La pauvreté a atteint un niveau jamais atteint en Allemagne, selon un rapport réalisé par l'organisation d'aide sociale Paritätischer Wohlfahrtsverband. Le rapport indique qu'environ 12,5 millions de personnes étaient touchées par la pauvreté en 2013, soit une augmentation de 15 % à 15,5 % comparé à l'année précédente.
« Depuis 2006, on observe clairement une dangereuse tendance d'augmentation à la pauvreté », a déclaré Ulrich Schneider, directeur général de l'organisation Paritätischer Gesamtverband. Durant cette période, le rapport montre que le nombre de pauvres en Allemagne a augmenté de 11 %.
« La pauvreté en Allemagne n'a jamais été aussi élevée et la fragmentation régionale n'a jamais été aussi sévère qu'aujourd'hui », s'inquiète Ulrich Schneider. Au vu du dernier rapport sur la pauvreté, le gouvernement allemand certifie que l'écart entre les riches et les pauvres diminue, une affirmation qui pour Ulrich Schneider est « tout simplement fausse ».
En effet, l'Allemagne s'approche de la moyenne européenne en terme de pauvreté. Les statistiques européennes révèlent que près d'un quart de la population de l'UE était menacée de pauvreté ou d'exclusion sociale en 2013.
L'écart se creuse entre les régions riches et pauvres
Selon le rapport, la pauvreté a augmenté à l'échelle nationale, mais le fossé entre les régions plus et moins affectées par la pauvreté s'est creusé de 18 % à près de 25 %, comparé à 2006. Les régions allemandes les plus sévèrement touchées par la pauvreté sont le Land de Brême, Berlin et le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.
Eurostat considère une personne « exposée au risque de pauvreté » quand celle-ci vit au sein d'un ménage avec un revenu égalisé disponible en-dessous du seuil du risque de pauvreté, qui est fixé à 60 % du revenu national médian égalisé, c'est-à-dire une fois les transferts sociaux faits.
En Allemagne, les personnes vivant seules avec un revenu inférieur à 892 euros par mois sont classées dans la catégorie des pauvres. Une famille avec deux enfants est considérée pauvre si elle vit avec moins de 1872 euros par mois.
Près de la moitié des familles monoparentales sont pauvres
Les mères célibataires sont particulièrement exposées au risque de pauvreté, indique le rapport. En effet, plus de 40 % d'entre elles basculent dans la pauvreté. Même si ces dernières années, le taux de chômage n'a cessé de baisser, la pauvreté se multiplie dans toute la population.
« La pauvreté est un problème bien de chez nous », a souligné Ulrich Schneider, commentant les résultats du rapport. L'Allemagne a clairement un problème croissant de distribution de la richesse, a-t-il estimé.
L'organisation d'aide sociale Paritätischer Wohlfahrtsverband constate, quant à elle, que le nouveau salaire minimum, entré en vigueur début 2015, ne permet pas et ne permettra pas de changer la donne. Le salaire minimum légal impose que les employés et la plupart des stagiaires en Allemagne soient payés au moins 8,50 € brut de l'heure.
C'est un « signe positif », a commenté Ulrich Schneider, mais cela ne change pas le fait que de nombreux pauvres occupent et occuperont des mini-emplois ou qu'ils reçoivent des aides du gouvernement pour compléter leurs revenus et atteindre le niveau de subsistance.
Les ressources du Fonds social européen sont insuffisantes
De la même façon, le projet d'Andrea Nahles, la ministre allemande du Travail, de subventionner les emplois avec des fonds publics n'est pas assez efficace, constate Ulrich Schneider.
À la fin de l'année dernière, la ministre du Travail a soumis un projet de réduction du chômage de longue durée, s'appliquant au million de chômeurs de longue durée en Allemagne.
Grâce à ce programme, les chômeurs de longue durée sans qualification professionnelle doivent recevoir des subventions salariales de l'économie privée. Par ailleurs, des séances de coaching permettent de s'assurer que les entreprises gardent les participants au programme après la période de subvention.
Entre 2015 et 2019, le ministère espère ainsi aider 33.000 personnes avec ce programme fédéral grâce aux 900 millions d'euros qui proviendront, en grande partie, des ressources du Fonds social européen (FSE).
Le chômage et la pauvreté risquent de devenir monnaie courante
Selon l'organisation Paritätischer Gesamtverband, ces mesures n'aident qu'une petite partie de la population menacée ou déjà touchée par la pauvreté. Selon l'organisation, pour véritablement avoir un impact, le secteur de l'emploi subventionné devrait être étendu.
Ulrich Schneider craint également que dans de telles circonstances, le chômage ne devienne encore plus fréquent. Il illustre ses propos par un exemple terrible pour les jeunes générations : « Dans de nombreuses régions, les résidents de quartiers entiers ont été au chômage pendant une longue période. Pour les enfants qui y grandissent, la dépendance vis-vis de l'État est une situation tout à fait normale. »
Les syndicats ont également appelé à des contre-mesures urgentes. Selon Annelie Buntenbach, membre du conseil d'administration de la Fédération allemande des syndicats, « il faut mettre un terme aux emplois précaires comme le travail temporaire et les contrats de travail abusifs ».
La pauvreté liée à l'âge a augmenté de manière drastique
La situation des retraités, analysée par le rapport, est particulièrement alarmante. Le nombre de pauvres dans ce groupe de la population a augmenté de 48 % depuis 2006.
Ulrich Schneider voit cette hausse comme un « effondrement de la politique de lutte contre la pauvreté ». Aucune autre tranche de la population n'a aussi rapidement sombré dans la pauvreté, a-t-il déclaré. Depuis 2006, le pourcentage de pauvres chez les retraités a grimpé quatre fois plus rapidement que dans d'autres groupes de la société.
L'association d'aide sociale VdK a également exprimé ses inquiétudes face à cette situation. « Au vu des bonnes conditions économiques, le fait que la pauvreté s'installe au sein de certains groupes de la population et continue d'entrainer de plus en plus de personnes dans son tourbillon infernale est un véritable paradoxe », a souligné Ulrike Mascher, le président de VdK.
Concernant la pauvreté croissante chez les retraités, VdK rejette la faute sur les politiques de retraite des dernières années.
« Il est évident que la baisse du niveau des retraites ne passe pas inaperçue dans la vie des retraités », s'indigne Ulrike Maschner. Selon lui, la retraite devrait être stabilisée à 50 % du revenu net moyen.
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