L’article 49.3 de la Constitution permet à l’exécutif d’adopter un texte de loi sans vote préalable du Parlement, en engageant la responsabilité du gouvernement. Cette arme constitutionnelle a été utilisée à de nombreuses reprises par les gouvernements successifs, et notamment trois fois en 2015 pour faire adopter la loi Macron.
La loi devrait être adoptée sans plus tarder puisque Manuel Valls a annoncé le 10 mai, devant le Parlement, qu’il engagerait «tout à l’heure» la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale «avec responsabilité et avec confiance».
Si le Premier ministre a décidé de passer outre la case Parlement, c’est que «la conjonction des oppositions» aurait pu «bloquer le texte», a-t-il prévenu devant l’Assemblée, où des débats animés ont eu lieu le 9 mai.
Malgré l’opposition, Manuel Valls estime «que la réforme doit aboutir, parce que le pays doit avancer, parce que les relations salariales et les droits des salariés doivent progresser».
Plus tôt dans l’après-midi, un Conseil des ministres extraordinaire avait été convoqué par le président François Hollande, autorisant le recours à l’arme constitutionnelle du 49.3.
Les parlementaires de tous bords furieux
Peu de temps après cette annonce, le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon s’est fendu d’un communiqué dans lequel il a appelé les parlementaires à «voter la censure» contre le gouvernement. Le député communiste Pierre Laurent s'est joint à son appel.
La présidente du Front national (FN) s’est également exprimée publiquement sur Twitter, déclarant que «pour le pouvoir, l’obéissance à l’UE est toujours plus importante que l’expression démocratique du Parlement».
Chez Les Républicains (LR), le professeur et député Bernard Debré s’est insurgé devant l’Assemblée nationale, accusant le gouvernement de vouloir «déposséder» les députés de leurs prérogatives en recourant à cette arme constitutionnelle, avant de conclure ironiquement : «Ave Caesar, morituri te salutant». Contacté par RT France, il estime que le gouvernement laisse transparaître son manque absolu de majorité. «Cet article n’est pas du tout pour obliger l’opposition à faire quoi que ce soit ! C’est pour obliger la majorité socialiste a suivre le gouvernement. C’est plus qu’un aveu de faiblesse, c’est un aveu de brouillon», s'emporte-t-il.
Enfin, au Parti socialiste, deux franges se sont fait face lors des débats parlementaires du 9 mai, l’une appuyant l’action du gouvernement et l’autre, la critiquant. Comme l’a rapporté l’agence de presse AFP, «certains socialistes, comme Karine Berger, ont dénoncé "un acte politique grave", [alors que] d'autres jugeaient en privé que "le 49-3 va faire gueuler mais soulagera tout le monde"».
Malgré un vote imminent, l’opposition à la loi travail se poursuit
Dans la perspective du vote de la loi, un rassemblement de protestation du mouvement Nuit Debout est prévu à 18h, le 10 mai, devant l’Assemblée nationale à Paris.
Cette nouvelle mobilisation devrait faire suite aux immenses manifestations, rassemblant parfois plusieurs centaines de milliers d’opposants, qui se sont déroulées ces derniers mois dans toute la France.
Tantôt dans une ambiance bon enfant, tantôt dans une atmosphère violente émaillée d’incidents avec les forces de l’ordre, de nombreux citoyens ont en effet régulièrement battu le pavé pour signifier leur opposition au projet de loi.
Quant à l’utilisation du 49.3, elle ne semble pas non plus rencontrer un franc succès parmi la population, puisqu’un sondage de l’institut Odoxa publié le 6 mai a démontré que 71% des Français trouveraient «choquant» le recours du gouvernement à cette mesure d’exception.
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