Les 16 pièces d'or étaient dissimulées à l'intérieur... de tampons à encre en bois, eux-mêmes remisés dans une boîte sans fond. Des pièces évaluées chacune entre 20 000 et 760 000 € qui feraient partie du légendaire trésor de Lava, du nom de ce golfe au nord d'Ajaccio, en Corse-du-Sud.
De petits colis toujours livrés à la même adresse
Tout démarre il y a un an et demi, par un signalement d'Europol sur des mouvements financiers anormaux entre les Philippines et les Etats-Unis. Un résidant corse essaierait d'acheter, sous une fausse identité, via une société américaine, un dispositif permettant de transformer des armes semi-automatiques en armement de guerre. De petits colis sont livrés par la poste, toujours à la même adresse dans le village de Casamaccioli.
Durant des mois, les militaires du GIGN, camouflés et enfouis dans la terre, surveillent les allers et venues de ce hameau de montagne. Et finissent par identifier le trafiquant d'armes présumé. Pierre-François Sabiani, inconnu des services de police, mais dont le nom est célèbre en Corse. Son arrière-grand-oncle n'est autre que Simon Sabiani, ancien maire de Marseille sous l'occupation allemande, condamné à mort par contumace.
Le trafic d'armes cache un autre négoce
Dès lors, le trafiquant présumé, au look de Corleone dans «le Parrain», est placé sous surveillance. C'est ainsi que tombe sur des écoutes une étrange histoire de «pièces». «Des pièces d'armes», pensent d'abord les gendarmes. En fait, il s'agit d'or. Le trafic d'armes masque un autre négoce. C'est l'apparition dans le dossier d'Olivier Birgi, connu pour escroquerie et accroché dans une autre affaire de trafic d'or, ouverte en 2015 au tribunal d'Ajaccio, qui met la puce à l'oreille des enquêteurs.
«Le fruit de la mise sur le marché asiatique des antiquités romaines devait permettre aux trafiquants d'acheter des armes démilitarisées et remilitarisées dans plusieurs pays d'Extrême-Orient, notamment aux Philippines, puis de les importer en Europe», estime Nicolas Bessone, le procureur de Bastia.
Tout s'accélère lorsque les trafiquants se rendent en Suisse pour tenter, selon les enquêteurs, de vendre les 16 pièces d'or. «L'expert leur a expliqué qu'ils ne pourraient pas écouler en Europe leurs pièces provenant du trésor de Lava et qu'il fallait qu'ils aillent en Asie», explique le procureur de Bastia. Dès leur retour de Suisse, Sabiani et Giuntini réservaient un billet de train Savone-Milan, pour le 7 mars. Leur intention était ensuite de prendre un avion pour Hongkong.
On connaît la suite. Lors de perquisitions, plusieurs armes, dont trois fusils d'assaut, ont été découvertes par les gendarmes de la section de recherches d'Ajaccio commandée par le colonel Stéphane Dutrieux. Quant aux pièces d'or, elles doivent être prochainement expertisées pour en déterminer la valeur exacte.
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