Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, conteste la hausse de 49,1 % en moyenne des rémunérations de ses conseillers. © ERIC FEFERBERG
René Dosière n'est plus député, mais ses calculs font toujours leur effet. L'ex-élu socialiste, qui a créé l'Observatoire de l'éthique publique, a épluché comme à son habitude les documents budgétaires pour y traquer d'éventuels abus en matière de dépenses publiques, en l'occurrence lorsqu'il s'agit de rémunérer les conseillers ministériels. Les résultats sont plutôt étonnants. Si les effectifs des ministères sont restés à peu près stables entre 2017 et 2018 (+ 1,6 %), les rémunérations ont parfois flambé. La progression générale, Matignon et ministères inclus, atteint + 2,6 %. Mais cette hausse globale, certes modérée, cache de fortes disparités. « La rémunération moyenne d'un conseiller ministériel augmente dans 12 ministères dans des proportions choquantes, voire scandaleuses, compte tenu du contexte économique et financier de l'année 2018, en particulier de l'évolution des rémunérations dans la fonction publique », note René Dosière.
L'ex-député estime même que, depuis qu'il s'adonne à ce travail d'apothicaire, c'est-à-dire depuis une dizaine d'années, il n'avait jamais vu de telles rémunérations. « Le gouvernement Philippe est celui qui paie le mieux parmi tous les gouvernements que j'ai étudiés », dit Dosière.
« Parti pris »
Le champion de l'inflation des rémunérations, c'est, selon les calculs de René Dosière, le cabinet du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. La rémunération moyenne d'un conseiller atteint 9 180 euros bruts par mois, soit une envolée de 49,1 % en une année ! Sur Europe 1, lundi matin, Benjamin Griveaux a démenti ces chiffres. « Il y a des gens qui lisent manifestement le projet de loi de finances (d'où René Dosière a extrait les données, NDLR) avec un parti pris », s'est offusqué le porte-parole.
Griveaux a fait ses propres calculs. Selon lui, l'augmentation en une année n'est pas de 49,1 % mais de 27 %. Griveaux estime en effet que les rémunérations totales de son secrétariat d'État en 2017 étaient de 431 580 euros, et non de 295 530, comme l'indique René Dosière. Cette différence expliquerait l'augmentation deux fois moindre. De plus, il précise que la rémunération du directeur de cabinet n'était pas prise en compte en 2017, et que Christophe Castaner, son prédécesseur, ne disposait pas de chef de cabinet. L'ajout de ces deux rémunérations en 2018 explique donc, selon l'entourage du porte-parole, la hausse de 27 %. « La rémunération totale du cabinet de Benjamin Griveaux est légèrement inférieure à la moyenne de tous les cabinets ministériels », assure un conseiller de Griveaux.
Gel des principales rémunérations
D'autres ministères sont pointés par René Dosière. Les conseillers du secrétariat d'État à l'Égalité hommes-femmes ont bénéficié entre 2017 et 2018 d'un « coup de pouce » de 25,9 % (9 078 euros bruts en moyenne pour 2018), ceux du secrétariat d'État aux Affaires étrangères de 17,2 % (9 928 euros) et ceux de l'Outre-Mer de 10,1 % (9 215 euros). « C'est pas vrai », s'est défendue Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité hommes-femmes, expliquant notamment que son ancienne directrice de cabinet venait de l'administration, sa rémunération restait donc prise en charge par celle-ci, à la différence de la personne qui lui a succédé. Marlène Schiappa a toutefois reconnu quelques augmentations au sein de son cabinet « de 10 à 15 % », justifiées par la masse importante de travail.
Dans nombre d'autres cabinets, les rémunérations stagnent, voire baissent. C'est le cas du secrétariat d'État aux Armées (- 19,9 %) ou du secrétariat d'État aux Finances (- 15 %). Curieusement, et à part le ministère du Travail, les cinq ministères qui paient le mieux ont procédé à un gel des rémunérations. Explication de René Dosière : « Les augmenter à nouveau serait perçu comme de la provocation »...
Michel Revol
Le Point.fr
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