Chamonix, 1er octobre 2016. Il fait très beau. Comme tous les ans, le gratin des décideurs politiques, administratifs et industriels de la santé se réunit à l’occasion de la Convention on Health Analysis and Management (CHAM). Un pince-fesses où, sous la houlette de M. Guy Vallancien, ex-conseiller santé de M. Nicolas Sarkozy et professeur d’urologie à l’Institut mutualiste Montsouris, on devise sur l’avenir du système de santé. En un mot, s’il existait un Medef (Mouvement des entreprises de France) de la santé, ce serait son université d’automne.
Le dispositif scénique du centre des congrès évoque celui d’une salle de boxe. Au milieu, la scène rectangulaire ressemble à un ring, éclairé par de puissants spots ; tout autour, des sièges confortables sont disposés pour l’assistance. Cependant, la comparaison s’arrête là. Il suffit d’écouter, par exemple, M. Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale devenu chantre du transhumanisme, échanger avec l’écrivain Erik Orsenna comme on le ferait dans un dîner mondain, mêlant considérations philosophiques stratosphériques et blagues réservées aux happy few, pour comprendre que de combat, et même de débat, il n’y aura point. En fait, ce petit monde est d’accord sur à peu près tout. Les rares questions posées le sont par le Monsieur Loyal de la table ronde — toute intervention du public est exclue — et invitent généralement les orateurs à approfondir des points sur lesquels le gouvernement a encore le culot de résister. Du reste, en cet automne 2016, l’essentiel se passe ailleurs : autour du buffet ou dans les restaurants chics alentour. C’est là que, en petits groupes, les industriels de la santé, instances organisatrices, défendent auprès des décideurs publics leurs solutions pour résoudre l’éternelle « crise du système de santé ».
Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/PIERRU/60490
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