Un rappel…
Hans-Hermann Hoppe, philosophe allemand, disciple de Murray Rothbard, est un libertarien guénonien. Autant dire qu’il ne plaira pas à tout le monde : pour lui le système produit un phénomène de dé-civilisation dont on voit les effets terminaux en Europe comme en Amérique (effondrement moral, démographique, culturel, spirituel, et même socio-économique). Le phénomène se mondialise : voyez l’Asie et son déclin culturel et démographique (-30% de chinois en 2100, disparition de la Corée et du Japon, etc.).
Le monde moderne nous a fait dégénérer en vertu de la perversion étatique qui a fabriqué le troupeau timide dont parle Tocqueville. Cet État nous ôte la peine de penser (BFM) et de vivre (euthanasie) vit à notre place et nous zombifie, nous privant de notre force vitale. Mais voici comment Hoppe en parle :
Parmi les mesures les plus importantes en matière de politique sociale, citons l’introduction de la législation de « sécurité sociale », telle qu’elle a été introduite dans les années 1880 dans l’Allemagne de Bismarck, puis est devenue universelle dans tout le monde occidental à la suite de la Première Guerre mondiale. La tâche de devoir prendre en charge son propre âge, la portée et l’horizon temporel de l’action provisoire privée sera réduite.
L’état bismarckien puis la sécu anéantissent la famille :
En particulier, la valeur du mariage, de la famille et des enfants diminuera car ils sont moins nécessaires si l’on peut recourir à une assistance « publique ». En effet, depuis le début de l’ère démocratique et républicaine, tous les indicateurs de «dysfonctionnement familial» ont affiché une tendance systématique à la hausse: le nombre d’enfants a diminué, la taille de la population endogène a stagné ou même diminué et les taux de divorce, l’illégitimité, la monoparentalité, la singularité et l’avortement ont augmenté. De plus, les taux d’épargne des particuliers ont commencé à stagner ou même à baisser au lieu d’augmenter proportionnellement, voire excessivement, avec la hausse des revenus.
Cet État remplace aussi allègrement sa population, rappellent les libertariens. Et il est en plus belliciste.
Je rappelle que pour Rothbard l’État sécuritaire (Welfare) est arrivé de pair avec l’État militaire (Warfare). Tocqueville parle aussi du goût démocratique pour la guerre interminable. Hoppe rappelle lui que le Far West était un endroit sûr et que la montée du Welfare a fait exploser partout la criminalité dans l’Amérique postmoderne (ce n’est pas la seule raison comme on sait) :
Sur l’ampleur de la recrudescence des activités criminelles provoquée par le fonctionnement du républicanisme démocratique au cours des cent dernières années, à la suite de l’augmentation constante de la législation et d’un nombre toujours croissant de responsabilités « sociales » par opposition à des responsabilités privées … voir McGrath, Gunfighters, Highwaymen et Vigilantes, en particulier… En comparant la criminalité dans certains des endroits les plus sauvages du « Far West » américain (deux villes frontalières et des camps miniers en Californie et au Nevada) avec celle de certains des endroits les plus sauvages du siècle actuel, McGrath (« Offrez-leur un bon Dose of Lead « , pp. 17-18) résume ainsi en affirmant que les villes frontalières de Bodie et d’Aurora ont en fait rarement été victimes de vols…
Et de rappeler à qui ne l’entendra pas :
Les villes d’aujourd’hui, telles que Détroit, New York et Miami, subissent 20 fois plus de vols par habitant. Les États-Unis dans leur ensemble enregistrent en moyenne trois fois plus de vols qualifiés par habitant que Bodie et Aurora. Les cambriolages et les vols étaient également peu fréquents dans les villes minières. La plupart des villes américaines ont en moyenne 30 ou 40 fois plus de vols et vols par habitant que Bodie et Aurora… Au début des années 1950, la ville de Los Angeles comptait environ 70 meurtres par an. Aujourd’hui, la ville en moyenne plus de 90 meurtres par mois. . . . En 1952, 572 viols ont été rapportés à la police de Los Angeles. En 1992, 2 030 personnes ont été signalées. Au cours des mêmes années, le nombre de vols qualifiés est passé de 2 566 à 39 508 et le nombre de vols d’automobiles, de 6 241 à 68 783.
Il est bon de souligner le mensonge des westerns dont l’idéologie gauchiste a toujours fait bon marché des réalités historiques. Puis Hoppe cite l’historien Fuller qui dénonce les horreurs de la conscription made in France :
La conscription a changé la base de la guerre. Jusque-là, les soldats avaient coûté cher, maintenant ils étaient bon marché; les batailles avaient été évitées; maintenant, elles étaient recherchées, et si lourdes soient les pertes, elles pouvaient rapidement être réparées par le rouleau du rassemblement. À partir du mois d’août [1793], lorsque le parlement de la République française décréta le service militaire obligatoire universel. Seulement la guerre deviendrait de plus en plus illimitée, mais finalement totale. Au cours de la quatrième décennie du vingtième siècle, la vie était si peu coûteuse que le massacre de populations civiles sur des lignes massives était devenu un objectif stratégique reconnu, tout comme les batailles des guerres précédentes. En 150 ans, la conscription avait ramené le monde à la barbarie tribale. (Fuller, The War of War, p. 33 et 35).
Allan Carlson rappellera que l’armée US a été un vecteur de subversion morale, sexuelle et sociale, en Europe comme en Asie ou en Océanie (cent films le démontrent).
Nous sommes entrés dans la phase finale de cette perversion avec bien sûr la Grande Guerre qui précipita notre dégénérescence politique (fascisme, communisme, étatisme-providence, etc.) et culturelle (peinture abstraite, musique dodécaphonique, littérature « moderne », « engagée », etc.) ; notre déclin est tel que nous ne le percevrons plus, alors que tout le monde continue d’écouter Bach ou Rameau, et que personne ne peut supporter Berg ou Webern. Mais Tolstoï dénonçait cette situation déjà en 1900 dans son passionnant petit essai sur l’art. Depuis, ayant touché le fond, nous avons continué de creuser…
Citons Hoppe :
Depuis 1918, pratiquement tous les indicateurs de préférences temporelles élevées ou à la hausse ont affiché une tendance à la hausse systématique: en ce qui concerne le gouvernement, le républicanisme démocratique a produit le communisme (et avec cet esclavage public et ce meurtre de masse parrainé par le gouvernement même en temps de paix), le fascisme, le socialisme national. Enfin, et de manière durable, la social-démocratie (« libéralisme »). Le service militaire obligatoire est devenu presque universel, la fréquence et la brutalité des guerres étrangères et civiles ont augmenté, et le processus de centralisation politique a progressé plus que jamais.
Et, alors qu’on nous annonce une crise finale (« achetez de l’or ! »), Hoppe ajoute sur la dégénérescence socio-économique et financière :
En interne, le républicanisme démocratique a conduit à une augmentation permanente des impôts, des dettes et de l’emploi public. Cela a conduit à la destruction de l’étalon-or, à une inflation sans précédent du papier-monnaie et à un renforcement du protectionnisme et des contrôles de la migration. Même les dispositions de droit privé les plus fondamentales ont été perverties par une inondation incessante de lois et de règlementations…
La pensée et les analyses factuelles de Hoppe (découvrez son œuvre sur Mises.org) démontrent en tout cas l’ancienneté de la crise occidentale et confirment le rôle sinistre de l’État et de la… révolution. Les folies étatiques actuelles (guerres impériales, remplacement, dettes, etc.) confirment cette analyse implacable. Je citerai pour conclure le vicomte Bonald qui est proche de Hans-Hermann Hoppe et qui écrivait après le cataclysme napoléonien :
« La disposition à inventer des machines s’est étendue aux choses morales. »
Sources
– Alexis de Tocqueville, de la démocratie en Amérique
– Nicolas Bonnal, chroniques sur la fin de l’histoire ; le coq hérétique (les belles lettres, 1997)
– Hans-Hermann Hoppe, the process of de-civilisation, in the costs of war (Mises.org). Reassessing presidency, chapter XXII (Mises.org)
– René Guénon, le règne de la quantité et les signes des temps
Nicolas Bonnal
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