18 juillet 2017

La première rencontre Poutine–Trump donne… quelque chose de très proche de rien


Tout d’abord, nous avons la manière dont les Américains ont préparé le sommet du G20. Comme nous le savons tous, en diplomatie, les actions comptent autant, voire plus, que les mots. Voici quelques-unes des mesures récemment prises par les Américains pour préparer le sommet du G20 et la première rencontre de Trump avec Poutine (sans ordre particulier)

En parcourant cette liste, vous pouvez admirer le sens américain du calendrier et de la diplomatie…

Mais sérieusement, maintenant.

Peu importe que ces actes ne soient que le résultat de l’arrogance et du délire, d’un manque total de formation diplomatique, les conséquences de la stupidité humaine simple et directe de tous les éléments de quelque plan diabolique pour placer les États-Unis sur une trajectoire de collision avec la planète entière. Ce qui importe est l’arrogance hallucinante de tout cela, comme si les États-Unis étaient un chevalier blanc revêtu d’une armure étincelante, digne d’éloges et d’admiration, et comme si le reste de planète était composé d’écoliers turbulents qui ont besoin de bien écouter les paroles de leur directeur et de commencer à mieux se conduire, sinon ils recevront une bonne fessée de l’Oncle Sam.

Si c’est ainsi que Trump espère « rendre à l’Amérique sa grandeur », il devrait envisager d’autres options car ce genre d’attitude fait que l’« Amérique » (il veut dire les États-Unis, bien sûr) ne paraît pas « grande » mais arrogante, décalée et suprêmement irritante. Discutons du monde, tout le monde en même temps, semble être le grand plan de cette administration.

Le résultat de tous ces efforts « diplomatiques » était prévisible : rien.

Bon, presque rien. Voici à quoi ressemble « rien » en langage diplomatique :

Selon le ministre des Affaires étrangères Lavrov, les présidents Trump et Poutine

étaient « mus par leurs intérêts nationaux » (qui l’aurait cru ?) et ils s’accordent sur un certain nombre de mesures concrètes :
Accélérer la procédure de nomination de nouveaux ambassadeurs RU-US et US-RU.
Ils ont discuté des sièges diplomatiques russes saisis par Obama.
Ils créent un groupe de travail pour discuter d’un certain nombre de problèmes incluant le terrorisme, le crime organisé, le piratage informatique et la cybersécurité.
Ils ont discuté de la Syrie et de l’Ukraine et ont parlé pendant deux heures et 15 minutes.

Selon RT, la Russie et les États-Unis se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu dans les provinces syriennes de Daraa, Kuneitra et Soueïda. C’est très bien, évidemment, mais c’est dans un coin de la Syrie (au sud-ouest) où il se passe peu de chose (en ce moment, toutes les choses importantes se déroulent entre Raqqa et Deir Ez-Zor). Oh, et puis il y a déjà des zones de désescalade dans le sud-ouest :

 

 

Donc à moins que Trump et Poutine ne gardent un secret vraiment important, il semble que ce sommet a donné exactement ce que je craignais : rien, ou quelque chose de très proche de rien. Si nous découvrons plus tard que, malgré tout, les deux parties ont discuté de quelque chose d’important, je publierai une mise à jour. Et croyez-moi, personne ne sera plus heureux que moi si cela arrive.

Mais hélas, il semble que plusieurs mois d’une campagne néocon soutenue pour s’assurer que la Russie et les États-Unis ne pourraient jamais coopérer sérieusement ont pleinement réussi.

Donc où tout cela nous laisse-t-il, nous les millions de personnes qui avaient au moins quelques espoirs que Trump soit un outsider qui pourrait essayer de parvenir à quelques vrais changements et peut-être libérer les États-Unis du régime néocon au pouvoir depuis au moins Bill Clinton (sinon avant) ?

Le 14 février de cette année, après le coup anti-Flynn, et la trahison par Trump de son ami, j’ai reçu énormément de critiques pour avoir écrit cela, d’autant plus que j’avais fermement pris parti pour Trump contre Hillary pendant la campagne. Malheureusement, je crois que mes conclusions de février se sont révélées justes.

Je comprends que certains voudront présenter cette rencontre sinon comme un succès du moins comme un « bon départ » ou un « demi-succès ». D’une part, être le porteur de mauvaises nouvelles n’a jamais rendu personne populaire. Ensuite, ceux qui soutiennent Trump ou Poutine (ou les deux) voudront montrer que le dirigeant qu’ils soutiennent a réalisé quelque chose. Enfin, si les deux parties rapportent que la rencontre a été une réussite, qui sommes-nous pour dire autre chose ?

Je ne sais pas pour les autres, mais je dis et dirai toujours les choses telles que je les vois. Et ce que je vois, c’est simplement du rien ou quelque chose de très proche du rien. Désolé, les gars, je voudrais pouvoir vous dire autre chose.

Quant à répartir la faute pour ce non-événement, je place 100% de la culpabilité sur le côté américain, qui a fait tout faux avec une détermination presque maniaque et qui se trouvera maintenant dans la position assez peu enviable de combattre à peu près toute la planète tout seul. Oh désolé, j’oubliais. La Pologne soutient inconditionnellement les États-Unis et Trump !

Eh bien, c’est bien pour eux. Ils se méritent tout à fait l’un et l’autre.

The Saker

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone

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