22 février 2017

«On veut voler leur élection présidentielle aux Français»


En ne sélectionnant pas les candidats qui recueillent moins de 10% d'intentions de vote pour ses débats, la chaîne TF1 créé la polémique. «Cauchemar anti-démocratique», clame Eric Anceau, responsable du projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan.

Eric Anceau est responsable du projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan, historien, maître de conférences à Paris-Sorbonne et à Sciences-Po Paris. Il est délégué à la Cohésion nationale et à l’Assimilation républicaine de Debout la France.

RT France : Comment expliquez-vous la décision de la chaîne TF1 de ne pas inclure dans les débats, qui auront lieu le 20 mars, les candidats qui ne dépassent pas 10% d'intentions de vote ?

Eric Anceau (E. A.) : Les instituts de sondage se trompent sur tout. Regardez le Brexit, l’élection américaine et, en France, les primaires de la droite et de la gauche avec les énormes surprises crées par François Fillon et Benoît Hamon qu’aucun institut de sondage n’avait vu venir.

Ceux qui sont confortablement installés, qui jouissent de positions privilégiées, de sinécures et qui veulent que rien ne change ont tout intérêt à perpétuer le petit jeu politique habituel entre grands partis avec la touche de fraîcheur apportée par Emmanuel Macron, l’hologramme politique dont on attend toujours le programme.

Je pense aussi, pour tout dire, qu'Emmanuel Macron, que nos médias aiment tant, craint le débat avec certains candidats hors système qui pourraient le désastibiliser bien davantage que Marine Le Pen et plus encore que François Fillon, plombés l’un et l’autre par des affaires. Regardez le taux d’abstention mais aussi la vague de fond qui monte des profondeurs de notre pays face au ras-le-bol lié aux scandales à répétition dont cette classe politique est marquée. Il y a une vraie attente pour un renouvellement qu’on empêche d’émerger. A force de jouer avec le feu, tout cela peut très mal finir !

Nicolas Dupont-Aignan dont tous les observateurs objectifs conviennent qu’il a fait un passage exceptionnel dans On n’est pas couchés samedi dernier [le 18 février] est l’un de ceux qui peuvent turbuler ce vieux système ! On n'a sans doute pas intérêt à le laisser faire !

On est au contraire en plein cauchemar anti-démocratique

RT France : Y a-t-il selon vous deux poids, deux mesures si l'on compare avec les débats des primaires de la gauche et de la droite ?

E. A. : Oui tout à fait… A la primaire de la droite si on n’avait dû inviter que ceux qui étaient crédités de plus de 10% d’intentions de vote, il n’y aurait eu qu'Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et peut-être même pas François Fillon qui a flirté longtemps avec ces 10%. Et pourtant nous avons eu droit aussi à lui, mais encore à NKM, à Copé et à Poisson ! Idem à gauche. Je ne vois pas en quoi Nicolas Dupont-Aignan dont le score aux régionales égale celui de Mélenchon, mais aussi Nathalie Artaud, François Asselineau, la candidate des primaires citoyennes ou encore François Bayrou s’il venait à se déclarer et d’autres encore seraient a priori exclus. En quoi les candidats que j’ai cités à droite ou encore Jean-Luc Bennhamias et Sylvia Pinel à gauche seraient-ils plus légitimes qu’eux ?

Même EELV [Europe-Ecologie-Les verts] qui n’aura sans doute pas de candidat à la présidentielle a eu le droit à trois débats.

Je rappelle qu’il y avait beaucoup plus de candidats aux primaires américaines qu’il n’y en aura à la présidentielle en France

Tous ces débats n’ont concerné au total que 5 à 6 millions d’électeurs. Là, nous nous adressons à l’ensemble du corps électoral soit 44 millions de Français. Les Français ont droit une fois tous les cinq ans à un grand bol d’air démocratique. Vous ne trouvez pas ?

On est au contraire en plein cauchemar anti-démocratique, ce que j’appelle les élections post-modernes : de faux débats, du bling bling, une touche de scandale, mais plus de fond ! On veut voler leur élection présidentielle aux Français !

Tous les candidats qualifiés ont droit de participer

RT France : Comment la chaîne aurait dû procéder en choisissant les participants aux débats ?

E. A. : Justement. Tous les candidats qualifiés ont droit de participer. On nous objecte une impossibilité technique. Regardez ce qui se fait à l’étranger. Je rappelle qu’il y avait beaucoup plus de candidats aux primaires américaines qu’il n’y en aura à la présidentielle en France. Regardez aussi les beaux débats sur le Brexit en Grande-Bretagne et encore une fois les primaires partisanes françaises qui viennent d’avoir lieu. Cet argument ne tient pas une seconde !

Qui plus est, nous avons le système des 500 parrainages. Vous verrez qu’au final, le 20 mars prochain, jour de la publication au Journal Officiel des candidats qualifiés, il n’y aura sans doute plus que six, sept ou huit qualifiés.

C’est donc un faux sujet par excellence. Venons-en au fond. Donnons à chacun la possibilité de présenter son programme aux Français ! Cette élection est capitale pour l’avenir de notre pays, pour nos enfants et nos petits-enfants que je sache !

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