Bien sûr, que nous le voulions ou non, le fait est que le reste des analystes est psychologiquement dépendant du comportement des marchés boursiers. Les masses déterminent leur optimisme économique (si elles sont employées) selon les cours du Dow Jones et de S&P, mais aussi, dans une certaine mesure, par des statistiques de chômage officielles frauduleuses. Lorsque les actions commencent à plonger, la société prend conscience de la situation réelle et devient soudainement préoccupée par les dangers financiers dont elle aurait dû s’inquiéter depuis le début.
Eh bien, cela a peut-être pris quelques mois de plus que ce que j’avais initialement prévu, mais il semblerait qu’un tel moment de révélation (cette gifle dans le visage dont j’ai parlé il y a quelques semaines) soit sur nous. En moins de quelques jours, la plupart des gains sur les marchés mondiaux pour 2018 ont été effacés. La question est, cela va-t-il finir par un simple « hoquet » dans une bulle boursière haussière spectaculaire ? Ou est-ce le glas fatal et le début de l’implosion de cette bulle ?
Après avoir prédit l’élection de Donald Trump, j’ai également prédit que les banques centrales commenceraient à arrêter de soutenir les marchés boursiers. Cela s’est en fait produit avec le programme continu de hausse des taux d’intérêt de la Fed et de réduction de son bilan, qui étrangle efficacement le flux de crédit bon marché aux banques et aux entreprises qui ont alimenté les rachats d’actions pendant des années. Sans cet argent facile, constant et toujours en expansion, il ne reste plus rien pour agir comme béquille pour les marchés actions, sauf peut-être une foi aveugle. Et la foi aveugle dans l’économie finit toujours par être abattue par la laide réalité des mathématiques.
Je crois que cette dernière plongée extraordinaire des marchés actions n’est pas un « hoquet » mais un signe que la « contagion » est à l’œuvre. C’est aussi un signe d’une instabilité inhérente à notre système financier. Voici quelques raisons pour lesquelles cette tendance devrait se poursuivre.
Niveaux historiques des dettes d’entreprise
Comme mentionné ci-dessus, les taux d’intérêt artificiellement bas ont permis aux entreprises d’avoir une marge de manœuvre incroyable pour manipuler les marchés boursiers à volonté en utilisant des rachats d’actions et d’autres méthodes. Cependant, il y a maintenant des conséquences à cette stratégie. Par exemple, les niveaux d’endettement des entreprises atteignent maintenant des sommets historiques; bien plus élevés que les niveaux d’endettement juste avant le krach de 2008.
Si cela n’illustre pas la fausseté de ce que l’on appelle la « reprise économique » je ne sais pas ce que c’est. Au-delà, que va-t-il se passer alors que la Fed continue d’augmenter les taux d’intérêt et que toute cette dette détenue par les « too big to fail » va devenir beaucoup plus chère ? Eh bien, je pense que nous voyons ce qui se passe. Au fil du temps, la foi dans la capacité d’une entreprise à soutenir le niveau de ses actions va s’éroder, et un profond déclin va surgir de cette farce.
Rapport cours/bénéfices
Dans certaines de ses déclarations finales lors de sa démission à titre de chef de la Réserve fédérale, Janet Yellen a fait quelques commentaires sur l’état des marchés boursiers. Ceux-ci comprenaient des déclarations selon lesquelles les valorisations boursières étaient élevées et que le ratio cours/bénéfice du S&P 500 (le ratio entre la valeur des actions et le bénéfice réel par action) était à un sommet historique. Cela correspond exactement au changement de politique contre lequel j’ai mis en garde en 2017 et à mon affirmation selon laquelle Jerome Powell sera le président de la Fed pour superviser le krach final de la bulle des marchés après le renflouement de 2008.
La flambée des ratios cours/bénéfices ne se produit pas seulement sur les marchés américains. Par exemple, la même tendance peut être observée dans des pays comme l’Inde. Cela veux dire qu’il existe un gros problème d’évaluation des actions dans le monde entier.
Le problème ici est que les bénéfices des entreprises ne justifient pas des prix d’actions aussi élevés. Par conséquent, quelque chose d’autre doit gonfler ces prix. Ce sont, bien sûr, les mesures de relance de la banque centrale. Et maintenant la fête est presque terminée, que ces « maudits acheteurs baissiers » veuillent bien l’admettre ou non.
Pics de rendement des bons du Trésor à 10 ans
La hausse des rendements des bons du Trésor a-t-elle réellement été le signal d’une « économie en accélération » comme le suggèrent souvent les économistes traditionnels ? Pas vraiment. À l’ère des manipulations monétaires par les banques centrales, il est plus probable que les rendements aient monté parce que les marchés anticipent l’arrivée de Jerome Powell comme président de la Fed et l’accélération des hausses de taux d’intérêt plutôt qu’une accélération de l’économie.
La notion que l’économie elle-même pourrait être « en surchauffe » en 2018 est un mème de propagande plutôt nouveau et néfaste utilisé par les banquiers centraux pour définir un narration particulière. Je crois que ce récit sera l’affirmation que « l’inflation » est une préoccupation majeure plutôt que la déflation et que les banques centrales doivent agir pour tempérer l’inflation avec des hausses de taux plus agressives. En réalité, ce que nous voyons n’est pas une « inflation » dans un sens traditionnel, mais une stagflation. C’est-à-dire que nous voyons des éléments d’inflation des prix dans les biens et services de première nécessité ainsi que dans les marchés immobiliers, mais une déflation continue dans le reste de l’économie.
La Fed, en particulier, continuera d’ignorer les fondamentaux négatifs, car elle cherche délibérément à faire exploser la bulle boursière qu’elle a créé.
La flambée des rendements obligataires à 10 ans semble être étroitement liée à la volatilité récente des actions. Cette volatilité a augmenté de façon exponentielle lorsque les rendements ont approché la barre des 3%, ce qui semble être le point de déclenchement magique d’une forte baisse des actions. Bien que les rendements aient légèrement baissé avec la chute des marchés cette semaine, je recommande toujours de garder un œil sur cet indicateur.
Faiblesse du dollar
Comme je l’ai mentionné dans un récent article, il y a eu un étrange écart entre les taux d’intérêt et le dollar américain. Alors que la Fed poursuit sa politique de hausse des taux d’intérêt, le dollar-index aurait du réagir en conséquence. Au lieu de cela, le dollar a été rapidement en baisse, calant seulement lors des deux dernières séances de trading. Si le dollar-index continue de baisser alors même que les actions baissent et que les taux augmentent, cela peut suggérer un risque systémique pour le dollar lui-même.
Un tel risque pourrait inclure un lâcher de dollars par les banques centrales étrangères en faveur d’un panier plus large de devises, ou pour le panier de DTS créé par le FMI.
Accélération des réductions de bilan
La publication la plus récente des données de la Fed sur son programme de réduction de son bilan montre une baisse des avoirs de 18 milliards de dollars ; C’est beaucoup plus élevé que les 12 milliards de dollars initialement prévus par la Fed. C’est-à-dire que la Fed est en train de relâcher les avoirs à son bilan beaucoup plus rapidement qu’elle ne l’avait annoncé au public au départ.
Pourquoi est-ce important ? Eh bien, si vous avez suivi le comportement des actions au cours des dernières années ainsi que les augmentations du bilan de la Fed, vous savez que les marchés boursiers ont augmenté en corrélation directe avec ce bilan. En d’autres termes, plus les achats de la Fed ont augmenté, plus les actions ont monté.
Bilan de la Fed et marché US en 2017
Si cette corrélation est directement liée, alors que la Fed réduit son bilan, les actions devraient baisser.
Ainsi, alors que la Fed annonce sa dernière série de réductions de bilan le 31 janvier, la réduction est beaucoup plus élevée que prévu et en une semaine, nous avons assisté à la plus grande baisse du marché sur deux jours depuis des années. Vous pourriez penser que cette observation pourrait être importante, mais si vous regardez les médias économiques dominants, presque personne ne le mentionne. Au lieu de cela, ils cherchent toutes sortes d’explications aléatoires pour ce qui vient de se passer, dont aucune n’est très logiquement satisfaisante.
Je crois que la Fed ne poursuivra pas seulement son programme de hausse des taux d’intérêt même si les actions commencent à s’effondrer, mais qu’elle se délestera aussi de son bilan le plus rapidement possible.
Commentaires des investisseurs
Les grandes entreprises d’investissement commencent à faire entendre leurs voix sur le potentiel non seulement de baisse des marchés, mais aussi sur le niveau de la chute. Capital AMP, basée à Sydney, a suggéré un recul plutôt modéré de 10% des actions, ce qui, je pense, deviendra la base des discussions pour la plupart des médias grand public au cours des deux prochaines semaines. Au moins, jusqu’à ce que tout s’écroule beaucoup plus loin que ça.
Le chef de la direction de Blackstone s’attend à ce que les actions chutent d’au moins 20% cette année, un chiffre beaucoup plus agressif mais toujours pas assez élevé selon moi.
Je crois toujours que les estimations de ce genre ne sont crédibles qu’à très court terme. D’ici la fin de l’année 2018, il est possible que les marchés doublent le niveau des pires baisses estimées, prévues par le monde de l’investissement traditionnel, compte tenu des fondamentaux.
Commentaires du banquier central
Les commentaires des agents de la Réserve fédérale renforcent l’idée que la banque centrale est sur le point d’écraser la bulle du marché haussier. Le directeur de la section locale de San Francisco, Robert Kaplan, a déclaré que la Fed pourrait devoir augmenter les taux d’intérêt PLUS que les trois fois attendues par les économistes traditionnels en 2018.
Comme indiqué ci-dessus, les déclarations de Janet Yellen, la sortante, étaient décidément « bellicistes » ce qui suggère que les marchés immobiliers et les actions sont surévaluées. En plus de cela, Jerome Powell, le nouveau président de la Fed, a été cité dans les documents de la Fed de 2012 (finalement publié le mois dernier) discutant de la bulle du marché créée par la Fed et du besoin de la tempérer. En d’autres termes, Powell est l’homme parfait pour ce travail d’implosion des marchés actions. Powell a même prédit en 2012 que lorsque la Fed relèverait ses taux, la réaction des marchés boursiers pourrait être sévère. Intéressant que les marchés plongent le premier jour où Powell assume la position de président de la Fed.
Je suppose que finalement un agent de la Fed et moi avons quelque chose en commun. Nous avons tous les deux prédit le même résultat sur les marchés, provoqué par le même événement déclencheur depuis environ le même nombre d’années.
J’ai décrit dans les moindres détails le plan pour la « réinitialisation économique mondiale » et le rôle de Powell dans la supervision du prochain krach boursier dans mon article « Party While You Can – Central Bank Ready To Pop The ‘Everything’ Bubble ». Dans cet article, j’ai prédit exactement les résultats qui semblent se développer aujourd’hui sur les marchés actions.
Par essence, Powell est décrit par les médias traditionnels comme « le mec de Trump » et avec ce changement dans le leadership de la Fed, celle-ci est maintenant appelé « la Fed de Trump ». Ce n’est pas une rhétorique aléatoire. Je ne peux penser à aucun autre président dans le passé qui a été crédité par les médias grand public pour les activités de la Réserve fédérale. Le contrôle de Trump sur la Réserve fédérale est nul. Mais, les actions de la Fed au cours de cette année vont sans aucun doute écraser les marchés actions, les mêmes dont Trump a stupidement pris la hausse à son compte depuis son élection.
Le vrai problème ici est : à quelle vitesse cette plaie purulente si laide va-t-elle exploser ? C’est difficile à dire. Je ne serais pas surpris si les marchés chutaient d’environ 20% par rapport aux sommets atteints au cours des deux prochains mois, puis qu’ils décrochent. Nous pouvons même voir quelques rebonds spectaculaires à court terme, tous présentés avec trompettes et fanfare par les médias économiques traditionnels qui proclameront que la dernière chute brutale n’est rien de plus qu’une « anomalie ». Ensuite, une forte baisse se poursuivra jusqu’à la fin 2018 et la panique s’ensuivra.
Cela dit, s’il y a une sorte de crise géopolitique majeure (comme une guerre avec la Corée du Nord), alors tous les paris sont à revoir. Les marchés pourraient tomber de manière exponentielle en quelques semaines plutôt qu’en une année. Comme les derniers jours l’ont prouvé, les marchés actions ne sont pas invincibles, loin de là. Et tous les gains accumulés en l’espace de quelques années peuvent être effacés en un instant.
Brandon Smith
Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone
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