06 janvier 2019

La disparition programmée de l’argent liquide


Jusqu’à présent, cette expérience n’a pas trop été ébruitée par les grands médias. Radio-Canada rapportait néanmoins, en février 2016, que la Banque Nationale avait proposé au gouvernement de l’époque de peser sur l’accélérateur afin que le Canada prenne exemple sur des pays tels que la Suède ou le Danemark qui envisagent d’utiliser uniquement la monnaie électronique à brève échéance.

La Banque Nationale lançait un projet en 2015 afin d’inciter le gouvernement du Québec à adopter la monnaie électronique.

Le Québec comme terre d’expérimentation

Claude Breton, vice-président aux affaires publiques de la Banque Nationale, avait confié au diffuseur de l’État qu’il considérait que le Québec était l’endroit idéal pour démarrer le bal, « […] une terre créative où l’idée du libre-échange a germé très tôt et où l’adoption des guichets automatiques s’est faite également très tôt. Il y a une réceptivité des Québécois aux idées nouvelles », soulignait-il.

Nos voisins scandinaves se sont mis de la partie alors que trois des quatre plus grandes banques de Suède n’acceptent plus les paiements en espèces à leurs comptoirs et cela depuis déjà 2013. On rapporte qu’en 2016 les transactions en espèces comptaient pour moins de 2 % du total en Suède et les financiers estimaient qu’elles allaient peser moins de 0,5 % autour de 2021.

Un mouvement de troupes généralisé

C’est autour de 2016 que les banques nationales, émettrices de la monnaie fiduciaire, et les gouvernements de plusieurs pays semblent s’être entendus pour commencer à retirer les plus importants billets de la circulation. C’est ainsi qu’en Inde, les coupures de 500 roupies (environ 10 dollars) et de 1000 roupies (environ 20 dollars) ont été prestement retirées du marché alors que le gouvernement de Narendra Modi n’avait soufflé mot de son projet auparavant ; seuls quelques initiés s’étaient entretenus de la chose dans le cadre de rencontres très spécialisées.

Comme ailleurs, le gouvernement indien invoquait la lutte contre la corruption pour procéder à ce changement drastique. En outre, cette mesure s’accompagnait de directives limitant la distribution de monnaie papier par les guichets automatiques ou les retraits aux comptoirs des institutions bancaires.

Par ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) a décrété, toujours en 2016, que les coupures de 500 euros ne seront plus émises à compter de la fin de 2018. Cette mesure serait destinée à lutter contre le crime organisé, si l’on se fie aux arguments de la BCE, dans un contexte où un nombre de transactions immobilières est effectué en liquide, ce qui permet d’échapper au fisc.

Vers un contrôle total de vos transactions

Donc, outre le financement d’activités liées au crime organisé ou au terrorisme, c’est surtout l’évasion fiscale qui demeure la principale motivation derrière ce soudain mouvement de troupes. La Banque du Canada annonçait dans une directive, publiée l’an dernier, que le gouvernement du Canada comptait profiter de l’adoption de son budget de 2018 pour demander au parlement de lui accorder l’autorisation de supprimer le cours légal des coupures qui ne sont plus imprimées : les billets de 1 $, 2 $, 25 $, 500 $ et 1 000 $ ne vaudront plus un clou à terme.

Au rythme où vont les choses, les consommateurs ne disposeront plus de moyens de conserver sur eux une partie de leurs économies et le gouvernement sera, conséquemment, en mesure de comptabiliser toutes vos transactions et d’estimer avec précision l’état de vos avoirs.

Judith Gagnon, présidente de l’Association québécoise des droits des personnes retraitées et préretraitées, confiait au quotidien Le Devoir, en février 2016, que « même avec l’argent papier, des personnes âgées sont dépendantes de leurs enfants ou des étrangers pour faire des transactions. Si c’est seulement électronique, certains vont s’adapter, mais ce sera très difficile ». N’ayant plus accès à de l’argent liquide, les personnes âgées seront, la plupart du temps, obligées de confier leurs cartes bancaires à des tiers pour qu’ils effectuent une partie des transactions à leur place.

Les services bancaires au comptoir disparaissent rapidement, les distributrices d’argent limitent les retraits à des sommes de plus en plus ridicules et les gouvernements forcent les contribuables à faire émettre leurs déclarations de revenus par le biais d’Internet. L’argent liquide pratiquement retiré de la circulation, il devient plus facile de contrôler les flux monétaires, quitte à fixer des taux d’intérêt négatifs aux consommateurs comme cela s’est déjà produit en Suisse, au Japon ou via la Banque centrale européenne (BCE).


Quelques liens instructifs

Radio-Canada, Express Business #1et #2, Le Temps, Les Échos, Le Devoir, Banque du Canadaet Les Affaires

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