21 mars 2019

Acte 19 : C'est la guerre !


Les militaires de la mission antiterroriste Sentinelle seront mobilisés samedi pour l’acte 19 des Gilets jaunes afin de protéger des bâtiments officiels et autres « points fixes », a annoncé le gouvernement.

« Soyons clairs, on ne va pas lancer l’armée au contact des casseurs et des fauteurs de troubles », juraient ce mercredi après-midi plusieurs membres du gouvernement. Après le renfort annoncé des militaires de Sentinelle pour la 19e journée de mobilisation des Gilets jaunes samedi prochain, l’exécutif sait qu’il joue une partie serrée.

La nouvelle, annoncée à la mi-journée par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, a d’ailleurs donné le ton. « On va mettre le paquet. Paris devra avoir des allures de forteresse imprenable », tranche même un proche du chef de l’Etat, alors que plusieurs mesures ont déjà été annoncées lundi par Édouard Philippe. Notamment l’interdiction de manifester sur les Champs-Élysées et dans certains quartiers de grandes villes (comme à Nice à la veille d’une visite officielle du président chinois Xi Jinping), mais aussi des contraventions alourdies.

Concrètement, la mission antiterroriste militaire Sentinelle - traditionnellement consacrée à la protection de sites dits « sensibles » depuis les attentats terroristes de janvier 2015 - sera mobilisée de manière « renforcée » afin de protéger des bâtiments officiels et autres « points fixes », a précisé Benjamin Griveaux.

Une initiative validée par Emmanuel Macron lui-même en plein conseil des ministres, pour permettre aux forces de l’ordre, policiers et gendarmes habituellement dévolus à la surveillance de bâtiments publics, de se « concentrer sur les mouvements, sur le maintien et le rétablissement de l’ordre ».

« Ce sont des hommes formés aux combats guerriers »

Combien d’hommes seront précisément déployés en plus samedi prochain pour assurer ces « gardes statiques » ? « L’effectif global de Sentinelle reste le même, 7 000 soldats. Il y aura simplement un effort de mobilisation ce samedi-là », précise-t-on aux Armées. Comme on anticipe aussi les inquiétudes formulées par certains, sur le risque de voir des militaires procéder à des opérations de maintien de l’ordre en cas de gros débordements.

« Ce qui m’inquiète, c’est la riposte en cas d’attaque », a fait notamment savoir Philippe Capon, secrétaire général d’Unsa-Police. « Soyons clairs, les militaires de Sentinelle sont les mêmes qui vont sur les opérations extérieures, comme au Mali par exemple. Ce sont des hommes formés aux combats guerriers, pas du tout au maintien de l’ordre. À aucun moment ils ne seront amenés à intervenir sur les lieux de manifestations », assure l’entourage de la ministre de la Défense, Florence Parly.

Pas de quoi satisfaire l’opposition. « Un affichage de communication », dénigre le député LR Éric Ciotti : « Qu’il y ait des gardes statiques, pourquoi pas ? Mais arrêtons de laisser croire que ces militaires pourront être utiles en matière de maintien de l’ordre ». « Quelles que soient les circonstances, l’armée ne peut et ne doit assurer aucune tâche de police, ce n’est pas son métier », embraye le patron de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, visiblement pas très chaud à l’idée de voir ce déploiement spectaculaire de militaires dans la capitale. « On est en train de basculer dans un régime tout à fait inquiétant », reprend son homologue à l’Assemblée, le député LFI Loïc Prud’homme.

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