Le 24 novembre, à Argenteuil, vers 17 heures, le couple se trouve au niveau du lycée Fernand Léger. André raconte : « Il faisait froid, j’ai juste frotté le dos de Patrice lorsque j’ai entendu une voiture s’arrêter », raconte-t-il à la barre en refaisant le geste. Mohamed ne supporte pas cette marque de tendresse et descend de son véhicule. «Je leur ai dit faîtes pas ça ici ». Puis il affirme « s’être senti agressé », sans savoir expliquer pourquoi, pour justifier le déchaînement de violence. Il frappe notamment André d’un coup de poing au visage avant de s’attaquer à Patrice en le fauchant d’un coup de pied. « Je n’avais pas à faire ça, balbutie le prévenu. Ce n’est pas leur homosexualité qui m’a choquée mais leur différence d’âge. Je côtoie souvent des homos en soirée et cela ne m’a jamais posé de problème. »
« Et si ça avait été un homme et une femme ? », questionne le président. « J’aurais réagi de la même manière », répond l’employé dans le secteur automobile, avant de dire un peu plus tard le contraire à la même question du procureur. Les deux victimes, qui se sont vues délivrer respectivement un et trois jours d’incapacité totale de travail, assurent avoir aussi subi des insultes homophobes. « C’est possible que je les ai traités de petits pédés, mais je ne suis plus sûr », lâche hésitant le jeune homme dans le box.
Pour Me Ariane Lachenaud, l’avocate des parties civiles, le caractère homophobe de l’agression ne « fait pas l’ombre d’un doute ». Elle regarde fixement le prévenu : « Si vous êtes intervenus, c’est que ces deux-là étaient à vos yeux de sales pédés ». Le procureur de la République réclame 4mois ferme à l’encontre de celui qui a déjà 15 condamnations à son casier judiciaire essentiellement pour des faits de vol et de violence. « Cela doit le faire réfléchir sur le respect de la loi », ajoute le représentant du parquet. Mohamed a réagi « avec beaucoup de stupidité » reconnaît son avocat Raphaël Lehmann. Il exhorte les juges à le laisser sortir libre. « Ça fait un an et demi qu’il travaille pour la même société, c’est très dur d’avoir une situation stable. Son travail lui permettra d’indemniser rapidement les victimes ».
Le tribunal a décidé de maintenir Mohamed en détention. Il devra verser 1 000€ à chacune des victimes, au titre des dommages et intérêts. Leur avocate déplore que désormais, « ils ont peur de se promener ensemble dans la rue ».
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