29 décembre 2018

Abraham Lincoln aurait pu échapper à son assassinat


Abraham Lincoln, 16ème président des États-Unis d’Amérique, est né le 12 février 1802, dans le Kentucky.

Avocat de formation, il entre peu à peu dans la politique et assume diverses fonctions comme celle d’élu à la Chambre des représentants.

Il a été élu, par deux fois, en novembre 1860 et en novembre 1864, président des USA. Lincoln a permis au pays de traverser la guerre de Sécession, a réussi à préserver l’Union et a aboli l’esclavage. Cinq jours après la fin de la guerre, la 14 avril 1865, suite à un complot, il est assassiné par des conférés.

Lincoln était un rêveur qui prêtait attention aux rêves, les prenait au sérieux et savait qu’ils possédaient une véritable signification. Il a dit notamment à ce sujet :
« C’est étonnant de voir l’importance des rêves. Dans 16 chapitres de l’Ancien Testament, on mentionne les rêves. Si nous croyons ce que dit la bible, les choses viennent à notre connaissance par les rêves. »



Dans cet article, je vais vous parler de plusieurs rêves, attestés par des sources historiques officielles, que Lincoln a mentionnés à son entourage durant sa présidence. D’après ces sources, nous savons que Lincoln essayait de comprendre ses rêves et d’appliquer, dans sa vie de tous les jours, les messages reçus par leur biais.

Lorsque le président rêve de son fils décédé William Wallace

Le premier rêve que je vais aborder pour vous est celui qu’il a fait à propos de son fils William Wallace, décédé le 20 février 1862 à l’âge de 11 ans. Quelques mois après son décès, au printemps 1862, Abraham Lincoln, se confie à son aide de camp, le Colonel Le Grand B. Cannon, et lui dit :
“Colonel, avez-vous déjà rêvé d’un ami décédé en ayant la sensation d’une douce communion avec cet ami, en possédant toutefois une sensation de tristesse en sachant que ce n’était pas la réalité ? C’est ainsi que je viens de faire un rêve sur mon fils Willie.” Après avoir dit cela Lincoln posa sa tête sur la table et renifla bruyamment.

Henry J. Raymond, The Life of Abraham Lincoln, New York, Darby & Miller, 1865, p.756.


Un rêve dans lequel apparaît un défunt qui nous est cher est assez fréquent et nous est rapporté dans de nombreuses cultures à travers le monde. Encore aujourd’hui, même en occident où les rêves ne sont pas particulièrement mis à l’honneur, ce type de songe continue de se manifester.

Cette catégorie de rêves joue un rôle important dans le processus de deuil de la personne encore de ce monde car celle-ci peut ainsi entretenir un lien spirituel avec le défunt et faire son deuil de façon plus douce. La mort ne lui apparaît plus alors comme phase monstrueuse qui laisse un trou béant et obscure dans son quotidien, mais comme la continuité de la vie, une sorte de prochaine étape. Lorsqu’on analyse ce genre de rêves, on peut remarquer qu’ils sont souvent, pour la personne qui en fait l’expérience, agréables et rassurants tout en étant déchirants et difficiles.

Quand un rêve prévient Abraham Lincoln d’un danger encouru par son fils Thomas

Lincoln eut également un rêve à propos de son dernier fils Thomas, dit Tad, né le 4 avril 1953. Après qu’il eut fait ce rêve, il s’est empressé d’envoyer une missive à son épouse Mary Todd dans laquelle il écrit très brièvement :
“Je pense que tu ferais mieux de ranger le pistolet de Tad. J’ai eu un horrible rêve à ce sujet.”

Abraham Lincoln, Collected Works of Abraham Lincoln, New Brunswick, Rutgers University Press, 1953, Volume 6, Notes du 9 Juin, 1863.

En lisant le courrier de son époux, Mary aurait immédiatement pris les précautions nécessaires. Elle était ouverte aux rêves et à d’autres phénomènes dit spirituels, ce qui lui a d’ailleurs valu le blâme de certains historiens qui lui reprochait, avec tout le mépris propre à cette ère rigide, d’entraîner son mari dans ses croyances de « bonnes femmes ».



Ce que nous pouvons comprendre dans cet épisode c’est qu’Abraham Lincoln et Mary Todd étaient, autant l’un que l’autre, ouverts à leurs rêves et à leur signification. L’horrible rêve fait par le président des USA leur a permis, à tous deux, une prise de conscience aigüe sur le danger que pouvait courir l’un de leurs enfants.

Les rêves de Lincoln, annonciateurs de victoire

« Lors de la réunion du Cabinet qui s’est tenue le matin de l’assassinat, on s’en est souvenu par la suite, un évènement remarquable s’est produit. Le général Grant était présent et, au cours d’une pause dans les débats, le président s’est tourné vers lui pour lui demander s’il avait eu des nouvelles du général Sherman. Le général Grant a répondu par la négative, mais a ajouté qu’il espérait recevoir à tout moment une dépêche lui annonçant la reddition de Johnston.
“Eh bien, a déclaré le président, vous en entendrez parler très rapidement et les nouvelles seront importantes.”
“Pourquoi pensez-vous cela ?” a déclaré le général.
“Parce que,” dit monsieur Lincoln, “j’ai fait un rêve la nuit dernière ; et depuis le début de la guerre, j’ai toujours eu le même rêve avant chaque événement militaire important.”

Il a ensuite donné comme exemple les batailles de Bull Run, Antietam, Gettysburg, etc., et a déclaré qu’avant chacun de ces événements, il avait eu le même rêve ; et se tournant vers Welles, le secrétaire de la marine, il a déclaré :
“Cela vous concerne également, monsieur Welles. Dans le rêve que j’ai fait, j’ai vu un navire naviguer très rapidement ; et je suis sûr que cela laisse présager un événement national important.”

Francis Carpenter, Six Months at the White House with Abraham Lincoln: The Story of a Picture (New York: Hurd and Houghton, 1866), 292.



Ce type de rêves, mentionné par Abraham Lincoln, un parmi tant d’autres, se produisait fréquemment dans sa vie, et d’autant plus lorsqu’il dirigeait l’Armée du Nord. Le président avait appris à associer le rêve d’un navire voguant en pleine mer, à vive allure, à l’arrivée imminentes de nouvelles importantes. Il partageait assez régulièrement la teneur de ses songes avec les chefs de ses troupes et son aide de camp. Le triomphe de l’Union sur la Confédération était proche et Lincoln en avait conscience.

Les rescapés de guerres et de batailles, quelque que soit la culture et le pays, relatent assez fréquemment leurs rêves et la façon dont ceux-ci leur ont permis de survivre et d’échapper au danger. À ce titre, et si vous comprenez l’anglais, je vous conseille le remarquable livre de mon amie Wanda Easter Burch « The Home Voices Speak Louder Than the Drums – Dreams and the Imagination in Civil War Letters and Memoirs » que vous pouvez trouver sur Amazon.

Le rêve sur l’assassinat d’un président

Au cours de la deuxième semaine d’avril 1865, quelques jours avant son assassinat, Lincoln raconta le rêve que vous trouverez ci-dessous à son épouse, son garde du corps, Ward Hill Lamon ainsi qu’à une ou deux autres personnes assises à ses côtés à la Maison Blanche. Selon Lamon, qui a transcrit la conversation immédiatement après, Lincoln était abattu et a déclaré que ce rêve étrange le hantait et le possédait depuis plusieurs jours.

Après une série de rêves sur le bien-être de ses enfants, ceux-ci s’étaient tournés vers les dangers susceptibles de menacer sa propre vie.
“Il y a environ dix jours, j’ai veillé très tard car j’attendais des dépêches importantes du front. Très peu de temps après m’être mis au lit, je me suis endormi car j’étais épuisé. J’ai commencé très rapidement à rêver. Autour de moi, il y avait un calme mortel. Puis j’ai entendu des sanglots étouffés, comme si plusieurs personnes pleuraient. Je pense avoir quitté mon lit et m’être promené dans les étages inférieurs. Là, le silence était brisé par les mêmes pleurs déchirants, mais les personnes en deuil demeuraient invisibles. J’ai erré de pièce en pièce ; aucun être vivant n’était en vue, toutefois lors de mon passage, je me heurtais aux mêmes sons lugubres de détresse. Toutes les pièces étaient éclairées chaque objet m’était familier. Mais où étaient tous ces gens qui pleuraient comme si leur cœur était en train de se briser ? J’étais perplexe et alarmé. Quel pouvait bien être le sens de tout cela ? Déterminé à trouver la cause de cet état de choses si mystérieux et si choquant, je continuais jusqu’à ce que je débouche sur la salle Est dans laquelle je suis entré. Là j’ai rencontré une surprise écœurante. Devant moi se trouvait un catafalque sur lequel reposait un cadavre enveloppé de vêtements funéraires. Autour de lui étaient postés des soldats qui se comportaient comme des gardes. Et il y avait une foule de gens parmi lesquels certains regardaient tristement le cadavre dont le visage était couvert, et d’autres pleuraient pitoyablement. – Qui est mort à la Maison Blanche ? -, demandais-je à l’un des soldats. – Le président – fut sa réponse. – Il a été assassiné ! – Puis vint un éclat de chagrin de la foule.”

Stephen B. Oates, With Malice Toward None : A Life of Abraham Lincoln, New York, Harper Perennial, 1994, p. 425-426

Comme Mary et Ward Hill Lamon s’alarmèrent de la signification et de la portée de ce rêve, Lincoln tenta, tant bien que mal, de les rassurer en leur disant que celui-ci ne voulait probablement rien dire, même s’il ne semblait lui-même pas croire à son explication car il savait pertinemment que des sympathisants du Sud complotaient pour le tuer et qu’une mort par assassinat était une menace réelle et constante dont la possibilité ne devait pas être écartée.

Après le meurtre de Lincoln dans la nuit du 14 avril, on a entendu Mary Todd Lincoln angoissée s’exclamer : ” Son rêve était prophétique ! “



De par son parcours, Lincoln avait lu attentivement la Bible et les œuvres de Shakespeare et savait parfaitement que des rêves particulièrement mémorables pouvaient être le présage d’une mort imminente, ce qui nous laisse d’autant plus perplexes quant à son attitude face à ce rêve. Il savait pertinemment que ceux-ci avaient une signification et qu’ils pouvaient contenir un avertissement en cas de danger, ce qui s’était passé pour le rêve qu’il fit au sujet de son fils Tad. Toutefois, en tant que président il était assez négligent quant à sa protection car tout en ayant de nombreux ennemis, il continuait souvent de faire ses trajets seul sans aucun garde à ses côtés.

Le soir de son assassinat, qui eut lieu dans le Théâtre Ford à Washington, il n’y avait aucun policier de garde devant les portes de sa loges, et son garde du corps, l’officier John Parker, avait déserté sa place pour aller boire quelques verres au Star Saloon, le bar jouxtant le théâtre. On ne peut que constater que cette attitude, pour un homme qui avait autant d’ennemis, et qui avait déjà échappé à une tentative d’assassinat en 1864, était des plus laxistes et relevait d’une forme d’inconscience.

Le plus important, au regard de ces évènements, est qu’en parlant si ouvertement de ses rêves en tant que sources légitimes d’avertissement et de connaissances l’ayant aidé dans ses efforts pour maintenir l’unité, Abraham Lincoln a proposé aux généraux réunis autour de lui, dont Ulysses S. Grant, l’homme qui sera président à partir de 1869 -1877, un modèle de leadership réellement visionnaire. Il a également offert au reste de l’histoire américaine un exemple de quelqu’un qui comptait sur ses rêves pour l’aider à surmonter les défis les plus difficiles de sa vie personnelle et sociale, et ce à une époque de révolution industrielle, rigide et patriarcale.


Et vous ? Avez-vous déjà eu des rêves qui vous avertissait d’un danger ?

Je pense que si nous prêtions vraiment attention à nos rêves, comme l’avait fait, à maintes reprises, le président américain Abraham Lincoln, nous nous rendrions compte qu’ils nous délivrent régulièrement des messages et qu’ils nous préviennent surtout de ce qui nous attend.

Le problème, dans nos vies denses et hyper occupées, c’est que nous n’avons presque jamais le temps de nous pencher sur le contenu de nos rêves. Ceux-ci s’estompent au moment même de notre réveil car nous nous laissons happer par notre vie quotidienne, sans même prendre le temps de les noter si jamais nous nous en souvenons.

Natacha R. Kimberly

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