Vladimir Poutine s’est rendu ce 8 décembre dans le port arctique de Sabetta, pour inaugurer le site gazier de Yamal LNG dont la première des trois unités de liquéfaction est désormais en service. La cérémonie d’inauguration, par une température extérieure de -28°C, comprenait le premier chargement, depuis ce nouveau site de liquéfaction, du méthanier brise-glace Christophe de Margerie, nommé en l’honneur de l’ex-président de Total décédé dans un accident d’avion à Moscou en 2014.
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Vladimir Poutine avec le ministre de l'Energie Alexander Novak (à gauche) et le PDG de Novatek (premier producteur indépendant de gaz russe) Leonid Mikhelson (à droite de Vladimir Poutine), sur le chantier de Yamal LNG
Au début des années 2000, Sabetta n’était qu’un petit village d’une vingtaine d’habitants situé au bord de la mer de Kara, au-delà du cercle polaire. Il est devenu en quelques années une ville de plus 22 000 habitants dotée d’un aéroport international et d’un port pris dans les glaces entre sept et neuf mois par an, mais où peuvent accoster les brise-glace atomiques, ainsi que les méthaniers brise-glace de la compagnie maritime Sovcomflot qui exploite notamment le Christophe de Margerie.
1 000 milliards de mètres cubes de réserves prouvées
Le projet Yamal LNG est, avec un investissement total de 27 milliards de dollars (23 milliards d’euros), l’un des plus audacieux au monde par ses dimensions et ses contraintes techniques.
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Le site de Yamal LNG dans le port de Sabetta
Il produira dès la première année 5,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) soit environ trois fois la consommation française annuelle de GNL. La production devrait atteindre 16,5 millions de tonnes par an lorsque les trois trains de liquéfaction prévus auront été mis en service, vers 2019. Yamal LNG est alimenté par le gisement de gaz de Ioujno-Tambeskoe dont les réserves prouvées avoisinent 1 000 milliards de mètres cubes.
Parmi tous les défis surmontés pour mener à bien ce projet gigantesque, je veux souligner en particulier notre faculté à maintenir le cap malgré les sanctions
Parmi ses actionnaires, on compte la compagnie privée russe Novatek (50,1%), Total (20%), la compagnie pétrolière chinoise CNPC (20%) et le fonds d’investissement public chinois Silk Road. Entré le dernier dans le consortium, il a permis à la Société Novatek, touchée comme toutes les entreprises énergétiques russes par les sanctions américaines, de se financer sans passer par les banques occidentales. Patrick Pouyanné, PDG de Total, a évoqué les nombreuses difficultés rencontrées par le projet : «A Yamal on est partis de rien pour bâtir une cathédrale du XXIe siècle. Parmi tous les défis surmontés pour mener à bien ce projet gigantesque, je veux souligner en particulier notre faculté à maintenir le cap malgré les sanctions. Nous sommes restés fidèles à nos partenaires russes en dépit de cet aléa, parce que c’est dans les épreuves que nos partenaires comptent sur nous et réciproquement.»
Livré à l’heure et sans dépassement du budget malgré les contraintes
Confiant dans la suite du projet, le président russe a affirmé sa certitude que la seconde étape serait achevée en avance «dès l’année prochaine, ainsi que la troisième à la fin de l’année ou au pire au début de 2019». Une confiance liée au succès de ce chantier de l’extrême qui a tenu ses délais et son budget, ce qui est «inhabituel dans l'industrie du GNL», selon Samuel Lussac, spécialiste du cabinet Wood Mackenzie, cité par l’AFP.
Mais Vladimir Poutine a également saisi l’occasion de l’inauguration de Yamal LNG pour aborder la stratégie de la Russie concernant l’exploitation de la route maritime du Nord, qui permet par exemple de diminuer par deux la durée d’un transport de marchandises entre l’Europe du Nord et l’Extrême-Orient par rapport à la voie passant par le canal de Suez. Il a ainsi déclaré : «Yamal LNG va permettre de stimuler le développement de la construction navale atomique et à celui de la voie du Nord. […] Le développement de la flotte de brise-glace et de la voie maritime du Nord permettra d’effectuer des livraisons depuis Yamal vers n’importe quel point du globe et toute l’année.»
A Yamal, où le site ne disposait d'aucune voie d'accès terrestre ou maritime au début du projet, quinze méthaniers brise-glace seront progressivement mis en service d’ici 2019 pour livrer le GNL vers l'Europe (46%) et l'Asie (54%), selon le groupe.
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