Cet article a deux objectifs principaux.
Le premier est de démontrer dans quelle mesure le système financier global détermine la réalité nationale et régionale dans la vie et la sécurité des populations, y compris aux États-Unis et dans le monde occidental en général, en mettant l’accent sur les deux principales transformations de l’après-guerre, qui ont débuté en 1971, après l’annulation des accords de Bretton Woods, et en 1991, après la dissolution de l’Union soviétique.
Le second est de décrire le changement tectonique en cours qui a suivi la dissolution de l’Union soviétique en 1991 en des termes plus larges qu’on ne l’envisage habituellement, et comment ce changement motivé et coordonné a été chronologiquement accompagné par : une accélération spectaculaire de la « globalisation » commerciale et financière, et une campagne sans précédent d’ingénierie sociale des classes moyennes supérieures occidentales, visant à faciliter une exploitation opportuniste des nouvelles circonstances globales, par les États-Unis et l’élite globale, qui a abouti par contrecoup aux Gilets jaunes, au Brexit et à Trump… (Dans un sens, « les Russes l’ont fait. »)
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- La période de Bretton Woods (1945 à 1971) a été marquée par des balances commerciales réglementées, des taux de change réglementés et un dollar étasunien limité par son lien avec l’or. Ce système a été conçu pour développer les nations du bloc capitaliste dirigées par les États-Unis, contre le bloc communiste. Il a produit un développement social partagé et des progrès sociaux, culturels, techniques et scientifiques exaltants. Ça a trop bien marché. Le Japon, l’Europe occidentale et les pays participants se sont trop développés. Les États-Unis ont mis fin aux accords de Bretton Woods en 1971 et ont entamé la première ère moderne de globalisation prédatrice, avec une deuxième vague après la dissolution de l’Union soviétique en 1991.
- La « globalisation » est un euphémisme pour la prédation économique menée par les occidentaux menés par les États-Unis contre les pays du monde dit en développement, contre les sous-classes globales en tant que ressources elles-mêmes et contre les nations occidentales alliées aux États-Unis dans la mesure du possible. Les États-Unis considèrent le monde comme leur plantation.
- Le principal instrument administratif pour le pillage économique global soutenu des États-Unis est l’instrument monétaire du dollar étasunien, monnaie globale non liée à des actifs tangibles et contrôlée par les États-Unis. Cet instrument monétaire est essentiellement une courroie de transmission pour le transfert continu de la richesse et des ressources réelles du monde vers le système étasunien.
- On peut soutenir que la principale préoccupation globale des États-Unis, en plus des considérations géopolitiques classiques liées à la masse continentale et aux routes commerciales, est de renforcer et de garantir, en tandem, le dollar étasunien comme monnaie globale.
- « Renforcer » le statut du dollar étasunien en tant que monnaie globale comprend des coups d’État et des guerres, cachés ou non, contre des administrations menaçante pour affirmer la souveraineté monétaire (souveraineté) et des blocus économiques et commerciaux, tandis que « garantir » le statut du dollar étasunien implique le contrôle des principales « marchandises » à acheter en dollars étasuniens, garantissant ainsi la demande pour le dollar étasunien.
- Les « marchandises » à contrôler pour garantir le dollar étasunien comprennent : l’énergie, les médicaments opioïdes, les dettes nationales des pays débiteurs (à l’exclusion des États-Unis), les économies monétaires de l’élite globale (acquises légalement ou illégalement), le matériel militaire et les bases militaires étasuniennes (« protection ») imposées aux pays alliés à des prix exorbitants ; et s’étendent aux marchés toujours plus globalisés des produits pharmaceutiques (vaccins, etc.), des cultures génétiquement modifiés et des hautes technologies propriétaires (5G, etc.)
- Fondamentalement, le modus operandi de l’Empire étasunien a été le suivant : toute ressource minérale globale localisée ou ressource essentielle d’importance globale sera contrôlée, par quelque moyen que ce soit (occupation militaire, destruction des capacités, blocus, régime fantoche…)
- La globalisation a été progressive et s’est produite en rafales qui définissent les époques de la globalisation. La première période a été l’ère post-Bretton-Woods (1971-1991), qui a commencé lorsque le dollar étasunien a été découplé de l’or.
- Les résultats finaux de l’ère post-Bretton-Woods ont été : la perte relative et systématique du statut économique de la classe moyenne et la misère sociale palpable en Occident, comme l’émergence du phénomène des sans-abris urbain dans les années 1980, associée à une récession occidentale majeure prévisible (krach de 1982, due à des défauts de remboursement de dettes du tiers monde qui étaient amortis par des obligations brady).
- La deuxième ère de globalisation a commencé immédiatement après la chute de l’Union soviétique en 1991. C’était une période de globalisation prolongée et accélérée. Les cibles proches étaient les marchés traditionnels alliés des États-Unis : Canada et Mexique (ALENA) et Europe (mégafusions). L’Europe a quelque peu résisté en formant l’Union économique européenne. Le rendement des investissements a atteint des niveaux stratosphériques, tout comme les salaires des PDG. La classe ouvrière industrielle étasunienne a été décimée. La Chine a été mise sur l’orbite capitaliste. Le clivage « déplorables contre les bobos et les élites » a été créé, comme une conséquence socio-géographique majeure en Occident.
- Les conséquences humaines mesurées, synchrones avec l’accélération de la globalisation après 1991, qui touche principalement les classes à faible revenu, en Occident, incluent : perte du filet de sécurité sociale, augmentation du nombre de familles monoparentales, multiplication par trois du taux de litiges conflictuels devant les tribunaux, entre parents, entre particuliers et avec l’État (« crise de l’accès à la justice »), augmentation de l’incidence des besoins fondamentaux des ménages à faible revenu (logement, santé, sécurité, travail, finances), augmentation des taux de suicide et des tentatives de suicide, augmentation du taux de surdose d’opiacés (avant l’épidémie d’opiacés des années 2010) et une augmentation des taux d’urgences asthmatiques chroniques et de prévalence de l’asthme, tant chez les enfants que les adultes.
- L’assouplissement accru de la réglementation des aliments et des médicaments et l’augmentation spectaculaire de l’utilisation globale de l’herbicide glyphosate à partir de 1993 aux États-Unis se sont accompagnés, après 1991, d’une recrudescence des maladies et des affections chroniques : décès par infections intestinales, incidence du cancer thyroïdien, décès par maladie de Parkinson, prévalence du diabète, autisme chez les enfants de différents âges et phobie, troubles anxieux et troubles paniques.
- Au milieu des années 2000, Wall Street et les grandes banques étasuniennes ont joué un rôle de premier plan dans la globalisation, un rôle qui éclipse les instruments économiques globaux traditionnels que sont la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international. La crise des subprimes aux États-Unis, le krach de 2008, les méga-bailouts… en sont les symptômes. Les singes sont exigeants et sont autorisés à gérer davantage le zoo, dans lequel le jeu se joue exclusivement en dollars étasuniens.
- L’accélération et l’expansion considérables de la globalisation qui se sont produites immédiatement après la chute de l’Union soviétique en 1991 ne sont généralement pas reconnues comme une réponse des États-Unis à ladite chute, mais elles devraient être reconnues comme telles. La globalisation s’est fortement accélérée, tant sur le plan structurel que sur le plan de l’extension et du volume, et il ne fait guère de doute qu’il s’agissait d’une réponse à la fracture géopolitique et idéologique nouvellement apparue.
- En même temps, en réponse expresse à la fin de la guerre froide, l’ONU a entrepris une vague sans précédent de conférences globales hautement médiatisées. Plus particulièrement, l’ONU a proposé de nouveaux paradigmes d’intérêt global que l’on peut qualifier de « changements climatiques », d’« égalité entre les sexes » et d’« antiracisme », et a mis en place des déclarations et des plans pour institutionnaliser et légaliser ces nouveaux paradigmes d’intérêt global.
- Ces nouveaux paradigmes d’intérêt global sont des préoccupations cloisonnées et aseptisées, dépourvues de toute dimension pratique de classe sociale, de disparités de développement, de structure d’exploitation et de souveraineté des nations. Ils sont devenus des « religions » globales et étatiques pour pacifier, hypnotiser et aligner les populations en vue d’une globalisation continue, y compris les premiers pas vers une économie globale du carbone (le carbone étant échangé en dollars étasuniens).
- Les secteurs gouvernementaux, scientifiques, universitaires, de l’éducation, des ONG et des médias ont adopté et promu les nouveaux paradigmes d’intérêt global. Toutes les sociétés contrôlées à l’échelle globale ont pris le virage vert et se sont uniformisées. Il n’y aura jamais assez de prévention des changements climatiques, d’égalité entre les sexes ou de justice sociale raciale ; et tous les problèmes et les risques sont dûs à des lacunes dans la prévention des changements climatiques, d’égalité entre les sexes et de justice sociale raciale.
- Une industrie de l’éducation à la justice sociale s’est développée, basée sur une nouvelle « théorie critique de la race », qui a transformé l’analyse politique démodée des relations de pouvoir fondées sur l’exploitation en une prise de conscience de « l’intersectionnalité », et une analyse politique démodée de la formation de coalitions sociales en reconnaissance des privilèges blancs et du fardeau injuste d’être brun.
- L’ONU avait explicitement appelé à la criminalisation (« mesures pénales ») de « toutes les formes et manifestations de racisme, de xénophobie ou d’intolérance associées », et ce désir instillé par des élites s’est concrétisé par des codes de conduite, une vaste censure sur Internet, des poursuites pour incitation à la haine, des menaces de poursuites en diffamation, et des séries de sanctions contre des opinions politiques non approuvées.
- La seule résistance efficace contre la globalisation en Occident est venue des récentes révoltes électorales et démonstratives liées au vote Brexit, à la victoire électorale de Trump et au mouvement Gilets jaunes, nouvellement compris comme le conflit de classes entre les déplorables/sans-dents et les bobos/élites, entre les habitants ruraux sédentaires (les « de quelque part ») et les urbains globalistes (les « de nulle part »).
- Ce n’est donc pas un hasard si les déplorables/sans-dents expriment leurs nombreux griefs, qu’il s’agisse de la revitalisation économique nécessaire de la nation rurale, du rejet de la taxation du carbone, de la répudiation des programmes d’égalité des sexes et de lutte contre le racisme, y compris la censure et le politiquement correct.
Denis Rancourt est chercheur à l’Association des libertés civiles de l’Ontario (603-170 Laurier Avenue West Ottawa, Ontario Canada K1P 5V5 http://ocla.ca) depuis 2015. Il a été professeur titulaire de physique à l’Université d’Ottawa, au Canada.
Article complet ici - Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
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