02 décembre 2015

La Russie, notre alliée naturelle...


Les attentats du 13 novembre à Paris ont eu un puissant retentissement à l’échelle mondiale, non seulement à cause de l’émotion qu’ils ont suscitée, mais surtout des conséquences politiques qu’on peut en attendre. A vrai dire, ils ne devraient pas être considérés comme un facteur intrinsèquement et radicalement nouveau. Tous ceux qui s’intéressent aux questions de sécurité savaient depuis longtemps qu’un tel événement se produirait. On ne savait ni quand, ni où, ni comment, mais il était certain que, après plusieurs tentatives déjouées, il s’en trouverait une qui réussirait. Objectivement, on ne devrait pas être surpris et ce terrible drame ne devrait pas modifier fondamentalement la situation mondiale.

Pourtant, ces attentats ont déjà joué, et joueront encore, un rôle déterminant, celui de révélateur. Ils remettent les choses à leur place. Ils nous rappellent au sens des réalités. Ils nous font voir clairement quels sont pour nous les véritables dangers, quels sont nos intérêts vitaux, qui sont nos amis et nos ennemis. Les conditions fondamentales étaient déjà présentes et les observateurs lucides les avaient bien mises en valeur. Mais, pour des raisons qu’il est difficile d’expliquer rationnellement, des fantasmes soutenus par une propagande lancinante ont voilé l’évidence même.

Cette déviation du raisonnement politique a particulièrement exercé ses ravages dans les rapports officiels de l’Occident en général, et de la France en particulier, avec la Russie. Il est temps de rappeler en quoi ce grand pays, qui tient une place de plus en plus importante dans le concert mondial, est notre allié naturel, non pas du fait d’un événement particulier, si tragique soit-il, mais pour des raisons qui tiennent, comme aurait dit de Gaulle, à la nature des choses.

Quand on examine la situation internationale rationnellement et sans préjugés, on est amené à constater que les relations entre la France et la Russie devraient être des plus faciles, car il n’existe aucun contentieux qui oppose les intérêts de nos deux pays. Pourtant, à en croire le pouvoir politique français et la plupart des médias, il régnerait entre nous un tel climat de tension que certains, naguère encore, allaient jusqu’à parler de guerre froide, voire de risque de conflit armé. Les commentaires officiels prennent comme donnée de base évidente que nous sommes dans deux camps opposés et que le mieux que l’on puisse espérer serait d’éviter un affrontement. Autre donnée de base de la vulgate médiatique : la Russie est actuellement dirigée par un personnage inquiétant et redoutable, dictateur à l’intérieur de son pays et prêt à toutes les aventures sur la scène internationale. On laisse entendre, sans toujours le dire ouvertement, que ses mauvaises manières font penser à Hitler. Il est temps de dissiper les fantasmes et de garder la tête froide, exercice d’autant plus salutaire qu’il fait apparaître la situation sous un jour beaucoup moins catastrophiste.

UN ANTAGONISME FACTICE

Qu’il n’existe pas de conflit naturel entre la France et la Russie relève de l’évidence : aucune contestation territoriale, aucune revendication, aucune rivalité de puissance. Bien mieux, ce qui relève aussi de l’évidence, c’est la complémentarité entre les deux pays, principalement en matière économique. La Russie est très riche en ressources naturelles dont la France a besoin pour ses industries de transformation. D’où vient donc cet antagonisme de façade ?
L’une des raisons est assez traditionnelle. S’il est vrai que les deux pays n’ont pas de contacts géographiques directs, il est vrai aussi qu’ils ont l’habitude de se mêler des affaires du monde, ce qui peut les conduire à avoir des différends indirects, à distance. Cela peut être le cas à propos de l’Ukraine et de la Syrie. Nous verrons plus loin quelles sont les différentes positions en présence sur ces questions.

Une autre raison, plus dans l’air du temps, vient compliquer la situation. Traditionnellement, les différends à distance portaient sur des divergences d’intérêts. Or, il est certain que, en Syrie par exemple, les intérêts de la France et ceux de la Russie n’ont rien de particulièrement contradictoire. C’est que d’autres considérations viennent perturber le jeu : les considérations d’ordre moral et idéologique. On ne se demande pas si le maintien ou l’éviction de Bachar el-Assad entraînerait des conséquences bonnes ou mauvaises, on décrète a priori que ce Bachar est décidément un mauvais garçon qu’il faut punir d’urgence et prioritairement. Pour le traitement des conséquences, on verra plus tard. Nous sommes là au cœur du problème : quels sont les principes et les critères qui doivent inspirer notre politique étrangère ? Question qui n’a rien de rhétorique, car, selon la réponse, les conséquences peuvent être terriblement différentes. Nous y reviendrons.

Cette question des principes qui doivent commander notre politique étrangère se pose à propos de la troisième raison (peut-être la plus importante) qui explique l’attitude hostile de la France officielle à l’égard de la Russie : il s’agit de la conformité systématique de notre diplomatie avec celle des Etats-Unis.

Il faudrait de longs développements pour envisager tous les aspects de nos rapports complexes avec les Etats-Unis. Ce pays demeure le plus puissant du monde, son dynamisme ne se dément pas et il exerce un immense pouvoir d’attraction, voire de fascination. De plus, le poids de l’histoire récente se fait encore sentir. Pour les Français et pour l’ensemble du monde occidental, après les interventions contre l’Allemagne en 1917 et en 1944, la guerre froide a laissé des traces très profondes dans les esprits et dans les cœurs. Les Etats-Unis étaient considérés comme les champions incontestés du monde libre. Un sentiment de type féodal s’était développé. Ils étaient vus comme une sorte de suzerain, détenant non seulement le pouvoir de commander, mais une sorte de légitimité particulière pour ainsi dire inaliénable. La conséquence naturelle est que les pays européens, officiellement alliés, se sont retrouvés, à force de reconnaître un suzerain, dans une position de vassaux. C’est exactement ce que de Gaulle combattait en essayant désespérément de faire prévaloir la construction d’une Europe-puissance. L’effondrement de l’empire soviétique, et du communisme en général, a semblé renforcer la position du vainqueur américain dans la situation nouvelle. Un indice est à cet égard révélateur. Alors que l’OTAN, créée pour résister au camp communiste, avait perdu toute raison d’être, elle a été maintenue et a développé une activité interventionniste comme outil au service des Etats-Unis. A l’inverse, par ce même phénomène de persistance mémorielle, la Russie est considérée aux yeux de certains comme le simple prolongement de l’URSS, c’est-à-dire comme l’ennemi potentiel d’hier toujours prêt à le redevenir.

Mais expliquer n’est pas justifier. Une bonne façon de se retrouver en mauvaise posture est de mener aujourd’hui la guerre d’hier, sans s’apercevoir que la situation a radicalement changé. Pour y voir plus clair, il faut, pour employer une expression à la mode, revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire à l’essentiel et au permanent. Ce qui est essentiel et qui devrait être permanent pour déterminer la politique étrangère d’un pays, c’est l’intérêt supérieur de ce pays. Bien entendu, il ne s’agit pas de proposer une conception à courte vue, étriquée et rétractile, mais de se dégager d’abord de tous les préjugés et faux-semblants.

Dans le cas présent, comme nous l’avons dit, il est certain qu’il n’existe aucune opposition de fond, au contraire, entre les intérêts de la Russie et les nôtres. D’autre part, nous n’avons aucune raison sérieuse d’épouser la cause des Etats-Unis. Nous ne sommes pas en guerre contre un ennemi commun traditionnel et nous n’avons pas à nous comporter comme des alliés fidèles et dévoués qui pourraient éventuellement sacrifier une partie de leurs intérêts au profit du commandant suprême. Les relations entre la Russie et les Etats-Unis ont leur logique propre. C’est une constante des conceptions géopolitiques des Etats-Unis que de considérer la Russie comme un antagoniste naturel et un adversaire potentiel. C’était déjà vrai avant l’ère communiste et cela le demeure après. En conséquence, c’est aussi une constante de la stratégie américaine que de couper la Russie de l’Europe. Cet objectif est apparu au grand jour ces dernières années.

Il n’est même pas certain qu’ils agissent dans leur intérêt bien compris, car il y avait en Russie, après la chute du communisme, un engouement enthousiaste pour les Etats-Unis que ceux-ci ont douché de façon glaciale et assez méprisante, ramenant les Russes à l’état d’une nation vaincue dans la guerre froide. Mais, après tout, peu importe que les Américains jouent bien ou mal. C’est leur affaire et non la nôtre.

Qui plus est, si les Etats-Unis se distinguaient par une pratique judicieuse et profitable en fait d’interventions sur la scène mondiale, nous pourrions nous dire qu’il serait avantageux de monter dans leur bateau. Mais, comme on le remarque souvent ironiquement, le seul succès qu’ils aient remporté dans leurs interventions extérieures est l’occupation de l’Ile de la Grenade sous la présidence Reagan. Remercions au passage Jacques Chirac d’avoir refusé d’engager la France dans la catastrophique deuxième guerre d’Irak.

Enfin, si certains nourrissent l’espoir un peu veule que le bon maître nous sera reconnaissant, qu’ils se souviennent de Hollande déployant un zèle servile pour soutenir les frappes américaines prévues contre Bachar el-Assad et lâché en rase campagne, se retrouvant Gros-Jean comme devant par la grâce d’Obama.

Ces propos ne sont pas un réquisitoire contre les Etats-Unis. Ce n’est pas pour rien si ce pays est encore le plus puissant du monde et s’il est toujours en mesure de nous donner des leçons d’énergie et de dynamisme. Ils visent seulement à nous rappeler que son destin et ses intérêts lui appartiennent, que nous devons être maîtres des nôtres et que, en particulier nous n’avons pas vocation à jouer les satellites dans une politique hostile à la Russie.

QUI EST VLADIMIR POUTINE ?

Si cette question se pose, ce n’est pas pour le plaisir de se livrer aux délices de l’analyse psychologique intime, c’est que nous assistons à un double phénomène des plus intéressants et des plus importants. Nous voyons tout un peuple, dans ses profondeurs et dans sa grande majorité, se reconnaître dans un homme et nous voyons aussi ce couple déterminé à laisser son empreinte non seulement sur sa propre histoire, mais sur les affaires du monde. Les politologues occidentaux patentés ont été déconcertés, en particulier par une popularité perceptible en toute occasion et mesurée par les sondages et les élections. Ils ont d’abord invoqué des pressions et une emprise étouffante exercées par le pouvoir. Mais, au fil du temps, cette image d’un peuple sous la botte n’a reçu aucune confirmation dans un pays ouvert à tous vents et soumis à toutes les observations. Ils ont ensuite prédit que cette popularité produite mécaniquement par une relative prospérité due au prix élevé du pétrole, ne manquerait pas de s’effondrer à l’apparition des premiers nuages. La Russie a en effet souffert de la crise mondiale, de la baisse considérable du prix des produits énergétiques et d’un certain étouffement économique provoqué par les sanctions occidentales. Les Russes ont été éprouvés, mais ils se sont encore plus étroitement rapprochés de leur président. Nous n’aurons pas la cruauté d’émettre quelque comparaison que ce soit avec d’autres pays et d’autres dirigeants.

Quant à la manière de gouverner de Poutine, on a d’abord présenté le personnage comme une marionnette des oligarques, destinée à obéir ou à être balayée par ses maîtres. Une telle lucidité dans l’analyse a de quoi susciter l’admiration rétrospective. On a donc envoyé le balancier à l’autre extrémité : Poutine était un dictateur, et même un tyran. Mais nul soulèvement populaire (donc nulle répression sanglante), nulle révolte éloquente d’un champion de la liberté (donc nul martyr emprisonné) ne sont venus donner quelque consistance à l’image diabolisée.

Qui est donc cet homme qui, d’ores et déjà et sans préjuger de l’avenir, a suscité une telle longévité dans l’adhésion ? Cette question n’est ni littéraire, ni théorique, elle est profondément politique.

Les observateurs qui connaissent bien la Russie et qui s’intéressent à Vladimir Poutine sont d’accord pour dire qu’il existe une profonde correspondance entre le personnage et sa fonction. Certains êtres humains sont doués pour la musique, les mathématiques, le commerce ou la mécanique, lui est doué pour la politique, et plus précisément pour le gouvernement. C’est même un surdoué. Il pourrait reprendre à son compte, pour la fonction de président, ce que Louis XIV disait du « métier de roi », à savoir qu’il est grand, noble et délicieux. Sur toutes les questions qui préoccupent ses concitoyens, sur celles qui surviennent dans l’actualité, il est présent, il intervient et surtout il envisage la situation d’un point de vue pratique et il apporte une solution. Il donne l’impression, et sans doute plus que l’impression, d’une activité foisonnante et efficace. Rencontre d’une passion et d’un tempérament : passion patriotique, amour de son pays et pulsion puissante pour les réalisations concrètes que permet le pouvoir.

Les adversaires occidentaux de Poutine croient utiliser contre lui l’argument qui tue en disant qu’il doit sa formation politique à son passage au KGB. En réalité, outre qu’il n’y a pas exercé des fonctions du plus haut niveau, il faut se souvenir que le KGB était, entre autres, comme on l’a dit, une sorte d’équivalent de l’ENA, qu’il était à peu près le seul organisme fonctionnant bien en URSS, que ses membres étaient souvent très lucides sur le communisme et que le corps dans son ensemble n’a rien fait, au contraire, pour essayer de sauver le régime soviétique de l’effondrement. Cet épisode de sa vie n’a donc rien pour Poutine d’un péché originel.

Si l’on s’interroge encore sur la popularité persistante de Poutine, il faut constater, tout simplement, qu’il a obtenu des résultats spectaculaires que ses compatriotes n’ont pas oubliés. Après la présidence Eltsine, il a hérité d’un pays en morceaux. Sans qu’on puisse parler de prospérité florissante et malgré les difficultés de ces derniers temps, il a élevé le niveau de vie des Russes dans de fortes proportions. Et ce qui est au moins aussi important que les progrès économiques, il a trouvé un pays humilié, sur lequel le monde entier s’essuyait les pieds après l’avoir redouté, et il en a fait, en quelques années, un des acteurs majeurs sur la scène internationale, non seulement, comme on dit, incontournable, mais pièce indispensable au règlement de plusieurs situations internationales. Les Russes, peuple sentimental et fier, lui en sont profondément reconnaissants. Les Américains ont commis la faute de ne pas prendre en compte cet aspect de la réalité. Sachons profiter de la leçon qui nous est ainsi donnée.
Pour notre part, ce qui nous intéresse d’un point de vue pratique, ce sont les ressorts qui déterminent l’action politique de Vladimir Poutine de façon que nous en tenions compte dans nos relations avec lui.

Sans qu’il soit question d’établir une hiérarchie dans les caractéristiques psychiques du personnage, on ne peut manquer d’être frappé par son caractère profondément rationnel. (C’est pourquoi, remarquons-le en passant, toute allusion, aussi lointaine soit-elle, avec Hitler, relève du délire). On chercherait en vain, dans l’action poutinienne ce qui relèverait de l’irrationnel ou même de la simple foucade. Cette confiance en la raison inspire tout naturellement le pragmatisme dans l’action, non seulement au niveau de l’exécution, mais déjà à celui de la conception.

Cette inspiration rationnelle se manifeste parfois sous des formes que l’on n’attendrait guère. C’est, par exemple, sous cet angle que l’on peut analyser le règlement de l’affaire tchétchène. Il fut un temps où elle était en permanence sur le devant de l’actualité et où elle empoisonnait la vie de la Russie. Aujourd’hui, on n’en entend plus parler. Par quel miracle ? Si Moscou voulait à toute force soumettre à son autorité la Tchétchénie comme une simple partie intégrante de la Fédération de Russie, le risque était grand de créer une sorte d’Afghanistan intérieur toujours combattu, jamais réduit. Mais, en réalité, la Tchétchénie n’apporte rien à la Russie, si ce n’est des ennuis en exportant dans le voisinage ses ferments de révolte permanente, aggravés aujourd’hui par l’influence islamiste. La Russie ne pouvait donc ni lui donner l’indépendance (ce qui eût été de mauvais exemple), ni l’intégrer pleinement. Poutine a choisi une solution rationnelle et originale : il a sous-traité le problème à un potentat local, Kadyrov, qui fait régner son ordre impitoyable sur ses concitoyens et qui garantit à la Russie la tranquillité de l’enclave. Grozny, la capitale, en ruines à la suite de la guerre, est devenue une ville rutilante de modernité et d’activité. C’est ce qu’on appelle en jargon moderne un accord gagnant-gagnant.

Autre qualité reconnue à Vladimir Poutine, qui fait apparaître cruellement sa différence avec les dirigeants occidentaux : le sens du temps long, éventuellement très long, en direction de l’avenir comme du passé. On dit même quelquefois qu’il est visionnaire. On peut employer ce terme à la condition de ne pas le mettre en rapport avec une sorte de vision fulgurante issue d’on ne sait où et venant brusquement illuminer son esprit. A la manière de De Gaulle, son sens visionnaire est une sorte d’application à l’avenir de sa faculté rationnelle. C’est ainsi qu’il a été visionnaire à moyen terme en Syrie, non pas parce qu’il aurait deviné quels seraient les détours mystérieux du destin, mais parce qu’il avait tiré les conséquences logiques des réalités déjà en place, tenant en particulier au rôle de Bachar el-Assad.

A une tout autre échelle, son sens du temps très long se manifeste par l’idée qu’il se fait de l’histoire de la Russie. Pour lui, cette histoire est une continuité et non une série de ruptures. Le XXème siècle est un maillon entre le passé et l’avenir. C’est pourquoi il ne condamne pas globalement les réalisations du régime soviétique. En particulier, il présente la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne comme l’une des manifestations historiques de l’héroïsme du peuple russe éternel. Cela suscite quelques incompréhensions et fait grincer quelques dents. Poutine voit son pays non pas dans un temps délimité, celui de l’actualité présente, mais dans le Temps impassible et majestueux.

Mentionnons enfin une qualité qui relève de la morale individuelle, mais qui est aussi éminemment politique. Si l’on ose risquer une familiarité de langage, on dira qu’il est « réglo ». Il ne joue pas forcément dans la douceur, mais il joue franc jeu. Nicolas Sarkozy a opportunément rappelé que, lors de la crise avec la Géorgie, en 2008, il était allé aussitôt rencontrer Poutine. Celui-ci l’avait assuré qu’il retirerait ses chars de la zone où il avait pénétré et il avait scrupuleusement tenu parole. C’est une attitude à garder en mémoire lors de toute discussion avec le président russe.

On veut souvent nous présenter Vladimir Poutine comme un personnage inquiétant parce que mystérieux et impénétrable. La vérité, et surtout la vérité politique, est beaucoup plus simple. Il serait peut-être abusif de dire que Poutine est gaullien, quoiqu’il aime à citer le Général comme une référence, mais il est certain qu’il appartient à la même lignée que lui, celle des hommes d’Etat qui sont au service d’un idéal patriotique, donc charnel et non idéologique, rationnels et pragmatiques dans l’action, tenant grand compte des réalités pour les faire servir à leurs fins. C’est avec de tels hommes que l’on peut discuter pour construire quelque chose de solide.

QUE VEUT POUTINE ?

A cette question, on peut répondre sans crainte de se tromper : le bien et la grandeur de la Russie. Mais cela ne saurait satisfaire notre curiosité. Il s’agit de savoir, dans la situation internationale d’aujourd’hui, quels sont les objectifs particuliers de Poutine et quelle sera son action. C’est en fonction de notre connaissance du personnage et de ce qu’il a fait précédemment que nous pouvons répondre. Répétons d’abord cette vérité de base que, sur aucun terrain sensible, les intérêts de la Russie ne s’opposent aux nôtres.

Parmi les affaires qui ont fait l’actualité ces dernières années, il en est une qu’on peut considérer comme réglée, c’est celle de la Crimée. Certains jettent les hauts cris sous prétexte que Poutine aurait violé le droit international en ne respectant pas une frontière établie. Ceux qui, comme la France et d’autres pays occidentaux, ont reconnu l’indépendance du Kosovo en violation des frontières de la Serbie, sont mal placés pour émettre une objection aussi formaliste. Mais ce qui justifie vraiment la légitimité de l’intégration de la Crimée à la Russie, c’est qu’il s’agit d’un simple retour à la réalité. Chacun sait que Kroutchev avait de sa propre autorité (caprice ou calcul) rattaché la Crimée à l’Ukraine, dont il était d’ailleurs originaire. A l’époque, cela n’avait guère d’importance, car la vraie souveraineté, sur la Russie comme sur l’Ukraine, était exercée par l’URSS. La réunion avec la Russie d’aujourd’hui s’est faite en douceur, sans un coup de feu, avec l’approbation évidente de la très grande majorité des Criméens. Cela ne préjuge donc en rien de l’attitude de la Russie dans d’autres questions frontalières.

La plus sensible, on le sait, est celle de l’Ukraine de l’Est. Les médias nous présentent l’image d’un Poutine avide d’avaler un nouveau territoire et guettant l’occasion de réaliser son noir dessein. La vérité est sensiblement différente, plus compliquée et non dépourvue de paradoxe. D’un côté, les Etats-Unis, poursuivant leur projet d’encercler la Russie au plus près, jettent de l’huile sur le feu afin de faire de l’Ukraine un Etat hostile à la frontière même de la Russie, où l’on pourrait même aller jusqu’à installer des armes de l’OTAN. Les Russes, eux, veulent au contraire préserver une ceinture de sécurité. Les Américains ont donc fortement encouragé (pour ne pas dire provoqué) la formation à Kiev d’un gouvernement anti-russe. Mais les Ukrainiens de l’Est, très favorables à la Russie et dont beaucoup se considèrent même comme russes, ont refusé d’admettre l’autorité de Kiev et ont quasiment fait sécession. Ils reçoivent le soutien sentimental d’une partie de l’opinion russe. Au milieu de tout cela, Poutine est dans une situation délicate. Il est plus que probable que, réaliste et pragmatique, il ne souhaite pas (il l’a d’ailleurs affirmé et on peut le croire) annexer l’Est de l’Ukraine, ce qui lui apporterait de graves ennuis diplomatiques et ne serait d’ailleurs pas vraiment un cadeau pour la Russie. Il ne peut pas avoir l’air d’abandonner les Ukrainiens pro-russes et il fait le service minimum en leur envoyant du matériel et quelques soldats, aussi bien d’ailleurs pour les retenir que pour les aider. En réalité, chacun sait qu’une solution moyenne est possible : une large autonomie pour l’Ukraine de l’Est. Si les Etats-Unis se désintéressent quelque peu de l’Ukraine, ce qui est dans la logique de l’évolution actuelle, le gouvernement de Kiev sera obligé d’accepter cette solution.

En Syrie, chacun reconnaît, souvent avec dépit, que c’est Poutine qui a maintenant la main. Il le doit, on l’a vu, à ce qu’il a été le premier à prendre en compte la réalité, à savoir que toute solution raisonnable passait par Bachar el-Assad, et non par son éviction en faveur de prétendus opposants non-islamistes, en fait évanescents, solution utopique proposée par les Etats-Unis et la France. Mais les faits sont têtus. Les opposants bien convenables n’existent pour ainsi dire pas, mais les barbares de l’Etat islamique sont là, ils sont devenus le danger prioritaire et ils ne peuvent pas être vaincus sans l’armée gouvernementale. La France s’obstine stupidement à exiger le départ préalable de Bachar. Poutine, qui avait déjà sauvé la mise aux Américains en convaincant son protégé de détruire ses armes chimiques, est à peu près le maître du jeu. Il choisira le moment où une combinaison à l’orientale sera éventuellement possible. Il n’est pas sûr de réussir, mais rien ne peut se faire sans la Russie.

Enfin, Poutine s’est attribué un rôle d’honneur dans une question dont on commence à parler, mais dont on ne parle pas assez, celle des chrétiens d’Orient. La religion orthodoxe, que les communistes avaient cru éradiquer, est revenue en Russie avec une force irrépressible. Le président affiche très ouvertement sa foi, et tout indique qu’il est sincère. Il a donc pris à son compte le rôle qui était celui de la France depuis François 1er, celui de protecteur des chrétiens d’Orient, et pas seulement des orthodoxes. C’et une faute non seulement morale mais pratique, surtout au Proche et au Moyen Orient, que de s’imaginer que les questions spirituelles sont secondaires, indignes de la politique sérieuse. C’est Poutine qui a compris que l’honneur et l’intérêt se rejoignaient dans la même politique et c’est lui qui sème pour l’avenir. En parallèle, Poutine est déterminé à lutter contre le péril mortel de l’islamisme. N’oublions pas l’aspect religieux de la situation actuelle, qui pose le problème de nos relations avec l’islam. Car s’il est vrai que tous les musulmans, et de très loin, ne sont pas des adeptes ou des sympathisants du terrorisme, il est non moins vrai que tout le terrorisme à l’échelle mondiale se réclame de l’islam.

LE JEU DE LA FRANCE

Sur la scène du monde, la France a toujours eu un rôle particulier à jouer. Elle l’a amplement perdu, en particulier par la faute d’un président qui, avant de sembler opérer in extremis un virage diplomatique, s’est obstiné pendant plusieurs années à engager la France dans une impasse. Comment pourrions-nous nous résigner à cette situation? Du moins, pour notre part, pouvons-nous indiquer des voies qui nous permettraient de regagner un rang que nous méritons.

Le premier pas que nous ayons à faire est d’ordre intellectuel, presque mental. Il s’agit de rétablir notre action internationale sur ses véritables bases, c’est-à-dire de renoncer à la diplomatie idéologique pour retrouver la diplomatie des réalités. Nous sommes d’autant plus impardonnables d’avoir quitté le droit chemin que nous avons l’exemple, encore récent, du général de Gaulle qui nous a montré, par le verbe et par l’action, que la France pouvait, en appliquant des idées droites, concilier la grandeur, le prestige et la prospérité. On prétend souvent que la politique des réalités est opposée au bien et à la morale. Les faits historiques démentent impitoyablement cette illusion en illustrant le paradoxe de Pascal : « L’homme n’est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ». Dans les années trente du siècle dernier, l’angélisme moral était le pacifisme, qui a produit Hitler, le nazisme, la guerre mondiale. Aujourd’hui, l’angélisme moral est l’idéologie des droits de l’homme. Il nous a entraînés dans divers bourbiers, comme celui du Proche et du Moyen Orient, où les Etats-Unis et leurs alliés trop dociles prétendent intervenir pour imposer par les armes et sur les ruines des régimes calqués sur le modèle politique de la démocratie à l’occidentale, censé être l’aboutissement parfait de la morale universelle.

L’objectif étant, pour les Etats-Unis et pour nombre de médias occidentaux, de faire de l’Europe et de la Russie deux entités antagonistes, il était difficile de diriger l’entreprise de diabolisation contre tout un peuple. Il fallait concentrer le tir sur un seul homme, selon le très ancien principe du bouc émissaire : la mise à mort de l’animal maudit rétablirait la paix et l’harmonie à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays.

Tout a été tenté, en particulier par un gigantesque effort de propagande ciblée. L’idéal eût été évidemment de faire porter le combat sur le fameux terrain des droits de l’homme. Mais représenter toute une population courbée sous le joug d’un tyran eût bientôt tourné au grotesque.

Dans un cas de ce genre, la manœuvre de substitution est bien connue. Il faut trouver un opposant politique brimé par le pouvoir en raison de sa lutte pour la liberté et pouvant servir de martyr symbolique. Tout ce qu’on a pu trouver comme victimes de la répression poutinienne, ce sont quelques hommes qui avaient bâti en quelques mois, sous Eltsine, des fortunes inimaginables en spoliant impitoyablement le peuple russe, à une époque d’ailleurs, où la vie des empêcheurs de voler en rond ne coûtait pas cher. Les quelques uns qui n’ont pas compris que leur temps était révolu, l’ont payé à un prix somme toute modéré (l’expulsion ou quelques années de prison en climat peu tempéré) en comparaison des forfaits dont ils s’étaient rendus coupables. Il était difficile de les représenter comme des agneaux sacrifiés : Tout ce qu’on pourrait regretter, c’est qu’ils n’aient pas été plus nombreux à subir un sort encore plus rigoureux, mais Poutine, par réalisme, a été obligé d’oublier une partie du passé, en se contentant de donner un avertissement convaincant qui a été parfaitement compris par ceux à qui il était destiné.

Toujours sur le terrain des droits de l’homme, on a cru pouvoir dénoncer la répression contre les homosexuels. Outre que ce genre de combat a peu de chances de trouver beaucoup de sympathisants en Russie, on n’a trouvé comme exemple de brimade qu’une loi interdisant la propagande homosexuelle auprès des enfants. Comme il était difficile de réclamer bruyamment l’autorisation officielle d’une telle propagande, il fallut mettre en sourdine l’orchestration sur ce sujet.

La liste des opérations de propagande dirigées contre Poutine pourrait s’allonger indéfiniment. Citons encore celle qui visait à le représenter en mégalomane ubuesque. L’occasion en fut donnée par les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. Il est vrai que Poutine en avait fait une affaire personnelle pour montrer au monde entier de quoi la Russie moderne était capable. On créa donc à Sotchi, presque ex nihilo, non seulement un complexe grandiose de sports d’hiver, mais une ville de congrès dotée de toutes les commodités. Il fallait donc absolument dégrader cette image en prévoyant l’échec de l’organisation des Jeux. Quelques semaines avant l’ouverture, une très longue émission de télévision, diffusée à la meilleure heure, avait comme objectif de démontrer irréfutablement que cet échec était inévitable. L’argument massue était que Sotchi, le site choisi par Poutine, présentait l’inconvénient d’être presque constamment dépourvu de neige : record d’intoxication difficile à battre. Au bout du compte, tous les observateurs objectifs reconnurent que ces Jeux furent sans doute les mieux organisés qu’on ait connus. Mais les troubles en Ukraine, opportunément lancés à la fin des Jeux, permirent de refouler ce succès hors de l’actualité.

Comme dit le sapeur Camember, quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites. C’est ce qui est arrivé à la propagande caricaturale dirigée contre Poutine. A force de le représenter en marionnette, en tyran, en grotesque ou en boute-feu, on avait presque persuadé les populations que le personnage était destiné, pour le bien de tous, à disparaître du théâtre de l’histoire. Mais les événements ont eu le mauvais goût de ne pas se dérouler selon le plan qui leur avait été assigné. Tous les commentateurs le reconnaissent aujourd’hui, fût-ce avec dépit : le président d’un pays à terre, gesticulant de façon dérisoire, s’accrochant en vain à des conceptions dépassées et condamnées, mis au ban de la communauté internationale comme trouble-fête est aujourd’hui au centre du jeu, que ce soit en Ukraine, en Syrie ou en Iran. Ce prétendu homme du passé détient certaines clés indispensables de l’avenir.

La situation internationale, avec la redistribution des rôles à laquelle nous assistons, offre à la diplomatie française un terrain d’action qui semble taillé exprès pour elle. Ces dernières années, la politique internationale menée par le duo hollando-fabiusien nous a embourbés dans des positions utopiques vouées à des échecs pitoyables qui font de nous les dindons de la farce, pour ne pas dire les cocus de l’histoire. Pensons à notre politique proche-orientale, fondée sur l’idée qu’un Bachar el-Assad diabolique était destiné à être chassé du pouvoir en quelques semaines. Pensons à notre refus de vendre les Mistral promis à la Russie, ce qui discrédite la parole de la France sur les marchés internationaux. Pensons aux sanctions servilement appliquées qui ne coûtent rien à leurs instigateurs, les Etats-Unis, alors que les mesures de rétorsion ont porté un coup très dur à notre agriculture et à notre élevage.

Aujourd’hui, plus personne ne croit que Poutine sera obligé de plier sous les diktats des Etats-Unis et de leurs alliés. Les réalistes malgré eux se résolvent à reconnaître que la Russie occupe une position de force et que tout le monde doit compter avec elle. Mais ils le font sur le reculoir en disant qu’il faut discuter avec Poutine comme on dîne avec le diable, en se munissant d’une longue cuillère. Ils maintiennent la conception d’une Europe et d’une Russie dans deux camps opposés, toujours prêts à s’affronter.

L’intérêt de la France n’est pas de se cantonner dans une position frileuse, résignée et renfrognée. Il faut répéter que toutes les conditions objectives et permanentes de la situation nous amènent à constater la complémentarité de nos deux pays, sans contre-partie négative : qui peut imaginer que la Russie ait le moindre désir et le moindre pouvoir de nous tenir sous sa coupe ou de nous imposer on ne sait quelle influence idéologique ?

C’est donc une véritable alliance sur un pied d’égalité que nous devons construire avec la Russie, et plus spécialement avec la Russie de Poutine. Non seulement les intérêts de nos pays s’en trouveraient bien, mais ces relations présenteraient un avantage stratégique majeur en arrimant solidement la Russie à l’Europe. N’oublions pas que, si Poutine, personnellement, est spontanément tourné vers l’Occident, il est aussi obligé de se tourner vers la Chine s’il doit faire face à l’hostilité occidentale. Toujours soucieux des intérêts historiques de la Russie, il mène à cet égard une politique très subtile. Ne le poussons pas à faire un choix catastrophique, pour nous.

Jouer le jeu avec la Russie de Poutine, clairement et sans arrière-pensées, telle doit être une ligne de force essentielle de notre politique étrangère. Pour nos intérêts matériels immédiats, c’est une vérité d’évidence. Mais il faut aller plus loin. Regardons la réalité en face. Au tournant du siècle, les Américains et leurs alliés (ou plutôt leurs satellites) semblaient disposer d’une puissance écrasante destinée à imposer sa loi au reste du monde. C’est l’époque où l’on parlait de « la fin de l’histoire » et d’un « nouvel ordre mondial » sous l’égide des Etats-Unis, évidemment. Aujourd’hui, ceux-ci font d’énormes efforts pour se dépêtrer de situations qu’ils ont eux-mêmes créées. Dans le même temps, la Russie de Poutine, pays d’abord en lambeaux, doté d’une armée en loques, au sens propre du terme, condamné à l’inexistence internationale et à boire toutes les humiliations, se retrouve finalement en position d’arbitre incontournable, comme on dit, disposant d’une armée performante au plus haut point. Cherchez l’erreur.

Ne nous lassons pas de le répéter : il n’y a là nul mystère, nulle malice imprévisible du destin. Il y a simplement le fait, comme nous l’avons longuement développé, que les uns ont mené une politique fondée sur des principes faux, c’est-à-dire utopiques et idéologiques, alors que les autres, Poutine avec la complicité du remarquable diplomate qu’est Serguei Lavrov, ont appliqué des principes justes, c’est-à-dire dictés par la réalité et par la raison. On peut violer les faits pendant un certain temps, mais, comme disait le camarade Vladimir Illitch Oulianov, plus connu dans les bas-fonds de l’histoire sous le nom de Lénine, les faits sont têtus. La réalité finit toujours par se venger.

Nous sommes aujourd’hui à un tournant de l’histoire. Le destin a choisi le vendredi 13 novembre pour nous donner un terrible avertissement. Les attentats, révélateurs de réalité et accélérateurs de lucidité, ont fait apparaître, avec une évidence fulgurante, la bêtise insondable et criminelle qui consiste à mettre sur le même plan, au rang de nos ennemis, l’Etat islamique et Bachar el-Assad.

Les choses commencent à évoluer dans le bon sens, mais timidement et à courte vue. Poutine est devenu fréquentable, et presque courtisable. Les Etats-Unis traitent avec l’Iran et patientent avec Bachar. Obama semble avoir compris beaucoup de choses, au point de faire alliance avec la Russie sur le front syrien. Mais il faut malheureusement dire que, si les Républicains arrivent au pouvoir aux Etats-Unis, ils risquent, comme ils l’annoncent, de revenir à une politique étrangère dangereusement irrationnelle. Les satellites, comme il se doit, ne font rien et n’en pensent pas plus.

Dans une telle situation, où les directions à suivre sont indécises, la France, puissance objectivement moyenne, a un rôle décisif à jouer : celui d’un phare, qui apporte la lumière dans la confusion, et celui d’un moteur qui enclenche l’action. Qui d’autre qu’elle peut le faire ? Pouvons-nous compter sur « Mutti » Merkel, dont les talents de bonne ménagère politique sont indéniables, mais qui, en matière de politique étrangère, a fait paraître, dans l’affaire des « migrants », une inconsistance dangereuse ?

L’instrument qui est à notre disposition pour mener une telle politique est une alliance active avec la Russie de Poutine. Il y aurait là un axe structurant qui exercerait un pouvoir d’attraction, car les faits, au fil du temps, le renforceraient pour les mêmes raisons qu’ils ont sanctionné l’échec de la politique occidentale précédente. Les indécis seront d’autant plus amenés à suivre le mouvement que, vraisemblablement, les Etats-Unis se fatigueront de soutenir le fardeau ingrat de l’Ukraine et se détourneront progressivement de l’Europe pour tourner leurs regards vers l’Asie et le Pacifique, où ils voient leur grand champ d’action pour l’avenir.

Un ensemble constitué de la Russie et des nations du reste de l’Europe, mettant sa force au service des réalités, contribuerait grandement à éliminer la barbarie et à apporter une dose raisonnable d’équilibre et de stabilité dans une région du monde en proie à tous les déchirements. Equilibre et stabilité entre les nations, l’histoire nous dit que cela produit un fruit qui porte un nom : cela s’appelle la paix.

Par Jacques ROUGEOT
Professeur émérite à la Sorbonne,
Président du comité d’honneur de l’UNI
(Union Nationale Inter-universitaire)
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