14 avril 2019

Début d'épidémie mondiale : un champignon mortel et ultra résistant se propage...


Le New York Times vient de livrer une enquête inquiétante sur une mystérieuse infection causée par un champignon, le Candida auris. Elle se développe dans le monde entier et tue la moitié des personnes qui la contractent en 90 jours. Mais, personne ne parle et les hôpitaux ne communiquent pas sur ce problème grave de santé publique.

Qu’est-ce que Candida auris ?

Depuis plusieurs décennies, les antibiotiques sont surconsommés dans les hôpitaux et cliniques, mais également dans l’agriculture. Cette utilisation a provoqué la création et le développement de nouvelles bactéries et champignons, qui deviennent ultra résistants. Ils provoquent des infections qui peuvent potentiellement amener la mort des personnes atteintes. C’est notamment le cas du Candida Auris, un germe totalement insensible aux traitements médicaux. Dans leur article, Matt Ritchel et Andrew Jacob l’expliquent simplement “Les champignons, tout comme les bactéries, développent de nouvelles défenses pour survivre aux médicaments”.

Matthew Fisher, professeur d’épidémiologie fongique à l’Imperial College de Londres, est l’auteur d’une récente étude sur les champignons résistants qu’il qualifie de “problème majeur”. Les symptômes sont ordinaires : fièvre, courbatures, fatigue. Le germe s’attaque aux personnes ayant un système immunitaire affaibli, comme les nouveaux-nés (???) ou les personnes âgées, et les conséquences peuvent devenir fatales. En effet, d’après des estimations, chaque année, 700.000 personnes meurent dans le monde à cause d’infections causées par des champignons tels que le Candida Auris.

Quels sont les cas recensés ?

Ce champignon mortel ne semble pas venir d’un endroit en particulier, il s’est développé dans plusieurs pays en même temps. Des cas ont été recensés au Pakistan, en Inde, au Japon, en Afrique du Sud, en Colombie, au Royaume-Uni, au Canada, aux Etats-Unis et dans de nombreux pays.

A New York justement, un cas a fortement marqué les esprits. Dans un hôpital de Brooklyn, un patient a été admis en mai 2018, puis est décédé 3 mois plus tard. Sa chambre était entièrement contaminée et a nécessité un nettoyage total. “Tout était positif : les murs, le lit, les portes, les rideaux, les téléphones, l’évier, le tableau blanc, les poteaux, la pompe”, a déclaré le Dr Scott Lorin, président de l’hôpital Mount Sinai. Le plafond a même dû être arraché et démantelé pour éliminer le Candida Auris.

En 2015, Candida Auris a également frappé le prestigieux Royal Brompton Hospital à Londres. Johanna Rhodes, spécialiste des maladies infectieuses avait alors été appelée à la rescousse. Elle avait aidé à nettoyer les chambres à l’aide de peroxyde d’hydrogène et après une semaine de traitement, un organisme avait survécu, continuant alors à se propager. L’hôpital qui accueille des patients fortunés n’a informé que les personnes concernées, sans faire de communiqué général, pensant que cela “n’était pas nécessaire” d’après Olivier Wilkison, le porte-parole.

L’évènement a depuis été révélé par la presse.

Histoire similaire à Valence en Espagne, dans l’hôpital universitaire, où 372 personnes ont été touchées par le champignon, et 85 d’entres elles infectées. En 30 jours, d’après la revue Mycoses, 41 % des patients infectés sont morts, même si ce n’est pas le Candida Auris qui en est l’origine : “Il est très difficile de discerner si les patients décèdent des suites de l’agent pathogène, car il s’agit de patients souffrant de nombreuses maladies sous-jacentes et dont l’état général est très grave« , indique le communiqué de l’hôpital. Cette fois aussi, avant d’être révélée par la presse, l’affaire était tenue secrète. Les autres patient en soins dans l’hôpital n’ont même pas été mis au courant.

Pourquoi nous n’en avons jamais entendu parler ?

Les infections à Candida Auris sont très difficiles à traiter car 90 % d’entre elles résistent à au moins un médicament. 30 % d’entre elles sont même résistantes à plusieurs à la fois. D’après une étude financée par le gouvernement britannique, si rien est fait pour ralentir la progression de ces champignons, ils s’attaqueront peut-être bientôt à des organismes en bonne santé.

Il est donc bien difficile de comprendre pourquoi ce problème reste très peu médiatisé au niveau international, et se développe dans le secret. D’abord, la majorité des hôpitaux ont peur d’altérer leur réputation et de faire fuir les patients. Ensuite, les autorités ne préfèrent pas créer de panique générale et semer la peur. Même si aucune information n’est dévoilée au grand public, les autorités gouvernementales et sanitaires travaillent ensemble, mais est-ce suffisant ?

Non, selon de nombreuses personnes. Car les patients devraient avoir le droit de savoir qu’ils peuvent potentiellement être contaminés par le Candida Auris en se rendant dans tel ou tel hôpital. « Pourquoi diable parlons-nous d’une épidémie presque un an et demi plus tard ? Vous ne toléreriez pas cela dans un restaurant avec une épidémie d’intoxication alimentaire”, a notamment déclaré le Dr. Kevin Kavanagh, médecin au Kentucky et président d’un groupe de défense des droits des patients à but non lucratif.

A force de silence et de secrets répétés, la peur se propage. A tel point que même le personnel sanitaire s’inquiète. Le Dr Matthew McCarthy exerçant à New York, a décrit avoir eu une peur inhabituelle lors du traitement de personnes atteintes du champignon. Un résultat désolant. Mais les choses changeront peut-être après l’article du New York Times qui nous met au jour sur le Candida Auris, un champignon dont la plupart d’entre nous ignoraient totalement l’existence. Espérons que recherches et traitements se développeront dans les années à venir pour stopper sa prolifération. 

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