13 juin 2016

Un vent de folie souffle sur la justice grenobloise


Pour un patient pas scientifique, mieux vaut un médecin patient, qu’un soi-disant médecin, impatient de servir une justice expéditive.

Maître Bernard Ripert, avocat, vient d’en faire la triste expérience.

À l’initiative du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Grenoble, il a été interné de force à l’hôpital psychiatrique de Bassens, pendant deux jours et deux nuits, sur l’avis de l’expert psychiatre requis à cet effet, qui en a donc décidé au motif que, je cite :

« Monsieur Ripert est une personne présentant des troubles mentaux qui nécessitent son placement sous contrainte en hôpital psychiatrique. Je considère qu’il représente un danger pour lui-même et les autres. »

Il faut dire aussi qu’il l’avait bien cherché, le bougre. Bernard Ripert, c’est l’avocat d’Action directe, c’est l’avocat d’Antonio Ferrara, et c’est l’avocat d’Ilich Ramírez-Sánchez, dit « le terroriste Carlos », le témoin de mariage de mon conjoint, Alfredo Straniéri, dit « le tueur aux petites annonces », alias « l’escroc du Siècle », « Bichon » pour les intimes. Donc déjà, il y a un problème.

Et deuxièmement, ce vendredi 13 mai 2016, en plein palais de justice, et en pleine audience, Maître Bernard Ripert a dévisagé un juge ; « aurait » dévisagé un juge : on n’en est même pas sûr.

C’est ce regard, qui a été perçu par le procureur de la République comme « extrêmement menaçant », qui a justifié l’ouverture de la procédure, pour « intimidation envers un magistrat ».

Ah merde !

Bon, la Reine, en Angleterre, on n’a pas le droit de la toucher, ça je savais. Mais qu’en France, pays des droits de l’homme, le simple fait de regarder un juge peut nous valoir d’être poursuivi pour « intimidation envers un magistrat », ça, très sincèrement, je l’ignorais.

Et visiblement je ne suis pas le seul. Par exemple, pour Maître Gallo, l’avocat de Bernard Ripert :

« Accorder à un regard une valeur d’intimidation, c’est la démonstration d’un délire paranoïaque de l’institution judiciaire. »

Et alors pour Rose-Marie Ripert, son épouse, à Nanar, là clairement :

« C’est écœurant. Hallucinant. Ce sont des pratiques d’une autre époque. »

Attention ! Quelque part, je la comprends. Avant d’être interné de force en hôpital psychiatrique, son mari a d’abord été interpellé à leur domicile, à 6 heures du matin, puis c’est menotté qu’il a été conduit à l’hôtel de police, où il a été placé en garde-à-vue. Elle raconte :

« Une dizaine de policiers ont déboulé à notre domicile. Une voiture de la BAC bloquait la rue. C’était impressionnant. Ils sont entrés dans notre chambre et ils l’ont embarqué. »

En outre, la loi ne donne pas au procureur de la République le pouvoir d’ordonner un internement : seul le préfet peut le faire. Et attendez : ce n’est pas fini ! Pour que l’internement puisse être ordonné, il ne faut pas l’avis d’un seul expert psychiatre, comme le procureur de Grenoble s’en est contenté, il faut un avis concordant donné par deux experts psychiatres différents.

Dès lors, en ordonnant l’internement de force de Bernard Ripert, alors que la loi ne lui en donne pas la compétence, et ceci qui plus est sur l’avis d’un seul expert psychiatre, le procureur de Grenoble s’est rendu coupable, en tant que complice, par abus d’autorité et de pouvoir, du délit de privation illégale de liberté, et du délit de mesure mettant en échec de l’exécution de la loi, en tant qu’auteur, lui qui s’est octroyé, dans l’exercice de ses fonctions, une compétence (ordonner un internement) que la loi confère uniquement au Préfet, et non pas au procureur de la République.

Du coup, c’est bien gentil les copains, de vous offusquer avec véhémence, de réagir vigoureusement au traitement dont a bénéficié votre confrère (suite à son interpellation, les avocats du Barreau de Grenoble ont adressé à leur Bâtonnier une lettre commune de vive protestation), et pareillement pour le Conseil de l’Ordre, qui lui a exprimé sa « sidération devant les conditions d’arrestation », et qui a dénoncé de manière solennelle « les moyens disproportionnés qui ont été mis en œuvre » et « une volonté indéniable d’anéantissement personnel et professionnel d’un avocat ».

Et c’est vachement culotté, également, les gars, comme riposte, de vous être réunis, mardi, en robe, devant le tribunal, pour affirmer votre soutien à Bernard Ripert, et pour vous opposer sèchement à « un contexte de dégradation massive des relations entre l’institution judiciaire et les avocats ».

Mais, hé ! Maintenant que vous avez ainsi magnifiquement et courageusement obtenu, bravo, sa libération (le préfet a fait cesser son internement), et étant donné qu’à en croire le journal Le Dauphiné (« libéré » lui aussi), maître Ripert serait « plus remonté que jamais », faîtes plutôt délivrer contre le procureur de Grenoble, et immédiatement, une citation directe en correctionnelle, du chef des deux délits susdits, délits dont il s’est rendu coupable d’une façon autant manifestement incontestable, qu’il est absolument patent, que diable, que certains passages de Mein Kampf apparaissent quelque peu inamicaux envers le Peuple élu, voire carrément résolument antisémites. 
 
Germain Gaiffe-Cohen
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