Ombres étrangement dirigées
Il y a un an et demi, le Premier ministre britannique Theresa May a stupéfié le monde en introduisant dans les relations internationales une nouvelle norme de preuve, plutôt décontractée – le « très probablement » – en ce qui concerne le cas très étrange de l’empoisonnement de Sergei Skripal. Cela fait partie d’une technique qui s’applique comme suit : produire une accusation non fondée contre une partie qui est « hautement probable » d’avoir commis un certain crime. Exiger que l’accusé avoue le crime, divulgue toutes les informations pertinentes et accepte de payer une réparation. Si cette demande n’est pas satisfaite, imposer une sanction.
Il est « fort probable », selon le gouvernement britannique, qu’un couple de touristes russes secrètement employés par une agence gouvernementale russe inexistante appelée « GRU » [Cette agence a changé de nom, NdT] a vaporisé un gaz toxique sur la poignée de la porte de la maison occupée par Sergei Skripal, un ancien officier russe qui avait été pris en train d’espionner, qui a fait de la prison en Russie et a été libéré lors d’un échange de prisonniers. Cet acte odieux consistant à étaler un gaz toxique sur la poignée de la porte s’est produit après que Skripal eut quitté sa maison, pour ne jamais y revenir. La poignée de porte était tellement contaminée par le produit toxique qu’il a fallu remplacer tout le toit de l’édifice.
Le nom du gaz toxique en question, appelé « Novichok », a été emprunté à une série télévisée britannique. « Novichok » (le mot russe pour « apprenti ») a été soi-disant conçu par les Russes – les Soviétiques, en fait – qui l’avaient fabriqué à l’époque dans une usine à l’extérieur de la Russie, qui a ensuite été détruit par les États-Unis. La Russie – contrairement à l’URSS – n’a jamais eu de programme d’armes chimiques, du moins selon les inspecteurs internationaux, mais les Britanniques en ont toujours un, et ils ont conservé des échantillons de « Novichok » dans une installation située juste à côté du lieu de ces événements. Ils ont utilisé leurs échantillons pour identifier le gaz qui était vaporisé sur la poignée de porte, déclarant qu’il était très pur.
Skripal, et sa fille Yuli, ont été trouvés en grande détresse sur un banc dans un parc et ont été emmenés d’urgence dans un hôpital avec l’aide de l’infirmière en chef de l’armée britannique qui venait à passer par là [par hasard !, NdT]. Bien que le « Novichok » ait été conçu pour tuer des milliers de soldats sur un champ de bataille, il n’a pas réussi à tuer Skripal ou sa fille, que les Britanniques gardent prisonniers dans un lieu secret depuis cet événement. Yulia est apparue dans une seule interview, mise en scène, où elle a lu une traduction russe d’un script manifestement anglais qui lui avait été remis et elle portait les signes d’une trachéotomie – ce qui est plutôt inutile pour quelqu’un qui a été paralysé par un agent nerveux.
Tout ceci raconte les moyens et les opportunités, mais qu’en est-il du motif ? Il est clair que Poutine a ordonné l’assassinat de cet ancien espion à la retraite, par un couple de touristes mâles en goguette à Londres, accros au cannabis, qui ont profité de cette petite escapade pour visiter une cathédrale, se baladant avec un gaz exotique dangereux, afin de s’assurer que la Coupe du Monde de la FIFA, dont la Russie était l’hôte, et qui allait débuter, se déroulerait sans aucun problème international. Il est plutôt inhabituel d’assassiner des espions échangés dans le cadre d’un échange parce que cela sape les futurs échanges d’espions, mais Poutine, étant lui-même un ancien maître espion, ne devait probablement pas le savoir, ni personne d’ailleurs dans le mythique « GRU ».
Quoi qu’il en soit, il est « fort probable » que c’est exactement ce qui s’est produit, et pourquoi cela s’est produit, et si vous ne le croyez pas, vous êtes un théoricien du complot, et vos théories du complot doivent faire l’objet d’une campagne de démystification approfondie et abondamment financée. Les éléments de cette campagne de dénonciation incluent : l’accusation de manque de patriotisme et de complicité avec l’ennemi, ainsi que de corruption d’« experts » vénaux pour qu’ils vous intimident avec leur perspicacité et leurs connaissances supérieures – y compris des connaissances secrètes dont vous n’êtes pas évidemment pas au courant pour des raisons de sécurité nationale. Ils vont aussi vous intoxiquer avec de faux renseignements, pour tenter de vous appâter, afin de pouvoir ensuite vous discréditer lorsque vous les utiliserez en mordant à l’hameçon.
Le résultat très probable est que vous finirez par vous rendre ridicule. Vous serez de ces personnes très susceptibles d’être perçues comme dérangées, cherchant une vérité exotique, mais qui ne réalisent pas la vérité bien plus fondamentale de ce qui est bon pour elles : garder la tête basse, la bouche fermée et simplement suivre le courant. Après tout, qu’est-ce qui est le plus important, dire la vérité ou devenir riche ? « Si tu es si intelligent, pourquoi n’es-tu pas riche ? » est une remarque fréquente. Et, comme tout le monde le sait, s’enrichir nécessite généralement de débiter un mensonge, ou deux, ou trois et détourner le regard quand les autres font de même. Si vous refusez de jouer ce jeu, votre carrière et vos perspectives de vie s’assombrissent sensiblement. Il peut être honorable et noble de chercher la vérité, mais il y a de fortes chances pour que votre femme et vos enfants ne vous en remercieront pas – demandez simplement à Julian Assange.
Néanmoins, la plupart des gens qui ont, entre les oreilles, un neurone ou deux en état de fonctionnement trouvent plutôt humiliant, avilissant et généralement insatisfaisant de se contenter d’un tas de conneries comme dans la saga grotesque Skripal décrite ci-dessus. Pour éviter de telles sensations négatives, nous avons besoin d’un mécanisme pour vaincre le processus qui nous gave de mensonges, tout en n’impliquant aucune sorte de quête chimérique et autodestructrice de l’ultime vérité.
Pour développer ce mécanisme, nous devons d’abord en vaincre un autre, qui est presque inné : quand nous découvrons que X n’est pas la vérité, notre esprit se demande immédiatement quelle est la vérité – et si aucune réponse n’est immédiatement disponible, nous commençons à faire des hypothèses et à sauter aux conclusions, car persister dans un état d’ignorance partielle et équilibrer plusieurs notions en contradiction mutuelle provoque une gêne mentale.
La capacité de vaincre ce mécanisme est quelque chose que nous pouvons constater lorsque nous essayons de distinguer les chiens de berger des moutons. Dès que nous remettons en question le récit dominant, les moutons parmi nous, dont l’esprit est primitif, se demandent immédiatement : « Alors, quelle est la véritable histoire ? » Et quand vous dites, « Je ne sais pas », ils répondent immédiatement par « Eh bien, faites-moi savoir quand vous le découvrirez. » Ne vous sentez pas vaincu lorsque cela se produit ; écrivez simplement « boff » à côté de leur nom et passez à autre chose. La vie est trop courte pour la gâcher en conversant sur des sujets complexes avec des gens dont la devise est « La certitude dans l’ignorance ». Demandez-vous à propos de chaque personne : Quelle est l’utilité de cette personne ? Les moutons ne valent pas la peine qu’on leur parle, mais ils sont bons à manger. On peut économiser de l’argent en les tondant et leur laine permet de faire de belles chaussettes et de beaux chandails.
Une fois que nous avons filtré les moutons et formé notre esprit pour que nous puissions rester à l’aise tout en gardant une vision sceptique de tous les faits à notre disposition, la théorie du complot devient un sport très utile. En fait, c’est un sport assez populaire. David Collum, professeur à l’Université Cornell, a récemment tweeté ce qui suit :
Je suis un « théoricien du complot ». Je crois que les hommes et les femmes riches et puissants conspirent. Si vous ne le pensez pas, alors vous êtes ce qu’on appelle « un idiot ». Si vous croyez des choses mais craignez cette étiquette, vous êtes ce qu’on appelle « un lâche ».
Je suis à peu près d’accord avec Collum, bien qu’au lieu de « croire des choses » je dirais « sont sceptiques sur l’histoire officielle » parce que la clé ici n’est pas ce que vous croyez mais ce que vous refusez d’accepter comme la vérité sans poser de question. Que cela vous plaise ou non, personne ne vous présentera « la vérité, toute la vérité et rien que la vérité » sur un plateau d’argent attaché avec des rubans et des petits nœuds accompagnés d’un peu de musique de cornemuse. Au lieu de cela, le mieux que vous êtes susceptible d’obtenir est une connaissance limitée, biaisée, déformée, et un peu fausse.
Je suppose que je suis aussi un « théoricien du complot ». Chaque fois que j’écris quelque chose qui remet en question la véracité d’un récit officiel, quelqu’un – probablement un troll – surgit et me demande ce que je pense du 11 septembre. Voici ce que je réponds habituellement :
Je crois fermement qu’il a été possible d’abattre trois bâtiments à ossature d’acier en utilisant deux énormes canettes volantes en aluminium remplies de kérosène, de bagages et de viande. J’ai prouvé que c’est possible en lançant deux canettes de bière sur trois clôtures en fil de fer barbelé. Les trois clôtures ont été instantanément englouties dans des trous qui se sont mystérieusement ouverts dans le sol, juste en dessous, et dans lesquels elles ont été instantanément incinérées en fine poudre d’oxyde qui a enseveli tout le quartier. Quiconque ne croit pas à mes résultats expérimentaux est de toute évidence un théoricien de la conspiration totalement cinglé.
Beaucoup de gens lisent ceci et s’enfuient en bêlant ; quelques personnes se tordent de rire parce que c’est en fait très drôle – croyez-moi ! Certaines personnes se sont offensées de voir quelqu’un ridiculiser un événement qui a tué des milliers de personnes – pour protéger leur tendre sensibilité, ils devraient envisager d’émigrer dans un pays qui n’est pas dirigé par une bande de criminels de guerre.
Mais si vous voyez de l’humour là-dedans, alors vous pouvez être à la hauteur du défi, qui consiste à extraire un signal utile – la tâche d’un expérimentateur typique – à partir d’un fouillis de données peu fiables et contradictoires. Ce n’est qu’à ce moment-là que vous serez en mesure d’argumenter de façon convaincante – et non pas de prouver que l’histoire officielle est totalement du n’importe quoi.
Notez que tout ce qui va au-delà de ce point, comme la discussion sur ce qu’est » la vraie histoire « , est strictement interdit. Si vous dépassez ce stade, vous vous exposez à une débauche bien organisée et bien financée de déboulonnage. Mais si tout ce que vous produisez est un très grand et imposant point d’interrogation, alors la seule façon de l’attaquer est de produire de la certitude – une tâche très difficile ! Dans la théorie de la conspiration, comme dans la guérilla, vous n’avez pas besoin de gagner. Il suffit seulement de ne pas perdre pendant une durée assez longue pour que l’ennemi abandonne.
Quand on dit des conneries, certaines techniques sont plus puissantes que d’autres. Souligner les impossibilités physiques, c’est ce qu’il y a de mieux. La victime de l’empoisonnement a quitté sa maison pour ne jamais y revenir avant que les auteurs n’aient vaporisé le gaz toxique sur la poignée de sa porte d’entrée. Au-delà, il y a la technique de la prépondérance de la preuve : mettre en évidence un très grand nombre de détails incongrus qui mettent en doute l’histoire officielle, obligeant les déboulonneurs à s’attaquer à chacun d’eux en fournissant des explications plausibles pour chacun d’entre eux.
À moins de démontrer l’impossibilité physique, il existe une technique presque aussi puissante : faire remarquer – en utilisant la physique et les mathématiques, si possible – que l’événement, tel que décrit, était hautement improbable. Il y a un dicton commun : « Si ça semble trop beau pour être vrai, c’est probablement le cas. » De la même façon, si quelque chose est hautement improbable, c’est qu’il ne s’est probablement rien passé. La charge de la preuve incombe alors à celui qui prétend que cela s’est produit.
Prenons un exemple. Certains prétendent encore que des astronautes américains ont atterri sur la lune. Leur nom est un peu trompeur : ce sont des astro-nautes, et donc peut-être que leurs exploits se sont déroulés sur le plan astral.
Environ un quart des Américains ne croyaient pas que l’atterrissage sur la lune ait eu lieu au moment où il a été dit qu’il avait eu lieu. Cinq décennies plus tard, les sceptiques forment de solides majorités dans de nombreuses régions du monde.
L’histoire de la mission Apollo n’a jamais été particulièrement crédible. La technique de la prépondérance des preuves a été utilisée pour percer de nombreux trous. Voici une liste beaucoup plus courte des incongruités :
Premièrement, il y a de multiples signes de falsification. Il y a de multiples indications que les photographies officielles de l’atterrissage lunaire ont été prises dans un studio. Dans toutes les photos, la poussière lunaire n’est pas de la bonne couleur : gris monotone au lieu de rougeâtre. Il est tout à fait plausible que le studio ait simulé la surface lunaire cratérisée en la remplissant de ciment Portland et en posant dessus des cailloux et des rochers. Les ombres ne sont pas parallèles, mais convergent, ce qui indique que la source de l’éclairage était une lumière de studio plutôt que la lumière du soleil. L’affirmation selon laquelle les photos ont été prises sur la Lune à l’aide d’un appareil photo est invraisemblable parce que les températures à la surface de la Lune sont trop froides pour que le film puisse agir à l’ombre et assez chaudes pour le faire fondre à la lumière du soleil, sans rien entre les deux. Quoi qu’il en soit, puisque la Lune se trouve à l’extérieur des ceintures de Van Allen, le rayonnement solaire et interstellaire aurait au moins embué, et probablement ruiné le film. Les astronautes, qui avaient des caméras attachées à leur poitrine et portaient des gants pressurisés encombrants, n’auraient pas pu, de façon plausible, cadrer, mettre au point et exposer pratiquement tous les plans pour produire une qualité de studio parfaite. Sur certaines photos officielles, les ombres vont dans des directions différentes parce que plusieurs lumières de studio ont été utilisées. La vidéo des astronautes qui cavalent sur la surface lunaire semble également avoir été tournée dans un studio sur Terre et montrée au ralenti. Il n’y a pas de cratère sous l’atterrisseur lunaire qui aurait été formé par le jet des gaz du moteur pendant la descente. La poussière sous l’atterrisseur n’est pas perturbée, à l’exception des traces de pas. De toute évidence, l’atterrisseur a été placé sur les lieux à l’aide d’une grue. Sur toutes les photos, le ciel est complètement noir au lieu d’être rempli d’étoiles, de planètes et de galaxies brillantes.
L’histoire de la mission Apollo n’a jamais été particulièrement crédible. La technique de la prépondérance des preuves a été utilisée pour percer de nombreux trous. Voici une liste beaucoup plus courte des incongruités :
Premièrement, il y a de multiples signes de falsification. Il y a de multiples indications que les photographies officielles de l’atterrissage lunaire ont été prises dans un studio. Dans toutes les photos, la poussière lunaire n’est pas de la bonne couleur : gris monotone au lieu de rougeâtre. Il est tout à fait plausible que le studio ait simulé la surface lunaire cratérisée en la remplissant de ciment Portland et en posant dessus des cailloux et des rochers. Les ombres ne sont pas parallèles, mais convergent, ce qui indique que la source de l’éclairage était une lumière de studio plutôt que la lumière du soleil. L’affirmation selon laquelle les photos ont été prises sur la Lune à l’aide d’un appareil photo est invraisemblable parce que les températures à la surface de la Lune sont trop froides pour que le film puisse agir à l’ombre et assez chaudes pour le faire fondre à la lumière du soleil, sans rien entre les deux. Quoi qu’il en soit, puisque la Lune se trouve à l’extérieur des ceintures de Van Allen, le rayonnement solaire et interstellaire aurait au moins embué, et probablement ruiné le film. Les astronautes, qui avaient des caméras attachées à leur poitrine et portaient des gants pressurisés encombrants, n’auraient pas pu, de façon plausible, cadrer, mettre au point et exposer pratiquement tous les plans pour produire une qualité de studio parfaite. Sur certaines photos officielles, les ombres vont dans des directions différentes parce que plusieurs lumières de studio ont été utilisées. La vidéo des astronautes qui cavalent sur la surface lunaire semble également avoir été tournée dans un studio sur Terre et montrée au ralenti. Il n’y a pas de cratère sous l’atterrisseur lunaire qui aurait été formé par le jet des gaz du moteur pendant la descente. La poussière sous l’atterrisseur n’est pas perturbée, à l’exception des traces de pas. De toute évidence, l’atterrisseur a été placé sur les lieux à l’aide d’une grue. Sur toutes les photos, le ciel est complètement noir au lieu d’être rempli d’étoiles, de planètes et de galaxies brillantes.
Deuxièmement, il y a de multiples signes de dissimulation et de comportement coupable. Toutes les bandes magnétiques des missions Apollo ont été détruites, ainsi que la plupart des plans. En particulier, les plans de l’atterrisseur lunaire sont introuvables. Les astronautes, lorsqu’on leur a demandé de jurer sur une Bible devant une caméra qu’ils étaient allés sur la lune, ont réagi assez étrangement et ont refusé. Les roches lunaires, qui auraient été extraites de la Lune et données en cadeau, se sont avérées soit manquantes, impossibles à distinguer des astéroïdes qui ont été recueillis par des expéditions antarctiques, soit du bois fossilisé du désert du Nevada. En outre, les missions Apollo étant le couronnement de l’exploration spatiale humaine, nous nous attendions à ce que le 50e anniversaire d’Apollo 11, qui a eu lieu il y a quelques jours à peine, connaissent un énorme succès, mais rien de tel ne s’est produit.
Tout cela est assez déroutant, mais plutôt peu concluant et ouvert aux contre-arguments et aux rationalisations. D’autre part, il est difficile d’affirmer que les missions Apollo étaient carrément impossibles physiquement. Mais il est tout à fait possible de soutenir qu’elles étaient très improbables – si peu probables que la probabilité qu’elles se manifestent toutes de la façon décrite soit suffisamment négligeable pour qu’on puisse les écarter complètement. Bien sûr, le suicidé s’est poignardé le cœur dans le dos dix fois en cinq ans et a survécu. Une histoire probable !
D’abord, un peu de théorie des probabilités : en évaluant la probabilité de succès d’une séquence d’événements, les probabilités de chaque étape de la séquence se multiplient. Comme l’a souligné à juste titre le nazi américain Werner von Braun, spécialiste des fusées, une simple version d’une fusée à étages multiples, qui se dirige vers la Lune, atterrit et permet le retour, aurait nécessité une fusée de dimensions si ridiculement énormes qu’elle aurait été impensable. Mais probablement à l’insu de von Braun, une version plus compliquée et plus faisable de la mission avait déjà été élaborée par le scientifique russe Yuri Kondratyuk en 1919, et c’est celle que le programme Apollo avait adoptée. Elle permettait de limiter la charge utile de départ à 100-140 tonnes, ce que la fusée Saturn V pouvait supporter. Le problème avec la version de Kontratyuk est qu’elle a introduit de nombreux nouveaux points d’échec potentiels.
Tout cela est assez déroutant, mais plutôt peu concluant et ouvert aux contre-arguments et aux rationalisations. D’autre part, il est difficile d’affirmer que les missions Apollo étaient carrément impossibles physiquement. Mais il est tout à fait possible de soutenir qu’elles étaient très improbables – si peu probables que la probabilité qu’elles se manifestent toutes de la façon décrite soit suffisamment négligeable pour qu’on puisse les écarter complètement. Bien sûr, le suicidé s’est poignardé le cœur dans le dos dix fois en cinq ans et a survécu. Une histoire probable !
D’abord, un peu de théorie des probabilités : en évaluant la probabilité de succès d’une séquence d’événements, les probabilités de chaque étape de la séquence se multiplient. Comme l’a souligné à juste titre le nazi américain Werner von Braun, spécialiste des fusées, une simple version d’une fusée à étages multiples, qui se dirige vers la Lune, atterrit et permet le retour, aurait nécessité une fusée de dimensions si ridiculement énormes qu’elle aurait été impensable. Mais probablement à l’insu de von Braun, une version plus compliquée et plus faisable de la mission avait déjà été élaborée par le scientifique russe Yuri Kondratyuk en 1919, et c’est celle que le programme Apollo avait adoptée. Elle permettait de limiter la charge utile de départ à 100-140 tonnes, ce que la fusée Saturn V pouvait supporter. Le problème avec la version de Kontratyuk est qu’elle a introduit de nombreux nouveaux points d’échec potentiels.
Énumérons les étapes de la méthode de Kondratyuk. Une fusée à étages multiples hisse la charge utile sur une orbite proche de la Terre. Le module orbital se sépare du dernier étage de la fusée, fait demi-tour et s’amarre au module lunaire. Puis le dernier étage de la fusée repart en mode propulsion, accélérant jusqu’à échapper à l’attraction terrestre et se propulse vers la Lune. Puis l’étage de la fusée se déconnecte et s’écrase sur la Lune le long d’une trajectoire balistique. Ensuite, les modules lunaires freinent et entrent en orbite lunaire. Puis l’atterrisseur se désaccouple du module orbital, descend et atterrit sur la Lune. Puis, une fois la mission en surface terminée, le module d’ascension se déconnecte de l’atterrisseur, allume ses moteurs pour retourner en orbite lunaire et s’amarrer sur le module orbital. Après le transfert de l’équipage dans le module orbital, le module de remontée de la Lune se sépare. Puis le module orbital lance son moteur pour revenir sur Terre. Avant la rentrée dans l’atmosphère, l’équipage est transféré au module de descente, le module de service se sépare et le module de descente plonge dans l’atmosphère.
Comptez les pas : il y en a 13. Supposons maintenant que chaque étape soit fiable à 99 %. La probabilité de réussite de la mission globale est alors de 0,9913 ou 88%. Le problème est que l’expérience pratique des échecs lors de missions spatiales au cours des années 60 et 70 situe les chances de succès à chaque étape à environ 60%. Maintenant, 0.613 nous donne les chances de succès d’une mission Apollo donnée qui atterrit sur la lune à 0,13%. Il y aurait eu six missions Apollo qui auraient atterri sur la lune. 0,00136 nous donne une probabilité de succès vraiment astronomique : 5×10–18. C’est une chance de succès pour 200,000,000,000,000,000,000,000,000,000 tentatives.
Supposons que vous n’aimiez pas le taux de fiabilité de 60 %. Peut-être que ces scientifiques de la NASA étaient tout simplement extraordinairement bons et qu’ils ont réussi à rendre chaque étape fiable à 90 % – un défi de taille, compte tenu du fait qu’ils devaient faire les choses correctement dès le premier essai. Ensuite, les chances de réussite des six missions Apollo sont d’une sur 3 707. Mais le chiffre de 90 % est en soi très improbable.
Dans la mesure où cela est « hautement improbable », les missions Apollo ont à peu près réalisé la pierre philosophale. Cela nous amène à conclure qu’il est hautement improbable qu’un Américain ait jamais mis les pieds sur la Lune. Aujourd’hui, beaucoup de gens sont, à juste titre, sidérés à l’idée qu’il ait été possible de faire un canular d’une telle ampleur pendant 50 ans. Bien sûr, c’est très improbable aussi. Je vais laisser aux lecteurs le soin de calculer la probabilité de réussir, mais j’ai l’impression qu’il s’agit de plusieurs ordres de grandeur supérieurs à un sur 200 000 000 000 000 000 000 000 000 parce que je pense qu’il est très peu probable qu’un pourcentage écrasant de professionnels hautement rémunérés ne se taisent pas tous, juste pour sauver leur emploi, protéger leur réputation et, si les enjeux sont assez importants, rester en vie.
Donc, oui, bien sûr, les Américains ont atterri sur la Lune six fois. Chanceux, chanceux Américains ! Quelle chance !
Comptez les pas : il y en a 13. Supposons maintenant que chaque étape soit fiable à 99 %. La probabilité de réussite de la mission globale est alors de 0,9913 ou 88%. Le problème est que l’expérience pratique des échecs lors de missions spatiales au cours des années 60 et 70 situe les chances de succès à chaque étape à environ 60%. Maintenant, 0.613 nous donne les chances de succès d’une mission Apollo donnée qui atterrit sur la lune à 0,13%. Il y aurait eu six missions Apollo qui auraient atterri sur la lune. 0,00136 nous donne une probabilité de succès vraiment astronomique : 5×10–18. C’est une chance de succès pour 200,000,000,000,000,000,000,000,000,000 tentatives.
Supposons que vous n’aimiez pas le taux de fiabilité de 60 %. Peut-être que ces scientifiques de la NASA étaient tout simplement extraordinairement bons et qu’ils ont réussi à rendre chaque étape fiable à 90 % – un défi de taille, compte tenu du fait qu’ils devaient faire les choses correctement dès le premier essai. Ensuite, les chances de réussite des six missions Apollo sont d’une sur 3 707. Mais le chiffre de 90 % est en soi très improbable.
Dans la mesure où cela est « hautement improbable », les missions Apollo ont à peu près réalisé la pierre philosophale. Cela nous amène à conclure qu’il est hautement improbable qu’un Américain ait jamais mis les pieds sur la Lune. Aujourd’hui, beaucoup de gens sont, à juste titre, sidérés à l’idée qu’il ait été possible de faire un canular d’une telle ampleur pendant 50 ans. Bien sûr, c’est très improbable aussi. Je vais laisser aux lecteurs le soin de calculer la probabilité de réussir, mais j’ai l’impression qu’il s’agit de plusieurs ordres de grandeur supérieurs à un sur 200 000 000 000 000 000 000 000 000 parce que je pense qu’il est très peu probable qu’un pourcentage écrasant de professionnels hautement rémunérés ne se taisent pas tous, juste pour sauver leur emploi, protéger leur réputation et, si les enjeux sont assez importants, rester en vie.
Donc, oui, bien sûr, les Américains ont atterri sur la Lune six fois. Chanceux, chanceux Américains ! Quelle chance !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.