15 décembre 2018

Magie de Noël ou conjuration d’une période charnière ?


Noël ! Une commémoration chrétienne ou une vaste campagne commerciale ? En êtes-vous bien sûr ?

Nous approchons à grands pas de la fête de Noël et ce moment me semble propice pour faire le point sur cette célébration qui est bien plus ancienne que ce que nous pouvons croire.


La fête de Noël

Cette célébration qui a eu de multiples appellations, a traversé les siècles et les millénaires sans faiblir, à des époques diverses et dans des lieux très différents.

Revenons un peu à la fête de Noël telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire la célébration de la naissance de Jésus de Nazareth. Cette célébration a été tardive pour la simple raison que la date de naissance de Jésus est parfaitement inconnue. En effet, dans les régions du Moyen Orient antique les anniversaires n’étaient pas célébrés, et les parents ne se souvenaient généralement pas de la date de naissance exacte de leurs enfants.

Dans le christianisme primitif, il n’a même jamais été question de fêter la naissance du Christ. Origène (185-253), l’un des Pères de l’Église, avait déclaré à ce sujet qu’il était inconvenant de se préoccuper de telles questions.



Ce n’est qu’à partir du 2ème siècle que l’église a commencé à spéculer sur la date de naissance de Jésus Christ. Plusieurs dates ont été avancées, notamment :
  • Le 18 novembre, par Clément d’Alexandrie,
  • Le 6 janvier, par les Chrétiens de Syrie, les Basilidiens d’Égypte et les communautés chrétiennes d’Orient,
  • Le 28 mars, par les chronologistes Égyptiens,
  • Le 2 ou le 20 avril,
  • Le 20 ou le 21 mai.
Actuellement, certaines églises orthodoxes telles que celles de Jérusalem, de Russie, de Serbie, de Géorgie, de Macédoine et du Mont Athos, utilisent le encore calendrier julien au lieu du calendrier gréogorien ; ce qui a pour résultat des célébrations de Noël qui tombent le 7 janvier depuis le début du 20ème et qui étaient le 6 janvier avant cette date.

En ce qui concerne la date du 6 janvier qui, comme vous avez pu le constater, perdure encore aujourd’hui, celle-ci a été choisie sous l’influence d’une ancienne tradition : celle du culte rendu à Dionysos, identifié également à Osiris chez les Grecs de l’Antiquité.



Le 6 janvier, qui était consacré à la bénédiction des rivières, célébrait l’apparition de Dionysos sur l’île Andros, dans la nuit du 5 au 6 janvier. Andros est l’une des îles des Cyclades Grecques.

Pour marquer la manifestation et la présence de Dionysos sur l’île, un vin miraculeux y aurait fait son apparition. Des sources consacrées à ce dieu Grecque, à Téos, près d’Izmir en Turquie, et à Andros, coulait du vin.

Le culte à Osiris était rendu à la même date, c’est-à-dire le 6 janvier, après une période de deuil préparatoire. Les eaux du Nil étaient alors supposées se changer en vin alors qu’au même moment Isis donnait naissance à Harpocrate, le soleil renaissant. Harpocrate est en fait une adaptation grecque de « Har-pokhrat » qui signifie « Horus l’enfant ».

Des cérémonies avaient alors lieu dans toute l’Égypte, notamment à Alexandrie où l’on fêtait, par la même occasion, la naissance d’Aiôn par une vierge. Aiôn est l’une des manifestations du temps avec Kronos et Kairos. Toutefois le temps incarné par Aiôn est un temps cyclique associé au zodiaque, aux saisons et à tout ce qui comporte un cycle. Ce temps n’ayant pas de fin, Aiôn est généralement synonyme d’éternité et de destinée.



C’est donc sous la triple influence des cultes rendus à Dionysos, Osiris et Aiôn, que la date du 6 janvier a d’abord été choisie pour commémorer la naissance du Christ. Nous pouvons également penser qu’il en a été de même pour les Noces de Cana (épisode de la transmutation de l’eau en vin), et le Baptême de Jésus dans le Jourdain, ayant soi-disant lieu à la même date. La date du baptême a ensuite été placée ultérieurement au 13 janvier.

Pendant deux siècles la naissance du Christ a donc été fêté le 6 janvier, puis l’église a décidé de déplacer la date de naissance du sauveur de l’humanité au 25 décembre afin d’opérer un syncrétisme et lutter contre les antiques traditions qu’étaient :
  • Le solstice d’hiver,
  • Les Saturnales,
  • Le culte à mystères rendu à Mithra,
  • La renaissance de Sol Invictus,
Depuis des temps immémoriaux, les peuples du nord de l’Europe, germaniques et anglo-saxons, fêtaient la sortie du solstice d’hiver ayant lieu le 23 décembre et marquant la nuit la plus longue de l’année. Cette fête avait lieu le lendemain du solstice et était l’une des plus importantes. Elle apportait l’espoir à toutes ces populations et célébrait la renaissance de la vie ainsi que le retour du soleil et des journées plus longues.



Les célébrations en l’honneur du dieu Saturne, les Saturnales, avaient une durée de 7 jours. Elles débutaient le 17 décembre pour s’achever le 24 décembre. Pendant cette période, lors de laquelle toute distinction de rang ou de classe était abolie, il était coutume pour les romains de faire des processions et de s’offrir des cadeaux. Toutefois, il est dit que la création de la fête n’a pas été institué par Saturne, mais par Janus, le dieu du commencement, qui a donné son nom au mois de janvier.



Le culte rendu à Mithra, pour célébrer sa renaissance, a été le plus grand concurrent du christianisme. Le mitrhiacisme comptait de nombreux adeptes et a été éradiqué, de façon sanglante, par l’empereur Théodose qui fit détruire près de 400 de ses temples au profit des chrétiens. Il semblerait que la naissance du Christ dans une grotte, jamais mentionnée dans les évangiles, soit une allusion à Mitra.

On célébrait également le 25 décembre, dans tout l’empire romain, la naissance d’un enfant solaire nommé Sol Invictus, qui signifie « soleil invaincu ». Cette divinité avait été proclamée patron principal de l’empire romain et le dimanche lui était consacré. L’empereur Théodose, en 380, dans son édit de Thessalonique, fit interdire le culte à Sol Invictus, transforma le 25 décembre en fête chrétienne et le dimanche en « jour du seigneur ». C’est ainsi que Jésus fut assimilé à Sol Invictus et appelé Soleil de Justice.


Les célébrations de Noël voient le jour, la première fois, sous l’empereur Honorius, le fils de Théodose 1er, entre 395 et 423, mais ce n’est qu’en 440 que l’église décide de célébrer officiellement la naissance du Christ le 25 décembre. En 506, elle devient une fête obligatoire et un jour férié en 529 (par décision de l’empereur Justinien).

C’est en 525 que Dionysius Exiguus (Denys le Petit), un religieux chrétien et traducteur de textes grecs, fixa la datation de l’année de naissance du Christ à l’an I.

Comme vous pouvez le constater, le 25 décembre a été de tout temps, et dans de nombreux pays, la fête du soleil, de la renaissance et du retour de la vie ; cela bien avant la naissance du Christ et sa récupération par l’église chrétienne dans sa tentative de suppression d’une tradition aussi ancienne.

L’arbre de Noël

L’arbre de Noël représente tout ce qui ne meurt pas car ses feuilles ne tombent jamais.

L’arbre, en tant que tel, tient depuis toujours une place importante dans nos vies. Certains peuples amérindiens lui donnent même le nom de « l’homme debout ».



L’arbre est universellement considéré comme un symbole entre le ciel et la terre et, de par sa structure, il se rattache aux trois mondes :
  • Au monde divin par ses frondaisons,
  • Au monde terrestre par son tronc,
  • Au monde souterrain par ses racines.
Cette structure tripartite a fait de lui un symbole de l’univers et un synonyme de l’axe du monde, ce qui explique la raison pour laquelle les peuples du monde l’ont de tous temps vénéré et lui ont perpétuellement rendu hommage. Ce lien avec l’arbre cosmique, l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance s’est fait très tôt.

Entre l’an 3000 et 1000 av J-C, les hommes des pays scandinaves gravaient déjà des conifères sur certaines de leurs gravures rupestres pour représenter leurs rituels. Il s’agit là probablement d’une mention à Yggdrasil, l’arbre du monde, de la vie et du temps de la mythologie germano-scandinave. Cet arbre sacré, source de vie et de tout savoir, dont le nom signifie « destrier du Redoutable », était selon les uns un frêne, et selon les autres un if. Ce nom est une référence à Odin surnommé Ygg, qui veut dire « Le Redoutable ».



Parmi les arbres sacrés nous retrouvons, entre autres :
  • Skambha ou Stambha, le Pilier Cosmique de la tradition védique en Inde,
  • Irminsul chez les Saxons,
  • L’arbre du monde chez les Saami,en Laponie, le seul peuple chamanique existant encore en Europe actuellement,
  • L’arbre cosmique des Mayas Quiché,
  • L’arbre sacré d’Upsala chez les Suédois,
  • Le chêne de Thor, appelé aussi chêne de Donar (autre nom de Thor) ou chêne de Jupiter.
L’arbre de Noël me semble être une survivance de cette vénération millénaire.

Toutefois, l’arbre de Noël, tel qu’on le connait de nos jours, est né officiellement à Sélestat, en Alsace, en 1521 où un édit municipal autorise à couper des petits sapins pour les célébrations de la nativité. Cette habitude s’est ensuite répandue dans toute l’Alsace et toute l’Allemagne.



Cependant, bien avant cette date, comme au 6ème siècle à Braga, au nord du Portugal, et en l’an 1000 à Worms, en Rhénanie (Rheinland Pfalz), il était déjà coutume d’utiliser des feuillages verts et des branchages pour les fêtes de Noël et les décorations des habitations. Ces usages étaient considérés comme païens et généralement proscrits par décret par les autorités religieuses.

Le culte de l’arbre était particulièrement présent parmi les peuplades germaniques. En 772, Charlemagne, dans sa sanglante campagne de christianisation qui dura 30 ans, a fait couper, Irminsul l’arbre sacré de Saxons, et rasé l’Externsteine dans lequel il se dressait (près de l’actuelle Padernborn en Allemagne). Les Externsteine sont des sortes de formations de pierres qui servaient de sanctuaire.



De la même façon et pour les mêmes raisons, c’est-à-dire démontrer la suprématie du christianisme sur les cultes et rituels populaires, Boniface de Mayence, en 723 ou 724, fit abattre, à Geismar dans la Hesse, le chêne de Thor dont il a utilisé le bois pour la construction d’une église dédiée à Saint Pierre et érigée sur le lieu même de l’abattage.

Toujours pour asseoir sa supériorité sur les cultes païens, l’église chrétienne décida à chaque fois d’édifier ses bâtiments sur l’emplacement des anciens arbres sacrés, comme cela a été le cas, par exemple, pour l’église du couvent de Lehnin, près de Brandenbourg. Les autorités ecclésiastiques ont d’ailleurs laissé près de l’autel la souche de l’arbre bien visible afin que les fidèles aient un rappel constant et silencieux de cette suprématie.

Encore aujourd’hui on peut voir la christianisation des arbres dans le cadre, entre autres :
Du Chêne de la Vierge, près d’Elbœuf en Seine Maritime,
Du Chêne Notre-Dame dans le Morbihan, à la Chapelle-Caro,
Du Chêne des Suédois, dans la forêt de Bitch, en Moselle,
Du Chêne de Saint Vincent, devant la maison natale de St Vincent de Paul à Pouy, dans les Landes.



La liste pourrait ainsi continuer indéfiniment. La prochaine fois que vous irez vous promener dans une ancienne forêt, ouvrez l’œil, je pense que vous aurez de fortes chances de découvrir sur certains arbres une trace de leur christianisation.

Lors des Saturnales romaines, il était également coutume de charger les arbres de cadeaux. Les Islandais, quant à eux, avaient pour habitude, depuis des temps immémoriaux de décorer, avec des bougies allumées et des rubans colorés, un sorbier sauvage pour fêter le retour du soleil après le solstice d’hiver.



La notion de sacré est indubitablement lié à l’arbre et aux forêts et la Russie a partagé cette vision commune à de nombreux peuples. Jusqu’au 18ème siècle, en Russie, la messe a été dite sous les arbres, et les processions autour des arbres sacrés existaient encore au 19ème siècle. L’église a eu les plus grandes difficultés pour éradiquer ces habitudes populaires. Des phrases telles que « Il est né dans la forêt, il a prié la souche des arbres » ou bien « On les a mariés autour d’un sapin et les diables ont chanté », se disaient en Russie pour se moquer de ces pratiques et pour indiquer que les personnes n’ont pas procédé de façon religieuse.



Vers 1960, autour du lac Sviétloïar, lié à la légende de la ville invisible de Kitej, on pouvait lire sur des écriteaux : « Prières et agenouillements interdits », car les gens avaient coutume de s’agenouiller près du lac ou devant un bouleau pour prier.

Il était également d’usage dans la province de Voronège, lors des mariages, de faire trois fois le tour d’un chêne, avec à la main un cierge allumé, ou bien d’un saule ou d’un sapin dans d’autres régions de Russie. Chez les vieux-croyants qui refusent la messe, les fiancés font trois fois le tour d’un arbre sacré. Les vieux-croyants ont fait scission avec l’Église Orthodoxe de Russie en 1666.

Les icônes, que l’on trouve fréquemment dans le creux d’un arbre, signifient à celui qui passe devant que l’arbre en question est la demeure d’un esprit, d’un ancêtre, d’un saint ou de Bog (dieu) et que l’arbre peut être prié à des fins de guérison.



Les Russes devaient éviter à tout prix de couper les arbres sacrés. Mais si cela devait tout de même se faire, il fallait qu’ils soient abattus en présence de tous les membres de la communauté qui devaient chacun, à tour de rôle, donner un coup de hache, avec toutes les précautions d’usage, pour éviter la colère de l’esprit ou de l’entité y demeurant. La cérémonie d’abattage se terminait traditionnellement par un sacrifice sanglant dont le sang était versé sur la souche de l’arbre coupé. Nous retrouvons le même type de rituel dans les tribus Finno-Ougriennes.

Les sapins, héritiers de ces arbres sacrés, et des rites païens liés au solstice d’hiver, se retrouvent dès 1500 dans des peintures et des gravures, notamment dans celles de Lucas Maler, dit Lucas Cranach l’Ancien.



La tradition de l’arbre de Noël a très vite trouvé un écho parmi les peuples germaniques qui avaient de tous temps vénéré l’arbre et en avait été privé par la vague de christianisation sanglante qui avait déferlé sur l’Allemagne et les pays germano-scandinaves, bien après celle qui a sévi dans les pays latins.

J’aimerais juste vous citer le mot de Otto von Bismarck (1818-1898), homme politique allemand et l’un des principaux artisans de l’unification allemande, qui a dit à propos des arbres : « Baüme sind Ahnen » ce qui signifie « les arbres sont des ancêtres ».

Au 12ème siècle le sapin était garni de pommes rouges et évoquait ainsi l’arbre de la connaissance du bien et du mal.



Après l’Allemagne et les pays scandinaves, l’arbre de Noël est arrivé :
  • Dans les différents états des USA à la fin du 18ème siècle, par des allemands, soldats, marchands, médecins, professeur, artisan, etc.). En 1890 il apparaît pour la première fois à la Maison-Blanche,
  • En Autriche, en 1813,
  • Dans l’ancienne Tchécoslovaquie, en 1820.
  • En Angleterre, en 1821, par le biais d’une dame allemande de la cour d’Angleterre,
  • En France pour la première fois, en 1837, dans le Jardin des Tuileries, sous l’influence d’Hélène de Mecklembourg, une princesse allemande, épouse du Duc d’Orléans
  • En Russie, à St Petersburg, en 1852.
En France, il faudra toutefois attendre 1905-1910 pour qu’apparaissent véritablement le sapin de Noël. La tentative d’Hélène de Mecklembourg étant restée sans lendemain.

L’arbre de Noël est avant tout un arbre de vie et le symbole de la renaissance du soleil. Il est notre lien avec nos ancêtres ayant foulé la terre bien avant l’arrivée du christianisme.



Le Père Noël et la distribution de cadeaux

Dans de nombreux pays il était coutume de s’échanger des cadeaux au moment du solstice d’hiver, notamment :
  • Lors des Saturnales à Rome où l’on suspendait des cadeaux sur des branches d’arbres,
  • Lors du 1er janvier où ces cadeaux étaient appelés strenae, en référence à la déesse romaine Strenia, qui possédait un temple et un bois sacré, près du Colisée. Le terme strenae a donné en français le mot étrennes.
  • Dans les pays germaniques, où le rôle de distributrices de cadeaux était attribué aux divinités de la fertilité et de la fécondité telles que Nerthus et Freyja.


Le personnage du Père Noël est issu d’une construction syncrétiste dont les origines sont très lointaines et dont voici ci-dessous un aperçu.

Celui qui est traditionnellement considéré comme étant à l’origine du personnage du Père Noël est Saint Nicolas (270-345), évêque de Myre, au sud de l’actuelle Turquie.



Saint Nicolas a parfois été assimilé au dieu germano-scandinave Odin-Wotan avec lequel il partage les similarités suivantes :
  • Tous deux se déplacent dans les airs,
  • Odin est toujours accompagné de Hugin et Munin, ses deux corbeaux qui voient tout et de Sleipnir son cheval à 8 pattes,
  • Saint Nicolas est toujours suivi d’un ou deux pères fouettards qui voient tout et son cheval.
  • Dans certaines régions, le cheval de Saint Nicolas est nommé Sleipnir,
  • Tous deux peuvent provoquer ou calmer des tempêtes,
  • Odin-Wotan était informé de tout ce qu’il se passait dans le monde par ses corbeaux,
  • Saint Nicolas était informé de la même façon par son ou ses deux valets noirs, c’est-à-dire ses pères fouettards.



Le valet noir de Saint Nicolas, chargé de punir les enfants désobéissants, semble jouer le rôle de son ombre, au sens Jungien du terme, c’est-à-dire qu’il semble représenter sa fonction opposée, sa partie inconsciente.

En Allemagne, le valet de Saint Nicolas s’appelle Krampus, Ruprecht ou Knecht Ruprecht. Il est habillé de paille ou de peaux de bêtes et tient une baguette, symbole de fertilité, avec laquelle il fouette les gens qu’il rencontre. Il monte également un cheval nommé Slupinis, ce qui n’est pas sans rappeler celui d’Odin-Wotan.
Le nom Ruprecht vient du vieil-haut-allemand « Wuotani ruoberath » utilisé pour qualifier Wotan et qui veut dire renommée (hruot) et brillant (berath),
Krampus provient du haut-allemand « Krampe » signifiant « griffes », et qui se dit en allemand actuel Krallen ou Klauen.



Aux Pays-Bas, il était coutume pour le paysan de laisser dans son champ pendant la période de Noël une gerbe de blé. En faisant cette offrande, il prononçait les mots suivants « Pour Odin-Wotan et son cheval ».



Chez les Romains, Odin-Wotan a de tout temps été assimilé à Mercure qui fut à son tour assimilé à Saint-Michel.

Perchta ou Berchta, qui distribue les cadeaux au moment de Noël, a souvent été assimilé au valet Ruprecht en Allemagne du Sud. Son équivalent dans le nord du pays est Dame Holle (Frau Holle). Elles sont les protectrices des femmes et des enfants en bas-âge, vivent en haut d’une montagne où elles passent leur temps à filer une quenouille, à cuire leur pain et à faire leur lessive, en attendant le moment de descendre dans le village à la fin de l’année.



Berchta aussi bien que Frau Holle participent à la « Chasse Sauvage de Odin-Wotan », à la tête d’un cortège d’enfants morts en bas-âge, et apparaissent sous les traits d’une Dame Blanche que l’on retrouve dans de nombreux de récits populaires incluant des enfants morts jeunes.



Perchta et Holle sont des fileuses et sont assimilée aux Nornes, les tisseuses de destin de la mythologie nordique, dont les trois plus importantes sont Urd (ce qui est advenu), Verdandi (ce qui advient) et Skuld (ce qui adviendra).

En dehors de Saint Nicolas, nous pouvons voir un lien entre le père Noël et le dieu gaulois Gargan, qui était une divinité solaire, distribuant des cadeaux et portant une hotte en osier dans laquelle il brûlait ses victimes humaines.

Il existe en Italie un lieu appelé Monte Gargano qui se trouve être un ancien lieu de culte à Saint Nicolas. Il y a une correspondance entre le Mont Gargano et le Mont Saint Michel qui s’appelait autrefois Mont Gargan (attesté en 1283) ou Mont de Guargant (attesté en 1295). Dans ces deux endroits, Saint-Michel y aurait terrassé un dragon.



En Bretagne, après l’arrivée des premiers chrétiens, les lieux de cultes à Saint-Michel ont commencé à se substituer à ceux qui étaient auparavant dédiés à Bélénos « Le Brillant », aussi appelé Lug (Le Lumineux) ou encore « Le Dieu aux Corbeaux ».

Dans la baie du Mont Saint-Michel, il y a un endroit nommé Tombelaine qui serait une référence à Bélénos, dieu gaulois du soleil, de la guerre, de la santé et guide des morts, qui a parfois été assimilée à Apollon. Tombelaine signifierait en réalité « tumulus de Bélénos ». Il est intéressant de constater que la triple fonction de Bélénos (dieu de la guerre, de la lumière et guide des morts) est également celle de Saint Michel dans la tradition chrétienne.


Il va sans dire que l’église chrétienne a été défavorable à ce personnage qui distribuait des cadeaux au moment du solstice d’hiver et faisait référence au soleil et à son retour.

Il n’y a encore pas si longtemps, le 23 décembre 1952, un Père Noël de trois mètres de haut a été pendu, en grande pompes, par les autorités ecclésiastiques aux grilles de la cathédrale de Nancy pour marquer leur désaccord quant à cette tradition populaire.

Toutefois ce personnage distributeur de cadeaux a réussi à perdurer, malgré les nombreux interdits, et a survécu au travers de Saint Nicolas, de Saint Martin, du Père Janvier, du Bonhomme du Jour de l’An et évidemment du Père Noël.



J’espère que cet article vous a permis de voir qu’une fête, comme celle de Noël, traditionnelle, familiale et chrétienne, est issue d’un substrat bien plus ancien et plus archaïque que ce qui est communément admis.

Natacha R. Kimberly

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