22 février 2016

Un pont trop loin


Le voilà, lui même en personne, avec son pull jacquard époque Jaruzelsky et son allure de fruit improbable des amours d’un bouledogue irlandais avec une femelle orang-outan (voire l’inverse, si ça se trouve). Il nous rend une petite visite ce brave Père Tuszduku (voir Derrière Napoléon), comme promis dans le temps : « à première occasion je venir dans secteur, je fais signe vous » qu’il avait dit l’aumônier des hardeurs; et il tient parole, l’oubli des amis n’étant pas le genre de la maison. En mémoire de nos communes aventures, Thérèse a sorti la rosette de Lyon et le Brouilly de derrière les fagots tandis que le bistrot s’emplit de joyeuses clameurs et de conversations enjouées. Diable, si j’ose dire, la venue de l’ecclésiastique polonais, débarqué des fourgons d’une équipe de tournage installée quelque part dans le coin, n’a pas manqué d’attirer le ban et l’arrière ban des piliers de notre vieux comptoir, depuis le noyau dur formé par la garde rapprochée de votre serviteur, Grauburle, Maurice et Jean Foupallour, jusqu’aux dégâts collatéraux style Blaise Sanzel et même la dodue Monique, l’amie de cœur du camarade Yves Rognes. Ce dernier, récemment remonté à Trounaze, constituant à peu près l’unique excusé de la réunion impromptue.
Au lieu de lui foutre la paix, au brave aumônier, voilà-t-y pas le vieux Maurice qui lui rentre illico dans le chou! « Dites, Euszébius, vous en pensez quoi vous du Pape, le pote à Fidel, quand il balance comme quoi Dieu il aimerait plus les mecs qui construisent des ponts que leurs confrères bâtisseurs de murs…vous qui discutez souvent avec le Père Eternel, il a dû forcément vous déblayer le terrain sur la question, non, je me goure? Parce que si on le suit, votre Saint Père, va falloir se fendre d’un viaduc entre la Turquie et les Iles Grecques, comme ça les envahisseurs y pourront nous débouler dessus à pied-sec, par dizaines de millions, sans s’emmerder à payer des passeurs…et puis si j’ai bien capté on s’est gouré en creusant un tunnel sous la Manche, fallait passer par dessus je suppose…même si pour Calais ça n’aurait pas beaucoup changé les choses : God save ze gouine and let ze migrateurs of my burns reste on the Continent and do not make chier! »
Vous me croyez si vous voulez mais il détient la réponse, le Père, et directement du Producteur au consommateur: « Oui, tak, nous sort-il sans barguigner si peu que ce fût, Seigneur-Nôtre visiter Tuszduku deux nuits passées pour expliquer déclarations François dans Boeing retour Mexique. Comprendre il faut, voir vous? Pape beaucoup fatigué voyage et très emmerdé voler dans avion, trouille bleue, pas aimer du tout! Alors rêvait un peu, lui, grand pont suspendu sur Atlantique, sans doute…d’où belle métaphorisme (on parle comme ça?) pour dire Chrétiens ne pas rejeter autres dehors coup pied dans cul comme sales clébards, mais accueillir gentiment maison, offrir café, tout bien comme exige politesse et charité du Christ. Sauf Dieu ajouter aussi qu’à moment donné faut arrêter conneries! Si pont permet entrer salopards de Musulmans, venus pour bouffer patates, niquer femmes et bousiller bonshommes de chez nous, alors construire gros mur il importe! Comme ça chacun chez soi et Moi pour tous, merde, y a limite à stupidité! Pape un peu gauchiard sur les bords, pas tout prendre pied de lettre il faut, nom de Moi : chemins Enfer fabriqués avec plein intentions bonnes! »

Alors là, tout de même, il produit son petit effet, le Polak, pas tellement qu’il convainque l’entière assemblée de l’absolue réalité de ses entretiens avec le Très-haut mais le simple fait d’entendre un tel langage de la bouche d’un curé, de nos jours ça estomaque. Depuis le dernier Concile cinquante ans se sont écoulés – un bref instant dans la vie de l’Église – qui n’ont pas manqué de transformer un Clergé complètement déboussolé en bande de bisounours ahuris tout juste bons à courir après la Bien-Pensance en profitant des virages pour tenter de la dépasser sur sa gauche. Désormais, après avoir viré son malheureux prédécesseur forcément suspect en raison notamment de son affiliation aux Jeunesses Hitlérienne vers ses sept ans (l’âge de raison, pas vrai?), le Pape annonce quotidiennement l’évangile selon Saint Karl Marx et construit par petites touches une doctrine mondialo-immigationniste que ne sauraient renier les plus illuminés de nos gauchiards-germanopratins. Du coup le langage de notre pote Euszébius, et qu’il nous sert en tant que parole divine direct-live, prend un aspect étrange et saugrenu que seule l’évidente candeur de l’intéressé nous empêche de considérer comme foutage de gueule. Il y croit à ce qu’il raconte et, en plus, il en rajoute : « Dieu me dire aussi, dans infinie sa bonté, nécessité absolue faire attention à énorme merde plantée par Musulmans au Moyen-Orient…gros risque par stupidité occidentale aller s’acoquiner avec Turcs au lieu conclure alliance solide Russes (saloperie mais bon faire avec faut) pour foutre grosse pâtée à Djihad et sauver enfants Chrétiens. Un seul crucifié ça suffit notre bonheur, pas la peine rajouter encore! A suivre aveuglément connards d’Américains tous vont finir par crever sous coups des Mahométans…Dieu refuse systématiquement couillonnade pareille mais impossible s’en mêler, doit rester neutre, forcément, alors à nous de démerder sans quoi affaire catholique partira en sucette et bien-aimé Occident tout entier avec…bon conseil, tout de suite miner les ponts et puis réparer un jour, quand danger passé…pas demain la veille! »

En d’autres termes, Dieu se placerait du côté de Trump! En voilà un scoop, il a bien fait de venir le cher père, avec ses visions mystico-hallucinatoires. D’autant qu’après tout ça se vérifie sur le terrain, il fait la course devant tout le monde Donald, au point qu’à l’issue des résultats de Caroline du Sud, Jeb, le Bush de service, vient de déclarer forfait laissant le blondinet milliardaire en quasi tête à tête avec un certain Rubio, fils d’émigré anti-castriste…pas spécialement un gauchiste, lui non plus. Les Républicains Amerloques choisissent leur camp, cela paraît clair, et les histoires de mur et de pont ils s’en foutent comme de leur première winchester, ces braves gens, leur souci consiste précisément à surveiller les Muz comme lait sur le feu et à se protéger des envahisseurs en général… ça les embêterait de subir le genre de sort que leurs ancêtres infligèrent jadis aux malheureux Indiens! Reste à savoir si Dieu, le copain du Père Tuszduku, aura les couilles d’aller au bout du raisonnement en laissant Trump devenir président au nez et à la barbe (rasée de près) de son adversaire Hillary (comme un bossu)… nous serons fixés en Novembre. Moi, en tout cas ça me plairait assez, finalement, rien que pour enquiquiner tous ceux qui pensent bien comme il faut.

A ce propos, justement, dans le brouhaha issu de la chaleur communicative du Brouilly, nous entendons s’élever la voix puissante de Maître Jean Trentasseur apostrophant en ces termes notre ami prêtre : « Dites, Monsieur l’Abbé, vous envoyez le bouchon un peu loin, ne trouvez vous pas? Qu’est-ce que c’est que ces façons de faire passer le Bon Dieu pour un sale facho et le Pape pour un débile mental? En admettant qu’il existât votre Interlocuteur Nocturne et en admettant même -au prix d’un gros-gros effort, je l’avoue- qu’Il daigne s’adresser à votre personne ès- qualité de curé pornographe, vous croyez vraiment qu’Il irait jusqu’à cracher sur une partie de l’Humanité, tout en prenant ouvertement partie pour l’autre? Il se placerait du côté de l’opulence pour mieux enfoncer les déshérités? Du Ciel il damnerait encore un bon coup les damnés de la Terre? Pas très catholique votre façon d’annoncer l’Évangile! Moi, en tout cas, je ne vous donnerais pas le Bon Dieu sans confession… »
« Vous peut être raison possédez, mon fils, lui répond Euszébius sans se démonter le moins du monde, mais, savez vous, la charité ordonnée comme faut elle commence toujours par même soi. Si vous préférez ennemi vôtre à enfants de vous Dieu n’aime pas. Ne devons pas le prendre pour burne molle, Dieu, nous a donné moyens nous défendre pas pour servir carpette à prière cul-en-l’air! Quand vous crevé gueule ouverte suspendu à corde ou cloué sur croix, pas la peine aller Le voir pour rouspéter, vous envoira balader parce que craché en l’air et pris gros mollard sur figure…tant pis vous… vie pas partie rigolade! Nous autres avons connu mauvais côté rideau fer pendant vous goberger trente-glorieuses… plus facile acquérir lucidité assis sur cactus que vautré sur lit en duvet canard! Alors Dieu donné nous Pape Wojtila pour foutre en l’air Communistes… maintenant se repose un peu avec Saint-Père bolchévique mais juste pour rigoler, prochain coup remettra pendules à heure, Tout-Puissant me l’a dit aussi, en confidence pour conserver espoir à pauvre moi… »

Et finalement le dernier mot appartient à ce sacré Grauburle, déjà à moitié pété qui se met à vociférer » merde à la fin, on s’en fout des histoires de pont et de mur, d’ailleurs j’y capte un beignet à ces conneries. Moi, tout ce que je vois c’est qu’un jour ils arriveront à nous interdire le pinard. Même pas la peine de les empêcher d’entrer, on les a déjà chez nous et ils se reproduisent. Alors les ponts moi je veux bien mais à sens unique et pas vers ici si vous voyez où je veux en venir. Quant au Pape il ferait mieux de s’inquiéter, parce qu’une messe au thé vert ou au Coca-Cola ça ferait de la peine au petit Jésus, rappelez vous, pour peu qu’ils nous remplacent l’ostie par du couscous on verra plus trop la différence avec la mosquée.
Alors profitons-en tant que ça dure et vive le Père Tuszduku, c’est un couillu! »

Bon Dimanche quand même.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

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