La France compte différents types de radars : des radars fixes (210, 210C, 210D), tourelles et urbains (Mesta Fusion), tronçons (Mesta 5000 Smart) et feux rouges (Mesta 5000 FFR) fabriqués par Sagem, devenue Morpho et maintenant Idemia. Nous y reviendrons.
Des radars de passage à niveau et de feux rouges sont fabriqués par l’allemand Jenoptik en association avec le groupe de BTP Aximum, filiale de Colas, lui-même dépendant du groupe Bouygues. Des radars de feux rouges sont aussi faits par Gatsometer BV – ce groupe suisse-néerlandais qui fabrique aussi des radars embarqués. Des radars discriminants, sont construits par Parifex. Enfin des radars chantiers dits « autonomes » et déplaçables, sont fabriqués par l’allemand Vitronic (Poliscan) avec Cegelec.
Le leader incontesté, c’est Idemia (ex-Sagem puis Morpho) avec 2900 radars fixes et mobiles exploités sur 4700. Aciennement SFIM (société de fabrication d’instruments de mesure), elle avait été acquise par Sagem qui l’avait filialisé en 2007-2010 sous le nom de Morpho. Sagem a revendu Morpho, sous le nom de Safran Identity & Security à l’entreprise française Oberthur Technologies. Elle-même est détenue par le fond d’investissement américain Advent, en mai 2017. Le produit de la fusion, d’abord appelé OT-Morpho, est devenu Idemia à l’automne 2017.
Idemia dispose à l’automne 2017 de 2051 radars fixes dont 600 double sens, de 383 radars mobiles mobiles (qui calculent dans les deux sens de circulation), de 501 radars embarqués classiques utilisables dans un sens de circulation ou sur trépied, de 373 radars discriminants et 203 radars autonomes, sans oublier 101 radars tronçons, une partie des radars feux rouge… et les futurs radars tourelles (Fusion) dont le déploiement était prévu en 2019. Idemia dispose de quatre usines de fabrication en France : Meyreuil (Bouches-du-Rhône), Osny (Val-d’Oise), Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) et Vitré (Ille-et-Vilaine).
Outre nombre de fabricants allemands (Jenoptik et Vitronic notamment), citons encore la co-entreprise de Vitronic – qui est allemand, basé à Wiesbaden – et de Cegelec – français, filiale de Vinci Energies, pour fabriquer des radars chantier autonomes et déplaçables, sur le site d’Etupes (Doubs). Le contrat d’installation des radars chantier comprend « la fourniture, l’exploitation la maintenance site et la télémaintenance », indiquait en 2015 l’entreprise allemande. Et c’est là que le bât blesse.
Ceux qui installent les radars se chargent aussi de la maintenance
Ce sont en effet les entreprises qui se chargent d’installer les radars qui font aussi leur maintenance. Et facturent leurs coûts à l’État, sans réel contrôle : jusqu’à 80.000 € pour remplacer un radar, 500 à 600 € pour une réparation légère – débâcher un radar, remplacer une vitre, le nettoyer ou le débosseler. Nombre de radars sont d’ailleurs pourvus à l’intérieur d’une petite boite avec des vitres de rechange pour accélérer la maintenance.
Radars-auto.com les a listées : « FARECO / GATSO pour la maintenance avancée des radars feux rouges de type GATSO et les radars mobiles mobiles, SAFRAN IDENTITY & SECURITY [donc Idemia] pour la maintenance avancée des radars de type MESTA que ce soient les radars fixes, les radars mobiles, les radars tronçons ou encore les radars feux rouges, JENOPTIK / AXIMUM pour la maintenance avancée des radars feux rouge et radars passage à niveau de type CAPTOR, CEGELEC / PARIFEX pour la maintenance avancée des radars discriminants et des radars autonomes, SPIE Sud-Est pour la maintenance opérationnelle des radars vitesse fixes et discriminants déployés depuis 2010 mais également la maintenance des radars pédagogiques, SATELEC / INEO pour la maintenance opérationnelle des autres radars automatiques ».
Les quatre premières construisent des radars. Ineo est une filiale d’Engie, Spie sud-Est dépend du groupe Spie, lui-même propriété de la caisse de dépôt et placement du Québéc (12.1%), la société d’investissement de la famille Peugeot, la FFP (5.5%), le reste étant flottant. La vérification réglementaire des radars est effectuée par SGS Automotive, la télécommunication par Atos Wordline, le déploiement à divers équipementiers dont Steria. Capgemini enfin s’occupe du système d’information du fichier national du permis de conduire.
Un centre de traitement des infractions automatisées à Rennes très privatisé
A Rennes, 2 allée Ermengarde d’Anjou dans la zone Atalante-Champeaux, se trouve le centre de traitement national des infractions routières (CNT). Près de « 450 personnes travaillent au CNT, des agents de l’état (notamment les policiers et gendarmes du CACIR et de l’OMP) mais aussi et surtout des salariés des 17 entreprises privées partenaires gérant l’informatique, la maintenance, les expéditions des PV, les opérations de dématérialisation, le centre d’appel téléphonique, etc », explique Radars-Auto.com
Aux côtés des gendarmes et policiers, on y trouve diverses entreprises privées :
Docapost, filiale de La Poste, en charge de l’éditique, du routage, de l’affranchissement et de la matérialisation-dématérialisation des documents papiers liés aux infractions radar et du vidéocodage, avec 200 employés.
Atos CapGemini, chargée de la mise en place et du fonctionnement du système informatique, de la télécommunication des radars automatiques (65 employés)
Idemia, chargé de la fabrication et de la mise en place des radars automatiques fixes, ainsi que d’une partie de leur maintenance (20 employés)
SATELEC, en charge du déploiement et de la maintenance matérielle des radars de vitesse et feu rouge.
SETEC ITS, pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage de la maintenance matérielle des radars de vitesse et feu rouge.
Aximum, filiale du groupe Colas (Bouygues), pour les dispositifs feux rouge.
FARECO, pour les radars mobiles nouvelle génération (mobiles mobiles) et les radars feu rouge GATSO GTC-GS11
FARECO, pour les radars discriminants FALCO
THE MARKETINGROUP pour le centre d’appels téléphoniques (10 employés)
STERIA pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage technique et financière de la chaîne de contrôle sanction automatisé
ANAYA pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage sur l’Infocentre amendes majorées
Et enfin ATHIC pour la modernisation du parc matériel et logiciel du centre d’encaissement des amendes avec garantie, maintenance et formation associées
Le site est très sécurisé : la zone industrielle n’est accessible que par trois entrées, deux au nord, une au sud. Elle est fermé par la rocade rennaise à l’ouest et une voie ferrée au sud. La sécurité est au point : « Poste de garde, vidéosurveillance, rondes de la gendarmerie en véhicules banalisés, d’ailleurs parmi les effectifs permanents il y a des forces de l’ordre, on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Les « curieux » sont assez vite repérés et on les incite à ne pas trop traîner dans les parages… y compris les rues avoisinantes ».
Ce qui n’empêche pas actuellement les employés du CNT de se tourner les pouces, faute d’images exploitables voire d’images tout court, et d’envisager du chômage technique.
Louis Moulin
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