29 octobre 2017

Censure : Microsoft Word traquera désormais le «langage genré à même d'exclure ou de stéréotyper»


Les utilisateurs minoritaires soucieux de ne pas offenser les minorités et la gente féminine vont être ravis : dans la dernière version payante du logiciel Word, l'éditeur Microsoft inclut une option «langage inclusif». Certains restent toutefois perplexes.

La dernière mise à jour du logiciel Word de Microsoft, publiée le 27 octobre et réservée aux abonnés Office, comprend dans ses paramètres de grammaire et de style une option de «langage inclusif». Selon le site de Microsoft, cette fonctionnalité «cible le langage genré à même d'exclure, de rejeter ou de stéréotyper», afin de proposer des alternatives à celui-ci.

L’écriture inclusive, de manière générale, est comprise comme un outil orthographique destiné à lutter contre les stéréotypes liés aux sexes et aux inégalités entre les femmes et les hommes, selon ses promoteurs. Son caractère le plus visible, en français, est l'accord des noms et des adjectifs au féminin et au masculin lorsque c'est possible. Longtemps cantonnée en France aux mouvements féministes, cette graphie s'impose désormais dans le débat public et soulève de vigoureuses critiques.

L'écriture inclusive... ou presque

Le logiciel Word, lui, ne propose pas l'utilisation du «point milieu» – comme dans «mes ami·e·s», lorsqu'il est fait référence en français à des amis de sexes masculin et/ou féminin – mais proposera de remplacer, par exemple, le terme «les experts» par «les experts et les expertes». Reste que dans les suggestions du logiciel, ce sont surtout les références aux minorités qui seront prises en compte, pour privilégier des formulations jugées non discriminatoires.

Selon le magazine français spécialisé Canard PC, cette nouvelle option est installée par défaut sur le logiciel. Dans un tweet à la tonalité perplexe, le bimensuel interpelle ses lecteurs et s'interroge visiblement sur le bien-fondé de la démarche de Microsoft.

Taper «Indiens d'Amérique», en français, déclencherait ainsi les suggestions : «Amérindiens» ou «autochtones». Plus étonnant, le même Twitter de Canard PC relève que le terme «épouse» serait jugé offensant par l'outil orthographique, qui lui préfererait «conjoint(e)» ou «partenaire».

Autre exemple, relayé sur Twitter par l'écrivain Clément Bénech : pour éviter un «terme potentiellement offensant», il serait suggéré de substituer «une personne ayant une déficience visuelle» au mot «aveugle»...

Les immortels en croisade contre l'écriture inclusive

Cette innovation informatique s'inscrit, entre autres, dans un contexte de vifs débats autour de la question de l'écriture inclusive. Dans un communiqué du 26 octobre, l'Académie française a tiré la sonnette d'alarme, dans le but d'éviter sa possible généralisation, estimant qu'elle aboutirait à une «langue désunie, disparate dans son expression». «Devant cette aberration "inclusive", la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd'hui comptable devant les générations futures», ont mis en garde les immortels, gage du sérieux avec lequel ils traitent cette question.

 
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