Depuis des années, les législateurs de New York, ville profondément bleue (démocrate) et fièrement progressiste, sont aux prises avec un problème apparemment insoluble : ses écoles sont parmi les plus ségrégationnistes du pays.
– The New York Times
C’est ainsi que Bill de Blasio, maire de New York, qui a été occupé à se présenter aux élections présidentielles, propose de mettre fin au système de tri des « surdoués et talentueux » qui est théoriquement responsable de cette ségrégation. 75% de ces enfants précoces sont asiatiques et blancs et, selon le groupe de travail sur la diversité du système scolaire, ils ne sont pas équitablement répartis entre les écoles qui finissent par être en majorité noires et hispaniques.
La proposition a enflammé les parents très « profondément bleus et fièrement progressistes » dont les enfants précoces ont été séquestrés en toute sécurité loin des « enfants normaux » qui broient du noir dans des écoles qui ne font que suivre les programmes officiels et qui en ressortent des années plus tard incapables de lire ou de faire des mathématiques.
Je suis un produit du système scolaire de la ville de New York, donc je connais un peu le sujet, et bon nombre de ses caractéristiques actuelles étaient déjà bien avancées dans les années 1960, lorsque j’y étais. Mon école primaire, la PS 6, sur la 82e et Madison Avenue, était presque entièrement blanche parce que l’Upper East Side était entièrement blanche. Cependant, New York était à l’époque une ville de classe moyenne. Les Hedge Fund n’avaient pas encore été inventés. La PS 6 nous relâchait dans la rue à midi tous les jours – difficile à croire aujourd’hui – et je passais de nombreuses heures de déjeuner au Metropolitan Museum of Art, qui était à un pâté de maisons d’ici, et gratuit à l’époque, et plutôt vide les jours de semaine car tous ces adultes de classe moyenne étaient au travail. Même les courtiers en valeurs mobilières faisaient partie de la classe moyenne à l’époque, même si c’est difficile à croire.
Mes parents s’étaient séparés avec rancune et aimaient se matraquer mutuellement pour de l’argent, alors l’école privée était hors de question pour moi. Ils ne s’intéressaient absolument pas non plus à ma carrière scolaire, car ils se préoccupaient de leurs propres affaires. Donc, j’ai été envoyé au collège 167 sur la 76e et la 3e. C’était alors l’âge d’or de la déségrégation, le district comprenait donc un mince ruban à travers l’Upper East Side qui explosait en un gros nuage de champignons à Spanish Harlem. Ainsi, l’école était composée d’environ 80 % de Noirs et de Portoricains (comme on appelait alors les Hispaniques de NYC). Chaque jour, il y avait comme une émeute dans le bloc cellulaire D. Les classes d’enfants précoces s’appelaient alors « Special Progress » (SP), et j’y étais, mais entre les classes de ceux qui-peuvent-écrire-et-faire-des-maths et les autres, circuler dans les halls livrés à l’anarchie était un rituel quotidien.
J’ai réussi à m’en sortir sans m’enfuir pour rejoindre le cirque et entrer dans l’un des lycées dits « spécialisés » de New York, qui étaient au nombre de quatre (Brooklyn Tech, Stuyvesant, Bronx Science, et le High School of Music & Art). Je suis entré une fois dans le dernier, la M & A. Il était peut-être blanc à 75 % et très civilisé. Les professeurs étaient tous des versions différentes de Bernie Sanders. Les enfants qui devaient transporter des violoncelles et peindre des toiles dans les couloirs ne connaissaient pas les bousculades violentes. Mais je n’aimais pas trop, parce que ce collège était tellement loin qu’il aurait aussi bien pu être en Tchécoslovaquie et le voyage aller-retour prenait des heures. Après ça, je me suis envolé à l’université et je ne suis jamais revenu.
Assez parlé de moi. De toute évidence, le brassage racial se poursuit depuis des décennies dans le système scolaire de la ville de New York, mais en ces temps de privilèges blancs et d’intersectionnalité, les voies d’évasion des précoces doivent être bouchées. Pas de rab de connaissance pour personne ! Mais j’ai un remède au problème persistant de la sous-performance, une solution qui n’a pas vraiment été essayé : une immersion intense, en commençant à l’école maternelle et en avançant aussi longtemps que nécessaire, en parlant anglais. La langue est le fondement de l’apprentissage, certainement de l’aptitude à la lecture, et trop d’enfants ne peuvent tout simplement pas parler anglais. Sans cela, ils seront incapables d’apprendre quoi que ce soit d’autre, y compris les mathématiques. Les raisons de leurs faibles compétences linguistiques ne sont pas pertinentes. Qu’ils soient de nouveaux venus de pays étrangers ou des descendants d’esclaves, ils ont besoin d’apprendre à parler anglais et à le faire correctement, avec tous les temps et les verbes corrects. Ils doivent être intelligibles aux autres et à eux-mêmes pour donner un sens au monde.
La résistance à cette idée serait puissante et furieuse, j’en suis sûr. Certaines personnes seront toujours plus intelligentes que d’autres, mais les disparités en cause sont aggravées par la pauvreté linguistique. Nous ne prétendons même pas vouloir prendre les mesures évidentes pour corriger cela, même si c’est évidemment corrigible. Apprendre quoi que ce soit met les gens hors de leur zone de confort, donc cela ne peut pas être utilisé comme une excuse. La diversité linguistique est un handicap et ne vous rend pas particulièrement compétent. Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu.
James Howard Kunstler
Traduit par Hervé, relu par Camille pour le Saker Francophone
C’est ainsi que Bill de Blasio, maire de New York, qui a été occupé à se présenter aux élections présidentielles, propose de mettre fin au système de tri des « surdoués et talentueux » qui est théoriquement responsable de cette ségrégation. 75% de ces enfants précoces sont asiatiques et blancs et, selon le groupe de travail sur la diversité du système scolaire, ils ne sont pas équitablement répartis entre les écoles qui finissent par être en majorité noires et hispaniques.
La proposition a enflammé les parents très « profondément bleus et fièrement progressistes » dont les enfants précoces ont été séquestrés en toute sécurité loin des « enfants normaux » qui broient du noir dans des écoles qui ne font que suivre les programmes officiels et qui en ressortent des années plus tard incapables de lire ou de faire des mathématiques.
Je suis un produit du système scolaire de la ville de New York, donc je connais un peu le sujet, et bon nombre de ses caractéristiques actuelles étaient déjà bien avancées dans les années 1960, lorsque j’y étais. Mon école primaire, la PS 6, sur la 82e et Madison Avenue, était presque entièrement blanche parce que l’Upper East Side était entièrement blanche. Cependant, New York était à l’époque une ville de classe moyenne. Les Hedge Fund n’avaient pas encore été inventés. La PS 6 nous relâchait dans la rue à midi tous les jours – difficile à croire aujourd’hui – et je passais de nombreuses heures de déjeuner au Metropolitan Museum of Art, qui était à un pâté de maisons d’ici, et gratuit à l’époque, et plutôt vide les jours de semaine car tous ces adultes de classe moyenne étaient au travail. Même les courtiers en valeurs mobilières faisaient partie de la classe moyenne à l’époque, même si c’est difficile à croire.
Mes parents s’étaient séparés avec rancune et aimaient se matraquer mutuellement pour de l’argent, alors l’école privée était hors de question pour moi. Ils ne s’intéressaient absolument pas non plus à ma carrière scolaire, car ils se préoccupaient de leurs propres affaires. Donc, j’ai été envoyé au collège 167 sur la 76e et la 3e. C’était alors l’âge d’or de la déségrégation, le district comprenait donc un mince ruban à travers l’Upper East Side qui explosait en un gros nuage de champignons à Spanish Harlem. Ainsi, l’école était composée d’environ 80 % de Noirs et de Portoricains (comme on appelait alors les Hispaniques de NYC). Chaque jour, il y avait comme une émeute dans le bloc cellulaire D. Les classes d’enfants précoces s’appelaient alors « Special Progress » (SP), et j’y étais, mais entre les classes de ceux qui-peuvent-écrire-et-faire-des-maths et les autres, circuler dans les halls livrés à l’anarchie était un rituel quotidien.
J’ai réussi à m’en sortir sans m’enfuir pour rejoindre le cirque et entrer dans l’un des lycées dits « spécialisés » de New York, qui étaient au nombre de quatre (Brooklyn Tech, Stuyvesant, Bronx Science, et le High School of Music & Art). Je suis entré une fois dans le dernier, la M & A. Il était peut-être blanc à 75 % et très civilisé. Les professeurs étaient tous des versions différentes de Bernie Sanders. Les enfants qui devaient transporter des violoncelles et peindre des toiles dans les couloirs ne connaissaient pas les bousculades violentes. Mais je n’aimais pas trop, parce que ce collège était tellement loin qu’il aurait aussi bien pu être en Tchécoslovaquie et le voyage aller-retour prenait des heures. Après ça, je me suis envolé à l’université et je ne suis jamais revenu.
Assez parlé de moi. De toute évidence, le brassage racial se poursuit depuis des décennies dans le système scolaire de la ville de New York, mais en ces temps de privilèges blancs et d’intersectionnalité, les voies d’évasion des précoces doivent être bouchées. Pas de rab de connaissance pour personne ! Mais j’ai un remède au problème persistant de la sous-performance, une solution qui n’a pas vraiment été essayé : une immersion intense, en commençant à l’école maternelle et en avançant aussi longtemps que nécessaire, en parlant anglais. La langue est le fondement de l’apprentissage, certainement de l’aptitude à la lecture, et trop d’enfants ne peuvent tout simplement pas parler anglais. Sans cela, ils seront incapables d’apprendre quoi que ce soit d’autre, y compris les mathématiques. Les raisons de leurs faibles compétences linguistiques ne sont pas pertinentes. Qu’ils soient de nouveaux venus de pays étrangers ou des descendants d’esclaves, ils ont besoin d’apprendre à parler anglais et à le faire correctement, avec tous les temps et les verbes corrects. Ils doivent être intelligibles aux autres et à eux-mêmes pour donner un sens au monde.
La résistance à cette idée serait puissante et furieuse, j’en suis sûr. Certaines personnes seront toujours plus intelligentes que d’autres, mais les disparités en cause sont aggravées par la pauvreté linguistique. Nous ne prétendons même pas vouloir prendre les mesures évidentes pour corriger cela, même si c’est évidemment corrigible. Apprendre quoi que ce soit met les gens hors de leur zone de confort, donc cela ne peut pas être utilisé comme une excuse. La diversité linguistique est un handicap et ne vous rend pas particulièrement compétent. Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu.
James Howard Kunstler
Traduit par Hervé, relu par Camille pour le Saker Francophone
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