02 juin 2019

Le rayonnement cosmique contribue à la formation des nuages


Une étude expérimentale menée par H. Svensmark et al (Université Technique du Danemark) publiée le 19 décembre 2017 dans la revue Nature Communication montre que le rayonnement cosmique[1] contribue fortement à la formation des nuages influençant le climat de notre planète [2]. Une traduction en français de cette publication est disponible sur Skyfall.

 
Selon les auteurs, les rayons cosmiques produisent une chaîne de réactions qui fait grandir de minuscules agglomérats d'acide sulfurique et de molécules d'eau présents naturellement dans l'atmosphère (les aérosols) jusqu'à leur permettre d'atteindre la taille nécessaire à la formation de nuages : ce processus peut aller jusqu'à augmenter la couverture nuageuse de 50%.

Sans surprises cette publication n'a pas été relayée par la presse française, à l'exception de Sciences et Vie qui titrait le 27 décembre : « Des chercheurs viennent d'exhumer un processus inconnu jusqu'ici de formation de nuages à partir du rayonnement cosmique. Il devrait être intégré aux modèles climatiques. »

De l'effet Forbush à la thèse d'Henrik Svensmark

Le fait que les éruptions solaires atténuent le flux des rayons cosmiques avait été démontré en 1937 par le physicien Scott E. Forbush et confirmé par les observations de la sonde Pioneer 5 en 1960 : lorsque l'activité solaire est au maximum, la Terre reçoit moins de rayons cosmiques et lors du minimum de l'activité solaire elle en reçoit plus. Cette variabilité du rayonnement cosmique reçu par la basse atmosphère provoquée par l'effet Forbush serait de l'ordre de 20% du rayonnement cosmique moyen reçu.

Dès 1997, les physiciens danois Eigil Friis-Christensen et Hensik Svensmark annoncent avoir établi une corrélation entre les variations passées du climat, la couverture nuageuse et l'activité solaire. Selon eux, une forte activité solaire entraînerait une diminution du flux des rayons cosmiques d'origine galactique, réduisant l'ionisation de l'atmosphère et entraînant une moindre formation des noyaux de condensation. La couverture nuageuse se réduirait, diminuant l'albédo de la planète provoquant ainsi son réchauffement. Les données du terrain confirmaient cette hypothèse : entre 1979 et 1992, l'activité solaire étant à son apogée, la quantité de rayons cosmiques a baissé de 25%, et la couverture nuageuse de 3%. Henrik Svensmark a publié ses découvertes en juillet 1997 dans la revue Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics [3], puis en novembre 1998 dans la revue Physical Review Letters [4].

En févier 2007, malgré l'opposition de l' « establishment climatique », Henrik Svensmark et son équipe du Danish National Space Center (DNSC, actuellement DTU Space), parvinrent à faire publier leurs travaux dans les actes de la Royal Society A.; le processus d'approbation [5] avait duré 16 mois.

La voie de recherche ouverte par Henrik Svensmark est appelée la Cosmo climatologie

L'expérimentation CLOUD

Les travaux d'Henrik Svensmark retinrent en 2006 l'attention de Jasper Kirkby, chercheur au CERN, le plus éminent laboratoire en physique des particules du monde, dont le siège est à Genève. Jasper Kirkby est à l'origine d'une expérience utilisant un accélérateur de particules du CERN pour étudier en laboratoire le lien possible entre les rayons cosmiques galactiques et la formation des nuages. Cette expérimentation baptisée CLOUD [6] exploite une chambre à brouillard alimentée par le PS (Proton synchrotron), une source artificielle de rayons cosmiques simulant les conditions naturelles. Un faisceau de particules est envoyé dans une chambre de réaction ; ses effets sur la production d'aérosols sont ensuite analysés.

2011 : Des résultats préliminaires publiés dans Nature

Dans un papier publié par Nature [7] en août 2011, Jasper Kirkby présentait les premiers résultats de l'expérience CLOUD : il constatait que les ions augmentent significativement la vitesse de nucléation (d'un facteur compris entre deux et plus de dix), précisant toutefois que « des questions fondamentales restent posés sur le taux de nucléation des particules d'acide sulfurique et les mécanismes responsables, y compris le rôle des rayons cosmiques galactiques. »

2014 : l'expérience CLOUD « éclaire sur la formation des nuages »

Un communiqué de presse du CERN du 16 mai 2014 annonçait qu'une « expérience éclaire la formation des nuages. » Selon ce communiqué, les vapeurs biogènes émises par les arbres et oxydées dans l'atmosphère jouent un rôle important dans la formation des nuages contribuant ainsi au refroidissement de la planète, et que cela pourrait expliquer en grande partie la naissance des nuages dans la basse atmosphère. Ces résultats ont fait l'objet d'une publication dans la revue Nature. Pour Jasper Kirkby, « C'est un résultat très important, car il identifie un ingrédient clé responsable de la formation de nouvelles particules d'aérosol dans une grande partie de l'atmosphère. Or les aérosols, avec leur influence sur les nuages, ont été reconnus par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) comme la plus grande source d'incertitudes dans les modèles climatiques actuel. »

2016 : l'expérience CLOUD « éclaire sur le climat préindustriel »

Le 25 mai 2016 un nouveau communiqué de presse du CERN intitulé « de nouveaux résultats de CLOUD sur le climat préindustriel » indiquait que les ions issus des rayons cosmiques galactiques augmentent fortement le taux de production de particules biogènes pures (d'un facteur de 10 à 100). Cette observation laisse penser que le rôle des rayons cosmiques dans la formation des aérosols et des nuages a peut-être été plus important pendant l'ère préindustrielle que dans l'atmosphère polluée d'aujourd'hui.

Jasper Kirkby indique que « ces résultats sont, jusqu'ici, les plus importants réalisés par l'expérience CLOUD. Le fait d'inclure la nucléation et la croissance de particules d'aérosols biogènes purs dans les modèles climatiques pourrait affiner notre compréhension de l'impact des activités humaines sur les nuages et le climat ». Ces résultats ont été détaillés dans deux articles publiés dans la revue Nature [8], puis dans Science [9].

Les non-dits de CLOUD

Comme il l'a indiqué à la fondation GWPF (interview traduit en français par le site Pensée unique), H. Svensmark se félicite des résultats de l'expérience CLOUD qui confirment ses propres résultats expérimentaux obtenus depuis 2006. On s'étonne pourtant de ne plus voir son nom associé à cette expérimentation pas plus qu'il n'apparaît dans les publications de Nature et de Science déjà citées.

L'expérience menée au CERN, temple de la physique des particules, produit des résultats non conformes à la doxa (l'effet de serre est l'unique facteur causal) qui indisposent les suppôts du GIEC : « Hoax climatique #2 » s'autorise à affirmer Stéphane Foucart dans Le Monde du 15 octobre 2015 (la COP21 approche !), ajoutant que la thèse de l'influence des rayons cosmiques sur le climat, « comme toutes les idées commodes a du mal à mourir. »

Si l'on en juge par les difficultés rencontrées par H. Svensmark pour publier ses articles, sa thèse est aussi mal accueillie par la communauté scientifique « orthodoxe ».

Les déclarations au journal Welt (rapportées par Mediapart) de Rolf-Dieter Heuer, Directeur général du CERN commentant la publication de de Jasper Kirkby en 2011 dans Nature [10] , témoigne de la gène de la communauté scientifique à l'égard de cette théorie qui pourrait être validée (au moins partiellement) par l'expérience :

« J'ai demandé à mes collègues du CERN de présenter leurs résultats clairement, mais de ne pas les interpréter. Cela pour éviter d'entrer dans l'arène hautement politique du débat sur les changements climatiques. Il doit être clair que les rayons cosmiques ne sont qu'un des paramètres. »

A propos des déclarations du Directeur général du CERN à Welt, Nigel Calder[11], journaliste scientifique renommé note sur son blog que pour susciter une telle anxiété, les résultats de CLOUD doivent être favorables aux thèses d'Henrik Svensmark. Selon lui, le CERN a rejoint la longue liste des institutions obligées de rester politiquement correctes en matière de climat et a cessé d'être un véritable organisme scientifique.

Il est tout à fait possible que Henrik Svensmark et ses collègues ne souhaitent pas (ou aient renoncé) à publier des résultats atténués ou tronqués dans les revues à comité de lecture dont tout le monde connaît la politique éditoriale en matière de climatologie.

[1] Les rayons cosmiques sont des particules chargées venant des autres étoiles et des supernovas. La plupart sont déviés par le champ magnétique de la terre mais certains arrivent dans l'atmosphère et y provoquent des réactions.

[2] Selon Jean-Pierre Chalon, l'impact des nuages sur le bilan radiatif de la Terre est 40 fois supérieur à celui attribué aux variations des teneurs en gaz à effet de serre enregistré au cours de ces dix dernières années.

[3] Variation of cosmic ray flux and global cloud coverage-a missing link in solar-climate relationships

[4] Influence of Cosmic Rays on Earth's Climate

[5] Henrik Svensmark toujours rasé de près décida, en signe de protestation, de ne plus se raser jusqu'à ce que l'article soit publié. Il portait une barbe assez impressionnante lorsque son article fut enfin publié dans les Actes de la Royal Society A.

[6] L'expérience CLOUD (Cosmics Leaving Outdoor Droplets) est menée par une équipe interdisciplinaire de scientifiques provenant de 18 instituts de 9 pays. Elle comprend des physiciens de l'atmosphère, des physiciens du Soleil, ainsi que des physiciens des rayons cosmiques et des particules. (http://home.web.cern.ch/fr/about/experiments/cloud)

[7] Role of sulphuric acid, ammonia and galactic cosmic rays in atmospheric aerosol nucleation (https://www.nature.com/articles/nature10343)

[8] The role of low-volatility organic compounds in initial particle growth in the atmosphere (Nature : 26 mai 2016

[9] Global atmospheric particle formation from CERN CLOUD measurements (Science : 02 décembre 2016)

[10] Role of sulphuric acid, ammonia and galactic cosmic rays in atmospheric aerosol nucleation (https://www.nature.com/articles/nature10343)

[11] En 2003, Henrik Svensmark et Nigel Calder dans le livre The Chilling Stars décrivaient comment le changement de couverture nuageuse modifié par les variations de rayons cosmiques représentait une contribution majeure aux variations de température globale et déclaraient que l'influence humaine avait été exagérée

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