Le 13 août, une rixe a fait quatre blessés dans une crique en bord de mer à Sisco (Haute-Corse). © PHOTOPQR/CORSE MATIN/ BUFFA Christian
Jamel B., 29 ans, ne se sent plus en sécurité dans la région de Bastia – où il vit depuis treize ans – depuis la rixe du 13 août, [...], est arrivé à Paris le 25 août avec femme et enfant pour y déposer une plainte pour menace de mort, dit-il, et consulter un collectif d'avocats qui s'est manifesté pour le défendre, lui et ses deux frères, dont l'un est incarcéré.
Nous n'avons pas privatisé la plage
Le Point.fr a rencontré le jeune homme « traumatisé » par cette rixe aux répercussions nationales et internationales dans son hôtel francilien. Sur son visage, il porte les marques de la bagarre déclenchée, selon lui, par des motivations racistes. « On est allés sur la plage de Sisco qui se trouve à 45 minutes en voiture de chez moi pour être tranquilles et faire preuve de discrétion. À aucun moment, nous n'avons privatisé la plage. C'est à tout le monde. Près de nous, d'autres gens se baignaient, il n'y avait aucun problème », dit-il de sa voix très douce. Le frêle jeune homme n'est pas vraiment taillé pour chercher la bagarre : « Je n'ai jamais eu de problèmes en Corse auparavant. [...].
Personne ne nous protège
« Je quitte la Corse, car personne ne nous protège, pas même l'État. On nous a menacés de mort, les gendarmes ont été impuissants devant la horde qui attaquait des femmes et des enfants. Ils ont brûlé nos trois véhicules, j'ai 10 jours d'ITT [incapacité totale de travail, NDLR], alors que l'hôpital de Bastia m'a demandé de quitter mon lit le soir même de mon transfert par hélicoptère. Durant mon transfert, sur la civière, j'ai été frappé et on m'a craché dessus. » Selon lui, la situation s'est tendue quand des Corses de Sisco ont commencé à prendre des photos de sa femme portant un hidjab.
Jamel détient un harpon. Comme de nombreux Corses, il s'en sert pour pêcher. Selon lui, il était rangé dans sa voiture quand la bagarre a éclaté. « Après la première altercation, on a rangé nos affaires pour quitter les lieux, et le harpon était dans le coffre quand les villageois nous sont tombés dessus. Comme ils ont mis le feu aux véhicules, je pense qu'il ne peut plus servir à l'enquête, assure-t-il [sur procès-verbal, un protagoniste adverse affirme avoir été touché par une flèche de harpon, NDLR]. Mais durant la bagarre, je suis tombé dans les pommes. Je me souviens seulement de mon dernier geste, j'avais mis mon enfant entre mes jambes et j'étais recroquevillé sur lui pour éviter qu'un caillou ne le blesse. On s'est d'ailleurs tous assis, car derrière nous, c'était le vide... »
Audience le 15 septembre
Aucun membre de la famille de Jamel ne vit à Lupino, le quartier populaire de Bastia, où sont pourtant venus manifester le lendemain de la bagarre des habitants aux cris d'« Arabes dehors », « On est chez nous ». Son père et son frère vivent à la périphérie de la préfecture de Haute-Corse. « Mon frère est en détention [connu des services de police, NDLR] et mon père attend seul la décision de justice. Mon troisième frère est rentré en Espagne où il réside. » Seront-ils présents à Bastia le 15 septembre à l'audience correctionnelle qui doit départager judiciairement les protagonistes ? La question reste sans réponse. Néanmoins, son entourage le pousse à se présenter devant les magistrats.
Sniff, un mouchoir ? Pas du tout la même version que celle de nombreux témoins...
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