La raison pour laquelle certains analystes peuvent le voir et d’autres non, c’est probablement à cause des illusions qui entourent les bulles sur les marchés. Ces mondes de fantaisie financière sont créés artificiellement par l’intervention de la banque centrale et représentent une tentative d’induire la population en erreur sur la véritable santé du système, pour un temps limité. Les gens prévoyants voient au-delà des fausses données de la bulle, ils voient la réalité économique fondamentale ; les autres ne voient que la bulle et rien d’autre.
Quand il s’agit des marchés boursiers, des marchés obligataires, des marchés des changes et de l’économie générale qui est devenue un casino, une grande partie du public est terriblement incapable de regarder au-delà du prochain mois et encore moins de la prochaine année. Si les marchés semblent bons maintenant, on suppose qu’ils le seront toujours. Si les banques centrales sont intervenues au cours des dix dernières années, on suppose qu’elles interviendront au cours des dix prochaines années.
Il n’y a aucune explication pour expliquer la formation de cette bulle. C’est-à-dire que beaucoup de gens, y compris la plupart des économistes, ne considèrent pas que ces bulles servent un but particulier pour les élites bancaires et que ce but a une date d’expiration. Toutes les bulles éclatent, et les raisons de leur éclatement sont observables et prévisibles.
Pourtant, l’illusion persiste que tout ce discours sur l’« effondrement » n’est que « pessimisme », un événement qui pourrait se produire dans plusieurs années ou décennies, mais ce n’est certainement pas une menace qui se déroule juste devant nos yeux. J’attribue cette idée fausse à plusieurs falsifications populaires et arguments de propagande, et ici, ils ne sont pas énumérés dans un ordre particulier…
Erreur #1 : Les banques centrales continueront de soutenir les marchés indéfiniment
La nouvelle génération de traders et d’économistes de marché était encore au lycée et à l’université lorsque le crack de 2008 a frappé les marchés des actions. Tout au long de leur carrière, ils n’ont connu rien d’autre qu’une économie artificiellement soutenue par la stimulation continue des banques centrales. Ils ne savent rien d’autre et connaissent peu l’histoire, et ils ne peuvent donc pas imaginer la possibilité que les banques centrales un jour débrancheront leur système de survie à base d’injections monétaires.
Le problème, c’est que dix ans de mesures de relance ne sont rien de plus qu’une pause dans le processus d’effondrement budgétaire d’une civilisation. En fait, le déclin économique des nations pourrait être représenté comme une série de bulles qui implosent, chacune d’entre elles pouvant durer une décennie, conduisant à plus de pouvoir et de contrôle pour les banques centrales et à moins de prospérité pour tous les autres.
Historique des récessions
Quiconque examine l’histoire des récessions et des dépressions aux États-Unis depuis la création de la Réserve fédérale en 1913 peut facilement constater une tendance constante au gonflement artificiel de la valeur des actifs, suivi d’un ralentissement généralisé qui siphonne la richesse de la classe moyenne. Cette richesse ne revient jamais vraiment. Chaque nouvelle récession paralyse un peu plus l’indépendance financière des citoyens, tandis que les banques internationales absorbent de plus en plus d’actifs matériels.
Ce que les économistes traditionnels ne semblent pas comprendre, c’est que les banques centrales et les banques internationales sont TOUJOURS bien placées pour profiter du crack des bulles qu’elles créent. C’est la raison pour laquelle elles ont gonflé les bulles dès le début. Les banques centrales n’ont pas peur de laisser les marchés s’effondrer, elles VEULENT que les marchés s’effondrent. Les banques veulent simplement s’assurer qu’elles sont configurées de manière à tirer le meilleur parti possible en cas de défaillance du système.
Erreur #2 : Les banques centrales n’arrêteront jamais les mesures de relance
Je ne sais pas pourquoi ce fantasme persiste malgré toutes les preuves du contraire, mais c’est le cas. Encore aujourd’hui, je reçois des lettres de gens qui affirment que la Fed ne « mettra jamais » fin aux mesures de relance, n’augmentera jamais les taux d’intérêt et ne réduira jamais son bilan. Pourtant, c’est exactement ce qui se passe.
J’ai entendu les mêmes arguments il y a des années, en 2013, lorsque j’ai prédit que la Fed réduirait en fait un assouplissement quantitatif. Je les ai entendus en 2015 lorsque j’ai prédit que la Fed augmenterait les taux d’intérêt. Et je les ai entendus au cours de cette dernière année après avoir prédit que la Fed continuerait de réduire les actifs de son bilan.
Certaines personnes pourraient prétendre qu’il n’y a aucun moyen pour nous de savoir si la Fed va interrompre les mesures de relance de l’économie parce que nous n’avons aucun moyen de vérifier leurs activités. S’il est vrai que nous n’avons pas accès à leurs dossiers financiers internes, mais seulement à ceux qu’ils divulguent au public, nous pouvons quand même constater les effets de leurs politiques. En d’autres termes, il est évident que la Fed est en fait en train de réduire son soutien aux marchés étant donné le comportement de ces marchés au cours de l’année écoulée.
Les actions des marchés émergents s’effondrent alors que la Fed annonce la poursuite de la réduction de son bilan. Les taux d’intérêt augmentent à une vitesse historique et les remboursements des intérêts augmentent sur tous les types de prêts, qu’il s’agisse de prêts automobiles ou de prêts hypothécaires, à mesure que la Fed augmente ses taux d’intérêt. L’investissement étranger dans les bons du Trésor américain (ou l’absence d’investissement) est devenu un sujet de préoccupation majeur parce que le soutien de l’assouplissement quantitatif pour les obligations du Trésor américain a disparu. L’endettement massif des entreprises, qui n’avait pas été observé depuis 2007-2008, devient de plus en plus élevé à mesure que les taux d’intérêt augmentent.
Ce mois-ci, le président de la Fed, Jérôme Powell, a mis fin à toutes les spéculations à ce sujet en indiquant que la Fed non seulement continuerait d’augmenter les taux jusqu’au taux neutre (là où le taux d’intérêt rencontre le taux d’inflation), mais qu’elle pourrait aussi continuer à augmenter les taux bien au-delà. Le marché basé sur une foi aveugle, c’est vraiment terminé.
Tout porte à croire qu’il y a effectivement un resserrement financier. Certaines personnes refusent de le voir parce que leurs préjugés les en empêchent. Peut-être qu’elles sont fortement investies dans des actions américaines et qu’elles ne veulent pas croire que la fête est terminée. Elles sont peut-être incapables d’admettre qu’elles ont tort. C’est difficile à dire. Elles ont soutenu pendant des années que la Fed ne leur enlèverait jamais le bol de punch et elles se sont trompées, mais jusqu’à ce qu’elles en subissent les conséquences directes sur leur portefeuille, elles n’accepteront pas la réalité.
Erreur #3 : La Fed reviendra aux mesures de relance à la japonaise
Il s’agit d’une affirmation très courante qui vise à créer de faux espoirs sur les marchés. Les passionnés de rally et leurs adeptes se sont tellement habitués à la vie facile du « BTFD ! » (Buy The Fucking Dip !) qu’ils appliqueront n’importe quelle rationalisation, aussi absurde soit-elle, pour que le fantasme continue.
L’affirmation est que, parce que les mesures de relance du Japon ont « réussi » à maintenir leurs marchés à flot pendant au moins deux décennies, c’est également la stratégie la plus probable pour la Fed et d’autres banques centrales. Ce que ces gens n’ont pas pris en compte, cependant, c’est la vitesse à laquelle la banque centrale du Japon a acheté des actifs par rapport à celle de la Fed.
Le bilan de la Banque du Japon a atteint environ 4 700 milliards de dollars américains à son apogée, et comme nous l’avons mentionné, cette accumulation a pris des décennies. Le bilan de la Fed a atteint 4 500 milliards de dollars en l’espace de seulement 8 à 10 ans.
Il y a un moment où les achats d’actifs et les mesures de stimulation n’ont tout simplement pas le même effet sur les marchés que lorsque ces achats ont commencé. L’endettement commence à peser lourdement sur les nouveaux gains des marchés au fil du temps. Il y a de multiples raisons pour lesquelles la Fed choisit de faire imploser la bulle maintenant – l’une d’elles est que le temps presse et qu’elle veut une démolition contrôlée plutôt qu’un crack trop capricieux.
L’impression monétaire n’est pas magique ; les règles de base de l’économie et des mathématiques s’appliquent toujours.
J’ai également entendu l’argument selon lequel, étant donné que le PIB américain est beaucoup plus élevé que celui du Japon, il n’est « pas pratique » de comparer les bilans de leurs banques centrales. En d’autres termes, les États-Unis ont un PIB plus élevé et la Fed devrait donc être en mesure d’accroître son bilan beaucoup plus que le Japon. Cette affirmation repose évidemment sur l’idée que le PIB tel qu’il est calculé aujourd’hui est une mesure précise du fardeau de la dette qu’une nation peut supporter.
Si l’on considère uniquement la capacité de production du Japon, les États-Unis, avec toutes leurs délocalisations, n’ont rien de comparable en termes de résilience économique. Si vous considérez aussi que chaque fois que le gouvernement dépense l’argent des contribuables, ces programmes sont souvent ajoutés au PIB comme une forme de « production » (ce qui inclut Obamacare), alors l’idée du PIB devient une blague. Peu importe la santé apparente du PIB d’un pays, la banque centrale ne peut créer autant de dettes avant de commencer à faire chuter l’économie de base. La Fed a atteint cette limite.
Erreur #4 : La Fed peut hypertrophier les marchés perpétuellement
C’est l’illusion de dernière minute utilisée par les accros des marchés boursiers et les colporteurs de désinformation pour affirmer que la bulle actuelle peut et sera soutenue pendant de nombreuses années encore, même après que le reste de l’économie soit en pleine régression. Elle repose en partie sur des exemples historiques d’effondrements budgétaires qui ont conduit à l’inflation. Parfois, cette inflation afflue directement sur les marchés boursiers alors que le reste du système s’effondre en raison de la recherche d’un refuge sûr par les investisseurs et de la manipulation par les banques centrales des prix des actifs. C’est ce qui s’est passé à Weimar, en Allemagne, pendant la période hyper-inflationniste des années 1920, mais les gens qui utilisent cet argument ne connaissent pas l’histoire réelle de cet effondrement.
L’Allemagne a en effet connu une reprise considérable des marchés boursiers juste au plus fort de la crise hyper-inflationniste, mais cette période n’a duré que de 1924 à 1927. En 1927, la Réserve fédérale, la France et la banque centrale allemande sont intervenues pour faire éclater délibérément la bulle. Alors que les banquiers centraux continuent aujourd’hui d’affirmer que la cause de ce ralentissement est l’étalon-or, la vérité est que c’est le resserrement de la politique monétaire de la banque centrale dans un environnement économique déjà instable qui a causé le crack.
Voici un article intéressant sur cette question pour ceux qui voudraient une meilleure référence historique : « En un clin d’œil, sans un gémissement : la ‘bulle boursière’ de l’Allemagne en 1927 et le glissement vers la dépression », de Hans-Joachim Voth.
Est-ce que ça vous dit quelque chose ? Cela devrait. C’est exactement ce que fait la Fed aujourd’hui.
Aux États-Unis, au cours de la dernière décennie, nous avons déjà été témoins de notre période d’inflation des cours boursiers. Aujourd’hui, la banque centrale est en train de faire éclater la bulle, comme elle l’a fait à Weimar en Allemagne, comme elle l’a fait ici aux États-Unis pendant la Grande dépression, comme Ben Bernanke l’a admis en 2002, comme elle l’a fait avec toutes les bulles du marché depuis un siècle.
J’avais prédit en février de cette année dans mon article « Une inversion massive des marchés boursiers est-elle en cours ? » que la chute précoce des marchés boursiers serait suivie d’une période d’exubérance aveugle et d’un rebond du marché (ce qui est arrivé l’été dernier), suivis par un retour à une chute extrême des actions au dernier trimestre de 2018. Cela semble se produire maintenant.
Il n’y a pas de bulle éternelle sur le marché. Il n’y en aura jamais. Si ce n’est pas parce que les fondamentaux économiques la rendent impossible, c’est parce que l’éclatement de ces bulles profite aux globalistes et aux élitistes bancaires.
Le but ? Je crois que l’objectif est de consolider leur pouvoir total sur la production et le travail en utilisant l’institution délibérée d’une civilisation basée sur la pauvreté. Au-delà, l’objectif est de rendre la population perpétuellement désespérée au point qu’elle soit socialement malléable. Pour que les banquiers puissent établir ce qu’ils appellent leur « Nouvel ordre mondial », ils ont besoin du chaos pour assouplir les masses, mais ils doivent aussi être considérés comme des sauveurs qui méritent d’être en position d’autorité aux commandes de l’économie mondiale. Ils doivent créer des désastres pour pouvoir ensuite monter sur leur cheval blanc et nous sauver de ces désastres.
Pourquoi les banques centrales continueraient-elles à perpétuer les bulles sur les marchés alors que la destruction de ces bulles leur donne l’occasion d’avoir plus de pouvoir ?
Brandon Smith
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
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