James Grant
James Grant est expert de Wall Street et rédacteur en chef du bulletin d’investissement Interest Rate Observer Grant, il met en garde contre un accident sur la dette souveraine, il est également perplexe au sujet des actions de la Banque nationale suisse et a un point de vue original concernant les paris sur l’or.
Depuis les programmes d’achat d’obligations de plusieurs milliards jusqu’aux taux d’intérêt négatifs, et probablement bientôt l’argent par hélicoptère, partout dans le monde, les banques centrales font des expériences avec des mesures de plus en plus extrêmes pour stimuler une économie atone. Cela finira dans les larmes, affirme James Grant. L’éditeur de la pensée forte de l’emblématique bulletin de Wall Street Interest Rate Observer Grant est l’un des critiques les plus ardents en ce qui concerne la politique monétaire super facile. Hautement compétent dans l’histoire financière, M. Grant met en garde contre la course imprudente au rendement aujourd’hui et voit l’un des plus grands risques à venir dans la dette publique. Il a également des doutes sur les investissements massifs que la Banque nationale suisse engage sur le marché boursier américain.
Interview
− Jim, pendant plus de trois décennies Grant a observé les taux d’intérêt. Y a-t-il encore quelque chose à observer avec des taux aussi faibles ? − Les taux d'intérêt peuvent être presque invisibles mais il y a encore beaucoup de choses à observer. Je constate qu'ils sont en diminution et que ce recul est à l'origine d'un grand nombre de troubles parce que les gens qui ont besoin de revenus sont à la poursuite effrénée du peu de rendement qui reste.
− Quelles sont les conséquences de cela ? − Cela me rappelle le grand journaliste anglais de l'époque victorienne Walter Bagehot. Il a dit que «John Law peut tout supporter, mais il ne supporte pas 2%, ce qui signifie que les taux d'intérêt très bas induisent la spéculation et l'investissement irresponsable et une mauvaise répartition du capital.» Je pense donc que l'épigraphe de Bagehot est très opportune aujourd'hui.
− John Law a été le principal responsable de la grande bulle du Mississippi qui a provoqué un effondrement économique chaotique en France au début du XVIIIe siècle. Comment l’histoire va-t-elle se terminer cette fois-ci ?
James Grant : pour la première fois depuis plus de 3000 ans les taux d’intérêt sont négatifs (image Chris Goodney/Bloomberg)
James Grant est expert de Wall Street et rédacteur en chef du bulletin d’investissement Interest Rate Observer Grant, il met en garde contre un accident sur la dette souveraine, il est également perplexe au sujet des actions de la Banque nationale suisse et a un point de vue original concernant les paris sur l’or.
Depuis les programmes d’achat d’obligations de plusieurs milliards jusqu’aux taux d’intérêt négatifs, et probablement bientôt l’argent par hélicoptère, partout dans le monde, les banques centrales font des expériences avec des mesures de plus en plus extrêmes pour stimuler une économie atone. Cela finira dans les larmes, affirme James Grant. L’éditeur de la pensée forte de l’emblématique bulletin de Wall Street Interest Rate Observer Grant est l’un des critiques les plus ardents en ce qui concerne la politique monétaire super facile. Hautement compétent dans l’histoire financière, M. Grant met en garde contre la course imprudente au rendement aujourd’hui et voit l’un des plus grands risques à venir dans la dette publique. Il a également des doutes sur les investissements massifs que la Banque nationale suisse engage sur le marché boursier américain.
Interview
− Jim, pendant plus de trois décennies Grant a observé les taux d’intérêt. Y a-t-il encore quelque chose à observer avec des taux aussi faibles ? − Les taux d'intérêt peuvent être presque invisibles mais il y a encore beaucoup de choses à observer. Je constate qu'ils sont en diminution et que ce recul est à l'origine d'un grand nombre de troubles parce que les gens qui ont besoin de revenus sont à la poursuite effrénée du peu de rendement qui reste.
− Quelles sont les conséquences de cela ? − Cela me rappelle le grand journaliste anglais de l'époque victorienne Walter Bagehot. Il a dit que «John Law peut tout supporter, mais il ne supporte pas 2%, ce qui signifie que les taux d'intérêt très bas induisent la spéculation et l'investissement irresponsable et une mauvaise répartition du capital.» Je pense donc que l'épigraphe de Bagehot est très opportune aujourd'hui.
− John Law a été le principal responsable de la grande bulle du Mississippi qui a provoqué un effondrement économique chaotique en France au début du XVIIIe siècle. Comment l’histoire va-t-elle se terminer cette fois-ci ?
− La fin se révélera très mauvaise pour beaucoup de gens. Si les cadres de l'assurance et de la réassurance suisse lisent ceci maintenant, ils pourraient rouler les yeux et être frustrés d'entendre une réprimande américaine à partir d'une distance de 3 000 miles sur le risque de courir après le rendement. Après tout, si vous êtes dans les affaires d'appariement du passif à long terme avec des actifs à long terme, vous n'avez pas d'autre choix que de souhaiter un monde meilleur et plus sensible. Mais vous devez prendre le monde tel qu'il est et le monde d'aujourd'hui est stérile en revenus d'intérêts. Le fait est que les temps sont très risqués.
− Où voyez-vous les plus grands risques ? − Pour moi, la dette souveraine est en tête des marchés surévalués dans le monde entier. Vous ne gagnez rien, ou moins que rien, pour le privilège de prêter votre argent à un gouvernement qui a promis de déprécier la monnaie dans laquelle vous investissez. Les Banques centrales du monde entier cherchent à atteindre un taux d'inflation de 2% ou plus et vous prêtez certainement à beaucoup moins de 2% et dans de nombreux cas, à moins de 0% nominal. L'expérience de perdre de l'argent est commune lorsque l'on investit. Mais où est l'intérêt si la certitude de la perte est là avant même que votre chèque soit encaissé ? Voilà la situation avec la dette souveraine en ce moment.
− Sur une base mondiale, plus d’un tiers de la dette souveraine est déjà à un rendement inférieur à zéro. − Ce n'est pas tout à fait un best-seller, mais un livre très important intitulé L'Histoire des taux d'intérêt. Il a été écrit par Sidney Homer et Richard Sylla. Sidney Homer n'est plus avec nous, mais Richard Sylla est vivant et bien portant à l'Université de New York. Donc, je l'ai appelé et lui ai dit : «Richard, j'ai lu beaucoup de pages, mais pas toutes, dans votre livre qui retrace l'histoire des taux d'intérêt à partir de 3 000 avant JC jusqu'à nos jours. Avez-vous jamais rencontré des rendements d'obligations négatifs ?» .Il a dit non et j'ai pensé que ce serait une sorte de nouveau scoop important. Pour la première fois depuis au moins 3000 ans, nous avons poussé les taux d'intérêt au-dessous du marqueur zéro. Je pensais que c'était une remarque exceptionnellement intelligente. Mais je constate que personne ne semble s'y intéresser.
− D’ores et déjà, cela fait deux ans que la BCE a été la première grande banque centrale à introduire des taux négatifs. − Il y a quelques autres paramètres historiques : en Europe, Monte dei Paschi di Siena, cette ancienne banque de plus de 500 ans en Italie, est en difficulté et délabrée autant qu'elle peut l'être sans se trouver légalement en faillite. Monte dei Paschi a survécu pendant un demi-millénaire et maintenant elle est dans les cordes. Pendant ce temps, la Banque d'Angleterre est en train de faire des choses aujourd'hui qu'elle n'a jamais faites dans son histoire, qui est vieille de plus de 300 ans. Je suggère donc que les temps sont à tout le moins intéressants et à bien des égards sans précédent.
− Alors, quel est le vrai sens de tout cela? − Dans la finance, la plupart du temps rien n'est jamais nouveau. Le comportement humain ne change pas et l'argent est une institution très ancienne, comme nos marchés. Bien sûr, les techniques évoluent, mais la plupart du temps rien n'est vraiment nouveau. Toutefois, en ce qui concerne les taux d'intérêt et la politique monétaire, nous sommes vraiment en train d'innover.
− Maintenant, les banquiers centraux parlent même ouvertement de l’argent de l’hélicoptère. Vont-ils vraiment le faire ? − J'entends déjà le bruit des pales du rotor de l'hélicoptère dans le ciel. J'entends aussi le fracas des tam-tams de la politique budgétaire. Il semble y avoir une sorte de consensus croissant disant que la politique monétaire a fait ce qu'elle pouvait faire et que ce qui doit être fait maintenant − ainsi parlent les sages - est de taxer puis dépenser, dépenser et dépenser. Cela semble être la nouvelle grande idée en politique. Dans tous les cas, ce n'est pas bon pour les détenteurs d'obligations.
− Fait intéressant, personne ne semble parler de la dette publique croissante. En outre, la politique budgétaire est juste un à côté dans la campagne des élections présidentielles en cours. − Le problème avec cette élection est que quelqu'un doit gagner. Je n'ai aucun attrait pour Donald Trump, ni pour Hillary Clinton. Le fait est que l'un des deux va gagner. Telle est la tragédie ! Nous chez Grant sommes au regret de constater que l'un d'entre eux va gagner.
− La crise financière et la faiblesse de la reprise économique ont probablement favorisé la montée de Donald Trump. Pourquoi l’économie américaine n’est-elle pas en meilleure forme après tous ces programmes monétaires ? − Je me demande ce qui se serait passé en 2008 si les marchés avaient été autorisés à effacer [leurs pertes] et si les prix avaient été autorisés à trouver leur propre niveau dans l'immobilier. Les banques centrales sont intervenues pour réprimer les paniques financières depuis au moins 200 ans. Par exemple, en 1825 la banque d'Angleterre a prêté sans barguigner et n'a pas été - comme on dit - trop regardante sur le type de garantie. Ce fut une intervention très dramatique. Ce n'est donc pas comme si nous n'avions jamais vu le prêteur de dernier recours au travail. Mais ce qui est nouveau est le traitement des marchés avec l'opium de l'assouplissement quantitatif, année après année, suite à la crise financière. Je pense que ce genre d'intervention non seulement n'a pas fonctionné, mais a été très préjudiciable. Partout dans le monde, les économies ne répondent plus, en dépit des mesures monétaires radicales. Dans une certaine mesure, je crois qu'elles ne se rétablissent pas à cause des mesures monétaires radicales.
− Quel est exactement le problème avec l’économie américaine ? −Il y a un autre côté à ce que nous voyons maintenant : il est certain qu'en Amérique la Réserve fédérale et les régulateurs bancaires ont généralement la main très lourde dans leurs interventions. Je suis sûr qu'ils sont pleins de bonnes intentions. Mais, avec leurs charges de régulation, ils suppriment la reprise du crédit qui se déroule dans une reprise économique normale et, dans ce cas particulier, après une dépression ou après une liquidation.
− Là encore, un retour de la crise financière serait catastrophique. − Les nouvelles règles en matière de réforme financière ont absorbé non seulement des forêts en terme de paperasse, mais aussi le temps et l'attention de légions d'avocats. Si vous parlez à un cadre bancaire ce que vous entendez est que les banques ont été submergées par la nécessité d'embaucher des gens pour la réglementation et le contrôle. Ceci a particulièrement pesé sur les petites banques. Je pense que cela fait partie de l'histoire de cette reprise terne : la politique monétaire a été radicalement ouverte à la création de nouveaux crédits. Mais elle a été radicalement restrictive en ce qui concerne la prise de risque dans le domaine privé.
− Donc, que faire pour remettre l’économie sur la bonne voie ? − Il existe des leçons de l'histoire sur la façon de le faire. Depuis plus de cent ans en Grande-Bretagne, aux États-Unis et probablement aussi en Suisse, les propriétaires des capitaux propres d'une banque étaient eux-mêmes responsables de la solvabilité de la banque. Si la banque est devenue bancale ou insolvable ils devaient remettre du capital pour rembourser les créanciers, y compris les déposants. Mais au cours des cent dernières années la responsabilité collective dans le secteur bancaire a progressivement remplacé la responsabilité individuelle. Le gouvernement, avec l'introduction de l'assurance-dépôts, les nouvelles réglementations et interventions ont remplacé la vieille doctrine de la responsabilité des actionnaires. Voilà pourquoi je pense que nous devons nous éloigner de l'intervention du gouvernement et aller plutôt vers des solutions axées sur le marché, comme la vieille doctrine de la responsabilité des propriétaires des banques.
− Au moins aux États-Unis, la Fed tente de revenir à une politique monétaire plus normale. Pensez-vous que la dirigeante de la Fed Janet Yellen accordera une autre hausse de taux lors de la réunion de Jackson Hole la semaine prochaine ? – Janet Yellen n'est en aucun cas une personne impulsive. Selon le Wall Street Journal, elle arrive à l'aéroport des heures avant le vol ! Donc, c'est est une personne réfléchie qui a une aversion au risque. En outre, en tant qu'économiste du travail, elle est une personne empathique. Elle croit ce que les économistes les plus interventionnistes croient : ils ont très peu de foi dans l'institution des marchés et ils ne croient pas que le mécanisme des prix est quelque chose de particulier. Ils veulent normaliser les taux et pourtant ils peuvent toujours trouver une excuse pour ne pas le faire. Nous avons entendu depuis des années maintenant que la prochaine fois, le prochain trimestre, le prochain exercice, ils agiront. Donc je crois ce que je vois : ce n'est pas avant longtemps que les taux des fonds fédéraux seront supérieurs à 0,5%. Je ne vois pas cela se produire.
− Wall Street semble penser dans le même sens. Jusqu’à présent, de nombreux investisseurs ne prennent plus le bavardage renouvelé sur une hausse des taux trop au sérieux. − La Fed est maintenant otage de Wall Street. Si le marché boursier recule de quelques pour cent, la Fed prend peur. Dans un sens, je suppose que la Fed est justifiée dans cette croyance, car elle est responsable dans une large mesure de l'élévation de la valeur des actifs financiers. Les taux de capitalisation de l'immobilier sont très bas, le PER des actions est très élevé et les taux d'intérêt sont extrêmement bas. On ne peut pas être certain des cause et des effets. Mais il me semble que les Banques centrales du monde sont responsables d'une grande partie de cette lévitation des valeurs. Alors qu'ils se sentent parfois une certaine responsabilité de laisser le monde à la traîne dans un marché baissier. On est arrivé à un point où la Fed est pratiquement otage des marchés financiers. Quand ils toussent, sans parler de tomber, la Fed s'inquiète et intervient.
− De toute évidence, les marchés financiers aiment cet état d’esprit prudent de la Fed. Plus tôt cette semaine, les actions américaines ont atteint un nouveau record. − N'est-ce pas étrange ? Le marché boursier est à des niveaux records et le marché obligataire agit comme si on était dans la Grande Dépression. Pendant ce temps, la Banque nationale suisse achète beaucoup d'actions américaines.
− En effet, selon les derniers documents déposés auprès de la SEC, le portefeuille de la Banque nationale suisse en actions américaines a augmenté de plus de $60 milliards. − Oui, ils possèdent beaucoup de tout. Voyons comment ils obtiennent l'argent pour cela : ils créent des francs suisses à partir de l'air pur alpin, là ou l'argent suisse se développe. Puis ils achètent des euros et les transforment en dollars. Jusque là, personne n'a rien fait. Tout cela se réalise avec une touche sur un clavier d'ordinateur. Et puis la BNS appelle son courtier préféré - UBS, je suppose - qui ratiboise la bourse américaine. Tout cela avec de l'argent qui n'a jamais existé. Cela aussi, c'est quelque chose d'un peu nouveau.
− D’autres banques centrales, aussi, sont devenues de gros acheteurs sur les marchés mondiaux des valeurs mobilières. Fondamentalement, tout a commencé avec les programmes d’assouplissement quantitatif – QE – de la Réserve fédérale. − C'est un truisme de dire que les banques centrales font ça. Elles le font bien sûr depuis des générations. Mais il y a quelque chose de particulièrement éclatant dans les achats de milliards de dollars d'actions américaines par la Banque nationale suisse. Ce sont des actions de sociétés importantes du S & P 500 qui font des profits réels. Ainsi, la BNS accumule d'importantes positions dans ces sociétés avec de l'argent qui vient vraiment de nulle part. Voilà un peu de quoi se gratter la tête avec des questions existentielles, non ?
− Qu’est-ce-que les investisseurs sont censés faire sur ces marchés financiers bizarres ? − Je suis très optimiste sur l'or et je suis très optimiste sur les actions de mines d'or. C'est parce que je pense que le monde va perdre la foi dans la valeur du doctorat de gestion monétaire. L'or est loin d'être le meilleur investissement. L'or et l'argent sont stériles, comme Aristote nous le rappellerait. Il ne paie pas de dividende ni de revenu. Donc, gardez à l'esprit que l'or est un placement non conventionnel. Voilà pourquoi je ne veux pas dire que c'est la seule et unique chose dans laquelle les gens devraient placer leurs avoirs. Mais pour moi, l'or est un moyen très rapide d'investir dans le désordre monétaire.
− Où voyez-vous les plus grands risques ? − Pour moi, la dette souveraine est en tête des marchés surévalués dans le monde entier. Vous ne gagnez rien, ou moins que rien, pour le privilège de prêter votre argent à un gouvernement qui a promis de déprécier la monnaie dans laquelle vous investissez. Les Banques centrales du monde entier cherchent à atteindre un taux d'inflation de 2% ou plus et vous prêtez certainement à beaucoup moins de 2% et dans de nombreux cas, à moins de 0% nominal. L'expérience de perdre de l'argent est commune lorsque l'on investit. Mais où est l'intérêt si la certitude de la perte est là avant même que votre chèque soit encaissé ? Voilà la situation avec la dette souveraine en ce moment.
− Sur une base mondiale, plus d’un tiers de la dette souveraine est déjà à un rendement inférieur à zéro. − Ce n'est pas tout à fait un best-seller, mais un livre très important intitulé L'Histoire des taux d'intérêt. Il a été écrit par Sidney Homer et Richard Sylla. Sidney Homer n'est plus avec nous, mais Richard Sylla est vivant et bien portant à l'Université de New York. Donc, je l'ai appelé et lui ai dit : «Richard, j'ai lu beaucoup de pages, mais pas toutes, dans votre livre qui retrace l'histoire des taux d'intérêt à partir de 3 000 avant JC jusqu'à nos jours. Avez-vous jamais rencontré des rendements d'obligations négatifs ?» .Il a dit non et j'ai pensé que ce serait une sorte de nouveau scoop important. Pour la première fois depuis au moins 3000 ans, nous avons poussé les taux d'intérêt au-dessous du marqueur zéro. Je pensais que c'était une remarque exceptionnellement intelligente. Mais je constate que personne ne semble s'y intéresser.
− D’ores et déjà, cela fait deux ans que la BCE a été la première grande banque centrale à introduire des taux négatifs. − Il y a quelques autres paramètres historiques : en Europe, Monte dei Paschi di Siena, cette ancienne banque de plus de 500 ans en Italie, est en difficulté et délabrée autant qu'elle peut l'être sans se trouver légalement en faillite. Monte dei Paschi a survécu pendant un demi-millénaire et maintenant elle est dans les cordes. Pendant ce temps, la Banque d'Angleterre est en train de faire des choses aujourd'hui qu'elle n'a jamais faites dans son histoire, qui est vieille de plus de 300 ans. Je suggère donc que les temps sont à tout le moins intéressants et à bien des égards sans précédent.
− Alors, quel est le vrai sens de tout cela? − Dans la finance, la plupart du temps rien n'est jamais nouveau. Le comportement humain ne change pas et l'argent est une institution très ancienne, comme nos marchés. Bien sûr, les techniques évoluent, mais la plupart du temps rien n'est vraiment nouveau. Toutefois, en ce qui concerne les taux d'intérêt et la politique monétaire, nous sommes vraiment en train d'innover.
− Maintenant, les banquiers centraux parlent même ouvertement de l’argent de l’hélicoptère. Vont-ils vraiment le faire ? − J'entends déjà le bruit des pales du rotor de l'hélicoptère dans le ciel. J'entends aussi le fracas des tam-tams de la politique budgétaire. Il semble y avoir une sorte de consensus croissant disant que la politique monétaire a fait ce qu'elle pouvait faire et que ce qui doit être fait maintenant − ainsi parlent les sages - est de taxer puis dépenser, dépenser et dépenser. Cela semble être la nouvelle grande idée en politique. Dans tous les cas, ce n'est pas bon pour les détenteurs d'obligations.
− Fait intéressant, personne ne semble parler de la dette publique croissante. En outre, la politique budgétaire est juste un à côté dans la campagne des élections présidentielles en cours. − Le problème avec cette élection est que quelqu'un doit gagner. Je n'ai aucun attrait pour Donald Trump, ni pour Hillary Clinton. Le fait est que l'un des deux va gagner. Telle est la tragédie ! Nous chez Grant sommes au regret de constater que l'un d'entre eux va gagner.
− La crise financière et la faiblesse de la reprise économique ont probablement favorisé la montée de Donald Trump. Pourquoi l’économie américaine n’est-elle pas en meilleure forme après tous ces programmes monétaires ? − Je me demande ce qui se serait passé en 2008 si les marchés avaient été autorisés à effacer [leurs pertes] et si les prix avaient été autorisés à trouver leur propre niveau dans l'immobilier. Les banques centrales sont intervenues pour réprimer les paniques financières depuis au moins 200 ans. Par exemple, en 1825 la banque d'Angleterre a prêté sans barguigner et n'a pas été - comme on dit - trop regardante sur le type de garantie. Ce fut une intervention très dramatique. Ce n'est donc pas comme si nous n'avions jamais vu le prêteur de dernier recours au travail. Mais ce qui est nouveau est le traitement des marchés avec l'opium de l'assouplissement quantitatif, année après année, suite à la crise financière. Je pense que ce genre d'intervention non seulement n'a pas fonctionné, mais a été très préjudiciable. Partout dans le monde, les économies ne répondent plus, en dépit des mesures monétaires radicales. Dans une certaine mesure, je crois qu'elles ne se rétablissent pas à cause des mesures monétaires radicales.
− Quel est exactement le problème avec l’économie américaine ? −Il y a un autre côté à ce que nous voyons maintenant : il est certain qu'en Amérique la Réserve fédérale et les régulateurs bancaires ont généralement la main très lourde dans leurs interventions. Je suis sûr qu'ils sont pleins de bonnes intentions. Mais, avec leurs charges de régulation, ils suppriment la reprise du crédit qui se déroule dans une reprise économique normale et, dans ce cas particulier, après une dépression ou après une liquidation.
− Là encore, un retour de la crise financière serait catastrophique. − Les nouvelles règles en matière de réforme financière ont absorbé non seulement des forêts en terme de paperasse, mais aussi le temps et l'attention de légions d'avocats. Si vous parlez à un cadre bancaire ce que vous entendez est que les banques ont été submergées par la nécessité d'embaucher des gens pour la réglementation et le contrôle. Ceci a particulièrement pesé sur les petites banques. Je pense que cela fait partie de l'histoire de cette reprise terne : la politique monétaire a été radicalement ouverte à la création de nouveaux crédits. Mais elle a été radicalement restrictive en ce qui concerne la prise de risque dans le domaine privé.
− Donc, que faire pour remettre l’économie sur la bonne voie ? − Il existe des leçons de l'histoire sur la façon de le faire. Depuis plus de cent ans en Grande-Bretagne, aux États-Unis et probablement aussi en Suisse, les propriétaires des capitaux propres d'une banque étaient eux-mêmes responsables de la solvabilité de la banque. Si la banque est devenue bancale ou insolvable ils devaient remettre du capital pour rembourser les créanciers, y compris les déposants. Mais au cours des cent dernières années la responsabilité collective dans le secteur bancaire a progressivement remplacé la responsabilité individuelle. Le gouvernement, avec l'introduction de l'assurance-dépôts, les nouvelles réglementations et interventions ont remplacé la vieille doctrine de la responsabilité des actionnaires. Voilà pourquoi je pense que nous devons nous éloigner de l'intervention du gouvernement et aller plutôt vers des solutions axées sur le marché, comme la vieille doctrine de la responsabilité des propriétaires des banques.
− Au moins aux États-Unis, la Fed tente de revenir à une politique monétaire plus normale. Pensez-vous que la dirigeante de la Fed Janet Yellen accordera une autre hausse de taux lors de la réunion de Jackson Hole la semaine prochaine ? – Janet Yellen n'est en aucun cas une personne impulsive. Selon le Wall Street Journal, elle arrive à l'aéroport des heures avant le vol ! Donc, c'est est une personne réfléchie qui a une aversion au risque. En outre, en tant qu'économiste du travail, elle est une personne empathique. Elle croit ce que les économistes les plus interventionnistes croient : ils ont très peu de foi dans l'institution des marchés et ils ne croient pas que le mécanisme des prix est quelque chose de particulier. Ils veulent normaliser les taux et pourtant ils peuvent toujours trouver une excuse pour ne pas le faire. Nous avons entendu depuis des années maintenant que la prochaine fois, le prochain trimestre, le prochain exercice, ils agiront. Donc je crois ce que je vois : ce n'est pas avant longtemps que les taux des fonds fédéraux seront supérieurs à 0,5%. Je ne vois pas cela se produire.
− Wall Street semble penser dans le même sens. Jusqu’à présent, de nombreux investisseurs ne prennent plus le bavardage renouvelé sur une hausse des taux trop au sérieux. − La Fed est maintenant otage de Wall Street. Si le marché boursier recule de quelques pour cent, la Fed prend peur. Dans un sens, je suppose que la Fed est justifiée dans cette croyance, car elle est responsable dans une large mesure de l'élévation de la valeur des actifs financiers. Les taux de capitalisation de l'immobilier sont très bas, le PER des actions est très élevé et les taux d'intérêt sont extrêmement bas. On ne peut pas être certain des cause et des effets. Mais il me semble que les Banques centrales du monde sont responsables d'une grande partie de cette lévitation des valeurs. Alors qu'ils se sentent parfois une certaine responsabilité de laisser le monde à la traîne dans un marché baissier. On est arrivé à un point où la Fed est pratiquement otage des marchés financiers. Quand ils toussent, sans parler de tomber, la Fed s'inquiète et intervient.
− De toute évidence, les marchés financiers aiment cet état d’esprit prudent de la Fed. Plus tôt cette semaine, les actions américaines ont atteint un nouveau record. − N'est-ce pas étrange ? Le marché boursier est à des niveaux records et le marché obligataire agit comme si on était dans la Grande Dépression. Pendant ce temps, la Banque nationale suisse achète beaucoup d'actions américaines.
− En effet, selon les derniers documents déposés auprès de la SEC, le portefeuille de la Banque nationale suisse en actions américaines a augmenté de plus de $60 milliards. − Oui, ils possèdent beaucoup de tout. Voyons comment ils obtiennent l'argent pour cela : ils créent des francs suisses à partir de l'air pur alpin, là ou l'argent suisse se développe. Puis ils achètent des euros et les transforment en dollars. Jusque là, personne n'a rien fait. Tout cela se réalise avec une touche sur un clavier d'ordinateur. Et puis la BNS appelle son courtier préféré - UBS, je suppose - qui ratiboise la bourse américaine. Tout cela avec de l'argent qui n'a jamais existé. Cela aussi, c'est quelque chose d'un peu nouveau.
− D’autres banques centrales, aussi, sont devenues de gros acheteurs sur les marchés mondiaux des valeurs mobilières. Fondamentalement, tout a commencé avec les programmes d’assouplissement quantitatif – QE – de la Réserve fédérale. − C'est un truisme de dire que les banques centrales font ça. Elles le font bien sûr depuis des générations. Mais il y a quelque chose de particulièrement éclatant dans les achats de milliards de dollars d'actions américaines par la Banque nationale suisse. Ce sont des actions de sociétés importantes du S & P 500 qui font des profits réels. Ainsi, la BNS accumule d'importantes positions dans ces sociétés avec de l'argent qui vient vraiment de nulle part. Voilà un peu de quoi se gratter la tête avec des questions existentielles, non ?
− Qu’est-ce-que les investisseurs sont censés faire sur ces marchés financiers bizarres ? − Je suis très optimiste sur l'or et je suis très optimiste sur les actions de mines d'or. C'est parce que je pense que le monde va perdre la foi dans la valeur du doctorat de gestion monétaire. L'or est loin d'être le meilleur investissement. L'or et l'argent sont stériles, comme Aristote nous le rappellerait. Il ne paie pas de dividende ni de revenu. Donc, gardez à l'esprit que l'or est un placement non conventionnel. Voilà pourquoi je ne veux pas dire que c'est la seule et unique chose dans laquelle les gens devraient placer leurs avoirs. Mais pour moi, l'or est un moyen très rapide d'investir dans le désordre monétaire.
Par Tyler Durden – Le 22 août 2016 – Source Zero Hedge
Traduit et édité par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone
Vu ici
Traduit et édité par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone
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