Le métal jaune redevient une monnaie
L’or pendant des siècles et même des millénaires a joué le rôle de monnaie. Cependant, il y a plusieurs décennies, l’or, de métal monétaire, a été dégradé en produit boursier ordinaire. L’étalon de change or a pratiquement cessé d’exister le 15 août 1971, lorsque Richard Nixon a annoncé que le Trésor Américain cesserait d’échanger le « billet vert » contre le métal jaune. Le fil qui reliait l’or au monde monétaire était rompu.
Légalement, ce lien a été rompu lors de la Conférence monétaire et financière de la Jamaïque de 1976, au cours de laquelle les pays membres du FMI ont annoncé la démonétisation de l’or. En fait, les décisions de la Conférence de Bretton Woods de 1944 ont été annulées lorsque le dollar et l’or ont reçu le statut de monnaie internationale, tandis que le Trésor Américain devait assurer le libre échange du dollar contre l’or.
La Conférence de la Jamaïque a en fait proclamé que la seule monnaie internationale restait le dollar Américain, et que l’or se transformait en produit boursier, à l’instar du pétrole, du blé et du café. Après cela, l’utilisation de l’or dans les règlements internationaux a presque cessé. Certes, le comportement des Banques centrales et des Ministères des finances, qui conservaient dans leurs réserves de l’or apparemment inutile, fut surprenant. Pour quelque raison, les États-Unis continuèrent de conserver plus de 8 000 tonnes d’or dans leurs réserves internationales. Un autre phénomène étrange fut la hausse effrénée du
prix de l’or. Au début de 1980, le prix du métal jaune a grimpé à 800 dollars l’once. Puis, il est vrai que son prix commença à baisser, atteignant parfois presque 300 dollars.
Le monde a vécu sans or monétaire pendant plus de quatre décennies. Toutefois, certaines personnes ont compris que le monde de l’or avait un côté extérieur visible, et un côté différent, dans l’ombre, inconnu du grand nombre. De cet autre côté, des manipulations constantes du métal jaune avaient lieu. Ces manipulations satisfaisaient à la fois les intérêts égoïstes des différents acteurs, et les objectifs stratégiques des « maîtres de l’argent », c’est-à-dire des principaux actionnaires de la Réserve fédérale américaine. Leur objectif principal était de maintenir les cours de l’or au plus bas. Sans son « écrasement », il était impossible de garantir l’hégémonie du dollar américain dans le monde : plus le cours du métal précieux est élevé, plus le dollar s’affaiblit.
Les financiers sérieux comprennent cette vérité élémentaire : qui contrôle l’or, contrôle le système monétaire international. Dans l’histoire de l’or et de la finance internationale, il y a eu plusieurs événements marquants au cours des quatre dernières décennies, dont l’un devrait se produire dans quelques jours. Je recommande d’y prêter attention. Il s’agit de la prochaine étape de mise en œuvre de « Bâle III ». Qu’est-ce ?
Le centre informel de direction du système bancaire international est la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle (Suisse). C’est une sorte de « Club des banques centrales ». La BRI dispose d’un Comité de surveillance bancaire (CSB), une organisation qui élabore des normes et des méthodes uniformes visant à réglementer les activités bancaires. Le premier document important, né dans les profondeurs du CSB, s’appelait Bâle I (1988). Puis un autre document est apparu – Bâle II (2004) ; son titre complet : « Convergence internationale de la mesure et des normes de capital : nouvelles approches ». Enfin, en 2010-2011, le document Bâle III fut approuvé. Il naquit en réaction à la crise financière internationale de 2008-2009, qui démontra que les banques n’étaient pas suffisamment solides. Bâle III augmenta les exigences en termes de fonds propres des banques, et détermina ce qu’il fallait considérer comme capitaux propres, et le mode de leur évaluation. Dans le monde bancaire, les recommandations de ce document sont actuellement mises en œuvre, et le 29 mars, ce sera le début de sa phase finale. À compter de ce jour, le statut de l’or changera quant à sa part dans les capitaux propres des banques.
Selon les règles du CSB, le capital des banques est divisé en trois catégories. La catégorie supérieure a toujours été la monnaie, que ce soit ou non en espèces. Ensuite viennent les Bons du trésor ayant obtenu la meilleure cotation (en premier lieu, les obligations du Trésor Américain). Puis, dans la troisième catégorie, l’or était considéré comme un équivalent monétaire. Et le calcul des fonds propres des banques était effectué sur la base d’une évaluation de l’or détenu par la banque, à hauteur de 50% de sa valeur de marché. Naturellement, avec une telle discrimination de l’or, les banques n’étaient pas particulièrement incitées à accumuler le métal précieux.
Et voici qu’à partir du 29 mars, les banques seront autorisées à comptabiliser l’or dans leurs fonds propres à 100% du prix de marché. L’or passe ainsi de la troisième à la première catégorie, ce qui signifie qu’à partir du 29 mars, l’or redeviendra une valeur monétaire – telle que le Dollar, l’Euro ou la Livre Sterling. Peut-être qu’après le 29 mars, tout semblera en apparence comme avant, mais de toute manière, la « mine d’or » devra exploser.
Il est à noter qu’après l’adoption de Bâle III, les Banques centrales ont cessé de vendre le métal jaune. Plus que cela : elles sont devenues des acheteurs invétérés nets d’or. En 2018, les Banques centrales du monde entier ont augmenté leurs réserves d’or officielles de 651,5 tonnes – le chiffre le plus élevé depuis 1971, année de l’abolition de l’étalon de change or. Et c’est 74% de plus qu’en 2017 (374,8 tonnes). Les données sont tirées du rapport sur la dynamique de la demande d’or (Gold Demand Trends) du World Gold Council.
Avec une marge énorme, la Banque de Russie est devenue le plus gros acheteur d’or en 2018. Ses réserves d’or ont augmenté d’un volume record de 274,3 tonnes, soit 42% de l’ensemble des achats d’or de la dernière année par les Banques centrales. La Banque centrale de Turquie occupe la deuxième place pour les achats d’or (+51,5 tonnes), tandis que la Banque centrale du Kazakhstan se situe en troisième position (+50,6 tonnes).
L’année dernière, les principaux acheteurs étaient l’Inde (+40,5 tonnes), la Pologne (+25,7 tonnes) et la Mongolie (+22 tonnes). L’année dernière, la Pologne est devenue le premier pays de l’Union Européenne depuis 1998 à acheter de l’or pour ses réserves. Tout le monde a également été surpris par la Banque centrale de Hongrie, qui n’avait pas acheté d’or depuis 1986 et qui, en octobre de l’année dernière, a multiplié par dix ses réserves d’or – de 3,1 tonnes à 31,5 tonnes.
Cependant, le tableau des achats d’or par les Banques centrales, présenté dans le rapport du World Gold Council, est incomplet et peu précis. Selon des estimations d’experts, ces dernières années, avec la Banque de Russie, la Banque populaire de Chine (BPC) est le principal acheteur de métal jaune sur le marché international, parmi les Banques centrales. Cependant, les données sur l’augmentation de la réserve d’or de la Banque centrale chinoise sont cachées. Seules les statistiques de la BPC enregistrent parfois une augmentation des réserves d’or.
Selon les données officielles, à partir de février 2019, les principaux pays en termes de réserves d’or sont (en tonnes) : USA – 8 133,5 ; Allemagne – 3 369,7 ; Italie – 2 451,8 ; France – 2 436,0 ; Russie –2 119,2 ; Chine – 1 864,3 ; Suisse – 1 040,0.
Et ce qui est intéressant : avec la demande clairement croissante d’or, le prix de l’or sur le marché mondial a chuté d’environ 5% l’an dernier. Le fait est que les joueurs qui misent sur une augmentation significative de leurs réserves d’or poursuivent depuis longtemps une politique d’écrasement artificiel du cours de l’or. Le marché de l’or-papier a émergé et est en plein essor, son chiffre d’affaires est plusieurs fois supérieur à celui du marché du métal physique. Avec l’augmentation de l’offre en « or-papier », il est possible d’acheter du métal physique à bas prix. Cependant, ce n’est que temporaire. Le moment viendra où le pendule ira dans la direction opposée, et une hausse rapide des cours du métal jaune commencera.
Naturellement, tout le monde veut avoir le temps de s’approvisionner en or avant que cela se produise. Dans le contexte de l’or « ressuscité », les autres instruments financiers ne seront pas beaux à voir. Les actifs et les « portefeuilles » des intervenants sur les marchés financiers internationaux modifieront leur structure en faveur du métal jaune, en réduisant leur part d’instruments tels que les titres de créance et les titres de participation. Les spéculateurs qui n’ont pas accès à la planche à billets chercheront à acheter de l’or avec l’argent qu’ils reçoivent de la vente d’obligations d’État et de sociétés, ainsi que d’actions. Le monde d’aujourd’hui est au bord d’une deuxième vague de crise financière et le déclenchement de la « règle d’or » de Bâle III peut en être le déclencheur. Peut-être que pour ceux qui survivront à la crise, l’or reprendra sa place légitime dans le monde monétaire.
P.S. On soupçonne que la « règle d’or » dans le document de Bâle III a été incluse grâce aux efforts du clan Rothschild, qui depuis deux siècles s’en est occupé sérieusement, et qui sait comment gérer le marché de ce métal. Avec l’introduction de la « règle d’or », ils s’attendent à renforcer leurs positions fragilisées (la démonétisation de l’or dans les années 1970 a affaibli leur influence sur la finance internationale).
Valentin Katasonov
Légalement, ce lien a été rompu lors de la Conférence monétaire et financière de la Jamaïque de 1976, au cours de laquelle les pays membres du FMI ont annoncé la démonétisation de l’or. En fait, les décisions de la Conférence de Bretton Woods de 1944 ont été annulées lorsque le dollar et l’or ont reçu le statut de monnaie internationale, tandis que le Trésor Américain devait assurer le libre échange du dollar contre l’or.
La Conférence de la Jamaïque a en fait proclamé que la seule monnaie internationale restait le dollar Américain, et que l’or se transformait en produit boursier, à l’instar du pétrole, du blé et du café. Après cela, l’utilisation de l’or dans les règlements internationaux a presque cessé. Certes, le comportement des Banques centrales et des Ministères des finances, qui conservaient dans leurs réserves de l’or apparemment inutile, fut surprenant. Pour quelque raison, les États-Unis continuèrent de conserver plus de 8 000 tonnes d’or dans leurs réserves internationales. Un autre phénomène étrange fut la hausse effrénée du
prix de l’or. Au début de 1980, le prix du métal jaune a grimpé à 800 dollars l’once. Puis, il est vrai que son prix commença à baisser, atteignant parfois presque 300 dollars.
Le monde a vécu sans or monétaire pendant plus de quatre décennies. Toutefois, certaines personnes ont compris que le monde de l’or avait un côté extérieur visible, et un côté différent, dans l’ombre, inconnu du grand nombre. De cet autre côté, des manipulations constantes du métal jaune avaient lieu. Ces manipulations satisfaisaient à la fois les intérêts égoïstes des différents acteurs, et les objectifs stratégiques des « maîtres de l’argent », c’est-à-dire des principaux actionnaires de la Réserve fédérale américaine. Leur objectif principal était de maintenir les cours de l’or au plus bas. Sans son « écrasement », il était impossible de garantir l’hégémonie du dollar américain dans le monde : plus le cours du métal précieux est élevé, plus le dollar s’affaiblit.
Les financiers sérieux comprennent cette vérité élémentaire : qui contrôle l’or, contrôle le système monétaire international. Dans l’histoire de l’or et de la finance internationale, il y a eu plusieurs événements marquants au cours des quatre dernières décennies, dont l’un devrait se produire dans quelques jours. Je recommande d’y prêter attention. Il s’agit de la prochaine étape de mise en œuvre de « Bâle III ». Qu’est-ce ?
Le centre informel de direction du système bancaire international est la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle (Suisse). C’est une sorte de « Club des banques centrales ». La BRI dispose d’un Comité de surveillance bancaire (CSB), une organisation qui élabore des normes et des méthodes uniformes visant à réglementer les activités bancaires. Le premier document important, né dans les profondeurs du CSB, s’appelait Bâle I (1988). Puis un autre document est apparu – Bâle II (2004) ; son titre complet : « Convergence internationale de la mesure et des normes de capital : nouvelles approches ». Enfin, en 2010-2011, le document Bâle III fut approuvé. Il naquit en réaction à la crise financière internationale de 2008-2009, qui démontra que les banques n’étaient pas suffisamment solides. Bâle III augmenta les exigences en termes de fonds propres des banques, et détermina ce qu’il fallait considérer comme capitaux propres, et le mode de leur évaluation. Dans le monde bancaire, les recommandations de ce document sont actuellement mises en œuvre, et le 29 mars, ce sera le début de sa phase finale. À compter de ce jour, le statut de l’or changera quant à sa part dans les capitaux propres des banques.
Selon les règles du CSB, le capital des banques est divisé en trois catégories. La catégorie supérieure a toujours été la monnaie, que ce soit ou non en espèces. Ensuite viennent les Bons du trésor ayant obtenu la meilleure cotation (en premier lieu, les obligations du Trésor Américain). Puis, dans la troisième catégorie, l’or était considéré comme un équivalent monétaire. Et le calcul des fonds propres des banques était effectué sur la base d’une évaluation de l’or détenu par la banque, à hauteur de 50% de sa valeur de marché. Naturellement, avec une telle discrimination de l’or, les banques n’étaient pas particulièrement incitées à accumuler le métal précieux.
Et voici qu’à partir du 29 mars, les banques seront autorisées à comptabiliser l’or dans leurs fonds propres à 100% du prix de marché. L’or passe ainsi de la troisième à la première catégorie, ce qui signifie qu’à partir du 29 mars, l’or redeviendra une valeur monétaire – telle que le Dollar, l’Euro ou la Livre Sterling. Peut-être qu’après le 29 mars, tout semblera en apparence comme avant, mais de toute manière, la « mine d’or » devra exploser.
Il est à noter qu’après l’adoption de Bâle III, les Banques centrales ont cessé de vendre le métal jaune. Plus que cela : elles sont devenues des acheteurs invétérés nets d’or. En 2018, les Banques centrales du monde entier ont augmenté leurs réserves d’or officielles de 651,5 tonnes – le chiffre le plus élevé depuis 1971, année de l’abolition de l’étalon de change or. Et c’est 74% de plus qu’en 2017 (374,8 tonnes). Les données sont tirées du rapport sur la dynamique de la demande d’or (Gold Demand Trends) du World Gold Council.
Avec une marge énorme, la Banque de Russie est devenue le plus gros acheteur d’or en 2018. Ses réserves d’or ont augmenté d’un volume record de 274,3 tonnes, soit 42% de l’ensemble des achats d’or de la dernière année par les Banques centrales. La Banque centrale de Turquie occupe la deuxième place pour les achats d’or (+51,5 tonnes), tandis que la Banque centrale du Kazakhstan se situe en troisième position (+50,6 tonnes).
L’année dernière, les principaux acheteurs étaient l’Inde (+40,5 tonnes), la Pologne (+25,7 tonnes) et la Mongolie (+22 tonnes). L’année dernière, la Pologne est devenue le premier pays de l’Union Européenne depuis 1998 à acheter de l’or pour ses réserves. Tout le monde a également été surpris par la Banque centrale de Hongrie, qui n’avait pas acheté d’or depuis 1986 et qui, en octobre de l’année dernière, a multiplié par dix ses réserves d’or – de 3,1 tonnes à 31,5 tonnes.
Cependant, le tableau des achats d’or par les Banques centrales, présenté dans le rapport du World Gold Council, est incomplet et peu précis. Selon des estimations d’experts, ces dernières années, avec la Banque de Russie, la Banque populaire de Chine (BPC) est le principal acheteur de métal jaune sur le marché international, parmi les Banques centrales. Cependant, les données sur l’augmentation de la réserve d’or de la Banque centrale chinoise sont cachées. Seules les statistiques de la BPC enregistrent parfois une augmentation des réserves d’or.
Selon les données officielles, à partir de février 2019, les principaux pays en termes de réserves d’or sont (en tonnes) : USA – 8 133,5 ; Allemagne – 3 369,7 ; Italie – 2 451,8 ; France – 2 436,0 ; Russie –2 119,2 ; Chine – 1 864,3 ; Suisse – 1 040,0.
Et ce qui est intéressant : avec la demande clairement croissante d’or, le prix de l’or sur le marché mondial a chuté d’environ 5% l’an dernier. Le fait est que les joueurs qui misent sur une augmentation significative de leurs réserves d’or poursuivent depuis longtemps une politique d’écrasement artificiel du cours de l’or. Le marché de l’or-papier a émergé et est en plein essor, son chiffre d’affaires est plusieurs fois supérieur à celui du marché du métal physique. Avec l’augmentation de l’offre en « or-papier », il est possible d’acheter du métal physique à bas prix. Cependant, ce n’est que temporaire. Le moment viendra où le pendule ira dans la direction opposée, et une hausse rapide des cours du métal jaune commencera.
Naturellement, tout le monde veut avoir le temps de s’approvisionner en or avant que cela se produise. Dans le contexte de l’or « ressuscité », les autres instruments financiers ne seront pas beaux à voir. Les actifs et les « portefeuilles » des intervenants sur les marchés financiers internationaux modifieront leur structure en faveur du métal jaune, en réduisant leur part d’instruments tels que les titres de créance et les titres de participation. Les spéculateurs qui n’ont pas accès à la planche à billets chercheront à acheter de l’or avec l’argent qu’ils reçoivent de la vente d’obligations d’État et de sociétés, ainsi que d’actions. Le monde d’aujourd’hui est au bord d’une deuxième vague de crise financière et le déclenchement de la « règle d’or » de Bâle III peut en être le déclencheur. Peut-être que pour ceux qui survivront à la crise, l’or reprendra sa place légitime dans le monde monétaire.
P.S. On soupçonne que la « règle d’or » dans le document de Bâle III a été incluse grâce aux efforts du clan Rothschild, qui depuis deux siècles s’en est occupé sérieusement, et qui sait comment gérer le marché de ce métal. Avec l’introduction de la « règle d’or », ils s’attendent à renforcer leurs positions fragilisées (la démonétisation de l’or dans les années 1970 a affaibli leur influence sur la finance internationale).
Valentin Katasonov
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