Pour pouvoir se saisir des bulletins des 34 listes, il faut être inscrit sur les listes électorales LP/Olivier Corsan
Le répertoire électoral unique est-il en cause ? Plusieurs Français assurent qu’ils n’ont pas pu voter, car leur nom ne figurait plus sur les listings.
« Je vote à chaque fois et cette fois je n’ai pas pu, c’est scandaleux ». Le répertoire électoral unique a-t-il joué des tours à certains électeurs ce dimanche ? Le gouvernement avait mis en garde il y a deux jours contre d’éventuels bugs après la mise en place d’une « super liste » électorale gérée par l’Insee en remplacement des listes communales. Ce dimanche après-midi, le ministère de l’Intérieur assure que les soucis sont « infimes ». Mais les personnes concernées ne décolèrent pas.
Au téléphone, Catherine Tournier raconte la mésaventure qui lui est arrivée ce dimanche midi. Alors qu’elle se rendait pour voter dans son bureau de vote du XXe arrondissement, le même qu’à chaque scrutin depuis vingt ans, elle s’est vue répondre qu’elle avait été radiée des listes électorales.
Pourtant, cette cadre supérieure âgée de 63 ans n’a pas déménagé depuis vingt ans. Son fils, qui habite chez elle, a pu voter de son côté à ce même bureau de vote. Mais elle n’avait pas reçu sa nouvelle carte électorale. « Je me suis posé la question de savoir pourquoi, mais je ne m’en suis pas plus soucié que ça et je n’ai pas eu le temps de m’en occuper davantage », raconte-t-elle.
Même mésaventure pour Emma, 41 ans. « Les assesseurs m’ont expliqué que ma carte d’électeur était revenue en mairie et que c’était la raison de ma suppression des listes. C’est scandaleux alors que mon ancienne adresse dans le quartier dépend du même bureau. Et ce changement de trottoir date d’il y a 3 ans et demi ! », s'agace cette autre électrice parisienne. « On t’incite à aller voter à longueur de journée, et là par rigidité administrative on m’empêche d’exercer mon droit et mon devoir de citoyenne », se désole-t-elle, agacée.
« 357 cas qui ont été réglés », selon le ministère
Ces mésaventures pourraient aussi avoir pour origine le Répertoire électoral unique (REU). Plusieurs maires avaient alerté le ministère de l’Intérieur sur des « milliers » de cas d’électeurs qui avaient été radiés à tort des listes électorales à l’occasion de la mise en place du REU.
Le ministère avait réalisé plusieurs expertises, qui « ont montré que n’ont été radiés que des électeurs décédés ou inscrits sur plusieurs listes électorales », avait argué auprès du Parisien le ministère de l’Intérieur.
Sur les réseaux sociaux, d’autres électeurs font état d’une impossibilité de voter, car retirés des listes électorales « par erreur ».
En Seine-et-Marne, l’un d’eux pourra finalement voter dans la journée « grâce à la grande réactivité de la Maire [de sa commune] et du Juge », raconte-t-il sur Facebook. En cas de réclamation, chaque électeur est en effet censé pouvoir se rendre au tribunal pour demander à se faire réenregistrer et pouvoir ensuite aller voter.
« Tous les tribunaux d’instance sont ouverts » ce dimanche en cas de réclamation, nous assure la Place Beauvau, qui indique que la cellule spéciale mise en place par l’Insee a reçu 295 appels de la part des tribunaux, pour un total à 14 heures de 357 cas « qui ont été réglés ». « C’est une infime minorité par rapport aux 47 millions d’électeurs », relativise-t-on, tout en reconnaissant que « pour celui qui n’a pas pu voter, quelle que soit la responsabilité, ce n’est pas normal ».
« On m’a dit d’aller me plaindre dans un tribunal »
La place Beauvau a également mis en place une cellule spéciale pour répondre aux appels des maires et régler plus rapidement les soucis. « On a reçu quelques dizaines d’appels, et dans l’immense majorité des cas c’était des électeurs qui pensaient avoir été radiés mais dont le bureau de vote avait changé, et qui n’avaient pas fait attention », indique le ministère.
Reste que la mairie de Toulouse a indiqué dans un communiqué qu'elle allait saisir le ministère de l'Intérieur « afin que des opérations de fiabilisation puissent être réalisées dans les meilleurs délais et que les électeurs ne soient pas injustement privés de leur droit de vote ».
Et tous les cas n'ont pas été résolus, comme ce lui de cet autre électeur qui s’est plaint sur Twitter : « On m’a proposé de me rendre à la permanence de la sous-préfecture à 30 km, je suis rentré chez moi. »
« La seule réponse qu’on m’a faite est d’aller me plaindre dans un tribunal dans le XVIIe arrondissement », raconte de son côté Catherine Tournier. Mais elle n’a pas eu le temps de s’y rendre, car elle devait partir en week-end peu après. Elle a prévu de se rendre en mairie en début de semaine pour demander à être réinscrite.
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