09 avril 2018

Soap Opéra à la Maison Blanche


Dans le Mouvement de la Liberté, nous nous référons souvent à la tactique historique du « pain et des jeux » romains en décrivant la distraction massive et délibérée du public d’aujourd’hui. À l’époque où les empereurs romains ont supplanté le Sénat et dominaient la vie politique et sociale, il était jugé avantageux de créer diverses formes de « divertissements » souvent violents, afin de garder les citoyens occupés et donc moins susceptibles d’agir physiquement contre la structure du pouvoir. Alors que l’Empire souffrait d’un déclin économique, on retrouve l’utilisation du pain et des jeux du cirque à notre époque, mais la méthode a été raffinée et les manipulations sont devenues à certains égards plus subtiles.

Par exemple, dans la Rome antique, les horreurs du Colisée avaient pour but d’éloigner l’attention du public du gouvernement. Aujourd’hui, le feuilleton gouvernemental détourne l’attention des vrais tenants du pouvoir de la finance mondiale.

La Maison Blanche elle-même a été transformée en une autre émission de téléréalité, et la couverture médiatique par les médias traditionnels est implacable. Avec Donald Trump (qui n’est pas un étranger dans le monde de la téléréalité) au centre, il est difficile pour les citoyens d’évaluer ce qui est politiquement légitime et important. Ce dont on nous bombarde, c’est d’un drame sans cesse plus tendu entre Trump, son équipe et les médias, et au lieu d’ignorer ce théâtre, beaucoup de gens cherchent désespérément à interpréter le sens derrière ce spectacle qui n’en a aucun.

Toutes les deux semaines, un autre épisode se développe dans lequel Trump, jouant le personnage du « populiste » agressif et impétueux, vire un des membres de son « cabinet » comme si The Apprentice n’avait pas pris fin, mais avait simplement été transféré au bureau ovale. Certaines personnes trouvent cela amusant car Trump jour dans son domaine d’excellence. Ceux sur la gauche politique interprètent cela comme un abandon imprudent et la confirmation de leurs craintes que Trump était mal adapté au métier de président. D’autres membres du Mouvement de la Liberté qui soutenaient à l’origine la campagne de Trump cherchent maintenant assez désespérément une justification. Ils voulaient tellement éviter les maux inévitables d’un régime Clinton qu’ils sont maintenant disposés à donner à Trump un blanc-seing pour presque n’importe quoi, et ils soutiennent que le turnover sans fin à la Trump White House n’est que la manière de Trump de remplir sa promesse électorale de « drainer le marais ».

Il est important de noter que Trump n’est PAS en train de vider le marécage de l’élitisme à Washington D.C. Le public est tellement concentré sur « à qui Trump botte les fesses » qu’ils oublient de prêter attention aux institutions qui ne partent jamais. Mais qu’est-ce que je veux dire par là ?

Regardons quelques-uns des changements de personnel très largement médiatisés à la Maison Blanche. Dina Powell, une ancienne de Goldman Sachs, a récemment été remplacée comme conseillère à la sécurité nationale, et l’argument selon lequel Trump « draine le marécage » persiste. Pourtant, Powell a été remplacée par H.R. McMaster, un membre du Council on Foreign Relations, pas vraiment un étranger des cercles élitistes.

Gary Cohn, un autre agent de Goldman Sachs, a quitté son poste de conseiller économique en chef et a été remplacé par Larry Kudlow, « conservateur ». Apparemment Trump est en train de « nettoyer la place » et d’éliminer les influences globalistes pour préparer sa guerre pour équilibrer le déficit commercial. Pourtant, Kudlow était un coordinateur de campagne qui a travaillé en étroite collaboration avec des gens comme Bill Clinton et John Podesta, ainsi que d’autres personnalités démocrates majeures. Il a débuté sa carrière en tant qu’économiste à la Federal Reserve Bank of New York et il a supervisé la chute de Bear Stearns, l’une des étincelles qui a déclenché la crise du crédit en 2008. Ce type n’est en aucun cas un vrai conservateur, et il n’est pas non plus un substitut anti-mondialiste à Gary Cohn.

Le licenciement de Rex Tillerson, l’un des drames les plus récents, a conduit à la nomination au poste de secrétaire d’État du directeur de la CIA, Mike Pompeo. Pompeo est souvent décrit comme un ancien « membre du Congrès du Tea Party » mais il est un partisan acharné de la surveillance de masse du peuple américain par la NSA à travers les programmes liés à la FISA et a qualifié Wikileaks de « service de renseignement hostile ». Tout d’abord, cela ne fait que prouver que le label Tea Party a été si complètement coopté par l’establishment qu’il est risible de s’y référer comme ayant une quelconque relation avec les vrais conservateurs et champions de la liberté. Deuxièmement, cela montre également que Trump n’a aucune intention de faire des changements significatifs au sein de la Beltway. Seuls les changements cosmétiques sont autorisés.

Et ainsi de suite. Si on regarde de près l’administration Trump, on découvrira que les membres du cabinet évoluent constamment, mais les organisations et les idéologies élitistes et globalistes que ces gens représentent sont toujours présentes à la Maison Blanche. Ils ne partent jamais.

Le marais n’est pas « drainé » il est simplement déplacé pour que le peuple américain ne puisse pas facilement suivre les noms des créatures marécageuses et les positions qu’elles occupent.

Depuis l’époque de Woodrow Wilson, un président prétendûment contrôlé à l’intérieur de la Maison Blanche par son conseiller, le colonel Mandel House (le fondateur du Council on Foreign Relations), il est une pratique courante pour les globalistes d’utiliser les présidents comme mandataires. C’est-à-dire que le président est généralement une mascotte présentée au public comme la cible des critiques politiques ou comme un outil de ralliement pour pousser la population dans une direction particulière. Pendant tout ce temps, les vrais tenants du pouvoir travaillent derrière le rideau, dictant la politique vers les voies de la mondialisation ou du désastre.

Trump est un cas intéressant car cela concerne cette guerre de quatrième génération. Jamais dans les temps modernes la rhétorique d’un président n’a été aussi ouvertement hostile aux globalistes, tout en hébergeant ces mêmes globalistes au sein de son administration. Jamais auparavant une bataille fabriquée entre la Maison Blanche et la globalisation en tant qu’idéologie n’a été utilisée comme une distraction du globalisme lui-même. C’est quelque chose de complètement nouveau.

J’ai mis en garde sur cette question de façon constante avant même que Trump ne soit élu, et c’est la raison pour laquelle j’ai prédit qu’il deviendrait président. Trump, à mon avis selon les preuves disponibles à ce jour, est une simple opposition contrôlée. Il est une feuille de route pour la lutte des globalistes contre les idées de conservatisme, de souveraineté et de nationalisme. Au lieu d’attaquer ces idées de front (une bataille perdue), les élitistes ont présenté un homme de paille sous la forme de Donald Trump. Les actions de Trump semblent suivre des lignes directrices conservatrices mais ses politiques sont mal exécutées, ce qui ouvre la voie à de futurs échecs à une échelle épique.

Comme je l’ai mentionné dans mon article « La Guerre Commerciale de Trump : un écran de fumée parfait pour un krach boursier » le calendrier des initiatives de Trump ne pourrait pas être plus parfait… pour les financiers internationaux et les banques centrales.

Actuellement, la Réserve fédérale et d’autres banques centrales du monde entier se lancent dans un processus de resserrement des mesures de relance qui soutiennent artificiellement les marchés boursiers et les marchés obligataires depuis le krach de 2008. En particulier, la décision de la Fed de continuer à relever les taux d’intérêt et de réduire son bilan alors que des données économiques négatives sont entrées en jeu a mis en lumière la mèche d’une explosion financière. La dépendance du marché à l’égard de la dette bon marché est totale. Les niveaux d’endettement des entreprises atteignent des sommets inégalés alors que les entreprises s’enfoncent de plus en plus dans le rouge dans une tentative désespérée de gonfler leurs propres cours boursiers en procédant à des rachats d’actions. La Fed a facilité cette manipulation de marché depuis un certain temps, mais maintenant la fête est finie.

À chaque nouvelle hausse de taux et réduction du bilan, les marchés deviennent plus volatiles et instables. La Fed, sous la présidence de Jerome Powell, est bien consciente de ce qu’elle fait, considérant que Powell a mis en garde contre les conséquences de cette situation dès 2012. Il est cependant très improbable que les banquiers centraux soient mis en cause pour l’effondrement de l’économie.

Alors que mars laisse sa place à avril, il est également important de noter que les réductions du bilan de la Fed devraient atteindre 30 milliards de dollars par mois ou plus. Jusqu’à présent, la Fed a montré une habitude à couper bien au-delà de ses objectifs déclarés publiquement. Avec des marchés qui chutent de milliers de points chaque fois qu’il y a une réduction de bilan, l’instabilité ne va augmenter qu’exponentiellement.

Aussi, est-ce juste une coïncidence que chaque nouvelle annonce de Trump sur les tarifs douaniers et la guerre commerciale semble avoir lieu en même temps que les hausses de taux et les réductions de bilan de la Fed ? Cela donne l’impression que Trump est la cause des baisses boursières ultérieures plutôt que la banque centrale, n’est-ce pas ?

Le théâtre de ce Soap Opera de Trump continue à construire le récit d’une présidence destructrice dirigée par un novice maladroit. Le déclenchement d’une guerre commerciale par Trump sans les préparatifs nécessaires, comme inciter les entreprises à réintroduire les unités de fabrication aux États-Unis et créer ainsi une indépendance au niveau de la production, est un excellent écran pour l’effondrement des marchés boursiers et la vente massive des bons du Trésor américain par les créanciers étrangers.

Pour ceux qui se demandent pourquoi les éléments globalistes vont délibérément couler l’économie américaine, je suggère qu’ils lisent mon article « Explications sur la fin du jeu économique ». En résumé, pour atteindre leurs objectifs déclarés d’un système monétaire mondial unique, ainsi que la centralisation totale de l’administration économique mondiale, certains appendices du système actuel doivent être sacrifiés. Un de ces appendices est l’économie américaine telle qu’elle existe actuellement, avec le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale.

Une telle attaque contre notre pays et notre société ne se ferait pas sans être visible ni sans représailles possibles. Par conséquent, les élites bancaires ont besoin d’un bouc émissaire. Je l’ai déjà dit et je le répète – il n’y a pas de meilleur bouc émissaire que Trump à la Maison Blanche. Pourquoi ? Parce que la Maison Blanche de Trump a été peinte depuis l’élection comme un symbole de conservatisme inconditionnel, même si ce n’est pas le cas. La diabolisation des principes conservateurs tels que le gouvernement limité, les vrais marchés libres, la liberté personnelle, etc. devient beaucoup plus facile quand les globalistes peuvent les rattacher à une catastrophe internationale telle qu’un effondrement financier.

Et, depuis que Trump a été placé comme chef de file des idéaux conservateurs, attacher la catastrophe à Trump, c’est attacher aussi indirectement la catastrophe au reste d’entre nous.

La seule façon de saper cette tactique de guerre de quatrième génération est que les conservateurs ignorent ce feuilleton à la Maison Blanche et questionnent publiquement les politiques de Donald Trump lorsqu’elles ne répondent pas aux normes logiques ou pratiques. Soutenir aveuglément Trump à cause de sa rhétorique ne fait que nuire à notre cause à long terme, et refuser de reconnaître le fait qu’il s’est entouré de globalistes avec lesquels il est censé être en guerre ne fait que nous préparer à la tragédie. Si nous restons sceptiques et maintenons nos principes, cependant, il devient beaucoup plus difficile pour les médias traditionnels ou n’importe qui d’autre de nous impliquer dans une grande calamité pour laquelle Trump sera blâmé.

Brandon Smith
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