13 juin 2017

Investissez dans vous-même


L’autre jour, on m’a demandé quel conseil d’investissement je donnerais à un homme de 65 ans. Ma réponse : « Faites de l’exercice et gardez l’œil sur vos dépenses ». Parce que nous nous concentrons souvent sur la création et la préservation de capital, nous avons tendance à perdre de vue la situation d’ensemble. Laissez-moi vous expliquer ce que j’entends par là.

Nous avons tendance à investir parce que nous avons des objectifs de long terme, même si nos moyens d’y parvenir diffèrent grandement. Ces objectifs de long terme peuvent être d’épargner pour l’avenir et, pour ceux qui le peuvent, d’épargner pour la génération future. Pour les investisseurs institutionnels, l’horizon d’investissement est potentiellement illimité.

Afin de servir les investisseurs, nous avons une vaste industrie qui est rémunérée en termes de points de base sur des services effectués ou de commissions sur des produits vendus. De mon humble avis, notre industrie est assez mal équipée pour fournir des conseils qui tombent en-dehors de ces deux paramètres. En voici quelques-uns :

Faites de l’exercice. Je suis sérieux. Nul besoin d’être un sorcier capable de déchiffrer des rapports financiers pour comprendre que votre propre potentiel de rendement est celui sur lequel vous avez le plus de contrôle. Vous aurez bien plus d’options de rendement à votre disposition si vous restez en bonne santé tout au long de votre vie. Bien qu’il y ait évidemment des limites quant à notre contrôle sur notre propre santé, il s’agit là d’un aspect de nos vies qu’il nous est pour beaucoup possible d’améliorer. Si vous souhaitez diversifier votre portefeuille, investir sur votre santé est quelque chose que vous devriez considérer. Si vous êtes responsable d’une dotation, ce conseil ne s’applique peut-être pas à votre situation, quoi qu’envoyer votre conseil d’administration à la gym de temps à autres n’est peut-être pas une si mauvaise idée.

Gardez un œil sur vos dépenses. Je suis encore plus sérieux ici. Au sein de l’industrie des services développés pour nos aider à décider quoi faire de notre argent, bien trop peu d’importance est donnée à la réduction de nos dépenses. Individus comme entreprises ont tendance à se ruiner non pas parce qu’ils manquent de revenus, mais parce que leurs dépenses sont trop élevées en comparaison à leurs revenus. Les étudiants parviennent à survivre avec presque rien, mais à mesure que nous prenons de l’âge, nous parvenons à accumuler tout un tas de dépenses récurrentes. La même vérité s’applique aux institutions : les nouvelles donations permettent peut-être de construire de nouveaux bâtiments, mais ces bâtiments doivent être entretenus. Une majorité des institutions ont, en revanche, un plan budgétaire formel.

Quand un individu demande conseil à un planificateur financier, on lui pose souvent des questions quant à son plan de retraite. Je suis persuadé que très peu de gens comprennent ce que le risque lié à un portefeuille signifie. Et très peu savent comment évolueront leurs dépenses une fois qu’ils prendront leur retraite.

Je me permets donc de vous suggérer d’analyser vos habitudes de dépense pour mieux comprendre comment elles sont susceptibles d’évoluer. Votre discipline de dépense actuelle pourrait grandement influencer votre discipline future. Pour vous donner un exemple, il y a quinze ans, j’ai discuté d’habitudes de dépenses avec deux investisseurs : les deux avaient une famille, les deux vivaient dans un quartier affluent. L’un d’entre eux gagnait quatre fois plus que l’autre. Et pourtant, celui dont les revenus étaient les plus modestes épargnait plus chaque année que celui qui touchait le plus. Et devinez quoi. Aujourd’hui, le plus « riche » d’entre eux continue de dépenser son argent alors que l’autre continue de prévoir sa retraite.

Il existe un grand nombre de modèles de dépenses destinés aux retraités. Ajuster ses dépenses futures en fonction d’une analyse honnête de ses habitudes propres peut rendre l’exercice plus réaliste. Plus vous prendrez cette analyse au sérieux, plus vous aurez de facilité à gérer vos dépenses.

Soyez un modèle exemplaire pour vos enfants. J’entends par là financièrement. Si vous souhaitez épargner pour la prochaine génération, montrez l’exemple. Pourquoi attendre de vos enfants qu’ils vivent dans les limites de leurs moyens si vous ne le faites pas vous-même ? Une éducation financière est bonne pour tout le monde, même les plus jeunes. Imaginons un instant que vous ayez la chance de pouvoir laisser quelque chose à vos enfants. Ne souhaiteriez-vous pas qu’ils préservent aussi du capital pour les leurs ? Un bon départ serait donc de les élever en leur apprenant la valeur de l’argent ; et bien qu’une leçon de politique monétaire ne puisse faire de mal à personne, de telles connaissances ne servent à rien si les enfants ne comprennent pas comment gérer leurs dépenses.

Qu’est-ce que tout cela signifie pour votre portefeuille ?

Pour ce qui concerne votre santé, la gestion de vos dépenses et votre rôle de modèle en tant que parent, comment tirer de ces exemples des conclusions d’investissement ? Tout d’abord, l’investissement ne devrait pas être sujet de vantardises en soirée. Si vous pouvez vous permettre le risque lié à un investissement, alors je n’ai aucun problème avec le fait que vous investissiez sur votre projet favori ou sur une start-up, que ce soit au travers de placements privés ou d’actions. Mais si vous comptez parmi ceux qui achètent les actions en vogue, vous êtes peut-être aussi le type de personne qui échoue systématiquement au test du Marshmallow, et vos rendements de long terme ont de fortes chances d’être décevants. De mon point de vue, un portefeuille doit être traité de manière sérieuse.

Il n’y a rien de compliqué à comprendre ici. La raison pour laquelle j’ai pris la peine d’écrire cet article est que beaucoup de gens ne semblent pas adhérer à ces principes simples. Je vois aussi de nombreux parents qui éprouvent des difficultés à apprendre à leurs enfants le respect des finances et la valeur de la monnaie.

Une fois que ces concepts de base sont compris, il est possible de commencer à parler de construction de portefeuille. Dans notre industrie, nous faisons la distinction entre les planificateurs financiers, les responsables de l’allocation d’actifs et les gestionnaires de portefeuilles. Un investisseur individuel doit porter tous ces chapeaux en même temps. Je n’ai rien contre cette approche, et je préfère de loin voir un investisseur individuel engagé que quelqu’un qui a beaucoup de conseiller mais n’en écoute aucun. Comme pour tout autre exemple de sous-traitance, l’emploi d’un professionnel de l’investissement nécessite un minimum de gestion. 

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