16 avril 2018

Les Russes n'en reviennent pas


Les Russes sont sidérés. Le président Trump est tellement hors de lui, après l’affaire Stormy Daniels, qu’il en est à préférer une bonne vieille guerre à une humiliation supplémentaire. Et ceci arrange parfaitement tant ses amis que ses ennemis (ce qui ne veut pas dire ceux qui ont voté pour lui). Il a le choix, il doit faire un geste viril mais difficile, qui requiert tout son courage, oui, mais lequel ? Doit il mettre en péril le confortable niveau de vie de son pays et braver les missiles russes, ou risquer de déplaire aux élites et chasser le procureur Mueller ? Il est bien tenté par la facilité. Et voilà comment il a été manipulé et entraîné en eaux profondes par une puissante coalition de Britanniques et de sionistes, les mêmes qui nous ont gratifiés des deux dernières guerres mondiales.

Sa tentative pour revenir à la raison et refiler à d’autres la patate chaude de la Syrie (« Je souhaite de toutes mes forces le retrait de nos forces de Syrie », avait-il touité) a été repoussée par l’indomptable Mr Netanyahou. Ne t’avise surtout pas d’y penser sérieusement, a dit le grand homme de Tel Aviv à Donny dans une conversation tendue au téléphone. Ne quitte pas la Syrie, il faut encore que tu fasses la peau aux Russes et aux Iraniens. Et n’oublie pas les gosses syriens, s’est permis d’ajouter celui qui patauge dans le sang de 2000 Palestiniens abattus sous ses ordres la semaine dernière. Le Pentagone et les agences de renseignement US prennent directement leurs ordres à Tel Aviv, ou via l’AIPAC ; ils sont déjà en train de se préparer pour un long séjour en Syrie, en dépit des déclarations de Donny.

Les sionistes ont piqué une crise quand ils ont vu que Trump avait l’intention de lâcher la Syrie. Les scribouillards du Washington Post et du New York Times ont condamné ce pas en avant comme faisant le jeu de la Russie. « Catherine Rampell, qui écrit dans le WaPo et fait ses commentaires sur CNN, a proféré : ‘Poutine doit être aux anges’, avec les instructions de Trump pour commencer à organiser le retrait de la région. Passons sur le fait qu’il serait bizarre pour un président de baser toute sa politique étrangère sur ce qui pourrait ennuyer la Russie ; mais pourquoi Rampell ne se demande-t-elle pas combien cela serait merveilleux pour les soldats américains de retrouver enfin leurs familles, ou bien de se demander comment les ressources que le pays a gaspillées au-delà des mers vont pouvoir être mises à profit maintenant sur le front intérieur » a fait remarquer un journaliste. C’était le signal pour la descente de Mueller dans le bureau de Cohen. Il faut bousculer le vieux fou, s’il ne veut pas y aller de son plein gré, ont-ils décidé.

L’Amérique avec son arrière fond puritain est le seul pays où les mœurs sexuelles sont assez strictes pour suffire à déclencher une guerre. Clinton est parti en guerre contre la Yougoslavie à cause d’un commérage, tandis que Trump va détruire le monde pour une seule nuit piégée.

Une attaque contre la Syrie va entraîner une réponse russe. A tout le moins, ce sera une conflagration locale, une joute, un test de forces et de volontés. Qui sait comment cela finira. Cela avait été reporté en 2013, quand l’armada US s’était massée sur les plages syriennes pour venger une autre attaque chimique supposée. J’ai écrit sur cette rencontre fatale, peut-être avec trop d’optimisme, un article intitulé Notre Cap de Bonne espérance.

« C'était un moment aussi risqué que lors de la crise des missiles à Cuba en 1962. Il y avait de fortes chances de déclencher la guerre totale, dans la mesure où les volontés d'acier de l'Amérique et de l'Eurasie s'étaient mesurées en Méditerranée orientale. [...] Le point de tension culminant, en ce mois de septembre 2013, ce fut la vision, sous le soleil de midi, des cinq destroyers US face aux rivages du Levant, pointant leurs Tomahawks sur Damas, et, leur faisant face, la flotte russe composée de onze navires avec en tête le Moskva, croiseur tueur chargé de missiles, renforcés par des bateaux de guerre chinois. Apparemment, deux missiles avaient bel et bien été lancés vers la côte syrienne, et tous deux avaient échoué à atteindre leur cible. […] Après cet étrange incident, la pétarade n'a pas commencé, parce que le président Obama a gardé son sang-froid et rengainé son colt. Cela fut précédé par un vote inattendu au parlement britannique. Ce corps vénérable déclina l'honneur de se joindre à l'attaque proposée par les US. Pour la première fois depuis deux cents ans, le parlement britannique a alors refusé une offre bien réelle de prendre l'initiative d'une guerre; d'habitude, ils ne résistent pas à la tentation. […] Cette mésaventure a réglé leur compte à l'hégémonie, à la suprématie et à l'exceptionnalisme américains. Fini, le "destin manifeste" des USA ».

Comme nous le voyons maintenant, l’heure fatale avait juste été retardée de cinq ans, et l’horloge s’est remise en marche. Le premier ministre Theresa May a décidé qu’elle n’avait aucun besoin de l’approbation du Parlement. Le président Trump a décidé qu’il n’avait aucun besoin de l’approbation du Congrès. Ces obstacles ont donc été écartés.

Et maintenant revenons à ces deux missiles de 2013. Ils avaient été envoyés par les Israéliens, qu’ils aient cherché à déclencher la foudre militaire ou seulement à observer les nuages, comme ils le prétendent. Les missiles n’avaient jamais atteint leur destination, abattus par le système de défense russe mer-air à partir d’un navire, ou peut-être rendus inutilisables par les pirates de GPS russes.

Faisons un bond jusqu’en 2018. Dans la nuit du 10 avril, peu après minuit, l’espace aérien syrien T4 était attaqué par huit missiles air-terre; cinq en furent abattus par la défense syrienne, trois (ou deux) atteignant leur but et tuant quelques membres du personnel. Pendant un moment, on crut qu’il s’agissait de l’agression américaine décisive, mais bientôt, « la Russie a balancé Israël », comme l’a rapporté Haaretz. Israël a tenté de dissimuler, prétendant d’abord qu’ils avaient prévenu Poutine et obtenu son assentiment. Quand le porte-parole de Poutine eut démenti la chose, ils dirent qu’ils avaient agi à la demande des US. Mais le plus probable c’est qu’ils ont tout fait pour activer la confrontation.

Maintenant, avec l’US Navy sur place, avec le soutien de la France et de l’Angleterre, le compte à rebours vers la confrontation a apparemment commencé. Les Russes se préparent résolument à la bataille, soit locale soit globale, et ils s’attendent à ouvrir le feu à tout bout de champ.

La route pour ce moment de vérité, c’est l’affaire Skripal qui l’a ouverte, l’expulsion des diplomates et la bataille syrienne pour la Ghouta orientale, avec une pantomime collatérale de taille, servie par les manigances israéliennes.

L’expulsion des diplomates a sidéré les Russes. Pendant des jours ils se sont gratté la tête : Qu’est-ce qu’ils attendent de nous ? Où est la ligne rouge véritable ? Trop d’évènements qui n’avaient aucun sens, pris séparément. Pourquoi l’administration chassait-elle soixante diplomates russes ? Est-ce qu’ils veulent couper les relations diplomatiques, ou est-ce le premier pas pour bouter la Russie hors du Conseil de sécurité, ou pour en finir avec son droit de veto ? Cela signifie-t-il que les US renoncent à toute diplomatie ? (La réponse : « c’est la guerre » ne leur venait pas encore à l’esprit).

Les Russes ahuris ont répondu correctement. Ils ont également expulsé soixante diplomates, et de façon douloureuse : tous les diplomates engagés au département politique de l’ambassade à Moscou étaient sur la liste des persona non grata. Le département politique se composait de trois sections, politique étrangère, politique intérieure russe et analyse militaire ; le centre le plus important pour la collecte des données, les liaisons avec des hommes politiques russes, et les conséquences militaires, pour la Syrie et pour l’Ukraine, la Corée du Nord et la Chine, des officiers du renseignement chevronnés, de première classe, et des hommes de terrain : tous dehors, y compris leur officier politique Christopher Robinson (POL). Les Russes ont chassé Maria Olson, porte-parole bien connue de l’ambassade, et l’interprète de l’ambassade. Ils ont fermé le consulat de la « seconde capitale russe » St Pétersbourg, important centre pour mettre en relation, influencer, et interagir avec l’opposition. Les US ont donc perdu nombre de leurs agents à Moscou, des gens qui connaissaient la Russie et qui avaient développé des relations personnelles avec des Russes importants. Cela prendra longtemps et coûtera bien des efforts au Département d’Etat et aux agences de renseignement, pour retrouver les positions perdues. Les Britanniques qui avaient été les premiers à décréter des expulsions ont perdu aussi environ cinquante membres de leur ambassade à Moscou.

Curieusement, la déportation massive de tant de diplomates russes n’a eu que peu d’effet sur le peuple russe, parce que cette frappe avait été neutralisée par un autre évènement douloureux, l’explosion de l’hypermarché de Kemerovo qui avait tué soixante-quatre spectateurs au cinéma, dont plus de quarante enfants. L’incendie, même s’il n’était pas d’origine criminelle (cela n’a pas encore été prouvé) avait déclenché une avalanche de fausses rumeurs sur internet, déversée à flots sur les Russes. Un million d’Ukrainiens sous-alimentés ont été déployés au titre de la guerre psychologique occidentale sur le web pour dire aux Russes que des centaines de leurs enfants avaient été brûlés vifs, et que leurs autorités leur mentaient. Cette opération a révélé le degré d’influence et d’intégration des différentes agences d’espionnage agissant en Russie pour le compte de l’Occident.

Kemerovo était un emplacement bien choisi pour l’opération: c’est la seule région ethniquement russe à être dirigée par un héros local à l’ancienne, un homme qui a survécu à tout, et la seule région qui a fait preuve, de façon indécente (et irréaliste) d’un fort soutien à Poutine lors des dernières élections, une région minière en récession, avec un fort potentiel de troubles.

Poutine a bien géré la situation en venant sur les lieux en personne et en mettant la main à la pâte. Il avait appris le rôle depuis 2000, lorsque, à l’aube de son premier mandat présidentiel, le sous-marin Koursk avait coulé avec armes et bagages. Poutine était resté à l’écart des familles des marins, et avait agi avec petitesse, disaient les gens. « Il a coulé » répondait Poutine à la question « Qu’est-il arrivé au Koursk » (on dit que le Memphis USS avait tiré une torpille sur le sous-marin, ce qui avait causé la catastrophe, mais que le nouveau président avait renâclé à aggraver les relations avec l’administration Clinton). Cette fois-ci, en 2018, il a été très bon, plein d’empathie et débordant de considération, dégageant de la force et de la capacité décisionnaire.

Quelle que soit l’agence américaine qui a dirigé l’opération psychologique autour de Kemerovo, c’était un franc succès, mais un succès qui a saboté une autre opération, celle de l’expulsion des diplomates russes. Les Russes n’ont pas été suffisamment attentifs à ce qui se passait. La raison alléguée pour l’expulsion, l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille, n’avait aucun sens. Même si le vieil espion avait été descendu par ses employeurs de jadis, une telle réaction serait parfaitement excessive. Ce n’était pas un Napoléon (empoisonné deux cents ans plus tôt par les Anglais) ni un prince du sang, ni un grand inventeur, ni un champion de l’espionnage. Juste un ex-espion à la retraite, au rencart. Et de toutes façons il n’en est même pas mort, il a juste été malade quelque temps. Peut-être qu’il avait mangé quelque chose au bistrot qui ne passait pas bien. C’est l’opinion de sa nièce, Victoria, la seule personne en vie à avoir été en contact avec les Skripal depuis leur hospitalisation supposée.

L’affaire est tellement obscure qu’elle dépasse tous les Rashomon imaginables. Des journalistes russes sont allés traîner autour de Salisbury et ils ont remarqué un certain nombre d’incongruités. Il n’est pas sûr du tout que les Skripal aient été empoisonnés, et on ne sait pas où ils se trouvent. Leurs animaux de compagnie ont survécu au poison mortel, et il a fallu les éliminer. Et voici un petit chef d’œuvre d’humour noir russe qui a circulé sur tout le net.

Skripal avait été empoisonné par un poison extrêmement puissant, dont deux grammes suffiraient à tuer la moitié d’un pays instantanément. Les Russes

- l’ont empoisonné au restaurant

- Non, sur le banc

- Mais non, dans la voiture

- Pas du tout, la poignée de la porte motrait des traces de poison.

- Que nenni, c’est sa mallette qui a été empoisonnée.

- Vous n’y êtes pas, tout dans la maison a été empoisonné

- Oh, et les flocons de blé noir ont été empoisonnés aussi.

- Mais ils ne sont pas morts instantanément, ils ont traîné dans le coin pendant quatre heures,

- sauf que le policier qui les a trouvés a failli mourir sur place,

- Heureusement le poison a été instantanément identifié,

- un antidote leur a été administré aussiôt, les Skripal et le policier ont été sauvés ;

- d’ailleurs le policier a été muté le lendemain !

- Mais ils étaient dans le coma, et ne vont jamais s’en remettre !

- Et puis non, finalement la fille s’est vite remise !

- Et le papa est ressuscité, quel miracle !

- Comme tous les deux se récupèrent rapidement, votre super poison très dangereux n’est bon à rien.

- N’empêche que le restaurant a été encerclé par des policiers en tenue de cosmonautes.

- Le parc a été encerclé par des policiers en tenue de cosmonautes.

- Leur maison a été encerclée par des policiers en tenue de cosmonautes

- qui portent des tenues de cosmonautes parce que le poison est mortellement dangereux, mais juste à côté d’eux il y a des policiers sans protection….

- En fait, le banc a été cassé et emporté au loin : le poison est si terrible que le banc a gardé son empreinte toxique pendant deux semaines ;

- Mais le chat a survécu dans la maison empoisonnée … le policier avait touché Skripal et il a failli en mourir, et le chat a survécu…. Et les cochons d’Inde auraient survécu aussi, mais tout le monde les avait oubliés, et ils sont morts de faim dans la maison :

- Et leurs restes ont été immédiatement brûlés, parce qu’ils étaient empoisonnée par le plus terrible des poisons ;

- Oui, pendant deux semaines ils ont été empoisonnés par le plus terrible des poisons, et ils ont survécu, et maintenant il a fallu les faire brûler de toute urgence ;

- Seuls les cochons d’Inde étaient morts, mais le chat a survécu à tout ce poison. Il était stressé et affamé, c’est pourquoi ils l’ont euthanasié et cramé, pour être sûrs que personne ne découvrirait le secret etc etc.;

Le véritable héros de la saga des Skripal est l’ex-ambassadeur britannique Craig Murray, qui a suivi le déroulement de la chose pas à pas et qui a dévoilé nombre de mensonges et une vaste inconsistance dans les faits. Lisez donc ses articles et touits pour creuser tous les détails ubuesques.

Julia Skripal a fait preuve d’audace : elle a téléphoné à sa cousine Victoria depuis Moscou. Leur conversation est un document étonnant. Julia dit qu’elle et son père sont en bonne santé ; elle doute que Viktoria puisse être autorisée à la recevoir. Certes, le gouvernement britannique a refusé de lui délivrer un visa. Elle a l’impression que Julia est retenue prisonnière.

J’ai discuté avec un officier du contre-espionnage russe à la retraite, qui est familier de ces choses. Il m’a dit que la Russie n’avait jamais eu de substance toxique du nom de Novichok : c’est une appellation qui a été donnée par le contre-espionnage à la substance A-232 de façon à pouvoir tracer les fuites. Et ça a marché : un individu appelé Vil Mirzavanov, administrateur dans les laboratoires chimiques, est la personne qui a répandu l’histoire du Novichok, et en conséquence, il a été arrêté. Le A-232 avait été produit en petites quantités dans les années 1990, et il se peut qu’une partie en ait été volée et vendue pendant ces années horribles, quand un authentique colonel du renseignement russe devait bosser au noir comme chauffeur de taxi pour compléter son misérable salaire mensuel de 46 dollars. Pendant ces années, le poison a fort bien pu devenir accessible, et dans un cas, ce sont des criminels qui en ont fait usage.

Théoriquement, il n’est pas impossible qu’une partie de ce poison ait été mise à l’abri et stockée par certains criminels ; ou bien encore, qu’il se soit trouvé à la portée des Américains qui avaient démantelé les laboratoires en 1992. En tout cas, nous n’avons aucune preuve indépendante que les Skripal aient été empoisonnés le moins du monde. S’ils survivent, si les services de renseignement anglais et américains ne les liquident pas, peut-être que nous en saurons plus. Nous pouvons définitivement exclure la possibilité que des agents de l’Etat russes se soient rendus en Grande Bretagne afin d’empoisonner un vieil espion qui avait été pardonné par le président russe il y a des années. Même s’il avait joué un rôle actif pour produire le dossier Trump (« Pluie d’Or ») de Christopher Steele, les Russes n’auraient aucune raison impérieuse pour le faire disparaître, et surtout d’une façon aussi bizarre. « Si nous avions voulu le tuer, il serait resté sur le carreau », a conclu mon interlocuteur.

Les détails de l’affaire Skripal sont très divertissants, mais ne sont pas nécessaires pour comprendre la situation. C’est une histoire utilisée pour installer dans nos esprits la connexion entre empoisonnement chimique et Russie. Ce n’est pas juste, parce que les Russes ont détruit tous leurs poisons chimiques sous les yeux des inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW), mais la vie est souvent injuste.

Ce lien entre Russie et empoisonnement chimique avait été imposé en prévision de l’évènement qui a suivi. La Ghouta orientale était une enclave importante et bien fortifiée par les rebelles syriens. Se trouvant à portée du centre de Damas, elle laissait aux rebelles une chance de s’emparer du pouvoir dans la capitale syrienne. Comme l’armée syrienne avec l’appui russe et iranien avançait dans la Ghouta orientale, ils ont eu vent des projets rebelles de monter une attaque sous faux drapeau à l’arme chimique, comme ils l’avaient déjà fait plusieurs fois dans le passé. Le président Poutine avait mis en garde contre une telle éventualité lors de sa conférence de presse conjointe avec les présidents Erdogan et Rouhani, à Ankara, la semaine dernière, quelques jours avant l’attaque supposée.

Cette attaque n’a jamais eu lieu, mais elle a été dûment colportée par les medias occidentaux. Si bien que le jeu est arrivé à son terme. L’affaire Skripal avait établi le lien entre la Russie et les armes chimiques, la Ghouta orientale a permis de se servir de ce lien pour lancer une attaque contre la Russie.

Nous ne devrions pas surestimer l’importance de ces évènements purement médiatiques. Les pouvoirs occidentaux dirigeants et leurs médias ont refusé de prendre en considération des explications différentes, ont refusé d’ouvrir une enquête, ils visaient la jugulaire. La Russie a été diabolisée en 2018, comme l’Allemagne l’avait été en 1940. Cela relevait d’un travail de longue haleine, précautionneux. Jetez donc un coup d’œil au site theday.co.uk –qui est destiné aux enfants des écoles et à leurs professeurs. Vous allez être surpris de découvrir que la haine de la Russie et de Poutine y est injectée dans les cœurs et les cerveaux de la nouvelle génération. Un projet de si longue haleine ne peut pas dépendre d’un fait divers comme l’empoisonnement d’un ex-espion ou même de la chute d’une forteresse souterraine en Syrie.

Autre chose : les planificateurs d’une guerre contre la Russie ont utilisé la peur de l’antisémitisme pour leurs objectifs. J’ai qualifié cette méthode de maniement de l’antisémitisme comme arme. Jeremy Corbyn, le dirigeant travailliste a été bloqué et contenu par des accusations d’antisémitisme. C’était le seul dirigeant capable d’arrêter la Grande Bretagne sur la pente de la guerre avec la Russie. D’autres dirigeants travaillistes et militants ont été attaqués sur le mode de l’antisémitisme, et -quelle coïncidence- presque tous étaient contre la diabolisation de la Russie ; tandis que les amis d’israël, conservateurs ou travaillistes, étaient vicieusement anti-russes.

Il s’agit d’une corrélation sur laquelle je reviendrai une autre fois, mais qui n’a rien d‘évident. La Russie ne connaît pas l’antisémitisme ; le président russe est amical avec Israël et avec le puissant mouvement Loubavitch. La Russie ne connaît pas de nationalisme blanc, et n’a guère d’extrême droite alternative. Et pourtant, cette corrélation existe. Allons-nous l’expliquer par la haine juive de l’Eglise orthodoxe, parce que cette église (active en Russie, en Grèce, en Palestine et en Syrie) n’a pas été juifisée ? Ou allons-nous préférer une explication plus simple : c’est parce que les juifs sont bien intégrés aux élites occidentales, qu’ils promeuvent et soutiennent les buts de ces élites ?

En tout cas, les gens qui peuvent affronter des accusations d’antisémitisme sont les plus solides ennemis du pouvoir en place ; ils sont contre la guerre avec la Russie, et contre l’attaque de la Syrie", comme l’explique le quotidien Haaretz dans un article intitulé « Les suprématistes blancs défendent Assad et préviennent Trump : ne laissez pas Israël vous forcer la main pour entrer en guerre contre la Syrie. L’article continue : « l’extrême droite qualifie l’attaque chimique dans la banlieue de Damas d’action menée sous faux-drapeau, et prétend que c’est un effort de la part d’Israël et des mondialistes pour garder des troupes US au Moyen Orient ». Il cite David Duke et d’autres pestiférés en tant que seules personnes à rejeter le récit israélien.

Je ne suis certes pas un suprématiste blanc (je serais probablement disqualifié), mais j’applaudis ces hommes courageux quand ils disent et font ce qu’il faut. La sensibilité à l’accusation d’antisémitisme relève d’une grave faiblesse de caractère, cela rend vulnérable. Même si des gens comme Corbyn ont le cœur bien accroché à sa juste place, ils sont fragiles là-dessus, et l’ennemi se sert de cette faiblesse pour les neutraliser. Il y a des gens à gauche qui n’ont peur d’aucune accusation, mais il n’y en a pas beaucoup qui résistent à la peur des sionistes, le metu judaeorum [mentionné dans les Evangiles comme chez Cicéron].

Gardons espoir et prions pour que nous survivions au cataclysme qui vient.

Israël Adam Shamir

Source
Traduction [et ajouts entre crochets] : Maria Poumier

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