Donc, vous disais-je, l’ami Yves nous revient de Trounaze avec sa provision habituelle d’herbes diverses et de champignons variés. Bon, du moment qu’on peut tranquillement se bourrer la gueule au Champagne, nous autres ça ne nous dérange absolument pas. Seule Thérèse, connaissant le zigomar, lui a renouvelé sa recommandation: c’est un troquet non-fumeur, voilà tout.
Quant à Marcel Grauburle, lui, bien content de voir revenir notre ami de la montagne, son souci premier consiste à le mettre au parfum des derniers évènements. Sa propre participation active au mouvement des « Gilets-Jaunes » constituant le point d’orgue des hauts faits lui paraissant devoir constituer l’objet d’un exposé circonstancié.
-« Alors tu vois, ma vieille, on a participé à la révolution avec Jeannot. Même qu’à un moment donné on a failli s’en prendre plein la gueule par les flics: quand il a sorti la rosette de sa poche (1) Foupallour, histoire d’en grignoter un petit bout pour tromper la faim; de loin ils ont confondu avec je ne sais trop quelle arme, les CRS! Du coup ils se sont mis à nous charger, ces andouilles, sauf qu’arrivés à notre hauteur ils ont vu, à la fois le saucisson et la gueule de son proprio; ça les a rassurés et calmés. Du coup ils se sont bornés à confisquer l’objet du délit, ces enfoirés! »
-« Ouais, même qu’on n’a jamais réussi à la récupérer, la rosette, intervient Jean Foupallour visiblement indigné, il ont dû la bouffer, ces tantes…faut dire aussi qu’ils manquent de tout, les pauvres condés, sans parler de la fatigue…un sauciflard de cette qualité y-z’ont pas pu résister, qu’est-ce que vous voulez, c’est humain! Du coup j’ai même pas porté plainte. Pourtant c’est pas donné, aujourd’hui le pur-porc label rouge…enfin heureusement qu’on a obtenu des trucs grâce aux gilets. Il a lâché du lest, le Macrounnet, même qu’on sera remboursés un jour ou l’autre du pognon qu’il nous avait piqué… enfin plutôt l’autre, de jour… j’ai quand même dû faire l’avance au charcutier, ça tombe mal avec la fin de l’année, les étrennes, tout ça… mais bon, faut savoir composer avec les réalités, comme disait Gnafron le Gâteux, quand il a rendu son tablier de ministre de l’intérieur pour s’échapper dare-dare du macronnisme en pleine débâcle. Quand ça part en quenouille de toutes parts, on est bien mieux à Lyon, pépère et planqué dans sa vieille mairie comme un cocu en plâtre. »
-« Toujours est-il, reprend Marcel, qu’ils n’ont pas cédé sur les quatre-vingts à l’heure, ces salauds-là, tu parles, un truc qui emmerde tout le monde, qui ne sert à rien et qui, en plus, nous coûte la peau du cul, comme j’ai vu dans le journal à Germaine…oui, elle lit un torchon bien spécial, un baveux pour gonzesses au foyer, mais bien, quand même, intéressant, quoi, surtout sur le plan recettes de cuisine pas chères… le titre me vient plus, là tout de suite…Gourde Hebdo ou peut être Connasse Magazine… enfin je sais plus, un nom comme ça en tout cas. Bref, comme disait Pépin, c’est pour vous dire comment ils expliquent la baisure, dans le papier en question. Alors voila: en gros ça va économiser cent morts au grand maximum…vous me direz pour les intéressés c’est vachement bien mais question économie ça représente à peine six-cents millions, vous voyez; par contre, rien que le temps perdu y en a pour trois cent millions d’heures, parfaitement! Et à quatorze Euros de l’heure on se retrouve à quatre milliards deux cent millions…moins les six-cents des pas morts, il en reste encore trois virgule six. Si vous prenez en compte le pognon des radars installés pour niquer l’automobiliste et qui ont tous été dézingués par les Gilets-Jaunes -vu qu’y a rien de plus vulnérable qu’un pauvre radar isolé en rase campagne- vous frisez les quatre milliards, voilà! Maintenant moi ce que j’en dis c’est pour le principe, vu que ma 4L, les quatre vingts bornes, elle les dépasse pas, même qu’elle a du mal à y arriver… »
Ce sur quoi il s’envoie une super-lampée de roteux, histoire de se refroidir l’unité-centrale…après une démonstration pareille, on imagine la surchauffe des circuits, dites-donc, impressionnant!
Et c’est le vieux Maurice qui saisit l’occase au vol pour reprendre le crachoir.
-« Bel effort, Marcel, tu nous la cisaille au ras des moustaches, dis donc! Par contre l’ami Présipède, lui, son souci ça reste quand même de choper du bon temps. Moi, je me demande comment il s’y prend pour descendre à Saint-Trop’, comme ça, au pied levé. M’étonnerait qu’il s’embarque dans les transports longs, c’est pas le mec à cramer un jour aller-un jour retour pour faire le trajet en bagnole avec Bribri, non? Pareil pour le train, ça se saurait s’il embarquait dans le TGV comme Hollandouille en début de mandat (après il avait arrêté, le pauvre corniaud, vu qu’au bout du compte il perdait plein de temps tout en passant encore plus pour un clown). Non, à mon avis Macrouille, il doit affréter un jet privé pour Hyères, vu que le gros Airbus présidentiel, pour passer inaperçu y a mieux, et ensuite hélico jusqu’à destination. L’aller-retour ça doit aller chercher dans les combien, ça? Vous auriez une idée, vous? »
-« Bof, à tout péter y en a pour trente-mille balles, reprend Foupallour, toujours prompt à se masturber le smartphone, si ça se trouve il peut même avoir des prix, vu sa situation! Un peu plus de deux ans de smic, en somme, pas de quoi fouetter un chat, pas vrai? »
-« Sans compter que, dans le fond, c’est son ami Bernard Arnauld qui l’a convié, glisse furtivement Blaise Sanzel entre deux quintes de toux -vu que la pauvre vieux s’est chopé la crève et qu’il risque bien d’y passer, pour le coup- vous savez, ajoute-t-il dans un souffle, avec les milliards qu’il lui a fait gagner cette année, le petit Manu, il peut largement lui offrir le voyage, ce brave richissime Tropézien…bon, évidemment, les pauvres ploucs des ronds-points pourraient s’en offusquer, mais, que voulez vous, des invitations aussi sympathiques, ça ne se refuse pas. »
-« Et puis, faut qu’il prenne des forces, le petit bonhomme, reprend Maurice, rien qu’avec l’histoire des passeports diplomatiques de son petit protégé Benalla akbar -sans parler de tout le reste- j’ai comme une idée que la rentrée sera rude, du côté de l’Élysée! »
Et là dessus, bien sûr, nous voilà parti pour quelques tournées encore. Que voulez vous, le dernier Dimanche d’une année pareille ne saurait s’en aller sans de joyeuses libations qui nous feront un instant oublier les emmerdes d’une existence de plus en plus grisâtre. Entre l’âge qui se fait vachement pesant, suivant en cela le mouvement des impôts et taxes innombrables, lesquels nous écrabouillent la gueule sans pitié, et l’impression de plus en plus prégnante d’une invasion dont la constante progression saute aux yeux comme un gilet-jaune sur un flic à moto, tout se rejoint pour laisser présager une année 2019 aussi accueillante que la fosse à purin des copains d’Yves Rognes, à Trounaze. Alors une bonne petite cuite de fin Décembre, ce sera toujours ça que les Djihadistes n’auront pas!
Finissez bien celle-ci et commencez l’autre encore mieux si possible.
Bonne année 2019 quand même à vous tous, faut y croire…
Et merde pour qui ne me lira pas.
NOURATIN
(1) Par précaution Jean Foupallour qui habite les quartiers suburbains, porte toujours un saucisson de Lyon dans la poche intérieure de cette sorte de serpillière avachie qui lui sert de veste…par précaution, histoire de mettre l’agresseur éventuel en fuite (voir « Derrière Napoléon Chapitre VIII).
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