Zemmour est un citoyen français de confession, de culture juive. On ne sait plus quelle expression employer si on estime que le judaïsme est d’abord une religion, ensuite une culture, enfin peut-être un groupe humain se définissant anthropologiquement comme une race alors que les "intelligents" de notre époque (Juifs compris) assurent qu’il n’y a pas de race, qu’il n’y en a plus, puisqu’ils… l’ont décrété ! Ces précautions liminaires sont indispensables à tout quidam qui se met à parler des Juifs, d’un Juif, voire du "peuple" Juif. Levant en effet les yeux, il aperçoit l’épée de Damoclès qui oscille dangereusement au dessus de sa tête. Donc… disons que Zemmour est d’origine juive, imprégné de sa culture et de ses traditions comme il le revendique lui-même, avec cette anodine restriction que peu apprécient à sa juste valeur, qu’il a fait passer cette culture, cette tradition, au feu purificateur de la belle, de la grande, de la sublime culture qui brille de mille feux à l’extrême pointe de l’Europe et qui s’appelle culture française et non pas culture en Francecomme un inculte célèbre l’a osé.
Notre concitoyen Zemmour donc a commis un livre de 568 pages au titre provocateur comme il a coutume de le faire depuis plus de vingt ans : Le destin Français. Ce livre est une mine pour l’historien, l’anthropologue, l’ethnologue, le politologue, voire même le journaliste si on accorde encore à cette profession une intelligence minimale. Je ne ferai ni la critique ni la recension de cette Somme. Je vais seulement m’arrêter sur ce qui m’apparaît le cœur du bouquin : comment le juif Zemmour a-t-il découvert ce qu’il a découvert ? Est-ce parce qu’il est juif, qu’il a hérité d’une culture juive ? Est-ce parce que – destin de l’histoire, le décret Crémieux l’a fait Français alors qu’il n’était que Berbère –, et donc le déracine de sa communauté d’origine pour l’enraciner dans une autre ? Est-ce parce qu’il s’est lui-même volontairement déraciné en choisissant au cœur de sa nouvelle culture son symbole le plus glorieux, le grand Napoléon ?
Une chose est sûre, Zemmour est juif mais à sa façon. Zemmour est français mais à sa façon. Zemmour est historien mais à sa façon. Je veux dire par là que Zemmour s’est forgé lui-même une réflexion qu’il a voulue libre de toute attache idéologique, politique ou confessionnelle. Cela se confirme lorsqu’on tente d’approfondir ce qu’il a déjà lui-même approfondi dans son chapitre "Vous êtes juif Jacob" (pages 377-391). Il souligne ce paradoxe que les royaumes chrétiens n’ont pu se fonder qu’en se décidant pour deux options totalement antagonistes : fidèles à Aristote par Thomas d’Aquin, leur chrématistique distingue le bon argent du mauvais, celui qui ne fait pas d’enfants de celui qui en fait, celui qui sert l’échange contre celui qui thésaurise à des fins de spéculation et condamne donc le prêt à intérêt à leurs sujets, laissant les Juifs s’y distinguer vu que déjà maudits par la religion chrétienne ils ne peuvent l’être davantage et que donc, ils font de leur ennemi ontologique leur serviteur. Du moins c’est ce qu’ils croient. Comme le dit Zemmour avec humour, ils font passer le "Juif errant" au statut de "juif puissant". Poursuivant dans le paradoxe, Z a cette formule excellente : "les Juifs furent longtemps l’élément le plus sûr de la société, puisqu’ils n’en faisaient pas vraiment partie". La formule pourrait s’appliquer à la France de 2018. Voyez Attali, voyez Minc, voyez Pigasse, voyez Drahi, etc. Ces messieurs font-ils partie de la société ou en sont-ils les visiteurs-voyageurs, qui comme autrefois Rothschild, entre deux conseils d’administration, conseille et dirige le roi régnant ? Il ajoute, pour qu’on comprenne bien que la structure de la famille juive permet cela. "Ils sont la famille repliée sur son enclos endogamique, où les hommes épousent leurs cousines ou leurs nièces, etl’individu libre tout puissant. Ils sont liés à l’état nation età l’Europe cosmopolite. Ils sont la réaction etle progrès", etc. Il aurait suffit que notre bon Zemmour ajoute qu’ils sont liés au monde sans frontière età Israël pour que l’ont saute du Nucingen de Balzac à Arnaud Mimram qui a été le génie de l’arnaque aux quotas carbone, à Patrick Bruel et à Gad Elmaleh qui y furent également impliqués. Si vous n’oubliez pas, et Zemmour ne l’oublie pas, que c’est la banque juive qui fit chuter Napoléon, son héros par-dessus tous les autres qu’il admire, vous comprenez alors pourquoi sa courte remarque page 380 : "La fratrie de Francfort (les Rothschild) a fait sa fortune en soutenant la lutte contre Napoléon. L’Empereur avait tout pour leur déplaire : il refusait tout endettementet méprisait les fournisseurs de guerre", est une bombe. Bombe bien sûr qui n’explosera ni dans le cerveau de Macron, d’Attali, ou dans celui des Français qui ont été appelés aux urnes, qui y seront encore appelés et qui voteront comme les élites – juives à combien de % ? 70, 80 % ? – leur diront de voter.
Ajoutez à cela un petit détour par Disraeli qui, dirigeant soi-disant l’Angleterre, dirigeait tout autre chose à moins que l’Angleterre n’ait été à cette époque la nouvelle Jérusalem émergeant du chaos primordial qu’est le monde des goyim tant qu’il n’est pas dirigé par les fils des Elohim. Et ça continue. Heine : "Un protestant écossais est un juif qui mange du porc". Michelet : "Les juifs ont une patrie, la bourse de Londres ; ils agissent partout, mais leur racine est au pays de l’or". Et pourtant Napoléon, le grand Napoléon lui-même déclare : "Le sanhédrin établira ce principe : les Français et les Juifs sont frères… les juifs doivent considérer, comme s’ils étaient à Jérusalem, tous les lieux où ils sont citoyens… Les Juifs doivent défendre la France comme s’ils défendaient Jérusalem"… C’est presque du Manuel Valls inversé sans le fameux "quand même" qui a fait son succès sur internet ! Et ce n’est pas fini car le subtil Z souligne que "dans tous les pays où passe la grande Armée, elle ouvre les ghettos et transforme ses habitants en citoyens"… et que les Rothschild risquent alors de perdre leur domination sur les communautés juives nationales qui préfèreront désormais à la solidarité religieuse et "tribale" (les guillemets sont de Z), celle de leurs concitoyens “au sein de leur nation d’élection". Aïe, l’ignoble Mendelssohn n’est pas loin, le traitre ! En attendant la banque juive met les bâtons dans les roues de la banque française. Les Pereire, anciens employés de Rothschild, l’apprennent à leur dépend et voient la perte de leur Crédit Mobilier qui pourtant avait tant plu à Napoléon III. La Banque de Paris et des Pays Bas ruine en 1882 l’Union générale et ses petits épargnants. C’est "une nouvelle agression des Rothschild, de la banque juive contre la banque catholique, de la haute banque élitiste est cosmopolite contre la banque démocratique et nationale" (p.365).
Le lecteur goy que je suis, hélas, attrape les trois sueurs… Z va-t-il une fois encore relever de la 17e chambre pour antisémitisme ? Son objectivité radicale ne va-t-elle pas faire de lui "un juif à haine de soi", péché par excellence depuis Spinoza et Weininger ? Eh bien si !... le mal est fait ! Car, cerise sur le gâteau, Z sort son Dreyfus pour dire tout bêtement que Zola et la plupart des dreyfusards n’étaient pas juifs et que la "communauté" ne s’est pas trop empressée pour le défendre. Il cite Clémenceau dans le journal d’époque Le spectacle du jour qui ne se gêne pas pour dire que les Rothschild n’ont pas été très enthousiastes pour défendre leur coreligionnaire : "Si Dreyfus est reconnu innocent, ils ne lui cracheront pas à la figure. Mais de là à lever le petit doigt pour la justice et la vérité, il y a un abime". Z sans peut-être s’en douter, ou volontairement, laissant son catholicisme secret refaire surface, fait ainsi de Dreyfus un Christ qui aura été rejeté pour la deuxième fois par son peuple. Belle trouvaille qui dézingue Vatican 2 et les génuflexions des derniers papes devant Israël, qui remet en mémoire le rejet dont les survivants de l’holocauste nazi furent victimes en Israël même ! Serait-ce faire insulte à Z que de reconnaître à ses analyses une forme d’antisémitisme intelligent ? Sera-ce la provocation du Goy Inconnu ? Une chose est sûre Z est honnête. Il dit p.387 : "La France était le paradis politique des Juifs, le premier à avoir fait d’eux des citoyens. Tout à leur joie d’être devenues des Français comme les autres, ceux-ci vont accomplir d’énormes efforts pour s’assimiler, pour acquérir la culture française...”. Sans se rendre compte que le succès même de l’assimilation devenait un obstacle à l’assimilation. Et il ajoute, jugement d’un grand psychologue, d’un grand historien et d’un grand anthropologue qui parle à la fois de lui et de l’histoire, de lui dans l’histoire qu’il a eu l’intelligence de percer à jour : "Plus les Juifs excellaient à être modernes et laïcs, plus la modernité et la laïcité étaient désormais perçues comme des caractéristiques juives." Zemmour a compris que la France s’est judaïsée. Pas comme Saint Louis le crut (voir page 82 à 99 de son livre) au 13esiècle, mais au contraire, de désespoir d’avoir perdu son Christ, de ne plus croire en lui. A l’unisson aujourd’hui, elle préfère qu’on lui libère Barrabas, le criminel que Rome avait voulu échanger contre Ies choua. Ce pauvre prophète qui n’avait fait que du bien à son peuple et en qui évidemment la femme de Pilate ne trouvait pas de péché et demandait à son mari de se tenir loin des disputes des Juifs. Z, sans peut-être le savoir ou en le sachant très bien, endosse les habits de tous ceux qui savent que le sacrifice ébauché par Abraham sur Isaac a été réalisé quelques mille ans plus tard par les grands prêtres juifs sur celui qui avait dit à la samaritaine "le salut vient des Juifs".
Ce très grand livre de Zemmour sera heureusement incompris de la majorité de ses lecteurs qui sinon, de pénitence, s’immoleraient eux-mêmes sur la croix qu’ils sont entrain de dresser pour leur pays, la France.
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