Pour être complet, il faut ajouter que le président Cyril Ramaphosa pourrait avoir à l’esprit des objectifs plus larges : étant parvenu au pouvoir par ce qu’on peut appeler un « coup d’État profond » tout d’abord en prenant les rênes de son parti dans des circonstances controversées, et peu de temps après, s’emparant de la place de l’ancien président Zuma de manière toute aussi controversée. Il se pourrait qu’il souhaite distraire les foules de ces éléments « politiquement gênants » en se forgeant une meilleure « légitimité ». La nouvelle mesure pourrait également détourner l’attention de la population des violences inter-tribales et xénophobes, en unifiant temporairement le pays autour d’une cause commune, qui peut mobiliser à bon compte la majorité raciale sous couvert de prétextes économiques, même si en fin de compte la plupart des concernés ne tireront jamais aucun bénéfice tangible des saisies foncières à venir.
Un effet de bord de la « réussite » de cette politique pourrait être d’effrayer les investisseurs internationaux, qui pourraient craindre que ce qu’ils perçoivent comme un « nationalisme économique » de sa part ne puisse s’étendre à une nationalisation des entreprises étrangères dans le futur, peut-être suite à une pression « venant du bas » de la part de l’EFF et de ses « partisans de rue ». Une fois ouverte la voie par l’application de mesures socio-économiques telles que des saisies foncières sans compensation sur la base de critères raciaux, il pourrait devenir très difficile de les garder sous contrôle ; ces mesures inspirent en effet des attentes et des rêves démesurés à la majorité défavorisée, créant parfois une réaction en chaîne qui peut mener à des conséquences imprévisibles par leurs propres instigateurs.
Andrew Korybko
Traduit par Vincent, relu par Cat pour le Saker Francophone
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