Nous ajoutons ici un point de vue complémentaire à celui qui est développé dans notre F&C du 31 octobre 2014, consacré à la radicalisation “forcée” des BRICS due à l’action hostile du Système, qui s’est notamment manifestée lors de l’élection présidentielle brésilienne (réélection de Dilma Rousseff). Ce point de vue consiste dans le constat que l’attaque générale du Système par la subversion, l’action hostile et dissolvante de la communication, etc., est passée de l’objectif de la Russie identifié clairement avec la crise ukrainienne, à l’objectif des BRICS eux-mêmes. C’est une autre facette de l’appréciation de “la radicalisation des BRICS”, une facette qui s’intéresse essentiellement à la perception de ce qui devient un “événement” plus qu’à la psychologie des opérateurs du Système, c’est-à-dire de ces personnalités qui sont placées à son service et s’emploient à la tâche de la déstructuration et de la dissolution.
(Soros est aujourd’hui en première ligne à cet égard, comme on l’a vu dans le texte référencé ci-dessus autant que dans le texte du 24 octobre 2014. C’est une façon, pour le vieil homme, de se représenter sur le mur de la caverne de Platon ce qu’il juge être la preuve qu’il sert bien à quelque chose ; hybris d’une psychologie de vieillard, mais d’une psychologie à la fois aux abois et hystérique. Aujourd’hui, dans cette crise sans précédent de l’effondrement du Système, la vieillesse n’est plus un refuge ni pour l’apaisement, ni pour la sérénité, – et cela vaut pour tous, employés-Système comme résistant de l’antiSystème. Les soubresauts extraordinaires du monde ne peuvent laisser personne en paix, ni de bois.)
Ce qui nous conduit à cette rapide réflexion complémentaire du F&C cité, c’est d’abord une réaction d’un lecteur à un texte du Saker (Vineyard of the Saker), du 29 octobre 2014. La réaction est d’un Anonymous, et du 30 octobre ...
«They tried the very same kind of BS to avoid Dilma Rousseff to be reelected in Brazil. I speak portuguese, I lived in Brazil, my son is Brazilian though I know the country politics quiet well this for more than 35 years. Believe me I NEVER saw such an ugly presidential campaign like that one. They tried everything possible as they were desperate, by reading the polls. Diffamation, insults, personal attacks on Rousseff and Lula. She got 100 pct of the MSM against her, and she won finaly against both Soros/Cia puppets (Silva and Neves). They are now talking about “impeachment” for no real reason... They could even kill her or Lula who will be candidate in 2018 (for a third mandate). They will try to destroy the BRICS and not only Russia this at ANY price, including WW3 if necessary.»
On observera, en passant mais nullement de façon accessoire, la mention de l’affirmation qu’on trouve répétée de plus en plus souvent, que Lula serait prêt pour briguer un troisième mandat présidentiel en 2018, après Rousseff, et pour les deux en raison de l’interdiction institutionnelle d’exercer plus de deux mandats de suite. Cette possibilité, à côté des débats accessoires de personne, montre surtout que le “bloc” Rousseff-Lula comprend parfaitement la puissance et la détermination meurtrière de l’opposition qui s’est révélée ces derniers mois au Brésil. Pour nous, c’est une indication de plus que cette opposition est directement et sans aucune précaution d’apparence celle du Système en régime d’une surpuissance d’autant plus échevelée qu’il constate que les effets de son action sont de plus en plus autodestructeurs.
• C’est le même Anonymous qui nous a conduit à ce texte d’Itar-Tass du 30 octobre 2014 où est mentionnée le jugement d’un expert russe, Vladimir Davidoff, directeur de l’Institut de l’Amérique Latine de l’Académie des Sciences. Cela se dit au cours d’une vidéo-conférence entre Moscou et Brasilia, en commentaire de la victoire de Rousseff du 26 octobre. Là aussi, les commentaires nécessairement antiSystème, venus de personnalités de haut niveau qui impliquent nécessairement la direction (russe dans ce cas), se font à visage découvert et ne laissent aucun doute, ni sur l’enjeu de la bataille, ni sur les protagonistes de la bataille.
«Attempts are being made to suppress in the international arena not only Russia but the entire BRICS developing-nation assembly of Brazil, Russia, India, China and South Africa, Russian experts said on Wednesday. “The current situation shows that there are attempts to suppress not only Russia but also the BRICS given that the global role of this association has only intensified,” Vladimir Davydov, director of the Russian Academy of Sciences' Institute of Latin America, said at a Moscow-Brasilia video conference. “The forthcoming period will bring proof,” Davydov said, adding that an information war unleashed against Russia could also hit Brazil, India and China...»
Davidoff ajoute une observation sur les sanctions qui sont actuellement imposées à la Russie, qui va exactement dans le même sens que l’appréciation faite par le ministre russe de l’économie à Valdaï (voir le 30 octobre 2014). Son observation est absolument positive, et cette fois, fort justement, en fonction de la psychologie russe qui prend à son compte la tragédie que constitue la scène historique, sinon métahistorique, du monde ; mais aussi en fonction de ce que Davidoff reconnaît in fine pour ce qui va être, dans “les années qui viennent”, la scène tragique du monde : “L’homme russe a souvent besoin de conditions extrêmes pour réaliser des percées technologiques. Je suppose que les années qui viennent, qui seront difficiles pour la Russie, verront apparaître de nouvelles orientations dans l’économie et la technologie” («The Russian man often needs extreme conditions to make a technological breakthrough. I suppose that the coming years, which will be difficult for Russia, will offer us new solutions both in the economy and technology.»)
Certes, pour nous il ne peut plus être question de nous attarder à ces notions de plus en plus désuètes, – les USA impériaux avec leur exceptionnalisme de carton pâte, le mythe du billet vert que la Fed juge nécessaire d’arrêter d’imprimer comme des faux-monnayeurs, la recherche de l’hégémonie mondiale dans le plus pur style hollywoodien, la “gouvernance mondiale” type-UE, les “valeurs” prônées par l’universel parti des salonards (mise en scène de BHL). Il s’agit du Système, absolument à visage découvert, avec ses marionnettes bien connues, et jusqu’aux vieillards à-la-Soros; le Système de plus en plus surpuissant et de plus en plus autodestructeur. Davidoff effleure une vérité prospective qui ne peut plus nous échapper, qui cadrerait d’ailleurs assez bien avec le symbole du centenaire de la Grande Guerre puisque ce centenaire nous implique jusqu’en 2018; cette vérité est notre entrée dans la période ultime de la tragédie du monde et, pour notre chef, de l’effondrement du Système, avec la prise de conscience du phénomène comme étant la marque de cette terrible et folle année 2014 plus que jamais double sombre et terrifiant de 1914.
La rapidité des bouleversements psychologiques est stupéfiante. Il y a à peine un an, l’on célébrait les bonnes relations retrouvées entre les USA et la Russie grâce à l’intervention de Poutine dans la crise syrienne, tirant in extremis Obama d’un bien fâcheux mauvais pas. Aujourd’hui l’attaque contre la Russie, en vue d’un bouleversement dont l’option la plus soft serait la chute de Poutine, est une notion couramment admise et discutée. Désormais l’on passe à une novelle “option suprême”, qui est l’attaque contre les BRICS, pour la destruction de ce groupement encore informel mais en cours accélérée d’institutionnalisation et de politisation antiSystème. A cet égard, la pensée conceptuelle des élites russes s’avère d’une surprenante audace, puisque l’on voit ici un Académicien, directeur d’un Institut rattaché à l’Académie des Sciences, exposer à mots ouverts et sans la moindre précaution de langage cette perspective d’une attaque contre les BRICS, avec un avertissement sur des troubles à venir, provoqués selon les moyens habituels, au Brésil, en Chine et en Inde. Il s’agit là d’une tactique à la fois russe et poutinienne, qui s’avère une tactique de déflection nouvellement mise en œuvre dans le cadre d’une stratégie d’affrontement Système versus antiSystème : modération extrême sur les théâtres d’affrontement direct, comme l’Ukraine (ou comme la Syrie), avec néanmoins une aide “covert” vers les groupes résistants; discours de plus en plus dur et de plus clair sur cette situation d’affrontement; poussée de plus en plus forte pour la mobilisation et la radicalisation des “théâtres extérieurs“, soit vers des pays amis, soit dans des organisations dont la Russie fait partie.
... “Tuer les BRICS” après “tuer la Russie”, sans d’ailleurs n’avoir rien obtenu. Nous n’en sommes plus très loin, de ce moment tragique et sublime où le Système, dans son extrême surpuissance, finira par hurler, pour solde de tous comptes et qu’enfin l’on n’en parle plus : “tuer le Système !”
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