05 avril 2019

CRÉPUSCULE, par Juan Branco


Le pays entre en des convulsions diverses où la haine et la violence ont pris pied. Cette enquête sur les ressorts intimes du pouvoir macroniste, écrite en octobre 2018, vient donner raison à ces haines et violences que l’on s’est tant plus à déconsidérer.

Impubliable institutionnellement, elle l’est du fait des liens de corruption, de népotisme et d’endogamie que l’on s’apprête à exposer. Tous les faits, pourtant, ont été enquêtés et vérifiés au détail près. Ils exposent un scandale démocratique majeur: la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous assistons.

Qui l’explique car le scandale dont il est sujet n’a pas été dit ni révélé, nourrissant à force de compromissions successives une violence qui ne pouvait qu’éclater. En un pays où 90% de la presse est entre les mains de quelques milliardaires, l’exposition de la vérité est affaire complexe, et la capacité à dire et se saisir du réel ne cesse, pour les dirigeants et les «élites» tout autant que pour le «peuple», de se dégrader.

Un Français sur deux – sondage yougov du 4 décembre 20181– souhaite la démission de Macron. Il faut mesurer la force de ce chiffre: il ne s’agit pas de dire que le Président de la République déplairait à un Français sur deux. Mais qu’un Français sur deux, dont une immense majorité croit et adhère au système politique existant, à peine un an après une élection présidentielle, considère que son résultat devrait être invalidé par le départ de celui qui théoriquement devait les diriger pendant cinq ans.

Il n’est pas difficile d’en déduire qu’une très ample majorité l’approuverait, si cette chute ou destitution intervenait.

Comment l’expliquer, alors que formellement, cet être semble avoir respecté l’ensemble des conditions qui font qu’une élection puisse apparaître démocratique?

Tout simplement, en montrant que cet être n’a respecté que formellement notre système démocratique, et l’a au contraire effondré. Et que l’illégitimité ressentie par une majorité de nos concitoyens correspond à une réalité.

Cela, nos journalistes et commentateurs, partis politiques, se refuseront toujours à le dire et à le croire, à l’enquêter. Cela est naturel, car, nous allons le montrer, ils ont été complices et principaux vecteurs du viol démocratique qui est intervenu, jeu d’apparences où l’on a présenté un être au peuple pour en masquer la réalité.

Les mots sont durs. Et pourtant, vous allez le découvrir: ils sont justifiés. Celui que nous nous apprêtons à abattre symboliquement a pris le pouvoir, littéralement, aux dépens des principes démocratiques et républicains auxquels nous adhérons, et par lesquels nous demandons son départ ou sa destitution.

Il n’y a nulle sédition dans l’appel au départ d’Emmanuel Macron, car c’est lui, et les intérêts qui l’ont formé, qui pour prendre le pouvoir se sont comportés en séditieux. Mesurons l’importance de ces mots, qui nous départissent d’un quelconque désaccord politique: c’est le sens même de notre confrontation à cet être, l’idée même que nous appartiendrions à un même ensemble, qui s’en trouve affectée.

Nous sommes en situation d’exceptionnalité. 
 

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