Les enquêteurs étudient la possibilité que des militants, qui se sont battus contre les Républiques populaires du Donbass (RPD et RPL), aient effectué cette opération pour le compte des services secrets ukrainiens, avec l’idée que le meurtre du leader de l’opposition discréditerait les dirigeants russes et déstabiliserait la situation politique.
Une source dans la police a déclaré aux médias que les enquêteurs ont la preuve que des services secrets ukrainiens ont joué un rôle dans l’assassinat de Nemtsov. Le jour de l’assassinat, le porte-parole du comité d’enquête, Vladimir Markin, a annoncé que les enquêteurs étudient la possibilité que l’assassinat visait à déstabiliser la situation politique dans le pays.
«L’assassinat est peut-être une provocation planifiée par des personnes peu scrupuleuses sur le choix des méthodes politiques, pour déstabiliser la situation, en faisant de Nemtsov une sorte d’agneau sacrificiel», a déclaré Markin à Izvestia.
Les enquêteurs suivent également d’autres pistes: extrémisme politique, monde des affaires et situation personnelle. Cependant, à en juger par la qualité de la préparation et de la mise en œuvre, l’opération est le fait de professionnels. Selon Izvestia, le tueur a tiré sur Nemtsov à seulement quelques dizaines de mètres du Kremlin, et on a appris depuis que l’assassinat a eu lieu dans un endroit où il n’y avait pas de caméra de surveillance. En outre, ils ont choisi un moment de la journée où il n’y a pas d’embouteillages mais tout de même suffisamment de circulation dans le centre pour que la voiture des tueurs puisse se perdre au milieu des autres véhicules.
La police enquête sur l’implication éventuelle des services spéciaux ukrainiens dans l’assassinat. Les bandits ont peut-être effectué une mission confiée par les services secrets ukrainiens, vengeant en même temps la mort de leur ancien chef Isa Munaev. Il a été tué le 1er février pendant la bataille de Debaltsevo, à la suite de quoi Adam Osmaev a pris le commandement du bataillon.
Le bataillon Djokhar Doudaïev, un soi-disant bataillon de maintien de la paix internationale, se bat en fait avec l’Ukraine et a été constitué par Munaev en mars 2014. Munaev a combattu dans la première campagne de Tchétchénie contre les forces russes et, après 1999, il s’est autoproclamé commandant du secteur Sud-Ouest et a participé à l’organisation d’actes terroristes.
Munaev s’est enfui de Tchétchénie en 2006 et s’est rendu au Danemark où il a obtenu l’asile. Il a fondé le mouvement Caucase libre qui, selon les services secrets, finance des terroristes. Lorsqu’en 2014 le gouvernement ukrainien a lancé l’ATO (Opération anti-terroriste) contre la RPD et la RPL, Munaev s’est rendu en Ukraine et a annoncé la formation de son bataillon. Selon des sources russes, il a été personnellement invité en Ukraine par Igor Kolomoisky qui a financé le bataillon. Le noyau du bataillon était composé d’immigrants tchétchènes au Danemark et de citoyens qui appartenaient à des organisations terroristes dans d’autres pays.
Isa Munaev était l’un de ceux qui, comme les commandants des bataillons Azov et Dniepr, ont soutenu le terrorisme en Russie et que Ramzan Kadyrov, le président de Tchétchénie, recherche.
Les services russes tentent d’établir le nombre de personnes qui ont participé à la préparation et à la mise en œuvre de l’assassinat de Nemtsov. On ne peut exclure la possibilité que, en plus des tueurs et des guetteurs, il y ait aussi eu des observateurs à Moscou pour évaluer sur place les conséquences du meurtre et ses retombées politiques. L’un d’eux pourrait être le député ukrainien Aleksey Goncharenko. Les experts que Izvestia a questionnés pensent que la piste de l’implication de services secrets étrangers est crédible.
Commentaire de J. Hawk (Traducteur du russe à l’anglais):
Si c’est vrai, cela aurait sans doute été le coup le plus terrible que les services secrets ukrainiens auraient pu porter à la Russie, car il combine plusieurs effets désastreux. Il n’envenime pas seulement encore davantage les relations de la Russie avec l’Occident, il a également le potentiel de saper la paix en Tchétchénie et d’attiser le sentiment anti-tchétchène en Russie. En outre, de nombreux membres de l’opposition libérale en Russie (en particulier Aleksey Navalnyy) sont farouchement anti-tchétchènes (et anti-minorités en général) et soutiennent le nationalisme ethnique russe.
Enfin, les nationalistes ukrainiens ont plus d’une fois appelé à la reprise du djihad contre la Russie et ont applaudi l’attentat des militants islamistes à Grozny, il y a quelques mois.
Traduit par Dominique Muselet, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone
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