27 mars 2019

Les policiers dans la chambre d’hôpital de Geneviève Legay pour tenter de l’intimider


Geneviève Legay, septuagénaire grièvement blessée au cours d’une charge de CRS à Nice lors de l’acte 19, n’a pas seulement été victime de violences policières physiques. De récents témoignages de sa famille accusent les policiers de s’être rendus le jour-même dans sa chambre d’hôpital pour tenter de l’intimider.

Les images de Geneviève Legay, 73 ans, grièvement blessée au cours d’une charge de CRS à Nice au cours de l’acte 19, ont fait le tour de la toile. La violente charge policière a provoqué la chute de cette manifestante pacifiste, portant un drapeau où était écrit le mot « PAIX », et dont la tête aurait heurté un plot de tramway. Inanimée, elle laisse les forces de l'ordre indifférentes, tandis qu’ils enjambent son corps étendu au sol.

Ce cas de violences policières est dès lors devenu un symbole du tournant répressif opéré par le gouvernement Macron. Plusieurs rassemblements en son hommage et contre la répression et l’atteinte au droit de manifester ont été organisés, notamment à Nice ce lundi.

Mais l’affaire n’en est pas restée là. Tandis que les médias et le gouvernement tentent d’étouffer l’affaire en laissant entendre que les policiers ne seraient pas directement impliqués dans la chute de Geneviève Legay – ce que des vidéos démentent – des journalistes du Monde révèlent dans un article les pressions dont a été victime la militante au cours de son hospitalisation selon les témoignages de sa famille.

En effet, les filles de la victime on porté plainte pour « violences volontaires » et également pour « subornation de témoins ». Elles relatent l’intrusion de policiers dans la chambre d’hôpital de leur mère le samedi même, alors que cette dernière était toujours choquée et en état de faiblesse, pour tenter de lui « faire dire que c’était un cameraman qui l’avait bousculée, et pas les forces de l’ordre ». Ils sont ensuite revenus deux fois le dimanche, pour les mêmes raisons.

L’une de ses filles explique que Geneviève Legay « a évidemment refusé de changer son témoignage. C’est une histoire de fou. Depuis quarante ans que maman va en manif, on n’avait jamais vu ça. »

L’avocat de la famille revient sur la plainte pour « subornation de témoins » et les faits :

Encore loin de son dénouement, cette affaire met en lumière l’impunité dont jouissent les forces de l'ordre, tandis que Macron en personne tentait de justifier les violences policières dans les pages de Nice-Matin en sous-entendant que Geneviève Legay aurait manqué de « sagesse » en allant « dans un endroit interdit, de manière explicite ».

La brutalité des propos de Macron, qui affirme désormais que tout manifestant risque potentiellement sa vie en défendant ses droits, exprime un tournant dans la répression du gouvernement envers les Gilets Jaunes. Cependant, cette posture n’est pas exempte de contradictions. En se raidissant dans l’autoritarisme, le risque est bien entendu de polariser l’opinion publique – le gouvernement est-il prêt à assumer des blessés voire des morts suite à une violence policière ? Si Macron a semblé offensif dans ses propos, la couverture médiatique à charge contre Geneviève, présentée non comme une manifestante mais une « militante altermondialiste », les propos hargneux des éditorialistes du système, et maintenant de potentielles tentatives d’intimidation et subornation, tout cela semble dire le contraire des mots et des postures, révélant la faiblesse d’un gouvernement acculé à la répression la plus crue, au vu de l’immense élan de solidarité qui pourrait transformer ce nouveau cas de violence policière en affaire d’Etat.

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