Les bienfaits supposés du libre échange
La communication officielle des élites euro-mondialistes a voulu nous faire croire qu’il fallait nous engager dans la voie du fédéralisme et que le miracle s’accomplirait. Après différentes tentatives de mise en commun de certains secteurs, comme la production du charbon et de l’acier dans les années 1950 (CECA), d’un vague projet de défense européenne mort-né (CED), c’est finalement par un moyen détourné qui consistait à imposer le libre-échange généralisé que les choses ont avancé. La politique des « petits pas » définie par Jean Monnet a fini par avoir raison des résistances « populistes » et nous nous sommes retrouvés au début du XXIème siècle dans un vaste ensemble ouvert à tous les vents, dirigé par un ensemble technocratique censé obéir à des gouvernants qui trouvaient électoralement plus commode de se défausser sur lui, éclatant aveu d’impuissance qui leur évitait ainsi d’avoir à affronter les sanctions consécutives aux décisions impopulaires. Cet « entre-soi » administratif a permis d’avancer en enserrant dans des liens de plus en plus nombreux des populations qui n’étaient guère en mesure d’en étudier les effets futurs. Faisant fabriquer les produits industriels là où ils étaient le moins cher, ce qui s’est évidemment traduit, décalé dans le temps, par des fermetures d’usines et la montée régulière et irrépressible du chômage.
Le mythe de « l’Airbus universel »
Pour tenter d’enrayer cette désindustrialisation galopante, qui sévissait surtout dans les pays du Sud de l’Europe car les pays du Nord, du moins ceux qui avaient compris que la réponse était d’utiliser la main d’œuvre à bas coût qu’ils avaient à leurs frontières, s’en sortaient beaucoup mieux, on a voulu nous faire croire que l’avenir était dans les projets de type « Airbus » et qu’il fallait, pour ce faire, davantage d’intégration européenne. On oubliait simplement de dire que l’Airbus était né avec le programme Transall qui était un exemple concret du traité de l’Elysée du 23 janvier 1963, lorsque l’Europe naissante prenait encore en compte les aspirations des peuples et la souveraineté des nations. On ne va pas s’encombrer d’un passé révolu…
Toujours est-il que, la situation industrielle étant devenue intenable, il fallait redonner aux gens un peu d’espoir en leur faisant miroiter un avenir radieux et surtout fédéral. Alors on projeta des tas d' »Airbus » dans tous les domaines, le dernier en date étant la fabrication européenne des batteries destinées à équiper les millions de véhicules électriques que l’Europe va mettre en circulation, transition énergétique oblige…
L’inertie et le manque de vision ont condamné l’Union Européenne
La guerre économique, puisque guerre il y a, en grande partie née de cette application irréfléchie d’un libre-échange élevé à la hauteur d’un dogme religieux, est devenue une guerre de mouvements. Elle nécessite pour le (ou les) vainqueurs, une stratégie basée sur le futur et l’évolution technologique. L’Union Européenne aurait pu rester sur une position défensive en se protégeant, mais la suppression de toutes les barrières, y compris les frontières physiques, a rendu cette attitude inefficace. Il faut bien admettre que trouver un accord à 27 est une gageure insurmontable, d’autant plus que les intérêts nationaux sont souvent divergents.
La situation est très préoccupante car l’Union Européenne n’a pratiquement aucune autonomie dans les domaines stratégiques. La révolution numérique, pourtant largement prévisible depuis 50 ans, n’a suscitée aucun projet européen. La France de de Gaulle avait pourtant prévu un « Plan Calcul » mais il a été rapidement abandonné et aujourd’hui, la fabrication des composants électroniques indispensables tels que les processeurs est l’apanage de l’Asie et des États-Unis, qui couvrent la totalité des besoins. Plus grave encore, les éléments qui rentrent dans la fabrication de ces composants, majoritairement des « terres rares » comme disent les physiciens, sont totalement absents du sol européen. L’Europe qui « protège » a donc failli en laissant la Chine faire main-basse sur la quasi totalité des réserves connues dont dispose la planète. Là encore, personne n’a bougé.
En matière d’énergie, nous abandonnons progressivement le nucléaire et les énergies fossiles sans avoir de substitut réel. L’Allemagne, devant une situation qui devenait critique après la fermeture des réacteurs nucléaires, a dû mettre en service de nouvelles centrales thermiques fonctionnant au charbon.
Quelle est réellement l’indépendance énergétique de l’Union Européenne ? Un peu de pétrole en mer du Nord, mais restera-t-il dans cette UE ? Où est « l’Airbus de l’énergie » ?
Le moins qu’on puisse en dire est que c’est mal parti ! Hormis la production de masse des batteries qui nécessite des ressources que nous n’avons pas au niveau européen, se pose le problème de la production de l’électricité nécessaire. Car on oublie trop facilement que cette source d’énergie qui n’est pas directement accessible (à moins de réussir à domestiquer les éclairs) pour être exploitable, nécessite au préalable l’emploi d’une autre forme d’énergie. Or, ces formes alternatives se résument à l’énergie mécanique (directe provenant de l’augmentation de température d’un gaz, ou potentielle provenant de la vitesse d’un fluide) ou bien par la chaleur dégagée par une réaction nucléaire. Aujourd’hui, les sources principales que sont les hydrocarbures dits « fossiles » et le nucléaire, sont fortement remises en question sous l’action de mouvements écologiques qui ont beaucoup prospéré dans certains des pays de l’Union Européenne, constituant un potentiel électoral qui ne peut laisser insensible aucun dirigeant. Personne aujourd’hui n’osant reprendre le problème à sa base, de peur de passer pour « climato-sceptique », on préfère ne pas aborder la réalité des problèmes.
Cet examen montrerait pourtant le manque de cohérence des orientations successives. Dans un souci louable d’indépendance, beaucoup de pays avaient opté pour le nucléaire. On peut s’interroger sur la naissance spontanée de certains mouvements dits « pacifistes » dont les intentions n’étaient pas toujours très claires, notamment en Allemagne. En France, pour ne parler que de cet exemple, l’électricité d’origine nucléaire représente environ 75% du total produit.
Un bête calcul montre que le basculement des hydrocarbures vers l’électricité pour les véhicules indique qu’il faudrait augmenter d’environ 30 à 40% cette production d’électricité, soit une bonne quinzaine de réacteurs nucléaires supplémentaires.
Et le problème se complique encore au moment de la recharge car les cycles dits rapides (de l’ordre de 30 mn) sont très voraces en intensité alors que les sections des câbles du réseau terminal ne sont pas prévues pour cela. Ce simple exemple est loin d’être unique et témoigne de l’impréparation et de l’incohérence dans le temps des décisions prises sans analyse préalable.
Une dégradation continue de notre indépendance
Emmanuel Macron a beau jeu de nous dire que la souveraineté européenne doit remplacer la souveraineté nationale, quelle souveraineté l’Union Européenne pourrait-elle bien exercer si elle est entièrement dépendante du bon vouloir des autres ?
Est-il concevable de vouloir s’opposer aux grandes nations qui, elles, ont su prévoir l’évolution actuelle uniquement parce nous avons des croyances sans avoir de moyens ?
La dépendance de l’Union Européenne en matière d’énergie, de ressources, de création et de défense devient criante. Quelles batailles l’Union Européenne a-t-elle déjà remportées ? Même le droit européen ne peut s’appliquer face à l’extra-territorialité du droit américain, qui n’est rendu possible que par un rapport de force dans lequel l’Union Européenne n’a strictement aucun poids.
Oui, nous sommes en train de perdre cette guerre et peut-être l’avons nous déjà perdue. Le retour aux souverainetés nationales s’impose et, avec elles, la prise de conscience de nos concitoyens que :
« Ce qu’une Nation ne peut pas faire pour elle, personne d’autre ne le fera »
Jean Goychman
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