Certes, monsieur Pompeo peut se permettre de débouler au milieu d’une réunion des ministres ébahis, et accessoirement des affaires étrangères, des pays de l’Union Européenne ; mais qu’est-ce qui soutient monsieur Pompeo et qui le soutient ? Son compère, Stache Bolton ? Et qui soutient Stache, en vérité ? Et ainsi de suite, comme un tricot qu’on détricote ou comme la Valse à mille temps du citoyen bien connu de Bruxelles, où se nichent UE et OTAN à la fois, et même « au temps où Bruxelles bruxellait ».
Tout cela pour nous laisser deviner combien la fureur transatlantique actuellement en cours, avec une machinerie washingtonienne déchaînée mais on ne sait plus dans quel sens, manque elle-même de véritable signification même si elle est d’une colossale puissance éclatant, – justement, – dans tous les sens... La colère et le désordre grondent partout, mais personne ne sait pourquoi et pour qui, contre quoi et contre qui. Les Européens sont contraints par les incroyables roulis d’épaules d’un Pompeo comme matelot en goguette, de montrer ce qui leur reste de dents, ou disons ce qui leur sert d’implants… Même les Allemands, comme on le lit dans le texte ci-dessous, de WSWS.org, avec même des exclamations remarquables d’énergie : en effet, et selon la fameuse formule des scientifiques, “tout se passe comme si…”, – « comme si l’Allemagne était une colonie des USA ! », s’exclame au Bundestag le président de la commission de l’économie et de l’énergie, Klaus Ernst du parti Die Linke, découvrant avec horreur que “D.C.-la-folle” se comporte comme en terrain conquis, comme si elle était Washington D.C.
Mais il est d’abord question, – ô divine surprise, – de l’armée européenne dont on débat avec opiniâtreté depuis 1954, du temps d’un vote bienheureux de l’Assemblée Nationale française liquidant la grosse feinte de la CED au paradis des illusions perdues du complot américano-monnetiste [CIA + Monnet]. Cette fois, il s’agit d’une intervention du Pentagone telle que divulguée par El Païs, pourtant organe scrupuleusement atlantiste. Mais qui sait, El Païs, qui sait ce que “se soumettre” aujourd’hui veut dire, – car à qui doit-on se soumettre, à qui faire allégeance, à quel maître se présenter nu et désirable, dans un temps déchaîné où tant de chefs présomptifs ou présomptueux ne cessent de brandir leurs autorités diverses, contradictoires et qui ne durent que le temps d’une rose, sinon d'une érection ? Quoi qu’il en soit, le Pentagone a pris au sérieux ce projet d’armée européenne et il s’en inquiète énormément, ce qui signifie qu’il (le Pentagone) est effectivement aussi bête qu’il est monstrueux.
Le texte ci-dessous, qui rend compte des révélations d’El Païs, aligne des menaces voilées mais plutôt d’un voile déchiré, venues du Pentagone, d’une incroyable rudesse quand on a une conscience disons normale de la validité et de la “dangerosité” du projet européen (?) pour l’hégémonie US. Mais peut-être s’agit-il d’une pseudo-hégémonie ? Peut-être le Pentagone sait-il qu’il est devenu un monstre gluant, impuissant et producteur de pétoires qui vous explosent dans les mains ? Qu’il n’est qu’un simulacre de lui-même et rien d’autre ? Même dans ce cas, on reste perplexe, parce que pas un de ces Européens si prompts aux “valeurs communes” n’aurait une seconde l’idée d’imaginer l’audace de penser qu’existe la plus mince possibilité d’un Pentagone réduit à cette dimension monstrueuse d’une usine à gaz grande comme le Texas et complètement pétaradante en ne produisant rien, – et d’ailleurs que feraient-ils de cette pseudo-opportunité, les Européens, sinon demander une rencontre de conciliation à Canossa-sur-Potomac pour capituler dans les normes, et acheter quelques F-35 de plus ?
Alors, de quoi s’inquiète le Pentagone ? Imagine-t-il une seconde un Allemand du Bundestag ou un Commissaire du Berlaimont, ou un Président de l’Elysée, hausser sérieusement le ton, comme s’il s’agissait d’un “premier de cordée” ? Il faut croire que oui puisque lettre il y a, et qu’elle développe une pression absolument inutile, d’une fureur stérile, d’un autoritarisme borné et idiot, d’une grossièreté sans divertissement, enfin autodestructrice dans ses excès de la servilité transatlantique et européenne, bronzée à près de deux tiers de siècle de bons & loyaux services, des Young Leaders aux Ghost Writers.
Mais que craint donc le Pentagone, qu’on croyait un peu en retrait de l’hystérique folie de Stache-Pompeo, et de l’hystérique téléréalité de The-Donald ? Eh bien non il craint, avec son secrétaire à la défense tout neuf, venu tout droit de chez Boeing, avec ses 737Max en bandoulière, c’est simple il craint comme son ombre… Par conséquent, nous dirons qu’il tombe à pic, ce texte ressorti de nos poussiéreuses archives, pour nous rappeler que le Pentagone, comme le Complexe Militaro-Industriel (CMI), sont nés dans l’immense trouille de la Grande Dépression et n’ont jamais été conduits que par cela et rien d’autre. Ils ont si peurs qu’ils ont peurs de leurs alliés qui ne sont qu’une pâle copie d’eux-mêmes, donc qu’ils ont peur d’eux-mêmes comme on a peur de son ombre.
Cette valse déchaînée tournant à mille fois mille temps, sur la houle déchaînée et transatlantique, nous conte discrètement, furtivement comme le F-35, le déchaînement sans hésiter de l’effondrement tant attendu des restes très-puants de la civilisation occidentale. Ce n’est qu’une séquence de plus dans la même Chute Finale.
… Enfin, ce texte “du jour” de WSWS.org, qui nous informe de la lettre du Pentagone et d’autres coquineries transatlantiques, nous invite à un peu plus de sérieux. Nous nous exécutons et invitons nos lecteurs à prendre connaissance des derniers tableaux, c’est-à-dire chronologiquement les plus récents, de la tragique tragédie-bouffe en cours.
dedefensa.org
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Le Pentagone menace l’UE, because l’armée européenne
Le 1er mai, le département de la Défense des États-Unis a envoyé une lettre à l'Union européenne l'avertissant que la création d'une armée indépendante de l'UE pourrait entraîner l'effondrement de l'alliance de l'OTAN entre les États-Unis et les puissances de l'UE. La lettre, envoyée par les sous-secrétaires américains à la Défense, Ellen Lord et Andrea Thompson, à la cheffe de la politique étrangère de l'UE, Federica Mogherini, a été divulguée au quotidien espagnol El Pais.
El Pais en a rendu compte le 13 mai, alors que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, est arrivé sans avoir été invité à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles pour exiger le soutien de l’UE aux mesures américaines de guerre contre l’Iran.
« Les États-Unis sont profondément préoccupés par l'approbation des règles relatives au Fonds européen de défense et des conditions générales de la Coopération structurée permanente (CSP) », indique la lettre, faisant référence au nom technique de l'armée de l'UE. L'armée de l'Union européenne, a ajouté la lettre, entraîne « un recul spectaculaire de trois décennies d'intégration croissante du secteur de la défense transatlantique ». Elle met en garde contre le danger d'une « concurrence inutile entre l'OTAN et l'UE ».
La lettre « très dure », a rapporté El Pais, « regorge de menaces plus ou moins voilées de possibles représailles politiques ou commerciales si Bruxelles maintient son intention de développer des projets d'armement européens sans consulter des pays extérieurs, comme les États-Unis ».
La lettre du Pentagone s'oppose aux dispositions du Fonds européen de défense stipulant que les entreprises européennes doivent contrôler la technologie utilisée dans les systèmes d'armement européens et menace de prendre des mesures similaires pour exclure les entreprises européennes des contrats d'armement du Pentagone. Elle déclare : « Il est clair que nos partenaires et alliés européens n'approuveraient pas les mêmes restrictions imposées réciproquement par les États-Unis, et nous ne voudrions pas les envisager dans le futur. »
Faisant référence aux conflits qui ont éclaté lorsque les puissances européennes dirigées par Berlin et Paris se sont opposées à l'invasion illégale de l'Irak par les États-Unis en 2003, la lettre indique que les projets actuels de l'UE « pourraient non seulement nuire aux relations constructives entre l'OTAN et l'UE, mais également relancer potentiellement les échanges tendus qui ont dominé nos relations il y a 15 ans sur les initiatives de défense de l’Europe ».
Le sérieux avec lequel des menaces de rupture de l'alliance américano-européenne sont prises dans les cercles dirigeants en Europe a trouvé son écho dans la publication cette semaine d'une étude réalisée par le groupe de réflexion IISS (International Institute of Strategic Studies) à Londres. Le rapport, intitulé « Défendre l'Europe: les scénarios de capacités nécessaires pour les membres européens de l'OTAN », évaluait les coûts supportés par l'Europe pour reconstruire la capacité militaire de l'OTAN si les États-Unis abandonnaient l'alliance. Le document appelait à un renforcement de capacité navale pour un coût de 110 milliards de dollars et à des dépenses de 357 milliards de dollars afin de préparer la guerre contre la Russie.
La publication de ces documents montre l’état avancé d’effondrement des alliances et des arrangements qui régissent les relations internationales du capitalisme mondial depuis des décennies. Elle vient démentir les puissances impérialistes européennes qui prétendent que leurs plans d’augmentation importante de leurs dépenses et opérations militaires ne sont qu’un complément destiné à aider l'OTAN. Le Pentagone considère ces projets comme une menace visant à développer l'UE en tant que rivale de l'alliance de l'OTAN dirigée par les États-Unis, fondée en 1949 après deux guerres mondiales entre les États-Unis et l'Allemagne.
Les objectifs stratégiques qui sous-tendent le déploiement de navires de guerre et de troupes américaines pour la guerre avec l'Iran, que Washington justifie par des allégations non fondées et non crédibles que l’Iran représente une menace militaire pour les États-Unis, vont bien au-delà de cette région riche en pétrole. Washington s'est engagé dans une campagne militaire féroce non seulement pour défendre son hégémonie militaire faiblissante au Moyen-Orient et en Eurasie. L'un de ses principaux objectifs est d'éliminer le risque d'un défi potentiel de la part des grandes puissances rivales, y compris de ses prétendus alliés européens.
Le renforcement massif de la capacité militaire en cours en Europe, au fur et à mesure que les puissances européennes injectent des milliards d'euros dans leurs armées et mènent des guerres sanglantes de pillage telles que l'occupation franco-allemande du Mali, souligne le caractère de classe de ces conflits. Il s’agit de luttes acharnées entre les puissances impérialistes rivales pour le partage du butin de l’économie mondiale, sur fond de l’opposition montante de la classe ouvrière à la guerre et aux mesures d’austérité utilisées pour financer les dépenses militaires.
Washington considérait comme une menace sérieuse l'alliance temporaire à l'ONU entre Berlin, Paris et Moscou qui était opposée à l'invasion illégale de l'Irak dirigée par les États-Unis en 2003, une invasion justifiée par des mensonges sur des armes de destruction massive irakiennes inexistantes. Maintenant que le Brexit a privé Londres de son droit de veto sur les projets d'une armée européenne pour le compte de Washington, ces conflits se sont considérablement intensifiés. Sous couvert d'un accord de toutes les puissances de l'OTAN visant à porter les dépenses militaires à 2 pour cent du produit intérieur brut, les rivalités stratégiques et commerciales ne cessent de grandir entre Washington et les puissances de l'UE.
Le 13 mai, les sénateurs américains Ted Cruz et Jeanne Shaheen ont présenté une législation bipartite pour pénaliser les entreprises européennes et russes travaillant sur le gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l'Allemagne. Utilisant des méthodes contre l’Europe qui étaient employées auparavant contre l’Iran et la Russie par Washington, le projet de loi interdirait les voyages et les transactions financières impliquant des employés et du matériel des entreprises construisant le pipeline que Trump avait dénoncées l’année dernière. Les entreprises visées pourraient impliquer BASF en Allemagne, British-Dutch Royal Dutch Shell, et ENGIE en France.
Les tensions s’accentuent également au sujet des relations entre l'UE et la Chine, après que l'Italie eut officiellement signé en mars un mémorandum d'accord approuvant l'Initiative de la Ceinture et la Route de Pékin (BRI, la nouvelle route de la soie), un vaste plan d'infrastructure eurasien, malgré les objections des États-Unis. Depuis lors, Washington a menacé l'Allemagne et la Grande-Bretagne de suspendre la coopération en matière de renseignement pour avoir autorisé la société chinoise Huawei à participer à la construction de leur réseau de télécommunications.
Un conflit acharné a été provoqué par la campagne américaine contre l'Iran depuis que le gouvernement Trump s'est retiré du traité sur le nucléaire de 2015 avec l'Iran, et a réimposé les sanctions américaines, une situation qui entrave les ententes commerciales conclues à hauteur de plusieurs milliards de dollars entre l’Iran et les entreprises pétrolières et industries européennes.
La semaine dernière, après s'être rendu en Grande-Bretagne pour réclamer le soutien de Londres contre l'Iran, Pompeo a brusquement annulé une visite à Berlin, invoquant des « problèmes urgents », pour se rendre à Bagdad. Là-bas, il a promu des marchés pétroliers américains et a exigé que l'État fantoche irakien créé après la guerre de 2003 protège les intérêts américains des présumées menaces iraniennes. Le journal allemand Süddeutsche Zeitung a écrit sur le camouflet de Pompeo à l’égard de Berlin que « la majeure partie de ce que l'on a longtemps vanté comme l'amitié germano-américaine est désormais en miettes ».
De même, le président français Emmanuel Macron s'est plaint du torpillage américain de l'accord nucléaire iranien. Lors d'un sommet de l'UE la semaine dernière en Roumanie, Macron a déclaré: «Premièrement, l'Iran ne s'est pas retiré de cet accord. Deuxièmement, si l’Iran se retire de cet accord, ce sera la responsabilité des États-Unis.»
Et mercredi, l’Espagne a retiré sa frégate Méndez Núñez du groupe aéronaval dirigé par les États-Unis et mené par le porte-avions Abraham Lincoln, qui se rend dans le golfe Persique pour menacer l’Iran. La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a déclaré sans fard: « Si le gouvernement nord-américain a l'intention de faire en sorte que le porte-avions Abraham Lincoln se rende dans une zone donnée pour une mission dont il n'a jamais convenu avec l'Espagne, nous quittons provisoirement le groupement tactique. »
En dépit d’une décision révélant la crainte que le groupement tactique naval déclenche une action militaire contre l’Iran, Madrid a par la suite agi pour minimiser l’importance de la décision et cacher son importance au public. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell, a déclaré que Madrid n’a communiqué « aucune plainte officielle » à Washington à ce sujet, ajoutant que: « Ce n'est pas une chose pour laquelle il faut s’énerver. »
Yves Lantier, WSWS.org
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