03 novembre 2014

Poutine est en train de gagner la partie de poker face à l’Occident


C’est à Gérard Aro, ambassadeur français aux États-Unis, que l’on doit la comparaison de la confrontation géopolitique opposant l’Occident à la Russie avec une partie de poker. Partie que Vladimir Poutine pourrait bien être en passe de gagner.

Le président Poutine, expliqua en substance l’ambassadeur français, lors d’un déjeuner de presse organisé par le groupe financier US Bloomberg à Washington, a imposé à l’Occident de jouer une partie de poker en Ukraine. Et Gérard Aro de conclure devant son parterre d’auditeurs éberlués : « Poutine a gagné. »

En fait de partie de poker, Gérard Aro aurait tout aussi bien pu évoquer un véritable tournoi, tant les tables de jeu tendent à se multiplier aux quatre coins de la planète. En Ukraine certes, mais aussi en Amérique latine, en Asie et même de Russie où Poutine délivre ses flèches contre un vieil ordre mondial en pleine débandade.

1. Les camouflets subis par l’Union européenne en Ukraine

En Ukraine, les États-Unis et leurs alliés de l’Union européenne vont de déconvenues en déconvenues. Derniers exemples en date :
Les élections législatives ukrainiennes anticipées se sont surtout soldées par une victoire... de l’abstention (47,6 %), tandis que les insurgés novorusses organisaient de leur côté leurs propres scrutins dimanche 2 novembre, marquées... par une participation massive et consacrant la partition de fait de l’Ukraine.
Pour passer l’hiver au chaud, l’UE a été contrainte, toute honte bue, de régler la note de gaz très salée de l’Ukraine, insolvable, à la Russie (3,1 milliards de dollars payables en deux mensualités, l’une avant fin novembre, l’autre avant fin décembre).

2. L’émancipation de l’Amérique du sud

Poutine et les BRICS (Brésil, Russie, Inde,Chine, Afrique du sud) viennent également de remporter l’enjeu crucial de la présidentielle brésilienne avec la victoire de Dilma Rousseff face au favori des États-Unis (favori par défaut suite au gadin retentissant subi par leur reine de cœur de départ, Marina Silva, déchue dès le premier tour).

Le goût pour l’émancipation ne se limite d’ailleurs pas au seul Brésil, mais s’étend à une frange de plus en plus conséquente du continent sud-américain. Après le nouveau triomphe d’Evo Morales en Bolivie, voilà que l’Uruguay, l’Argentine (Obama se rappellera sans doute longtemps les deux discours incendiaires prononcés par Cristina Kirchner à l’ONU) et même le Chili, donnent des signes de plus en plus impatients d’indépendance à l’égard du mentor nord-américain.

3. La dé-dollarisation accélérée en Asie (et ailleurs)

En Asie, le phénomène de dé-dollarisation s’accélère, passé sous silence en Occident, mais célébré en une des médias asiatiques à chaque nouvelle avancée. Pire, crise aidant, le cancer déborde désormais le seul continent asiatique : la semaine dernière, le gouvernement britannique a publié un nouvel emprunt obligataire libellé en renminbi (monnaie nationale de la République populaire de Chine, connue sous le nom de son unité de compte, le yuan).

Autant de coups très durs portés à l’hégémonie monétaire américaine par laquelle les États-Unis faisaient jusqu’à présent financer leur énorme dette par les autres. Rappelons que ce mouvement de dé-dollarisation fut entamé il y a peu via des accords d’échanges directs de pétrole et de gaz, payables en monnaies nationales, conclus par la Chine et... Poutine !

4. Le discours de Valdaï : « Fini de jouer, les mômes »

Non content de bénéficier dans son pays d’une cote de popularité à faire pâlir de jalousie ses confrères du camp d’en face, Vladimir Poutine vient de délivrer un message qui risque fort de ne pas passer inaperçu aux oreilles de pays qui n’ont pas l’heur de faire partie de la cour rapprochée de Washington.

Invité à s’exprimer lors de la XIe session du Club international de discussion Valdaï dont le thème était "Ordre mondial : nouvelles règles ou jeu sans règles ?", Poutine annonça, très « directement et franchement », l’intention de la Russie de ne pas se laisser mener par le bout du nez par un empire occidental aux abois. Ceci quels que soient les risques encourus, qu’il ne nie d’ailleurs pas. Le webmagazine américain Zero Hedge paraphrase les propos du président russe à l’adresse de l’Occident en ces termes cruels :

« Fini de jouer, les mômes, rangez vos jouets. Maintenant, c’est aux adultes de prendre les décisions. La Russie est prête à ça. Et vous ? »
[...]
 
P.-S.
 

christiangedeon 3 novembre à 10:52

Bravo Yéti...vous n’allez pas vous faire des amis,mais bravo. Poutine n’est certes pas un saint...mais un saint pourrait il gouverner la fédération Russe ? Il joue sur des fibres parfois contestables, mais lui a t on laissé le choix ? Et surtout,il n’est pas un homo economicus, du moins pas seulement. Et je crois que c’est de là que vient l’incompréhension d’une bonne partie de ses contempteurs. Il a pris les rênes d’un ex empire en pleine déliquescence... pillé par les oligarques, menacé sur toutes ses frontières, promis à un dépeçage programmé... et il a dit NON...à l’étonnement du monde entier et donc occidental ,en quelque sorte. Procès en fascisme, en népotisme,en autocratie,en ennemi des libertés,en réactionnaire,en nationaliste pan russe, en exterminateur de tchétchènes, en culte de la personnalité...il a eu droit à tout, ou presque...il y a un peu de vrai dans tout çà...un peu. L’extension programmée du domaine de l’Otan à l’Ukraine a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase...juste après l’empapaoutement en Lybie, précédé par l’humiliation yougoslave...pourtant l’affaire de Géorgie aurait dû mettre la puce à l’oreille des neocons...il n’en a rien été.. hélas. Dans l’affaire ukrainienne, les neo sont tombés sur un bec. Un sacré bec ! Et Poutine garde en réserve des cartes, notamment, c’est ma conviction, à propos de la chute de l’avion de Malaysian...c’est une des raisons pour les quelles les US et l’Europe sont allés à Canossa en ce qui concerne le gaz... l’affaire syrienne,souvent passé sous silence, est un autre élément d’importance. L’offensive neocon, appuyée sur les islamistes de tous poils, a trouvé à qui parler... son résultat, atterrant, est de faire passer le régime syrien
pour un moindre mal... ! En Amérique du Sud, l’évolution est juste intéressante....Chili, Argentine, deux régimes on ne peut plus démocratiques aujourd’hui, sont excédés. l’Argentine représentée par la merveilleuse Kirchner, courageuse et fière, est sur le point de basculer dans une opposition radicale aux US... ce qui, en soi,n’est pas une bonne nouvelle. La calme Bachelet commence aussi à en avoir plein les bottes. Morales, je le répète, n’ a pas seulement été élu par les indiens, mais par une bonne partie des "blancs"’. Roussef, condamnée à l’avance, est sortie victorieuse par plus de trois millions de voix d’écart de son duel avec l’extrême ultralibéral Neves, appuyé sur la puissance montante des évangélistes, eux mêmes liés aux mafias neocons, et aux vraies mafias brésiliennes... moi, qui suis gaulliste par nature et par destination, j’applaudis des deux mains ! 
 

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