples n’a été aussi violente, et les populations sont en passe de perdre cette guerre.
Puisse ce texte alimenter la réflexion démocratique et contribuer à la libération de notre temps de cerveau du plus grand nombre ainsi qu’à l’esprit nécessaire de résistance intellectuelle.
Vive la liberté, vive le peuple.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
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