Les historiens et les économistes s’interrogent souvent sur le fait que tant d’« experts » et d’autres personnes n’ont pas pu voir les lumières rouges clignotantes qui mènent aux implosions du marché comme celles qui se sont produites en 2008. Et bien, c’est exactement cela. Dans n’importe quel casino, il existe un biais intrinsèque menant à de faux espoirs. En d’autres termes, de nombreuses personnes ignoreront invariablement tous les facteurs négatifs et l’expérience passée, car le positivisme est plus agréable. Les banquiers centraux sont désireux de profiter de ce biais.
En observant de l’extérieur, cette attitude semble désespérante. Les investisseurs, sans aucune donnée fondamentale positive venant de l’économie, sont maintenant rendus à scruter les communiqués de presse et les discours pour TOUTE indication que la banque centrale pourrait ne pas jeter le bol de punch par la fenêtre comme ils l’ont fait lentement au cours des dernières années. En fait, dans la plupart des cas, les données négatives ont effectivement déclenché des pics au niveau des actions parce que l’hypothèse des investisseurs est que de mauvaises données entraîneraient la Fed à retenir ses politiques de réduction des stimuli. De cette façon, les banquiers centraux peuvent, au moins pour l’instant, manipuler les investisseurs sur un simple mot ou phrase libérée de manière stratégique.
Un exemple de cela s’est produit la semaine dernière alors que la présidente de la Fed, Janet Yellen, a jeté aux investisseurs et aux opérateurs commerciaux un os en admettant (enfin) que l’inflation (comme la Fed le mesure) pourrait ne pas être aussi forte que la Fed l’avait espéré. Les investisseurs ont applaudi. Leur hypothèse est maintenant que la Fed ne continuera pas ses augmentations régulières de taux d’intérêt. Mais, si on examine le comportement passé de la banque centrale, c’est une hypothèse stupide.
La Fed continuera effectivement ses hausses de taux d’intérêt sans relâche, et voici pourquoi…
Le ton de la banque centrale au sujet des taux d’intérêt a été massivement « hawkish » au cours des six derniers mois. Le procès-verbal de la réunion de la Fed en juin mentionne une préoccupation quant à l’existence d’un marché action « trop haut » et à une potentialité de « risque de marché ». Les fonctionnaires de la Fed soulèvent également des inquiétudes quant au fait que les marchés ont ignoré les hausses de taux dans une exubérance aveugle. La Fed a poursuivi ses hausses de taux en 2017 malgré un barrage constant de données négatives, ce qui a entrainé la confusion dans le monde financier.
J’ai couvert des éléments de ce déluge de mauvaises données dans mon article intitulé Le Peak de l’illusion économique signale une crise en approche.
Tout d’abord, il est important de comprendre que tout ce que la Fed fait et dit publiquement est très calculé. Quand il y a une confusion autour de la rhétorique de la Fed, elle est souvent stratégique, pas aléatoire. L’admission de Yellen devant le Comité des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis selon laquelle la faible inflation est une préoccupation en conflit avec de nombreuses déclarations de la Fed faites précédemment.
Par exemple, le mois dernier, Yellen a surpris les analystes en affirmant qu’elle « n’attend aucune nouvelle crise pour la durée de nos vies ». C’est un sentiment de confiance extrême et « hawkish » en plus de nombreux autres arguments en faveur de la hausse des taux d’intérêt, peu importe la faiblesse de l’inflation. Et quelques semaines plus tard, l’inflation est soudainement préoccupante ?
Les investisseurs ont immédiatement interprété la mention de Yellen concernant l’inflation faible pour signifier que la Fed s’écartait de sa position inflexible sur les hausses de taux, ainsi que sa poursuite de réductions dans son bilan. Ce qu’ils ont complètement ignoré, c’est que Yellen a également répété devant le même comité des services financiers que l’intention de la Fed était de CONTINUER les hausses de taux au rythme actuel.
La Fed a déjà utilisé cette méthode de messages mixtes. Au cours de la mise en œuvre de l’atténuation de l’assouplissement quantitatif, les banquiers centraux ont envoyé des messages mitigés au monde de l’investissement, ce qui a amené chacun à croire que cette atténuation était un no-go. Les investisseurs, bien sûr, ont célébré cette information, alors que de nombreux analystes alternatifs se tapaient sur le dos au sujet leur prédiction que la Fed n’allait jamais « rétrécir le QE ».
Au milieu de la potentielle augmentation des taux d’intérêt, la Fed a de nouveau réussi à jouer un bon tour aux analystes. En parlant de ses préoccupations de croissance, Yellen a roulé les économistes traditionnels et les économistes alternatifs, semant les graines du doute selon lequel les hausses de taux allaient rester en rade.
Dans chaque cas, la Fed a insinué qu’elle avait « des doutes », tout en déclarant que l’élimination des stimuli va continuer à aller de l’avant. Cette fois-ci ne sera pas différent. Les taux d’intérêt augmentent et la seule question est : combien de temps cela prendra-t-il avant que les investisseurs de marché l’acceptent comme la réalité et que les actions baissent en réponse ?
Je crois que la dernière déclaration de Yellen sur « aucune nouvelle crise durant notre vie » est un signal que ce renversement de la bulle des actions aura lieu très prochainement. Je me souviens immédiatement de ces citations de noms éminents dans le monde économique juste avant l’accident de 1929 :
John Maynard Keynes en 1927 : « Nous n’aurons plus de crash de notre temps ».
HH Simmons, président du New York Stock Exchange, le 12 janvier 1928 : « Je ne peux pas m’empêcher d’émettre une voix dissidente à des déclarations que nous vivons dans un paradis d’idiots et que la prospérité dans ce pays doit nécessairement diminuer et reculer dans un futur proche. »
Irving Fisher, économiste américain de premier plan, The New York Times, le 5 septembre 1929 : « Il se peut qu’il y ait une récession du prix des actions, mais rien de la nature d’un crash. » Et le 17 septembre 1929 : « Les prix des actions ont atteint ce qui ressemble à un plateau élevé permanent. Je ne pense pas qu’il y ait bientôt une rupture de 50 ou 60 points depuis les niveaux actuels, tels que (les bears) l’ont prédit. Je m’attends à voir le marché boursier beaucoup plus haut dans quelques mois. »
McNeel, analyste de marché, cité dans le New York Herald Tribune, le 30 octobre 1929 : « C’est le moment d’acheter des actions. C’est le moment de se rappeler les paroles de JP Morgan (…) que tout homme qui est baissier sur l’Amérique va boire la tasse. Sous quelques jours, il est plus probable qu’il y ait une panique baissière plutôt qu’une panique haussière. La plupart de ces prix bas à la suite de cette vente hystérique ne seront probablement pas revu avant plusieurs années. »
Harvard Economic Society, 10 novembre 1929 : « … une dépression grave semble improbable ; [nous nous attendons] à la reprise des affaires au printemps prochain, avec une amélioration supplémentaire à l’automne ».
Yellen semble faire écho à la rhétorique étonnante de la catastrophe économique passée : offrir des prophéties qu’elle sait fausses tout en augmentant de manière volontaire l’instabilité grâce à des hausses de taux d’intérêt. Comme je l’ai noté à maintes reprises, c’est le mode de fonctionnement classique de la Fed. La Fed augmente les taux en période de déclin économique et ignore toutes les preuves qu’elle va faire éclater une bulle qu’elle a elle-même conçue – c’est ce qu’elle fait.
Au cours des conditions de récession en 1927, la Fed a augmenté de manière exponentielle l’offre monétaire par le biais d’achats sur le marché libre et de réduction des taux de remise, ce que de nombreux économistes font valoir comme étant le catalyseur principal de la liquidité artificielle qui a créé la bulle boursière de 1929. Une fois l’accident survenu et la dépression, la Fed a augmenté ses taux et aggravé les choses (aussi ouvertement admis par Ben Bernanke des décennies plus tard en 2002). La Fed a ainsi prolongé la dépression pendant des années au-delà du cycle déflationniste normal.
En utilisant l’histoire comme guide, les banquiers centraux aiment évoquer un environnement de dangers budgétaires, ils mettent en garde contre ces dangers trop peu trop tard, puis réclament l’ignorance de leurs propres activités après le crash.
Rien de nouveau sous le soleil. L’ancien président de la Fed, Alan Greenspan, a admis publiquement dans une interview que la banque centrale savait qu’une bulle irrationnelle s’était formée, mais a prétendu qu’elle supposait que les facteurs négatifs allaient être « balayés ».
Une fois qu’ils sont prêts à permettre à leur implosion planifiée de se réaliser, les banquiers centraux sont plus qu’heureux de jeter les investisseurs aux loups. C’est-à-dire que l’optimisme du monde des investissements n’est utile pour la Fed que pendant un certain temps. Si la rhétorique et les comportements antérieurs à l’accident de 1929 sont une référence, aujourd’hui, nous ne sommes que quelques petits mois avant un événement similaire. Pour plus d’explications, je décris en détail les raisons pour lesquelles les globalistes susciteraient une crise financière dans mon article La Réserve fédérale fait du sabotage – Et les experts sont inconscients.
Je soupçonne que les banques centrales et les mondialistes qui les contrôlent attendent leur heure pour finaliser un accident du marché des actions en prévision d’un événement géopolitique – une distraction assez massive pour détourner l’attention loin des banquiers et de leur culpabilité pour toute catastrophe économique. Ils ne permettront certainement pas aux actions de baisser dans le vide.
En conclusion, j’aimerais laisser aux lecteurs une citation du président de la Réserve fédérale, Roy Young. Peut-être que les investisseurs devraient considérer qu’ils sont dupés par des stratagèmes de la banque centrale et qu’ils sont des idiots utiles dans un jeu conçu pour garder le public sous contrôle avec des marchés frauduleux jusqu’à ce que la Fed soit prête à tirer la prise. Lorsque le crash aura lieu, la Fed trouvera un moyen de s’en tirer à bon compte. En attendant, ne vous méprenez pas, les hausses des taux d’intérêt se poursuivront l’année prochaine et le bilan de la Fed va se réduire.
S’adressant à l’Indiana Bankers Association, avant le crash du marché boursier de 1929, le président de la Fed, Roy Young, avait ceci à dire :
« Beaucoup de gens en Amérique semblent être plus préoccupés par la situation actuelle que par le système de la Réserve fédérale. Si des pratiques de crédit irrégulières se sont développées, ces pratiques se corrigeront à temps et si certaines des personnes trop gâtées sont ‘brûlées’ pendant la période de correction, elles ne devront s’en prendre qu’à elles-mêmes et ne pas tenter de charger quelqu’un d’autre. »
Brandon Smith
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone
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