Chère Marine,
Honneur aux dames, je commencerais donc par toi, d’abord pour te féliciter d’avoir mené le Front national au niveau où il navigue aujourd’hui, c’est-à-dire, bon an, mal an, au-delà de 30% et plus si affinités. Ce n’était pas gagné d’avance quand nous travaillions ensemble voilà quelques années à faire évoluer, faire muter même je dirais, ce grand vieux parti fondé par ton père en 1972, bientôt un demi-siècle, comme le temps passe !
Oui, en 2010/2012, pendant les quelques mois où j’ai oeuvré à tes côtés, il était devenu nécessaire et urgent de faire évoluer le FN vers les qualités qu’exige un parti de gouvernement et de sortir des sentiers stériles de la contestation systématique en rendant enfin crédible l’alternance que représentait ce mouvement. Il était urgent de sortir du clivage mortel droite/gauche que le Système a mis en place afin de maintenir ses positions avantageuses quel que soit le parti qui tient les manettes. De ce point de vue-là, avec le recul du temps et un peu de sagesse acquise, je considère que ton père s’était trompé lorsqu’il a ancré à droite le mouvement qu’il a lancé. Certes, il tempérait cet ancrage en qualifiant cette droite de sociale et de populaire, ce qui était vrai mais insuffisant pour les millions de Français qui votaient à gauche par un vieux réflexe de protection contre la haute finance et par souci de justice sociale.
J’ai beaucoup de respect tu le sais, et je dirais même une grande estime pour ton père qui a été un phare dans les temps sombres que nous avons subis depuis des décennies et qui n’a jamais trahi son rôle de vigie dans la tempête. Malheureusement, et ça je le savais depuis longtemps, ton père n’a jamais vraiment voulu le pouvoir ; être à la tête d’un des principaux partis d’opposition lui convenait parfaitement ; exercer son grand talent oratoire sur les estrades ou sur les écrans était un rôle somme toute confortable et qui lui allait comme un gant, pourquoi alors aller se salir les mains en tentant de conquérir, réellement, le pouvoir ? Ton père était d’autant moins motivé dans cette quête suprême que bien qu’il fît ses premières armes sous la 4ème république, il avait parfaitement compris quelle était la logique de fonctionnement de la 5ème et qu’à partir de 1986 lorsque les partis de « droite » (RPR et UDF) eurent fait serment devant certains cénacles de ne jamais s’allier avec le Front national, il était devenu clair que l’arrivée au pouvoir d’un parti anti-Système, hors d’un contexte exceptionnel, était devenu hors d’atteinte. Le fameux plafond de verre. Nous allons en reparler un peu plus loin.
Dans son rôle de Cassandre, Président en titre ou Président d’honneur ou même Président exclu, ton père, que tu le veuilles ou non, continue de jouer un rôle indispensable dans l’inconscient des Français, même de ses ennemis les plus féroces. Et jusqu’à son dernier souffle il continuera à jouer le rôle que le destin lui a réservé : asséner les vérités aux Français, même celles qui font mal et qui ravivent de douloureuses souffrances. Faire comprendre aux Français par exemple qu’ils n’ont pas été libérés par les Américains mais asservis de manière subtile par ceux-ci et qu’ils sont passés de la dictature bottée et casquée des nazis à la dictature du fric des anglo-saxons, voilà quelque chose que les Français commencent à comprendre et ton père y est pour quelque chose.
Même si politiquement, je peux comprendre les raisons qui t’ont amenées à rompre avec lui, je pense néanmoins que tu n’aurais pas dû le faire car ce qu’il incarne est aussi légitime que ce tu représentes et qu’il te faudra désormais rassembler non seulement tout ton camp, mais au-delà, tout le peuple de France enfin réveillé. Il est temps maintenant pour toi de sortir de la stratégie de dédiabolisation qui était nécessaire dans un premier temps pour porter plus loin et plus fort ton message. Au stade où nous en sommes arrivés, les Français comprennent peu à peu – mais bon sang que c’est long – que le diable ce n’était ni toi, ni même ton père, mais au contraire tous ceux, et ils sont nombreux, qui se sont mis au service du grand capital au détriment de la cause des peuples (http://www.actionfrancaise.net/craf/?Pour-en-finir-avec-l-extreme).
Alors maintenant, faisons un peu l’état des lieux. Il devient de plus en plus clair aux yeux de nos compatriotes que la classe politique française de « droite » comme de « gauche » incarnée ces dernières années par les deux pantins pathétiques que sont Sarkozy et Hollande n’a plus de réelle légitimité tant elle a montré qu’elle n’était là que pour servir le véritable pouvoir qui n’est plus politique mais financier. Les peuples ont compris désormais que les décisions se prennent dans les bureaux feutrés de la City ou de Wall Street et que les hommes politiques, à Bruxelles comme à Paris, ne sont que des commis chargés de les appliquer, y compris contre la volonté des peuples (« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » selon Jean-Claude Juncker dans un numéro du Figaro paru le 29 janvier 2015).
Mais si les Français commencent à comprendre et admettre maintenant que tu n’étais pas la fille du diable, ils ne sont toujours pas convaincus de ta capacité à leur proposer une réelle alternative au monde qui était le leur jusqu’à présent et dont ils sentent confusément qu’il est en train de s’effondrer. Pour cela, il est indispensable que tu opères deux clarifications préalables :
La première sur ta conception de la nation française.
La seconde sur ta conception de l’économie dans un marché globalisé.
Concernant la première, il ne t’a pas échappé que la France, comme l’Europe, avait beaucoup changé ces dernières décennies et que les 50 millions de Gaulois que chantait Sardou en 1976, sont maintenant un peu plus de 66 millions et sont loin de se sentir tous gaulois. Comme le taux de fécondité des femmes françaises, toutes origines confondues, n’a jamais atteint depuis la fin des années 60 le fameux seuil de 2,1 enfants par femme assurant le renouvellement des générations, il est absolument certain que le différentiel, le « gap » comme disent les bobos, est composé majoritairement des populations essentiellement africaines qui ont afflué dans notre pays par vagues successives, en y intégrant les naissances bien entendu. N’hésite pas à rappeler, encore et encore, que cette immigration s’est faite en parfaite collaboration des partis politiques « républicains », des médias de masse, des intellectuels conformistes, des syndicats et du grand patronat. Quand viendra le temps de rendre des comptes, il faudra que les Français sachent à qui les demander.
Une fois ce constat, très politiquement incorrect, établi, deux voies s’offrent à toi : celle de l’apaisement, comme tu le suggères à travers ta dernière affiche, ou celle de la confrontation comme le réclament les partisans de la « remigration ». Tu auras remarqué comme moi que depuis quelques années déjà un certain nombre d’attentats avait endeuillé notre pays et qu’il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour penser qu’il y en aura d’autres et des pires. Bien évidemment, ces actes horribles sont tous commis par des hommes d’origine étrangère et dont on nous dit qu’ils professent l’islam, radical évidemment et en lien assumé avec Al Quaeda ou Daesh cela va de soi. Sans être complotiste, tu me connais, je t’invite néanmoins à lire cet article prodigieux de clarté de deux journalistes américains paru dans le New-York Times du 23 janvier 2016 (http://www.nytimes.com/2016/01/24/world/middleeast/us-relies-heavily-on-saudi-money-to-support-syrian-rebels.html?_r=0) où tout est dit, ou presque, sur les véritables tireurs de ficelle du prétendu terrorisme islamique.
Cela posé, de deux choses l’une, ou tu accompagnes la grande colère des Français de souche, de « droite » et de « gauche » qui majoritairement vont être transformés, bon gré, mal gré, en petits soldats d’une nouvelle croisade contre l’Islam – et c’est ce que souhaitent certains au sein du Système – ou tu désamorces la bombe en tenant un discours de vérité aux Français musulmans, en leur disant en substance : « Je vous ai compris ! » ce qui ne va pas faire plaisir à ton père, ni à certains de tes partisans, ni à BHL non plus d’ailleurs mais pour des raisons diamétralement opposées..
Bref, pour résumer mon propos, ou tu rentres dans la logique d’une guerre civile sur le sol national entre des populations d’origine étrangère – dont certaines se sentent ou se veulent sincèrement françaises – et les Français de souche en stigmatisant l’Islam, même si tu l’appelles Islam radical ou islamisme – dans l’esprit de tous ceux qui vont à la mosquée et ils sont nombreux, et pas seulement les salafistes ou les takfiristes, tu seras dans le camp des ennemis de l’Islam – ou tu tentes d’échapper au piège diabolique en refusant de te battre là où certains veulent t’entrainer et pas seulement tes ennemis. A ce sujet d’ailleurs, rappelle-toi que dans la longue histoire de France il est parfois nécessaire de s’allier avec de curieux partenaires (de François 1er allié au Grand Turc en passant par Richelieu allié aux princes protestants, l’histoire ne manque pas de chemins détournés pour faire avancer les peuples vers leur destinée).
Bref, en isolant les racailles et les fous d’Allah contaminés par le wahhabisme ou par les Frères musulmans (http://www.legrandsoir.info/les-dessous-des-relations-americaines-avec-les-freres-musulmans-d-egypte.html), qu’il faudra rapidement expulser de la terre de France, tu peux tenir un discours de réconciliation nationale, voire d’égalité, en désignant le véritable ennemi, qui est, comme l’avait très bien dit Hollande avant sa trahison… attendue, la grande finance, bien évidemment.
Ce n’est pas un choix aisé, j’en conviens, car dans un cas comme dans l’autre tu te feras des ennemis mortels mais tu n’échapperas pas à l’obligation de trancher, dans un sens ou dans l’autre et c’est là la fonction sacrée du politique, choisir, ainsi que te l’a enseigné ton père.
Concernant ta conception de l’économie, dans un marché globalisé comme ils disent, là aussi tu es attendue, et pas qu’un peu, par tous ceux qui ont été contaminés par l’idéologie marchande et ils sont nombreux, et là encore, comme Alexandre devant le nœud gordien, il te faudra trancher.
Je suis de ceux qui pensent et tu le sais, que les questions économiques sont subsidiaires au politique, mais comme nous vivons dans un monde où les valeurs ont été inversées, eh bien les marchands, ou plutôt les banquiers des marchands tiennent le haut du pavé et ont réussi à faire croire aux gens que pour être un bon politique il fallait être bon en économie. Je pense plutôt quant à moi que ce dont manque la France de nos jours ce n’est pas d’économistes, mais bien plutôt d’hommes politiques dotés d’une bonne dose de testostérone, et ça, paradoxalement, je sais que tu n’en manques pas.
Je me souviens de longues discussions, à Montretout ou au Carré, en ta présence ou non, sur le positionnement économique que devait prendre le FN. Malgré tous mes efforts pour dénoncer le libéralisme comme l’une des racines à extirper, je n’ai pas réussi à te convaincre dans ce domaine-là. Et donc du coup, sur cette question, hélas essentielle de nos jours, tu es restée au milieu du gué… et les Français te regardent en se demandant ce que tu as à leur proposer. Pourtant dans ton discours d’Arras, avant que tu ne prennes les rênes du parti, tu avais avalisé cette ligne profondément anti-libérale que je t’avais suggérée.
Encore une fois, le libéralisme est l’arme utilisée par les anglo-saxons pour marchandiser le monde et pour accaparer ses richesses. L’aboutissement logique du libéralisme quel que soit l’endroit où tu positionnes le curseur, c’est la mondialisation et le transfert progressif du pouvoir des états à celui des banques centrales. Ce qui est en train de se passer aujourd’hui sous notre nez à vitesse grand V. Il n’y a pas de bon et de mauvais libéralisme, dès que ce poison, d’esprit profondément bourgeois, entre dans la conscience du peuple, tu transformes celui-ci en individus atomisés dont le but essentiel dans la vie consiste à remplir à ras bord un Caddie de supermarché.
Tu as donc accepté de suivre la ligne de ceux qui te disaient que l’ultra-libéralisme ce n’est pas bien, mais qu’une petite dose d’un libéralisme de bon aloi dans ton programme était absolument nécessaire pour ne pas te couper du monde de l’entreprise, des artisans et des commerçants. C’est en gros le positionnement du funeste Henry de Lesquen (patron de Radio Courtoisie) qui continue à œuvrer pour cette sacro-sainte idéologie libérale sans avoir compris, malgré son QI stratosphérique parait-il, qu’elle n’était qu’un poison destiné à corrompre les esprits.
Je côtoie ce monde de la petite et moyenne entreprise par nécessité professionnelle depuis des décennies et je peux t’assurer que ce milieu est aujourd’hui dans une profonde mutation parce que ceux qui en font partie commencent à comprendre eux aussi qu’ils sont les prochains sur la liste et que le Système « libéral » auquel ils ont longtemps cru était en train de les sacrifier au profit des multinationales et des banques centrales, dont ils commencent tout juste à se rendre compte qu’elles ne sont pas là pour servir le bien commun mais pour servir exclusivement des intérêts privés.
Quand tu parles avec Florian de l’Etat stratège, il faut que tu ailles au bout de cette logique et que tu sois plus explicite sur ce que cela signifie et ce que cela entraînera, concrètement, sinon ça restera un concept creux, tout juste bon à être repris par un Sarkozy moyen, ce qu’il a déjà fait d’ailleurs. Je te livre ici quelques réflexions en vrac mais elles sont essentielles pour que ton discours dans ce domaine devienne audible et surtout crédible.
1/ Sur l’euro, il ne faut rien lâcher, quoi qu’en disent les libéraux de ton parti ou ceux du camp d’en face. Un Etat stratège sans la possibilité de battre monnaie ne peut lancer aucune stratégie et surtout se met entre les mains de ceux qui détiennent ce pouvoir régalien. Relis les textes de Jacques Sapir, ils sont d’une limpidité totale.
2/ Il faut que tu martèles sans relâche que les conséquences de la loi scélérate Pompidou/Giscard du 3 janvier 1973 sur l’interdiction faite à l’Etat et aux collectivités locales de s’endetter auprès de la Banque de France, même si elle a été transcrite dans les traités de Maastricht (art. 104) puis de Lisbonne (art. 123), seront remises en cause par la dénonciation immédiate de ces traités.
3/ Le tournant de la rigueur initié par Jacques Delors alors ministre des finances du second gouvernement Mauroy en 1982 a supprimé l’indexation automatique des salaires sur l’inflation ce qui a permis de transférer une part importante des revenus du travail aux « happy few » de la mondialisation. Sans ce tournant, qui était en fait une pure spoliation, le SMIC aujourd’hui devrait tourner autour de 2500 € (prend le salaire minimum en Suisse en 2016, il est d’environ 3000 FS soit à peu près 2750 €). Pour illustrer cette dérive inacceptable, regarde donc la fortune insolente d’un Bernard Arnault dont on nous dit (http://www.challenges.fr/classements/fortune/) que sa fortune est estimée aujourd’hui à 34 milliards d’euros alors qu’il n’aurait investi que 40 millions de francs en 1987 pour prendre le contrôle du groupe Boussac. Cela signifie que d’acquisitions en cessions, de fusions en licenciements, cet homme aurait gagné depuis cette date plus d’un milliard d’euros par an pour devenir la première fortune française et la quatrième mondiale. Dans une société saine et avec un Etat stratège, ce genre de dérive n’aurait pas été possible car des garde-fous juridiques, fiscaux ou réglementaires l’auraient tout simplement empêché. En mettant en exergue le patron de LVMH, il ne s’agit pas de stigmatiser un homme, d’autant qu’il faudrait aussi étudier de près l’accroissement exponentiel dans cette même période des fortunes de tous les dirigeants des sociétés du CAC 40, et surtout celle de leurs banquiers préférés, il s’agit essentiellement de dénoncer une logique de système qui est conçue pour asservir le monde au profit d’une microscopique oligarchie. Un Etat stratège pourrait édicter une loi qui qualifie de manœuvres dolosives les méthodes utilisées pour spolier le peuple au profit de la grande finance et remette ainsi en question la légitimité de ces fortunes aussi insolentes qu’imméritées. Un peu comme ce qui vient de se passer avec les derniers rebondissements des affaires Bernard Tapie. Ce n’est pas tout à fait la même chose, mais c’est de même nature.
4/ L’arme décisive contre le libéralisme ce sont les nationalisations. J’entends déjà les cris d’orfraie de tous ceux qui du MEDEF jusqu’à certains de tes amis vont hurler à la dérive collectiviste, mais là encore tu peux argumenter : tout ce qui relève de l’intérêt national (Banque de France, SNCF, Air France, Télécommunications, défense, spatial, énergie…) doit être protégé des prédateurs financiers transnationaux. Pour cela, la nationalisation peut se faire d’une manière originale qui consisterait à offrir à chaque citoyen français des titres de propriété incessibles de ces entreprises ce qui rendrait l’ensemble des Français réellement propriétaires de ces biens en les mettant hors d’atteinte des rapaces de la haute finance. A ce sujet, tu pourrais d’ailleurs commencer à avertir tous ceux qui comme politiques, hauts fonctionnaires ou chefs d’entreprise ont bradé le patrimoine national (France Telecom, Alstom, Areva, EDF/GDF, Airbus etc.) ces dernières années à des intérêts étrangers, qu’ils pourront se voir mis en cause et accusés de crime contre l’intérêt national.
A ceux qui te diront que la gestion des sociétés nationalisées aboutit inévitablement à la gabegie, tu pourras rétorquer qu’un Etat stratège mettra en place dans ces entreprises un système de gouvernance (comme on dit aujourd’hui) qui permettra de limiter les effets négatifs que l’on trouve dans la fonction publique, notamment par la mise en place d’un conseil d’administration intégrant des représentants de l’Etat, des experts venus du privé et des représentants des usagers ou de la société civile. Bien évidemment, il faudra réintroduire le droit de révocation pour les hauts fonctionnaires qui failliraient à leur mission.
Je m’arrêterais là pour ce qui concerne les suggestions pratiques mais qui me semblent indispensables à mettre en avant si tu veux briser ce fameux plafond de verre dont on nous rebat les oreilles, surtout depuis ton relatif échec des dernières élections régionales.
Je conclurais cette lettre ouverte en te disant que ta profonde originalité c’est d’être à peu près la seule en France à incarner politiquement une véritable alternative au Système (ce que ni Asselineau ni Dupont-Aignan n’ont encore compris). Je sais que tu es une femme droite et que tu as, comme ton père d’ailleurs, ce don rare qui est celui de l’instinct politique. En cela tu es légitime à mener le combat que tu as choisi de livrer aux ennemis de la France.
La terre de nos ancêtres, comme le reste de l’Europe, va entrer dans une phase de profonds bouleversements dont le terrorisme ne sera qu’une des composantes. Il n’est pas impossible que l’Union européenne éclate après le Brexit, ce qui ne manquera pas de nous réjouir, mais ne résoudra aucun des problèmes structurels auxquels la France est confrontée aujourd’hui. Il va te falloir désormais le courage de trancher tous les nœuds gordiens qui enserrent notre malheureux pays depuis des lustres. Tu auras des ennemis partout, y compris dans ton propre camp et je t’adjure à ce sujet de ne pas tomber dans le piège de l’affrontement avec Marion que certains – pas elle – préparent en coulisses.
Un dernier point encore, la guerre qui est menée contre la France est de nature profondément religieuse, même si cela ne transparait guère dans le journal vespéral de TF1. Aucun peuple au monde ne peut survivre sans un fondement spirituel profondément ancré. La laïcité n’est pas une religion. Elle est même une des armes qui ont été utilisées contre la France pour tuer son âme. Les Français musulmans, te respecteront lorsque tu affirmeras, haut et fort, la foi de tes ancêtres. Les autres se réveilleront… peut-être.
Tibi
Emmanuel Leroy
LETTRE OUVERTE A FLORIAN PHILIPPOT
Mon Cher Florian,
On ne peut pas dire que l’on soit des intimes tous les deux, même si j’ai assisté à ton arrivée dans le premier cercle des amis de Marine voilà déjà quelques années et que nous avons eu quelques échanges, peu nombreux au demeurant, sur des sujets de fond. Mais, contrairement à ceux qui te poursuivent de leur vindicte comme le funeste Lesquen (toujours patron de Radio Courtoisie, hélas) et beaucoup d’autres, je considère pour ma part que tu joues un rôle essentiel dans le positionnement, disons colbertiste du FN. Ce positionnement qui est en quelque sorte la résurgence du planisme d’un Henri de Man est intéressant à plus d’un titre car il permettrait d’envisager, s’il était mis en place par un gouvernement FN, une sortie progressive de la dérive idéologique libérale.
Mais si j’apprécie assez volontiers la plupart de tes nombreuses interventions médiatiques, celles-ci me laissent souvent sur ma faim, car de mon point de vue tu ne vas pas assez au fond des choses et notamment tu n’as pas suffisamment clarifié la position alternative du FN face à l’idéologie du Système. Et c’est bien de cela dont les Français ont besoin aujourd’hui, et surtout les gens de gauche, complètement abandonnés et mortifiés par la trahison de leurs élites. Toi qui es passé par les cercles chevènementistes, tu devrais le savoir.
Les Français, toutes tendances confondues, constatent tous les jours que le régime en place ne répond plus à leurs besoins, qu’on leur dissimule la vérité sur quasiment tous les sujets, que leur niveau de vie diminue, qu’on brade le pays et ses richesses, qu’on délocalise son industrie, que l’on détruit son agriculture, que l’on démantèle ses services publics, que l’on poursuit la criminelle politique d’immigration forcée et j’en oublie. Les Français ont besoin qu’on leur explique ce qui se passe et se dire gaulliste, ce que tu es sans doute sincèrement, pour leur proposer un retour vers un passé plus glorieux est certes un moindre mal par rapport à la politique de haute trahison en place depuis de longues années mais ne répond pas au fond à la nature réelle des enjeux. D’autant plus et tu le sais, que la politique d’immigration a commencé dès le tout début des années 60, et donc en pleine apogée du gaullisme triomphant.
N’oublie pas qu’en 68 – je sais bien que tu n’étais pas né et ça ne peut pas être à l’ENA que l’on t’a appris cela – nous avons assisté à une des premières révolutions de couleur dont a été victime le Général pour lui faire payer son refus d’obéissance aux maîtres anglo-saxons sur la question de l’or et que l’héritage politique du gaullisme a fini dans l’escarcelle du bouffon Sarkozy. Triste fin !
Alors je sais bien que tu pourras me dire que le FN d’aujourd’hui est l’héritier légitime du Général de Gaulle et dans un certain sens tu auras raison… et après ? L’héritage du grand Charles n’a t-il pas été dilapidé par l’ancien fondé de pouvoir de la banque Rothschild qu’était Pompidou ? (cf. la loi du 3 janvier 1973 dont je parle dans la lettre à Marine et cette très bonne vidéo où tout est dit sur ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=bTq6XyP1n_g). Au surplus, il faut reconnaître que le programme du Front national aujourd’hui, y compris sur la question sensible de l’immigration, est beaucoup plus édulcoré et diaphane que ne l’était celui du RPR en 1976.
Vois-tu mon cher Florian, je peux te dire à toi que j’ai longtemps baigné dans la haine du gaullisme pour de très vieilles histoires dans lesquelles ni toi, ni moi n’avons trempé mais qui déchirent toujours l’âme des Français car ces histoires ont été bâties sur des mensonges, et sans être freudien tu t’en doutes, je sais que les peuples, comme les hommes, trimballent dans leurs gènes tout leur passé, y compris celui de leurs ancêtres, le bon comme le mauvais. La France pourrait d’ailleurs sur ce sujet s’inspirer de l’exemple que la Russie nous donne aujourd’hui en acceptant l’intégralité de son passé, impérial ou communiste, y compris ce qui fut le plus abominable, en le critiquant si nécessaire, mais en l’assumant sans l’occulter. La France, elle, refuse toujours de regarder en face ce qu’elle a été vraiment de 40 à 45 et de 54 à 62. C’est une des raisons, mais pas la seule, de notre malheur.
Mais avec le recul, et je vais peut-être te surprendre, je suis devenu, non pas gaulliste, faut pas pousser, mais gaullien, c’est-à-dire portant une reconnaissance réelle à l’homme du 18 juin, non pas tant pour son rôle historique dans la seconde guerre mondiale que parce qu’il avait compris, sans doute pour les avoir côtoyé de près à Londres, à Alger et à Washington, qui étaient véritablement les ennemis mortels de la France et de l’Europe. J’ai acquis la conviction aussi qu’il était un des rares à avoir compris que l’Allemagne nazie avait été instrumentée par la City et Wall Street, essentiellement pour s’épuiser dans une lutte à mort contre la Russie (http://novorossia.today/qui-a-finance-hitler-la-liberte-en-echange-du-silence-des-noms-et-des-faits/.)
Il a prouvé sa clairvoyance par sa volonté absolue de redonner l’indépendance et la grandeur à la France lorsqu’il reprit le pouvoir en 1958. Mais si de Gaulle avait parfaitement identifié qui étaient nos ennemis, je crois qu’il n’avait pas véritablement compris quelle était leur réelle nature (http://lesakerfrancophone.fr/etiologie-du-terrorisme). Car s’il avait vraiment mesuré à qui il avait affaire, il ne se serait pas contenté de mettre en place des hommes comme Jacques Rueff pour instaurer le planisme à la française qui fit la fortune d’un certain capitalisme français ou Jacques Foccart pour développer la Françafrique et ses dérives barbouzardes.
Et pour finir, mon cher camarade – on ne va quand même pas s’appeler compagnon tous les deux, ce serait du dernier ridicule – je te dirais que je suis de ceux qui pensent que tu joues un rôle utile au FN, pour les raisons que j’expliquais plus haut et que je crois parfaitement à la sincérité de ton engagement auprès de Marine, mais je crois de mon devoir de te rappeler que ce parti que je connais depuis longtemps et dans lequel tu exerces des fonctions éminentes, s’appelle encore le Front national et qu’il a vocation à rassembler tous les Français, de gauche comme de droite (https://francais.rt.com/opinions/21053-lecons-autriche) et qu’en mettant l’accent sur ton tropisme gaulliste – sois gaullien quoi ! C’est plus chic -, tu réveilles de vieux démons qu’il vaudrait mieux tenir éloignés aujourd’hui. L’heure n’est pas encore venue pour la France de s’allonger sur le divan.
Bien à toi,
Emmanuel Leroy
LETTRE OUVERTE A JEAN-LUC MELENCHON
Mon cher Jean-Luc, cher camarade,
Toi aussi j’espère, bien que l’on ne se connaisse pas, tu me permettras de t’appeler ainsi et de te tutoyer au vu de notre vieux passé révolutionnaire, toi comme militant trotskyste et moi comme militant nationaliste.
Certes nos chemins sont fort différents et peut-être même nous sommes nous mis des coups de trique dans la gueule dans les années 70 dans une fac quelconque, lors d’un meeting à la Mutu ou lors d’un collage nocturne.
Je ne te surprendrai pas en te disant que le marxisme-léninisme n’a jamais été ma tasse de thé, surtout dans sa version trostkarde évidemment. Quoique, avec le recul du temps, là aussi, j’aurais tendance à devenir, non pas marxiste, mais marxien et cela pour la raison simple que je crois tout à fait nécessaire aujourd’hui de relancer la lutte des classes –ça devrait te faire plaisir – mais en la focalisant sur l’hyper classe mondiale que tu dénonces aussi si j’en crois ce que tu dis lorsque tu t’exprimes.
Cela étant dit, tu faisais plutôt partie du courant lambertiste m’a-t-on dit, et donc nous avons un point commun toi et moi, c’est que nous avons été manipulés tous les deux pour faire de l’antibolchevisme primaire (là, il n’y a vraiment que les initiés qui vont comprendre !). J’ai mis un certain temps à prendre conscience que les mouvements politiques anti-communistes passablement agités que j’ai pu fréquenter à l’époque où tu militais à l’OCI (Organisation communiste internationaliste) sous le pseudo de « Santerre » étaient plus ou moins vérolés par des gens vendus au Système. Mais ce n’est pas parce que je te fais aujourd’hui l’aveu que les mouvements politiques dans lesquels j’ai milité étaient en fait destinés à faire de l’anticommunisme intégral au bénéfice des banques anglo-saxonnes qu’il faut te croire exonéré de tout reproche en ce domaine.
En effet, si tu es un des nombreux héritiers du « groupe Lambert » avec Jospin, Cambadélis et beaucoup d’autres, que tu le veuilles ou non, tu as servi toi aussi la soupe, avec tes camarades, volens, nolens, aux intérêts anglo-saxons. Que je sache, la création de Force Ouvrière en 1947 et dont l’OCI a été largement partie prenante a bien été soutenue par la CIA (https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_communiste_internationaliste) pour contrer les bolchos staliniens de la CGT.
Mais bon, on ne va pas ressortir les barres de fer pour régler ces questions-là, elles appartiennent largement au passé et si je t’en parle, c’est juste pour te montrer que toi comme moi, nous avons été largement manipulés, et par des gens qui suivent une logique de laquelle, si j’en crois une vieille interview où un journaliste belge t’interroge sur l’existence du Club Le Siècle, tu réponds en substance que tu n’en as jamais entendu parler. Bon, j’ai eu un peu de mal à te croire sur ce coup là, mais ce n’est pas ça le plus important.
Ce qui me semble intéressant, c’est que malgré ton parcours d’agitateur trotskyste, puis d’éminence socialiste et maintenant de dirigeant (ex-dirigeant ?) du Parti de Gauche, certaines de tes diatribes politiques résonnent positivement à mes oreilles. Par exemple quand tu fustiges le projet de Traité transatlantique que concoctent les banques anglo-saxonnes et les néocons, quand tu critiques le manque de démocratie au Parlement européen, quand tu prends la défense de Julian Assange ou encore quand tu envisages la sortie de l’euro, ou que tu manifestes contre la loi El Khomri, tu me fais plaisir et nous sommes sur la même ligne. C’est déjà pas mal pour envisager une unité d’action à la base. Pour le sommet on verra plus tard.
Alors, tu vois Jean-Luc, c’est là que je voulais en venir. Je sais bien que l’on est aux antipodes sur le plan politique, que tout nous sépare dans nos parcours politiques respectifs, mais au crépuscule de notre vie, on peut se poser et faire un peu le point, chacun de son côté bien sûr, et se dire que si on a identifié les mêmes ennemis de la Nation – ça en tant que vieux républicain c’est encore un terme que tu peux entendre – on pourrait peut-être arrêter de se taper sur la gueule et travailler ensemble sur ce que l’on pourrait encore sauver dans notre cher et vieux pays. Il y a eu pendant la dernière guerre un truc épatant qui s’est appelé le CNR (Conseil National de la Résistance) dont tu te souviens certainement et qui ne comptait pas que des gaullistes et des communistes parmi ses membres. Il y avait à peu près tout l’échiquier politique français, y compris des cathos de droite comme Bidault ou Debu-Bridel. Et ne me parle pas de Pétain s’il te plait, sinon je te sors la liste des députés socialistes ou radicaux, éventuellement francs-maçons, qui ont voté pour lui en juin 40.
Alors, je sais que tu dois te poser des questions sur ton plafond de verre à toi. Pourquoi, alors que tu es un excellent orateur, doté d’un réel charisme et d’un sens politique indéniable, tu ne dépasses pas les 12% alors même que le PS, du fait de ses trahisons, est en pleine déconfiture ?
Eh bien ? Tu veux que je te dise ? C’est que tu as tellement trempé dans l’internationalisme prolétarien et dans la croyance sanctifiée de la République que tu en as oublié le peuple de France. Toi qui fus professeur d’histoire je crois, tu sais bien que la France n’est pas née en 1789, nom d’un chien ! Et le peuple de France il en a ras la casquette des banquiers, des politicards, des profiteurs, des médias menteurs et de l’immigration. Tu es parfait dans la dénonciation des quatre premiers mais tu oublies toujours le cinquième et donc tu apparais encore aux yeux de la majorité des Français comme un complice du Système que tu dénonces si bien par ailleurs.
Alors, si tu veux un bon conseil pour exploser ton plafond de verre à la prochaine présidentielle, dénonce la collusion NPA/MEDEF, syndicats réformistes ou non et le conglomérat LR/PS/PC/EELV sur la question de l’immigration et là tu vas vraiment monter dans les enquêtes d’opinion. Tu crois que je te demande de te renier en devenant raciste ? Stopper l’immigration n’est pas un acte de racisme, c’est un acte de survie pour sauver le pays qui a inventé les droits de l’homme, et construit la cathédrale de Chartres, entre autres.
A bon entendeur,
Salut.
Emmanuel Leroy
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