04 juin 2019

L'engrais humain


Avez-vous une idée de la quantité produite chaque jour d’engrais humain dans le monde ? A l’évidence, non. Concernant la France (sensiblement 65millions d’artificiers), un rapide calcul permet d’établir une production journalière de matière fécale (hypothèse basse : 150 gr par individu) de 9,750 millions de tonnes, soit en matière sèche : 1,95 millions de tonnes. Avouez qu’il y a là gaspillage tout autant qu’une certaine sottise à ne pas s’intéresser à cette matière première largement disponible.

Un esprit incisif n’aura pas manqué d’observer que cette production est renouvelée chaque jour ad-vitam aeternam, qu’elle ne nécessite pas d’être importée, qu’elle participe amplement à l’autosuffisance souhaitée en matière organique, qu’elle peut être utilisée en circuits-courts, pour finir qu’elle fait la nique à Monsanto.

Ses composants essentiels: 5 à 7 % d'azote, 1 à 2,5 % de potassium sont ceux utiles aux plantes cultivées. Il suffit pour obtenir la concentration voulue et nécessaire à épandre sur les sols de calculer les volumes à apporter. Rien de sorcier.

On notera que l’utilisation de l’engrais humain, qui se développe actuellement, notamment en Zambie, correspond à une pratique ancestrale (Languedoc, Chine,..), pratique oubliée et qui a cependant porté ses fruits, si je puis me permettre.

Son coût naturellement est bas, suffisamment bas pour que la Zambie, un des pays les plus pauvres de la planète, ait décidé de faire le choix de ce que l’on doit bien appeler l’engrais humain et qui vaut autant que le guano, le fumier de brebis ou celui de cheval.

La transformation est des plus aisées car après séchage, il n’est plus question que de broyage ; rien que ne savent faire nos usines.

On imagine également que, dans les pays pauvres (Inde, …) le ramassage organisé des matières fécales permettrait que ne soient plus pollués les sols ce qui aurait pour effet d’éviter la propagation de maladies.

Diverses objections peuvent être faites à cette pratique de fertilisation. La principale est que les déjections humaines sont porteuses de maladies, une étude datant des années 50 en fait état en Chine ; il se trouve cependant que les expérimentations conduites en Zambie ont permis de résoudre ce problème, en conséquence de quoi : il n’en est plus un. Des lors il nous reste à penser la collecte, une filière, qu’on évitera bien entendu de filer à Monsanto and Co. Subsiste cependant un tabou, celui de notre relation avec nos déjections.

Pour de plus amples informations :

http://blogues.lapresse.ca/granos/2010/05/26/un-retour-a-lengrais-humain/
http://www.rue89.com/2010/05/25/en-zambie-on-fertilise-les-champs-avec-de-lurine-humaine-151849#
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_f%C3%A9cale
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1950_num_59_317_13151
http://www.eautarcie.com/Eautarcie/5.Toilettes_seches/D.Nos_dejections.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_f%C3%A9cale

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