26 janvier 2019

Anti-système, vraiment ? En 2016, Marine le Pen votait pour le « secret des affaires » et se plaçait du coté des multinationales


Ce texte, voté au Parlement européen en 2016, en plein scandale des Panama Papers, rend non seulement beaucoup plus difficile l’accès à l’information des entreprises, sous prétexte de les protéger d’espionnage industriel, mais surtout expose les lanceurs d’alerte à des peines judiciaires accrues. Un signe clair pour protéger les procédures opaques des capitalistes qui peuvent tranquillement gérer leurs affaires, dans le « secret » le plus complet, facilitant l’évasion fiscale.

Et c’est cette directive qui a été massivement adoptée par les députés européens – le FN le premier. En effet, sur les 652 députés présents, 503 se sont prononcés pour, 133 contre, et 18 se sont abstenus – selon des données fournies par votewatch. Du coté des députés frontistes, l’adhésion est encore plus massive. En effet, sur les 20 députés du FN à l’époque présents au Parlement, 18 ont voté pour. Dont Marine le Pen, alors présidente du FN, et son vice-président de l’époque Louis Alliot – et ce contrairement à ce que déclarait ce dernier, qui affirmait dans une vidéo avoir voté contre. Ainsi, dans cette vidéo, à 19:20, Louis Alliot élude ouvertement la question de son vote pour le secret des affaires au journaliste du Figaro et tente de noyer le poisson. Extraits :

Le Figaro : "Le Front national a un discours de parti antisystème. Comment concilier cette position avec le fait de voter en faveur de la directive sur le secret des affaires ?

Louis Alliot : "Ce n’est pas vrai. Je vous signale que cette affaire est beaucoup plus compliquée que ça. C’est déjà une fausse information. Il suffit d’aller sur le site de notre groupe européen et ils auront la véritable information."

Le soutien des membres du FN, dont Marine le Pen la première, est cohérent quand on s’intéresse plus précisément aux affaires des membres du parti. Comme le rapporte Bastamag, le vote de cette loi était aussi un moyen de protéger des membres du FN qui auraient pu être touchés par les révélations des Panama Papers. En effet, selon Bastamag toujours, Frédéric Chatillon, ancien militant du Gud - groupuscule néofasciste -, ainsi que Nicolas Crochet, expert-comptable du FN à l’époque, et tous deux proches de Marine le Pen, avaient été mis en cause dans ce scandale d’évasion fiscale, recourant à des montages financiers. Des enquêtes qui, du fait de ce texte voté des deux mains par Marine le Pen, seront de plus en plus compliquées à réaliser. Avec Marine le Pen, les multinationales et exilés fiscaux peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Difficile de conserver l’étiquette anti-système quand on fait tout pour le protéger. Ainsi, derrière les soutiens de façade aux Gilets Jaunes, le fait que Marine le Pen ait [récemment annoncé qu’elle voterait pour la loi anti-casseurs aux cotés de Macron-http://www.revolutionpermanente.fr/Marine-Le-Pen-votera-la-loi-anti-casseurs-avec-Macron-Du-cote-des-Gilets-jaunes-vraiment] n’est plus une surprise : les votes passés de ce parti démontre de quel coté de la barricade il se trouve, et se trouvera toujours – celui des multinationales, celui de la répression, celui de l’ordre dominant.

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